dimanche 31 janvier 2021

Premières lectures 2021, l'EXTASE!

J’avais le projet de ranger la cave, pas que ça m’emballe, une cave rangée n’est plus vraiment une cave mais l’annexe en punition d’une énième pièce de la maison. Et la ferme intention de m’y tenir, je veux relire mes compte-rendus de lecture, mes réflexions consignés dans des dizaines de moleskine. Cette motivante résolution n’a pas tenu, d’abord une pièce exiguë sans fenêtre au 2e sous-sol pour la claustrophobe que je suis est un exploit très limité dans le temps même en pensant à Jean d’O dont je veux retrouver ce que j’ai écrit sur lui mais surtout ici parce que déplacer des caisses, mon épaule n’aime pas  et me l’a rappelé brutalement! J’attendrai donc Catherine, ma coach en rangement qui ne demande que ça (chacun sa folie) !, revienne exercer ses incommensurables talents ! Même dans ce domaine, les souvenirs ne manquent pas, ni les fous rires !: http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2019/11/un-mois-de-novembre-entre-tristesse.html. Plongée dans cette caverne, je revois les yeux d’un bleu profond de celui qui est entré dans ma vie en ± 1975 grâce Au plaisir de Dieu et dont je viens de relire Guide des Égares, que ce passage me parle ! "Plus encore que l’eau, qui m’a été si chère, j’ai aimé la lumière. Non seulement les couleurs qui sont son ornement et son luxe, comme le style est l’ornement et le luxe du langage. Mais cette simple lumière qui nous vient du Soleil et qui fait vivre le monde". Hier, prise de sang et une forte chute de tension, je ne savais plus ce que c’était depuis des mois, flagada, envie de rien faire, attendre que cela passe… j’en saurai plus avec les résultats de la prise de sang. 

Un ciel tourmenté, du vent 
mais dans le lointain, un peu de bleu, va-t-il, comme David, repousser l’immense Goliath ? 
Besoin de me booster, un
Matcha bien corsé
dans ce beau chawan, cadeau d’Olivier
Leclercq à l’issue d’une magnifique lointaine journée mais encore très présente : http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2009/09/kyushu-ou-horaisan-non-kyushu-et.html 
Forte émotion en relisant cela et surtout les commentaires élogieux pour le "soleil" ! 
Je reste au Japon pour entamer la lecture
du premier fascicule de cette pentalogie qui porte le titre étrange du Poids des secret
J’apprends très vite que ce que je croyais d’abord être un petit hibiscus est en fait
un camélia dont le nom japonais est Tsubaki
J’ai hâte de percer ces mystères… Un peu plus d’une heure de délectation, 114 pages d’une belle écriture dans un style très fluide malgré la lourdeur du sujet, des sujets plutôt ! C’est impressionnant, c’est doux, et pourtant l’histoire se passe dans le Japon d’après les bombes, des secrets de famille : un adultère et l’enfant qui a suivi, un crime mais aussi des camélias, comme un bel oxymore… Envie de me précipiter sur la suite mais je suis tellement marquée par ce premier petit bijou que j’hésite, peur d’être déçue, je l’ai déjà expliqué avec d’autres livres qui m’avaient emballée. Je vais donc dormir dessus comme on dit et reviendrai demain. 
Je reste faiblarde, une baisse de moral lié au résultat de ma prise de sang, j’espère temporaire… J’aime ce beau bol dans lequel je peux me voir, et penser à celle à qui je l’ai acheté. Je ne l’utilise pas comme chawan mais bien pour le Matcha latte. 
Il sera mon thé de lecture. 
Ce deuxième fascicule est consacré à
Yukio, un des personnages du premier que l’héroïne a découvert grâce au testament de sa mère. Mais quel rapport avec le coquillage sur la couverture ? Et que signifient les inscriptions ? J’apprends très vite que Hamaguri est le nom de la palourde japonaise et que les inscriptions sont les prénoms de Yukio et ELLE.. Je suis bouleversée, je n’aurais pas dû le lire vu l’état de mon moral, en berne pour le moment pourtant c’est toujours aussi bien écrit, doux et poétique au niveau du style mais en refermant la dernière page, je suis submergée par l’émotion et la tristesse, les seuls mots qui me viennent sont destins croisés, destins brisés… Je ne vais pas continuer à lire ces petits recueils, je les reprendrai quand je me sentirai mieux, je suis épuisée par mes chutes de tensions et déçue par les résultats de ma prise de sang, je me sentais pourtant si bien il y a quelques jours, l’état de santé de mon petit mari m’inquiète, ceci explique certainement cela ! Cela fait des jours et des jours que le soleil boude, il fait si gris et triste, j’ai cru un moment que cela ne m’atteignait plus mais je suis obligée de constater qu’il n’en est rien: je n’ai plus de force, tout me pèse, je n’ai même plus très envie de thé, c’est dire… Juste envie de chocolat.
Envie de pas grand chose, en parcourant l’étagère de mes CD, je tombe sur les sublimes symphonies de Beethoven mais ô surprise, la première pochette est vide, je me souviens alors qu’il était défectueux, pas trop grave, le reste du coffret est bonTisane au gingembre + Beethoven me font sortir de ma léthargie, ouf! 
J’arrête après, l’Héroïque, trop envie de reprendre ma lecture, Tsubame, hirondelle 
A travers l’histoire de Yonhi, née coréenne, devenue Mariko, la japonaise, l’auteure décrit un épisode noir de l’histoire, la cruauté des Japonais envers le peuple coréen. Une fois encore, le style est sobre,
poétique même.
Wazurenagusa myosotis 
Cette fois, il s’agit d’une autre forme de cruauté, celle des conventions d’une société "de castes",
au risque de tout perdre, Kenji fera passer son amour avant les exigences injustes de ses parents: il épousera Mariko et adoptera son fils. Dernier week-end de janvier, dehors il fait gris mais une furieuse envie me prend de nettoyer les vitres de mon cocon, ce n’est pas une corvée, c’est une des rares activités ménagères que j’aime réaliser! 
Voilà le travail… 
Mon épaule a trinqué, je ne vais donc pas infuser ce superbe
Baozhong en gong fu mais dans cette Yixing en forme d’œuf, ramenée de chez Chocolathé à Liège il y a un sacré bail! 
Beau lever de soleil ce matin, il y avait longtemps ! 
Tandis qu’infuse ma
drogue, un Gaoshan Cha, je ne me lasse pas de l’admirer.
Je
suis partagée entre la joie d’avoir revu la lumière et la tristesse de penser à demain, mon petit mari rentre en clinique, je ne dois pas m’en faire parait-il, facile à dire…
Il faut que je m’occupe l’esprit, j’achève donc Le poids des secrets avec la ré-lecture (oui, oui!) du dernier fascicule , Hotaru, luciole en japonais.
La boucle est bouclée, par le dialogue entre Mariko à la fin de sa vie et sa petite-fille Tsubaki à qui elle raconte avec la superbe métaphore de la luciole, sa longue vie faite de souffrances et de drames mais aussi la belle histoire d’amour avec son grand-père, ce fils d’une grande famille dans un Japon très dur. Et toujours ce style Cette pentalogie bouleversante fut ma première lecture de cette année, comme un merveilleux espoir que demain tout ira mieux. Si je devais donner un seul mot-clé pour ces cinq bijoux, ce serait AMOUR, celui qui a résisté à la guerre, aux mensonges, aux coups bas, à la cruauté, à la lâcheté… Et que dire du style, si simple, si pur, si poétique pour décrire des faits souvent très durs. MERCI chère Cathy de m’avoir conseillé cette auteure si sensible, si nuancée, j'en redemande, j’aimerais la rencontrer… Avant de clôturer mon billet, je voudrais relayer ici une annonce reçue par mail, l’ouverture d’une boutique en ligne où vous pouvez vous rendre en fermant les yeux: shop.lydiagautier.com Ceux qui me connaissent vont dire qu’effectivement mon état mental pose problème moi qui n’achète jamais par Internet, et la seule fois où j’étais réduite à cela (pendant le confinement total) , j’ai été très déçue, le colis a mis plus d’une semaine pour me parvenir et les thés précieux ont dû être exposés au soleil, ils étaient donc dégradés… Mais ici, ce n’est pas pareil, je connais Lydia Gautier depuis le siècle passé, elle fait partie des vraies spécialistes, pas auto-proclamée dont la qualité essentielle est la grande modestie. Sa boutique ne contient que des thés d’exception sélectionnés par elle-même, je suppose qu’il en est de même pour les tisanes. De plus, elle est l’auteure de plusieurs livres à la fois très pointus et très bien écrits, j’ai parlé du dernier ici: http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2018/10/a-propos-de-portraits-tres-particuliers.html Je lui laisse la parole : "Quand on boit une tasse de thé, on ne boit pas que du thé.On écoute, on voit et on boit une histoire. L’histoire de la passion de celles et ceux qui ont passé des heures, des jours, des mois, à cultiver et tranformer ce camélia. Mais aussi l’histoire d’un terroir, d’une région, d’un pays. C’est pourquoi mes sélections proviennent d’un sourcing direct. Je connais les personnes, la région et la culture, derrière chaque thé que j’ai choisi pour vous. Tout est question de rencontre".