mardi 26 août 2014

A propos du Koicha, et de moments magiques

Dimanche dernier, après un apéritif en plein air (merci Chris pour cette superbe Ebe très appréciée des papillons),
un repas improbable 
partagé dans une ambiance très chaleureuse, nous quittons la grande table (merci pour tes photos Staf) pour nous installer autour de la plus petite
pour asssister à la préparation du Koicha. Ce n'est pas à proprement parler la cérémonie, Staf a seulement pris quelques ustensiles maisj'y assisterai plus tard chez Staf et Chris (déjà merci pour cette invitation!). C'est dans une certaine pénombre que va se dérouler cette séance, le but ? Sortir du quotidien pour vivre intensément l'instant. On commence en mangeant un yokan, une pâtisserie japonaise de haricots rouges gélifiés pour ne pas avoir l'estomac vide (très nécessaire ici comme l'a souligné Cha Hua...). Nous nous saluons en nous inclinant pour être en communion les uns avec les autres.
Puis Cathy, avec des gestes lents et harmonieux, sort délicatement le cha-ire de son étui.
Contrairement au natsume, plus petite et ronde, celle-ci est plus haute et plus étroite, le dessus fait penser à des épaules d'où son nom Katatsuki.
Puis à l'aide du chashaku d'abord, elle en extrait le Matcha.
Elle secoue ensuite le reste de cette poudre d'un vert intense
dans le chawan. Nous sommes vraiment pris par cette ambiance de recueillement et moi impressionnée par la quantité de Matcha.
Commence alors la préparation de ce breuvage à l'aide d'un chasen un peu différent de celui utilisé d'habitude.
Petit à petit le mélange avec l'eau (très peu) donne comme une pâte épaisse d'un vert émeraude brillant.
Il en faut de la force dans les bras pour arriver
à obtenir un mélange très lisse.
S'il est trop épais, on le rallonge un peu.
Ici le Matcha n'est pas fouetté mais battu et il faut aussi une longue pratique pour arriver à cette onctuosité.
Cathy présente alors le chawan au premier invité qui représente tous les autres, ils se saluent et il dit "O SAKIRI, je me sers devant vous".
même salut avec l'invité suivant, j'essaie de ne pas montrer mon impatience à goûter ce breuvage,
mais dès que le Matcha entre en contact avec mes papilles, une émotion gustative intense, ce breuvage est d'une indicible douceur, presque sucrée. Cela et l'atmosphère, j'en ai les larmes aux yeux...
Je ne suis pas la seule à être impressionnée.
Ici, comme chacun boit au même chawan, Chris en essuie donc délicatement le bord extérieur.
Xavier y goûte aussi, j'ai été particulièrement touchée, il est vraiment rentré dans cette atmosphère caractéristique de "ton monde" comme il dit.
Lors du deuxième passage, je suis toujours aussi émue tant par l'extrême douceur du contenu que par le contenant, je voudrais en savoir plus.
Staf nous explique que ce Matcha est d'une qualité exceptionnelle, sans aucune amertume malgré sa concentration. Celui utilisé est un Mamako notsuju de Yamashiro Daifukuen. La première partie terminée, on demande à regarder les ustensiles.
Le chawan est l’œuvre d'un grand artiste, qui utilise la technique du tuilier comme à l'époque de Sen No Rikyu.
Nous observons les autres ustensiles, le chashaku que tient Cha Hua est l’œuvre d'un artiste présent ici, Staf... Le shifuku que j'ai en main est en tissu très fin, le dessin représente des fleurs de prunier et Chris admire cette superbe petite jarre que Cha Hua et moi verrions bien chez nous.
Tandis que Xavier se repose un peu, il avait l'impression d'avoir bu, cette forme d'ébriété que certains éprouvent après avoir savouré certains thés, Cathy va nettoyer les ustensiles et nous posons des tas de questions au Maître qui y répond en des termes précis qui achèvent cette première initiation à la préparation du Koicha.
Cathy échange à présent quelques mots en japonais avec son Maître, il y a à la fois de la chaleur, de la retenue et du respect dans leurs paroles. Je suis très impressionnée, touchée aussi par cette grande complicité qui les unit.
Puis, toujours avec ces gestes si harmonieux, elle referme l'écrin qui abrite le cha-ire. Les nœuds aussi ont une signification :
celui-ci signifie que le cha-ire est plein,
celui-là indique que la boîte est vide. Ici également, beaucoup d'admiration et de vrais échanges ont émaillé ces moments hors du temps mais les mots sont faibles pour rendre tout cela, il faut l'avoir vécu mais ce qui est certain, c'est qu'on en reste imprégné longtemps. J'aimerais apprendre à préparer le Koicha, j'essayerai peut-être avec celui d'excellence que j'ai reçu, mais j'aimerais le partager avec Cha Hua par exemple. Encore merci à vous pour ces moments si intenses, j'en suis encore toute imprégnée.
Une dernière remarque : j'ai demandé à Chris et Cathy si elles n'avaient pas elles aussi un nom de thé, Cathy m'a alors dit que dans 20 ans peut-être... Je ne suis pas certaine que je pourrais fêter cet événement... Mais nous trouverons certainement d'autres occasions de nous rencontrer, ne fut-ce que pour tester la suite de cette cuisine insolite à la demande de Chris !

8 commentaires:

  1. Bonjour Francine

    MERCI , maintenant je peux revivre en voyant les photos cette journée extraordinaire :)
    Juste une petite remarque mon noeud quand le chaire est vide n'est pas super j'aurai du y apporter un peu plus d'attention ! Et c'est osakini !
    c'était vraiment ichigo ichié et 3 billets ;)
    Bon thé et la prochaine fois c'est dans le chashitsu que tu le dégusteras ;)

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  2. Magnifiques ces gestes et les ustensiles. De quoi effectivement profiter au maximum du breuvage.
    Je tenterais de faire mieux de mon côté la prochaine fois.

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  3. Chanceuse! du koicha, chez toi par-dessus le marché! Merci de partager cette rencontre, rare et instructive.
    Kris

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  4. @ Cathy: c'est grâce à vous que cette journée superbe s'est terminée en apothéose, j'en suis encore toute imprégnée... Quant au nœud, je te reconnais bien là aussi, pour moi il est parfait! Le chashitsu, j'en rêve déjà! Bonne soirée, bons thés, biz... très mouillées ici

    @ Vanessa: et tu peux me croire, c'est très en dessous de la réalité, c'était au-delà des mots. Concernant "la" cuisine, peux-tu me dire s'il existe de la gélatine végétarienne, mon mari est allergique à l'iode donc pas question d'employer l'agar-agar, merci d'avance. Bonne soirée, bons thés

    @ Kris: si tu me fait l'honneur et le plaisir de traverser l'océan, tu y auras droit aussi! Bonne fin de journée, bons thés




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  5. Voila qui est fort impressionnant!!! On ressent dans tes photos une certaine zenitude! Merci pour ce partage! J'espère avoir un jour l'occasion de vivre ça moi aussi! Vraiment je suis très impressionnée!

    Biz et bon thé
    Sugi

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  6. @ Sugi: et c'est peu de le dire! Quant au Matcha, tu sais que tu es la bienvenue mais pas pour le Koicha que je viens de découvrir, il faudra que je m'entraine d'abord mais pour le Usucha, j'assure assez bien. Bonne soirée, bons thés, bisou à vous deux

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  7. Laétitia Gautheron19 janvier 2015 à 21:11

    Quel merveilleux partage
    J'imagine l'émotion qui se dégage d'une telle cérémonie.
    Là Francine, en voyant ces images et en te lisant, me voilà encore plus curieuse et impatiente de tester ce fameux matcha.
    Merci à toi !

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  8. @ Laetitia: merci pour tes mots; en effet l'émotion est palpable et les mots sont pauvres pour la traduire. Je te souhaite de vivre cela un jour. Bonne fin de soirée, bons thés

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