vendredi 31 janvier 2014

Aujourd'hui, c'est le Nouvel-An chinois

Aujourd’hui, dernier jour du premier mois de l’année 2014 qui jusqu’ici fut solaire pour moi, mais aussi premier jour de l’année lunaire, 
celle du Cheval de Bois, le Nouvel-An chinois... 
Je le célèbre aussi en communion avec ma famille de là-bas et mes amis chinois. J’ai choisi un Long Jing griffé Terre de Chine. En le savourant à petites gorgées gourmandes, je forme des vœux pour eux, que cette année du cheval soit telle qu’ils la souhaitent, à l’image des saveurs subtiles qui se dégagent de ma tasse. Le cheval n’est pas un animal qui m’attire, j’en ai eu peur et pour la vaincre j’ai même pris des cours d’équitation. Sans plaisir, mais elle a disparu. Il m’évoque peu de chose aussi, il y a bien, en vrac et par ordre d’apparition dans ma pensée et sans trop chercher : Stewball, Pégase, le cheval Bayard, et ces énormes chevaux de trait si placides dont les pêcheurs se servent à la mer du Nord pour pêcher les crevettes grises,  et c’est à peu près tout. 
Alors, je feuillette cette bible à la recherche de la représentation de cet animal dans l’imaginaire, très fertile, des Chinois, en grignotant quelques baies de Goji. Et le thé évidemment. 
Et j’ai trouvé, mais ce n’est pas vraiment une belle histoire. Le titre m’a fait penser à Peau d’Âne mais cela n’a rien à voir : Il était une fois un père qui vivait seul avec sa fille et son cheval. Il dut s’absenter et confia son animal à sa fille. Son absence se prolongea et sa fille commença à s’inquiéter. Et se confia à ce cheval qui, comme dans tous les contes, comprenait le langage des humains. Elle lui promit de l’épouser s’il lui ramenait son père. Le cheval partit au galop, retrouva le père malade et le ramena. Pour le remercier celui-ci lui donna son meilleur fourrage mais il n’y toucha pas et restait prostré sauf quand sa fille apparaissait, il hennissait en piaffant joyeusement.  A son père estomaqué qui ne comprenait rien, elle avoua la promesse faite au cheval. Furieux, il enferma sa fille par peur du qu’en-dira-t-on et tua le cheval et mit sa peau à sécher. Quelques temps plus tard, sa fille jouait avec sa voisine quand elle aperçut la peau, dégoûtée elle donna un coup de pied dedans en l’insultant, le traitant de vieille charogne. Elle n’avait pas terminé que la peau du cheval l’enveloppa entièrement et elle disparut. Affolée, la fille de la voisine prévint le père qui se mit à sa recherche sans succès. Il finit par retrouver ce qui restait d’elle, en haut d’un arbre. Elle était devenue un cocon monstrueux à tête de cheval, de sa bouche sortait un fil sans fin. Dégoûté, son père l’abandonna, ce fut la voisine qui la recueillit. Ce n’était pas innocent, elle la nourrit des feuilles de l’arbre, en tira d’importantes quantités de fil, et les vendit. Cet arbre était un mûrier et les chenilles qui s’en nourrissent encore aujourd’hui descendent de la demoiselle transformée en cocon à tête de cheval, ce sont les vers à soie qui comme les jeunes filles ont le corps blanc et le caractère doux. Cette jeune fille est devenue leur déesse qu’on appelle encore parfois les vers à soie à tête de chevalpour fêter ce jour particulier je vais au Shangri-La du Lac où je suis accueillie par ce lion typique. 
Le ciel est bleu, le lac très calme. 
Normal, il est gelé. 
Au menu, potage piquant, 
 vibrisses de dragon
riz et sauce piquante. 
tout en savourant ces mets délicieux, j’observe le lac. De l’autre côté, des mouettes comme des sentinelles posées sur cette étendue gelée. 
Je pense à tous ceux qui aujourd’hui sont à la fête, en particulier les dragons que j’aime mais aussi ma chère Source de Lumière qui vient de faire parvenir ses vœux… 
 Ce dessert, des beignets aux ananas en forme de soleil au cœur de glace, me fait penser à un autre Grand Soleil qui me manque. J’ai envie de me promener un peu autour de cette étendue d’eau, mais quelques minutes plus tard, je renonce, malgré la belle lumière, il fait trop froid pour moi. 
Un dernier regard à ce beau lac et retour dans mon salon bleu-thé. 
Départ immédiat pour Taiwan avec ce Dong Ding d’autome si précieux pour moi. Non seulement c’est un cadeau de ma chère belle-fille Hsiaolin, mais pas n’importe lequel : les feuilles ont été cueillie par sa tante… 
Toujours le même rituel, préchauffage des ustensiles. Dès les feuilles posées dans le fond de la théière, elles dégagent déjà leur parfum comme une promesse de bonheur plus grand encore. 
Première infusion, attente un peu fébrile… 
Au parfum répond maintenant cette saveur à la fois fraîche et chaleureuse. 
Après quelques passages, les feuilles sont prêtes à déborder de la théière, quant à moi, je déborde de reconnaissance envers ma chère belle-fille qui avec ses parents et sa famille m’a tellement gâtée là-bas et ici encore… 
Une musique qui m’émeut toujours, une pensée pour Ling-Ling, ma généreuse donatrice. 
Les infusions se poursuivent, 
émotions gustatives intenses potentialisées par ces merveilleux souvenirs. 
Je ne me lasse pas de ces gestes qui m’apaisent intérieurement et qui me font voyager en même temps. 
Le temps passe, c’est la dernière tasse maintenant. 
En admirant ces feuilles qui ont tout donné, encore une pensée émue pour les cueilleuses et en particulier pour la tante de Hsiaolin que j’espère revoir un jour pour la remercier de vive-voix. Une info toute "fraîche" reçue par téléphone: à Taipei aujourd’hui il a fait … 26°, merci cher Claude de m’avoir réchauffée par la parole, bisou à vous trois ! 
Et après avoir posté mon billet du jour, pour terminer en beauté cette journée particulière, que de mieux qu’un de mes deux fabuleux  Pu Er 1980 
infusé dans 29 février, cette théière qui sait si bien le magnifier. Encore deux merveilleux cadeaux… Je souhaite à tous ces passionnés qui, comme moi ne peuvent se passer des Feuilles, de vivre des moments intenses de découvertes, d’émotions fortes et de complète sérénité grâce au Qi du thé et de toutes les sensations qu’il génère.

mercredi 29 janvier 2014

Le Serpent s’en va lentement

L’année du Serpent s’apprête à nous quitter pour 12 ans. 
J’ai achevé la journée spéciale d’hier 
par ce Pu Er sheng. 
Je n’ai pu terminer ces petits carrés  improbables. 
Je les infuse à nouveau, j’aime cette saveur piquante et fougueuse de ce petit jeune Sheng
Et j’achève ma lectures, à commencer par cette brique, aussi riche que les histoires qu’elle contient. 
La lecture du scénario de ce conte fantastique m’a rappelé que certaines des énigmes que devait résoudre le fameux juge Ti mettait en scène ces "personnages", souvent des renardes… Il ne faut pas se fier aux apparences. 
Un épisode de La naissance du Dragon parle aussi de cet animal mythique :"Ceux des hauts plateaux s’étaient mis sous la protection du serpent qui glisse sans bruit d’un endroit à un autre." J’ai raconté cette belle histoire ici : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2012/02/apres-un-week-end-oublier-tres-vite-un.html 
Une autre histoire a marqué mon enfance, celle de ce petit Prince, de sa rose et de son renard entre autres bien sûr. Mais ce qui m’avait fascinée, c’est ce dialogue : "Tu es une drôle de bête, mince comme un doigt… Mais je suis plus puissant que le doigt d’un Roi (…) Tu n’es pas bien puissant, tu n’as même pas de pattes, tu ne peux même pas voyager… Je puis t’emporter plus loin qu’un navire (…) Celui que je touche, je le rends à la terre dont il est sorti." 
Et pour terminer, ce très joli conte berbère que je reproduis ici : Dans un oasis se trouvait une source aux vertus magiques. Les femmes de la tribu venaient dans cet endroit sublime émettre le vœu qui leur tenait à cœur, pour le voir un jour réalisé. Zahra était une jeune femme malheureuse de ne pouvoir enfanter, elle se rendit alors un matin à cette source et implora l’esprit de l’eau d’avoir un enfant à aimer, serait-ce un serpent qu’elle le chérirait de tout son cœur.
L’esprit l’entendit et quelques mois plus tard, elle enfanta d’un très joli garçon… qui, la nuit tombée se transformait en serpent ! Sa mère et son père l’aimaient de tout leur cœur, leur bonheur était grand hormis la métamorphose chaque nuit de leur fils en serpent. A l’âge adulte, le jeune homme manifesta à ses parents le désir de se marier, mais quelle jeune fille du village voudrait bien d’un mari-serpent tous les soirs ?
Sa mère décida d’aller dans un lointain village où leur histoire était inconnue et se mit à chercher une belle jeune fille qui plairait à son fils comme épouse. Elle en trouva une qui lui semblait parfaite. La veille du mariage, la jeune fille alla prendre son bain à la source avant la cérémonie. Soudain elle entendit la voix d’une fée des eaux qui lui chanta : "Sais-tu belle fiancée, tu es promise à l’homme-serpent, écoute ces mots magiques et murmure-les à ton époux dès qu’il apparaîtra à tes yeux ce soir, n’aie nulle crainte, ces paroles rompront à tout jamais l’enchantement faisant de lui un serpent." La fiancée fut fort surprise d’entendre cette voix douce, elle écouta attentivement et mémorisa la formule magique :" Toi avec qui je vais partager mon destin, ton père est roi de tous les mondes visibles et cachés, et toi le prince de mon cœur, je suis ton obligée." Elle finit son bain et rentra pour la cérémonie au village.
La fête fut merveilleuse et le soir tombant, la jeune femme entra dans la chambre nuptiale. Elle avait vu son époux dans la journée, elle le trouvait beau et gentil, elle l’aimait déjà, mais ne le voyait pas dans la chambre.
Elle regarda le sol et tout d’un coup, sursauta. Elle vit un serpent et mit sa main sur son cœur comme prête à mourir sans un cri. Le serpent se roula à ses pieds, mais il ne la mordit pas. Alors elle se rappela soudain la formule magique et là d’un seul coup, le beau jeune homme qu’elle avait aperçu dans la journée fut devant elle. Il lui prit alors la main pour l’embrasser et la remercier de l’avoir libéré de ce mauvais sort.
Le lendemain, les mariés firent offrande de miel aux fées de la source en remerciement." Ici aussi des images magnifiques de Sahara liées à de merveilleux souvenirs, cette immensité qui nous donne la juste mesure du monde… 
Envie de le revoir… Dans ce verre  toute la lumière d’un grand soleil, les saveurs de là-bas, chaleureuses, piquantes, en un mot envoûtantes, c’est On va se revoir griffé ThéÔdor. Après cet intermède gustatif et plein d’émotion, je reviens au sujet du jour, que dire encore de cet animal mythique ? Dans la réalité, surtout dans la civilisation judéo-chrétienne, il a très mauvaise réputation, n’apprend-on pas dès notre plus jeune âge l’histoire de la pomme, du serpent et d’Eve, il a bon dos, ce reptile… Mais dans quasi toutes les civilisations, les cultures, le « Grand Serpent » est très présent, tantôt représentant le mal absolu, la tentation, tantôt protecteur : Shiva en a autour du cou, c’est un serpent arc-en-ciel, lien entre le ciel et la terre. Bouddha en méditation est sauvé des eaux par le Naga. Chez les Hindous, le serpent Kundalini, énergie vitale, est le canal par lequel sont reliés les chakras. Python à Delphes, représente le pouvoir de la connaissance et le savoir. Il est un attribut d’Esculape, dieu des médecins. Et n’oublions pas Quetzalcóatl, le serpent à plumes des Mexicains,  emblématique de Teotihuacán où se trouve son temple entre autres, il y a aussi celui de la lune et du soleil, que j’ai escaladés un jour de Noël au siècle passé sous les yeux effarés de mon mari. Nous avions atterri la veille à Mexico et nous étions encore en décalage horaire, mais à l’époque… Il y aurait encore tellement de choses à dire sur cet Etre fabuleux, j’arrêterai ici non sans penser au fameux Nessie, qu’on peut apercevoir dans le Loch Ness par temps de brouillard,  l’esprit embrumé par le whisky sans doute. Il me faut quitter quelque temps ce cocon pour faire les courses. 
Je n’ai pas traîné, il fait glacial dehors et le ciel devient menaçant, je retrouve avec bonheur mon salon bleu-thé. 
Soba Cha griffé Unami
des souvenirs d’enfance… 
Et de la lecture. 
Un peu de musique aussi. 
Et cette gâterie typiquement belge, les cuberdons :" légendaires gourmandises artisanales préparées avec amour dans le Royaume de Belgique." Dans mon souvenir, ceux de mon enfance étaient plus grands et moins sucrés, mais cela fait quand même du bien par où ça passe… 
Last but not least, LE petit Dragon et sa maman, 
LE petit dragon et son papa dont c’est aujourd’hui l’anniversaire. Je lève mon bol à ta santé, cher Claude, bises et mille mercis pour ces photos du bonheur… 

mardi 28 janvier 2014

Aujourd’hui, j’ai "Serpent-Thé", et ce n'est pas terminé...

Hier après-midi, je me suis installée sur mon lit pour parcourir avec l’intention de les éliminer des magazines qui s’empilent, et je me suis endormie… Voyant que je dormais si bien, mon mari n’est pas venu me réveiller, je l’ai fait seule à … 23h30. J’ai donc passé la nuit dans mon salon, sirotant avec gourmandise ce fabuleux Dong Ding d’automne, cadeau de Hsiaolin, ma non moins fabuleuse belle-fille. Mon esprit vagabondait, d’abord dans cette belle Île en pensant aux festivités de l’arrivée de l’année du cheval. Et je me suis arrêtée sur celle-ci, l’année du Serpent qui se terminera dans 3 jours. J’avais le sujet de mon billet d’aujourd’hui, parler de cette bête qui m’a toujours fascinée. 
D’abord une pensée reconnaissante pour ma chère Michelle dont les doigts de fée ont réalisé celui-ci. Et je suis d’ailleurs priée de lui trouver un modèle de cheval… J’y songe, j’y songe. 
Ce midi, je vois la vie en bleu, "objets inanimés, avez-vous donc une âme...". Et comme chaque fois que je prépare ces ustensiles, je sens en moi une sérénité profonde, anticipant le bonheur qui m’attend fait de sensations gustatives bien sûr mais aussi de souvenirs, et forcément des émotions qui y sont liées... 
Et justement j’ai choisi ce Da Yuling d’hiver, qui me rappelle une belle rencontre chez Thés de Chine dans ce lieu que j’aime d’où proviennent ces beaux ustensiles (http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/06/aujourdhui-premier-jour-de-lete-paris.html ).  
Dès la première infusion, des images de ce pays que j’aime me reviennent où j’ai laissé une partie de mon cœur. 
Les feuilles commencent à se dérouler, 
beau camaïeu de verts. 
La couleur est d’un beau jaune légèrement teinté de vert, la chaleur me pénètre, elle fait du bien à mon âme. Les passages se suivent, je sens en moi le Qi puissant de ce thé de haute montagne. 
J’ai analysé à ma façon ce que me procurait ce thé magique : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/09/les-jours-se-suivent-comme-je-les-aime.html , aujourd’hui il m’inspire toujours autant, j’en savoure chaque gorgée, c’est véritablement un thé aux saveurs harmonieuses. Moments de méditation...
Merci les belles, votre deuxième vie commence ici.  
Cette nuit, j’ai collationné les informations sur cet animal mythique, différentes sources, 
entre autres Tintin au Congo. 
Je me souviens encore très bien du temps où, très petite, je suis restée très longtemps en admiration sur cette page. Déjà à l’époque, j’avais une attirance pour cette bête et je me posais mille questions à son sujet. Il y avait un bail que je ne m’étais plus plongée dans Reptiles
J’en retiens une seule image… 
"Véritable arc-en-ciel de nacre et d’irisations" que ce serpent bleu. Hergé avait-il connaissance de la couleur de ce "serpent bleu" pour qu’il choisisse cette couleur pour représenter son "boa" qui n’a à ma connaissance à moi jamais fréquenté le Congo… même belge de l’époque. La suite sera pour demain, je suis encore en décalage horaire !