Aujourd'hui
est célébrée la Pâque, la plus grande fête pour les orthodoxes.
J'ai eu la grande chance d'assister à plusieurs reprises à la Pâque grecque,
notamment à Parikia dans la belle île de Paros dont je suis tombée
amoureuse il y a plus de 40 ans ! A l'époque, on y accédait
uniquement par bateau à partir du Pirée. Après plusieurs heures de
traversée, on apercevait les côtes de la capitale des Cyclades, ses
maisons d'un blanc immaculé et les coupoles bleu vif des
chapelles, le tout dans un paysage printanier verdoyant d'où
émergeaient les bouguivillés, contraste frappant avec le paysage en
été, brûlé par le soleil. J'ai découvert alors le logement chez
l'habitant, je suis très bien tombée, le contact s'est fait très
facilement malgré la barrière de la langue, quasi rien à voir avec
le grec ancien. C'est grâce à cette famille très simple - lui
pêcheur, elle femme au foyer - que j'ai vécu cette grande fête,
j'ai été considérée comme la fille de la maison et j'ai pu tout
partager avec eux et leur fille. J'aurais tellement aimé illustrer
mon propos mais malheureusement, la semaine dernière quand je suis
allée faire des fouilles au grenier,encore très troublée par
l'incendie de Notre-Dame, j'ai égaré la clé d'une des
bibliothèques que j'avais fermée, ce que je ne fais jamais, j'ai
horreur des clés que je pers régulièrement... Comme il s'agit d'un
meuble ancien, je n'ai pas voulu crocheter la serrure, c'est là que
se trouvent aussi la plupart de mes albums photos, je vais mettre ma
filleule sur le coup... La semaine précédant la Pâque est une
semaine de jeûne marquée par le Jeudi rouge : les oeufs sont
teints en rouge, la couleur du sang du Christ.
Après une semaine
de jeûne, le samedi saint à minuit, le pope annonce la résurrection
du Christ dans la cour de l'église en prononçant CHRISTO ANESTI,
les cloches sonnent à toute volée et les fidèles munis d'un cierge
viennent l'allumer à celui du pope, le spectacle tant visuel que
auditif est grandiose. L'assemblée s'embrasse en se disant Christos
anesti puis chacun rentre chez soi le cierge allumé à la main.
Arrivés à la maison, les cierges sont placés près des icônes et
on passe à table pour déguster la maghititsa, la soupe
traditionnelle. Une autre jolie coutume symbolique est le rituel des
œufs : chacun frappe son œuf rouge contre celui de son ou sa
voisine en le tenant entre le pouce, l'index et le majeur de la main
droite en prononçant Christos anesti, le gagnant est celui qui
parvient à conserver la coquille de son oeuf intacte, c'est un
signe de chance. A midi, les rues sont envahies de la gourmande odeur
parfumée de l'agneau rôti à la broche. Je garde des souvenirs
encore très présents de ces moments de ferveur et de partage que la
famille Alifieri m'ont offert avec tant de générosité ! Moi
qui ai une passion pour les églises, j'ai été servie sur cette île
que j'ai sillonnée en tous sens lors de mes nombreux séjours, je ne
me souviens plus du nombre exact mais au moins 200 de la plus humble
chapelle, très nombreuses, aux imposantes "cathédrales" telles celles de Parikia et Lefkès.
Pour fêter ce grand jour,
j'ai invité mon mari dans ce petit coin de Grèce, à la limite
d'Overijse, une commune que je déteste parce que dirigée par des
flamingants dont le slogan est Overijse, waar vlamingen thuis zijn
(Overijse où les flamands sont chez eux), vous avez dit ouverture
d'esprit! Le ciel est bien d'ici mais à l'intérieur, c'est grand
soleil et vrai accueil comme là-bas.
Aetos, le voilà, je n'en
ai jamais vu dans les îles mais bien au-dessus des Météores. Le
soleil se retrouve aussi dans les plats, servis généreusement :
pour mon mari, des calamars grillés
et pour moi un mezze.
En attendant les plats,
petite balade en bord de mer…
des côtelettes d'agneau pour Doudou,
une souris d'agneau tendre
et fondante pour moi. Dans les verres, de l'eau pour lui, du retsina
pour moi, ce ne sera pas ma seule entorse…
Un frappe pour
Xavier,
et pour moi, un hellenico caffe sketto ! Plus de deux
heures de pur bonheur, loin de la froide grisaille d'aujourd'hui, il ne fait pas 10°!, on
y retournera, c'est certain !
Retour à la maison où les
verts tendres des feuilles nouvelles contrastent fort avec ce ciel
trop gris, je reste en Grèce ! Passionnée par le thé,je souhaite partager cette passion: ce qu'est le thé pour moi, comment j'ai commencé, mes coups de coeur théophiliques, mes rencontres, mes lectures, bref mon quotidien avec le thé
dimanche 28 avril 2019
lundi 22 avril 2019
Résurrection...
Une
semaine de sidération, de coup de massue, de souvenirs et de
questionnements a débuté le 15 avril quand l'impensable,
l'inénarable, l'indicible s'est produit, l'incendie de Notre-Dame.
Quand, incrédule, j'ai assisté au désastre à la télévision, il
m'a fallu quelques minutes pour y croire, j'ai alors fondu en larmes,
croyant d'abord à un attentat... j'ai revécu le 11 septembre, 2
amis rencontrés quelques années plus tôt, étaient parmi les
victimes. L'horreur absolue en direct, j'était tétanisée !
Chaque fois que j'allais à Paris et que je pessais tout près, j'y
entrais, et malgré la horde de touristes, j'en resortais apaisée,
fascinée par tant de beauté, surtout les vitraux. Et le savoir-faire des artisans d'alors. Je n'ai pas fermé
l'oeil de la nuit ne parvenant même plus à penser, brisée que
j'étais, alternant sanglots et grand vide, plus rien n'avait
d'importance, plus rien n'avait de sens, mon pauvre mari se sentait
impuissant à m'aider, il se trompait, même si je ne pouvais pas
vraiment recevoir ses paroles alors, elles m'ont un peu apaisée.
Mardi j'ai passé une grande partie de la journée au grenier
à la recherche d'un livre lu, relu et rerelu à l'époque, mais
aussi le disque d'Anne Sylvestre pour un titre : LES
CATHEDRALES. Au passage, j'ai repris 3 ouvrages de Françoise
Dolto qui m'avaient aussi marquées lors de leur parution. (Ce que
j'ai décidé en voyant plus d'une centaine de vynile, c'est de
racheter de quoi les écouter), certains n'existent pas en CD et de
toute manière, j'ai toujours préféré les disques noirs. Les
jours qui ont suivi, j'ai commencé à relire Les Piliers de la
Terre tout en fredonnant une partie de la superbe chanson
d'Anne Sylvestre :
Ô
bâtisseur de cathédrale
D'il
y a tellement d'années
Tu
créais avec des étoiles
Flammes
vives
Tes
ogives
S'envolaient
Au
ciel léger
(...)
il manque quelques phrases
Un
gars à la tête folle
N'arrêtait
pas de chanter
En
jouant sur sa mandole
Sans
le chant des troubadours
N'aurions
point de cathédrales
Dans
leurs cryptes, sur leurs dalles
On
l'entend sonner toujours
(...)
je ne me souviens plus de la fin
Depuis
toute petite, j'ai toujours aimé les églises, qu'elles soient
petites ou majestueuses à l'exception de la Basilique de Koekelberg,
tout Art-déco qu'elle soit, je l'ai toujours trouvée hideuse, je
ne sais trop pourquoi. Peut-être parce que je n'y ai jamais retrouvé
d'âme ? Les trois cathédrales qui m'ont le plus impressionnée
sont Saint-¨Patrick à New-York, Notre-Dame de Paris et Chartres
que, je l'avoue, j'ai préféré à Notre-Dame, les vitraux y sont si
flamboyants... Avec les cimetières, ce sont deux lieux qui
m'attirent, me parlent,me font toucher à l'Essentiel, j'y retrouve
cette soif d'Absolu... Pour moi, ce n'est pas que de la pierre, c'est
avant tout le savoir-faire de tous ces artisans qui ont laissé leur
âme, leur art et bien souvent leur vie pour l'éternité. Bien sûr,
je suppose que j'ai été influencée par mon éducation catholique
traditionnelle que j'ai assez vite rejetée en grande partie car trop
basée sur les dogmes et la soumission. Aussi ai-je été fascinée
par Les Piliers de la Terre, le Moyen Âge est ma
période préférée.
J'ai pourtant eu du mal à m'y
replonger et même la pleine lune m'a paru moins brillante, je ne
parvenais pas à prendre de la distance. Je n'ai par contre jamais lu Les Misérables, les extraits constitués de
kilométriques descriptions qu'on nous faisaient lire à l'école
m'en avaient dégoûtée mais je pense le commander bientôt. Hier, j'ai commencé à sortir de cette torpeur, ma filleule s'est occupée du jardin en tondant la pelouse, l'odeur du gazon a envahi mes narines et m'a fait retrouver le sourire… Par contre, j'ai constaté avec horreur que les boutons des fleurs de sakura étaient complètement desséchés par manque de soin, j'aurais dû arroser ce petit arbre nouvellement planté, cela m'a donné un choc salutaire et le temps estival a fait le reste. Ce matin, grasse matinée, après des nuits d'insomnie, je me suis réveillée apaisée et j'ai eu la surprise de constater que les cloches étaient passées… Comme on annonce la canicule, je prépare un thé infusé à froid pendant que l'eau chauffe pour le thé vert vietnamien. Le ciel est lumineux en ce jour de Pâques, les oiseaux m'offrent un beau concert tout en se régalant d'un petit-déjeuner. A 10 heures, la température frôle déjà les 20°. C'est donc dehors que je savoure mon premier thé, avec d'autant plus de plaisir que je n'en avais plus bu pendant la semaine. Ichi go ichi e... Le Matcha se marie très bien avec le chocolat, ce sera mon déjeuner. Pas très équilibré… Où va-t-il s'arrêter ? Ce n'est pas pour me déplaire Un goûter tout frais tout en admirant le spectacle d'une nature qui a retrouvé ses magnifiques couleurs printanières, tous ces verts tendres qui habillent si joliment les arbres... Miracle de Pâques, j'ai retrouvé ma joie de vivre et ce don d'émerveillement qui m'avait quittée. Je revis.
dimanche 14 avril 2019
La légende de Qingming
Huit
jours ont passé depuis mon dernier billet, ils ne resterons pas dans
les annales : des douleurs lancinantes malgré les drogues,
aucune envie de rien même pas de thé, et pour ne rien arranger,
retour de l'hiver avec des gelées blanches et aucune lumière, un
moral en berne, sans mes essentiels : thé, musique, lecture, la
vie de larve ne me va pas…
il y a 3 jours, à nouveau la
lumière,
mon cerisier semble n'avoir pas trop souffert du froid
le merisier non plus, il est splendide mais aucun oiseau sur les
branches. Je commence enfin à avoir moins mal et mon visage reprend
forme humaine. Envie de reparler de Qingming à défaut
de reboire du thé, les médiacaments laissent en bouche un goût qui
perturbe encore mon palais
Une légende appelée la Montagne de cendres raconte son origine :
au temps des Royaumes combattants, une concubine du souverain pour
mettre son fils sur le trône poussa le prince héritier au suicide
et fit exiler son cadet. Seuls quelques fidèles le suivirent dont
Jie Zitui. Après 20 ans d'errance, il reconquit son trône et offrit
un fief à ses fidèles mais il oublia de récompenser Jie Zitui. Ce
n'est qu'après que certains de ses fidèles lui firent remarquer son
injustice qu'il décida de le faire rechercher, ce fut peine perdue,
Jie Zitui, déçu par son ingratitude, ne désira pas le revoir et se
retira avec sa mère dans les montagnes Mianshan. Ici aussi les
recherches ne donnèrent rien. Les conseillers donnèrent au roi un
moyen infaillible de le faire sortir de sa cachette : mettre le
feu à la montagne en ne laissant qu'un seul chemin pour échapper
aux flammes. Mais là encore, rien n'y fit, on retrouva la dépouille
de Ji Zitui et de sa mère au pied d'un saule qu'ils avaient en vain
essayé d'escalader pour échapper aux flammes. Le Roi,
inconsolable, fit enterrer son plus fidèle compagnon au pied du
saule.
Il découvrit qu'un morceau de vêtement n'avait pas brûlé
et contenait un poème : "Être prêt à se
sacrifier pour son souverain, n'est-ce pas là le plus haut degré de
la loyauté ? Je l'ai fait dans l'espoir que le roi gouverne de
manière éclairée". Il décréta alors de renommer la
montagne Mianshan du nom de son fidèle ami : Jieshan, y fit
construire un temple et interdit tout feu le jour anniversaire de la
mort de son ami, c'est pour cela que ce jour-là il est coutume de ne
manger que des plats froids. Chaque année à cette date le roi et sa
suite se rendirent au temple pour honorer sa mémoire. Arrivés au
lieu de la sépulture, ils découvrirent que les branches du vieux
saule caciné étaient couvertes de bourgeons. "En contemplant
ce saule ressuscité, Jin Wengong cru reconnaître en lui l'esprit de
Jie Zitui. Il s'avança avec respect et cueillit délicatement un
rameau qu'il fixa dans ses cheveux. Après avoir nettoyé le tombeau
de son ami, Jin Wengong nomma le saule Qing ming, lumière pure, et
décréta que ce jour serait baptisé fête de Qingming. Jin Wengong
conserva toujours le poème de Jie Zitui dans sa manche. Il fut un
bon souverain, droit et juste. (...) Les habitants du pays de Jin, à
chaque jour anniversaire du décès de Jie Zitui, respectèrent
scrupuleusement la consigne de ne pas faire de feu pour honorer sa
mémoire. Chaque foyer préparait de la farine et de la compote de
jujubes, pétrissait le mélange pour lui donner la forme d'un nid
d'hirondelle, et en recouvraient des rameaux de saule qui étaient
ensuite accrochés au-dessus des portes en respect pour l'âme du
défunt."
J'ai déjà un cerisier du Japon
pour fêter Hanami, il y a encore de la place pour accueillir un
saule…
Un passage rapide sur ma terrasse en cette fin d'après-midi, il fait frisquet
mais le soleil ose une timide apparition dans un ciel trop gris. Je
me sens bien mieux enfin ! Vivement demain, je passe la journée
avec ma filleule, hâte d'entendre le récit de sa semaine de mini
vacances à vélo. La vie est belle à nouveau !samedi 6 avril 2019
Qingming et belle retrouvaille
Aujourd'hui,
c'est Qingming appelé aussi Fête
des morts ou encore Fête de la Pure Lumière.
Le
soleil se lève à peine, je suis prête pour mes rituels : Un
thé, le Bi lo chun, Spirale de Jade du Printemps. Dans la théière ébouillantée, je dépose les feuilles torsadée, certaines roulées qui dégagent un doux parfum de gazon fraîchement coupé mais aussi comme une vaguE odeur de ... brioche, bizarre. Beau camaïeu de verts. Elles aiment l'eau, s'étirant à la douce chaleur. Une liqueur jaune pâle aux saveurs prononcées de verdure. La deuxième infusion est sensiblement la même. Au troisième passage, les feuilles devenues plus claires se blotissent les unes contre les autre. Dans la tasse, la couleur est plus jaune mais c'est surtout les saveurs qui m'intriguent, à celles herbacées et légumes verts viennent s'adjoindre des notes marines ! Je n'ai plus le temps d'approfondir cela, direction Mons, Durant le trajet, je repense à mes 5 années d'université mais surtout à nos tant attendues retrouvailles à La table du boucher, même si le repas commence par un succulent saumon sauvage. C'est toujours avec le même plaisir que nous nous revoyons dans cette maison de bouche où la carte... des thés m'intrigue et m'attire. Sur les conseils éclairés de Carine, je choisis un Or blanc du Rwanda qu'elle décrit si bien: les saveurs de ce thé blanc s'inscrivent dans le registre végétal boisé léger et sucré de réglisse. Belle harmonie entre la finesse du poisson et ce thé que je découvre aujourd'hui. Les feuilles infusées ne ressemblent pas à ce que je connais des thés blancs mais je suis séduite et ma commande est passée! Carine choisit un magret de canard aux petits légumes d'hiver et moi un dos de cabillaud parfaitement cuit et posé sur une purée à la Joël Robuchon et coiffé de roquette, copeaux de parmesan et vinaigre balsamique, toujours accompagné de l' Or blanc du Rwanda. Aux émotions gustatives, s'ajoutent celles de nos échanges, toujours aussi profonds, aussi vrais. Pour terminer ce succulent repas , une assiette de fruits rouges surmontés d'une fabuleuse crème à la vraie vanille et accompagné d'un Or vert du Rwanda à la menthe. Si savoureux, si équilibré. MERCI chère Carine de m'avoir fait découvrir cet endroit: un personnel aux petits soins et surtout qui sait si bien infuser le thé! Si vous passez par Mons, ce lieu est un incontournable: http://www.latableduboucher.be/. Il est déjà l'heure de nous quitter mais je ne repars pas les mains vides... Un grand merci à ma généreuse donatrice ! Le trajet du retour a été difficile, mes dents se sont rappelées à moi par une douleur lancinante… Mais ô surprise, il est enfin arrivé., j'irai voir cela demain. J'ai passé un nuit épouvantable et ce matin, l'horreur, je suis défigurée, je pourrais jouer le remake de ce merveilleux film, Elephant man... Cette fois je n'y coupe pas, ce sera antibiotiques et puissant antidouleur. Un bref passage sur ma terrasse pour admirer la floraison du merisier, hier encore, il n'y avait que quelques fleurs. Il fait gris et triste, j'ai envie d'un thé consolateur. Ce sera un Keemun très charpenté, avec des notes boisées, j'ai du mal à l'avaler, ce sera mon seul thé du jour, je me vois mal le boire à la paille... Un pauvre sourire en pensant que c'est le thé servi à la cour d'Angleterre pour l'anniversaire de la reine ! Les médicaments m'assomment, j'ai dormi une grande partie de la journée. Puis je vais voir de près ce sakura tant attendu, D'ici quelques jours il sera en fleurs, on pourra donc fêter Hanami. J'aurais bien voulu raconter la légende qui parle de la fête de Qingming mais impossible d'aligner 3 phrases, ces médicaments sont vraiment de la drogue, espérons qu'ils soient efficaces au moins...