Je poursuis la
lecture de cette nuit, mon thé est le Tumsong,
ce thé du
griffé
ThéÔdor
qui m'emmène là-bas, dans ce Jardin
des cœurs heureux dont
je ne me lasse pas... Des contreforts de l'Himalaya aux montagnes de
la Chine voisine, il n'y a qu'un pas. Encore une expos qui m'a
fascinée, il y a 10 ans, je l'ai vue 3 fois (comme beaucoup d'autres
de l'époque)... Mes amis qui liront cela seront certainement
étonnés, je n'aime pas la montagne, lui préférant de loin
l'infini des mers et des océans. Sans parler du désert... Malgré
les paysages époustouflants, j'ai le vertige, des nausées et ma
première migraine. C'était il y a longtemps aux Marécottes près
de Salvan. Quelques années plus tard, ma copine Françoise m'a
entraînée aux sports d'hiver à Villars-sur-Ollon, elle venait de
perdre sa maman et c'est pour cela que j'ai accepté, cela m'a
définitivement convaincue que ce n'était pas pour moi. Et depuis
cette nuit, je sais pourquoi ! "Les immenses montagnes et les longs fleuves de l'ouest de l'océan
Pacifique peuvent être considérés comme des berceaux de la
civilisation antique de la Chine où l'homme vertueux s'enchante de
la montagne tandis que l'homme d'esprit jouit de l'eau".
Parmi tous ces chapitres, plus passionnants les uns que les autres,
j'en relis 2 : "Du
poète au paysage : la poétique médiévale et Peinture et
poésie, coup d’œil sur les inscriptions de peinture".
Toutes les peintures comportent des inscriptions, une passion
chez les Chinois, (et pas que sur les peintures). J'en ai retenu deux :
"Près
du Fleuve un coeur navré, mille cimes étagées. Flottant dans
l'azur profond, des nuées ou des brouillards. Sont-ce nuées ou
mantagnes, comment savoir de si loin ? Nuées, brouillards
dissipés, la montagne est toujours là."
Et celui-ci "qui exprime la béatitude du sage qui par la grâce de la peinture se
croit installé dans la paix d'un ermitage, ou transporté dans un
ailleurs, en union intime avec l'univers" : "Chute
du feuillage dans les grands bois clairsemés, sur mon ermitage
glissent les derniers rayons. En cherchant un mot pour un vers
inachevé, assis à mon aise j'entends changer l'eau du thé".
Ma théière
est
vide à présent, il est temps de donner une deuxième vie aux
belles.
Je quitte un temps mon cocon,
pour me promener dans
ce vrai paradis.
Les pivoines, mes fleurs préférées avec les
chrysanthèmes et les dahlias, sont prêtes à éclore.
Les
delphiniums délocalisées, ont magnifiquement repris et seront elles
aussi bientôt en fleurs.
Une légère brise fait tintinnabuler
les clochettes thaïlandaises.
De l'autre côté du jardin, les
azalées commencent à se faner mais n'ont jamais été aussi
florifères.
A leurs pieds, un beau parterre de muguets un peu
envahi par des herbes folles.
Un petit arrêt auprès de ce bel
ange, que certains appellent Cupidon
aux pieds duquel poussent d'humbles
pâquerettes.
Avant de rentrer de cette longue balade
méditative, un dernier regard sur ces rhododendrons comme un énorme bouquet de fleurs. Après le
dîner, retour dans mon salon bleu-thé.
Thé et musique :
le thé est le Thé
de Kyushu.
Et cette fois la boîte est vide, elle ne le restera pas longtemps,
je le sens. Et cette musique, enregistrée là-bas, au pays du Soleil
levant en pleine nature, prolonge ma balade et ma méditation.
Le ciel a vraiment changé depuis ce matin, il fait très doux
maintenant.
Le jardin vu de plus haut semble encore plus beau.
Les parfums sont moins présents mais pas le chant mélodieux des oiseaux, et le cri du faisan qui l'est beaucoup moins.
C'est sur ma terrasse que je continue à savourer ce nectar en
communion avec Guillaume, qui nous fait le grand cadeau de partager
ses carnets de voyage. Après la musique, un peu de lecture en
pensant à l'atelier de dimanche à Marche. Mais ce qui devait
arriver... après une nuit blanche, je me suis assoupie la douceur du
soleil aidant.
Je serais encore dans les bras de Morphée si mon
mari n'avait pas eu la riche idée de m'apporter un jus d'orange
et pamplemousse. Grâce à lui, j'ai limité les dégâts, mon
visage est cramoisi, il pique mais heureusement pas trop fort, le
soleil c'est terminé pour aujourd'hui... pas le thé et c'est le principal, mon essentiel...
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