Je n’ai pas pu attendre demain, me revoilà donc dans mon salon bleu-thé où j’ai préparé avec beaucoup de précision la dégustation de ce thé jaune (voir l’article de tantôt, je ne sais pas [encore] faire de lien). 3g de thé dans 20cl d’eau à 80° pendant 3 minutes dans un set de dégustation reçu d’Olivier Scala lors d’une mémorable visite des établissements Cannon. Je voulais en acheter un de chaque couleur (vert, bleu, rouge) pour les différents thés, il me les a offerts… Cela m’a beaucoup touchée, je voulais ici encore lui dire mon merci. Et comme chaque fois que je prépare une première dégustation, Lu Yu est présent, j’honore ainsi ce dieu du thé dont j’ai déjà parlé.
Pendant le temps de l’infusion, je fais le vide en moi pour ne penser qu’au chemin parcouru par ces feuilles et particulièrement à ces cueilleuses courageuses et si compétentes qui travaillent dans des conditions parfois très difficiles : une météo souvent peu clémente, un taux d’humidité très élevé, des plantations à flanc de montagne si difficiles d’accès. Savent-elles, ces humbles petites mains si expertes, ce qu’elles procurent à des passionnés comme moi ? Et leur salaire ? Ont-elles seulement la possibilité de savourer elles aussi ce nectar ? Voilà ce qui me traverse l’esprit au moment où retentit la minuterie qui m’invite à la phase suivante, celle qui me conduira presque certainement au bonheur.
Je transvase précautionneusement le nectar dans le bol et les feuilles dans le couvercle. J’observe alors à la fois la couleur de l’infusion et les feuilles transformées par l’eau (filtrée évidemment). La couleur de l’infusion est plus foncée que ce à quoi je m’attendais, certaines feuilles se sont ouvertes complètement tandis que d’autres sont encore « chiffonnées ». Je hume l’infusion qui ne m’évoque rien tant l’odeur est discrète. Les feuilles par contre sentent vaguement le fumé. Je redoute un peu l’instant où je vais porter le bol à mes lèvres, frémissantes pourtant, j’ai en effet énormément de difficulté à dire ce que l’infusion m’évoque. Je ne retrouve pas le fumé, je n’identifie pas les saveurs mais par contre je le trouve assez "fort" : temps d’infusion trop long ? Trop de feuilles ? Par contre, il est très rafraichissant, il me fait penser un peu à un Bai Mu Tan. Je prépare une 2e infusion pour voir si toutes les feuilles s’ouvriront. Pas beaucoup de différence, certaines feuilles restent recroquevillées, mais pour ce qui est de l’infusion… la force a fait place à une grande douceur. J’ai bu ces 2 bols en pensant très fort aux habitants du Sichuan… Encore merci Fanou, j’espère que nous pourrons partager la prochaine infusion, tu pourras alors me décrire ce que tu découvres, toi qui sais si bien mettre des mots sur les saveurs. Comme à Gand, après la visite de l’expo sur la céramique taïwanaise et l’art du thé, j’en parlerai dans un prochain article.
Je lis ta dégustation avec chaleur, j'aime tes doutes, tes fragilités dans la découvertes, ton honneteté... j'ai hâte de suivre les autres...et d'en faire une ensemble plus tard!
RépondreSupprimerIl y en aura beaucoup d'autres et ce sera avec joie que je partagerai ces sensations, je compte séjourner à Paris au mois de juin.
RépondreSupprimerJ'y reste tout le mois...quel beau moment en perspective!
RépondreSupprimerMerci Francine d'avoir partagé cette première dégustation avec nous. Rien qu'à te lire j'en ai eu des frissons. J'aprécie la chaleur de ces mots qui te caractérisent tant. Je prends bonne note de tes commentaires et te dis à bientôt autour d'une tasse de thé.
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