dimanche 28 octobre 2018

Portraits de Thés...

    Cette photo à elle seule résume ce que sera mon week-end, studieux et jubilatoire ! 
    Seulement 4° dehors mais un ciel plein de promesses, à l'image de ce qui m'attend... Mais tout d'abord, mes rituels : choisir un thé, une théière pour l'accueillir tandis que l'eau chauffe et pour répondre à cette musique, une autre, aux sonorités si particulières qui me prennent au coeur. Excitante attente… 
    Et enfin, la couleur cuivrée de ce
    Yunnan Golden Pearls. Paisir des sens, se laisser porter par l'émotion. Moments de méditation aux sons de ces instruments inconnus ici. La journée commence fort, et ce n'est pourtant que le prélude… 
    Il pèse lourd avec ses 287 pages et une belle couverture cartonnée. Avant même de l'ouvrir, ce qui me frappe est la qualité de la photo, je pourrais presque prendre en main cette feuille tant elle semble vivante ! 
    La quatrième de couverture, me donne soif, soif de connaissance… 
    Mais avant cela, préparer un
    Bai Mu Tan et le savourer par petites gorgées parfumées qui tapissent mon palais, agréable rétrolfaction. La lecture peut commencer : papier glacé assez épais qui fleure bon l'imprimerie. 
    Belle invitation à un voyage dans le temps et l'espace, derrière les mots, on sent la formation d'ingénieure agronome de Lydia qui l'a menée dans l'univers du vin avant de découvrir celui – beaucoup plus riche – de cette boisson mythique. Dans l'introduction, en excellente pédagogue, elle explique sa démarche :
    "Etant donné que le thé est un produit de terroir, la première porte d'entrée est la géographie. Au sein de chaque pays, quand plusieurs crus sont présentés, la couleur fera office de sous-classe, du thé plus léger au plus puissant. On commence ainsi par les thés blancs, puis verts, jaunes, cyan (ou wulong), rouges et enfin noirs. Au sein d'une même couleur, les thés natures sont présentés en premier, suivis des thés parfumés (…) Certains choix procèdent de véritables coups de coeur gustatifs, d'autres thés sont des curiosités. Mais toute la sélection est un prétexte pour présenter un pays, une région, et l'expertise ainsi que la grande créativité de la productrice ou du producteur qui se profile derrière chacun des portraits. (...)" 
    J'ai rapidement parcouru ou plutôt survolé les 40 premières pages plus destinées aux néophites qui seront certainement impressionnés par ce nouveau monde, comme moi au siècle passé :http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2008/05/mon-histoire-avec-le-th-suite-mais-pas.html et http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2008/05/la-rvlation-au-retour-de-giverny.html. J'ai vraiment hâte de découvrir ces 119 portraits mais malheureusement la suite ne sera pas à l'image de ce que j'avais imaginé. En prévision de cette journée spéciale, je m'étais avancée en cuisine hier soir, il n'y avait plus qu'à réchauffer les plats. Mais hier mon mari a été attaqué par des microbes, son nez a voulu imiter les chutes de Niagara et ce midi, il était tellement accablé et oppressé que j'ai dû courir les pharmacies pour trouver de quoi le soulager. Celle du village n'avait pas tous les médicaments voulus, j'ai donc dû aller à La Hulpe, ce qui m'a pris plus de temps que souhaité et je ne m'étais pas habillée correctement ne pensant faire qu'un aller-retour. Moralité, les microbes ne m'ont pas ratée. Je suis beaucoup moins atteinte que mon mari et je les ai traité au bazooka : tisane de thym très corsée que j'ai à peine goûtée, miel et propolis. J'espère que demain, dégoûtés, ils m'auront quittée. Cela ne m'empêche évidemment pas de lire mais bien d'accompagner ma lecture de ce précieux breuvage, à défaut de le boire, je boirai les paroles de Lydia qui me feront tout autant saliver. J'ai feuilleté les 119 portraits de thé, je n'ai connais que 58 mais je suis certaine que je vais encore en apprendre sur ceux-ci ! Quant aux autres, j'espère en découvrir quelques-uns... Chaque portrait contient une carte géographique du (ou des) lieu(x) de production ainsi que son histoire. Un encadré décrit les feuilles sèches, la couleur de la liqueur et ses flaveurs. Mais aussi des conseils de préparation et de sommelerie, ici aussi, elle sait de quoi elle parle: http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2008/11/ths-et-mets-une-mine-dor.html !
  1. J'ai lu entièrement le portrait de la Pivoine blanche (Bai Mu Dan ou Pai Mu Tan) un thé que je bois depuis longtemps avec bonheur, je croyais donc le connaître par coeur... et j'ai encore appris ! "(...) Une légende datant de la dynastie Han (-206-220) évoque son origine, même si l'on estime que sa manufacture a été véritablement inventée et calibrée à la fin du XIXe siècle. En effet, étant donné le procédé naturel de séchage très proche de la dessication de nos tisanes, demandant peu de matériel sophistiqué, on peut supposer que le thé blanc fut l'un des premiers thé inventés par l'homme, peut-être même avant le thé vert et le pu er. (...) Revenons à cette fameuse légende... Un fils et sa mère avaient pris l'habitude de se rendre au bord d'un lac parsemé de lotus et d'y contempler un massif de pivoines roses. La mère tomba malade mais aucun médicament ne put la soulager. Le fils vit en songe une divinité qui lui conseilla de préparer un bouillon de chair de carpe et de thé. C'était en plein hiver, il trouva facilement la carpe, chercha en vain le thé. Il finit, désespéré, par retourner au bord du lac et découvrit à la place du massif de pivoines un magnifique théier auc feuillessemblables à des pétales de pivoines blanches. Il en récolta, fit le bouillon, et sa mère guérit immédiatement. Telle est l'une de ces nombreuses légendes associant thé et santé. (...)". (Pages 52-53). Lydia conseille de l'infuser à 90° alors que jusqu'ici, je le fais toujours à 70°, à tester donc quand j'en aurai à nouveau. 
    Mieux assise que couchée, j'ai passé une bonne partie de la nuit dans mon cocon éclairé seulement par la lune en écoutant quelques-uns de mes classiques : Jean Ferrat, Jacques Brel, Yves Duteil et Marie Laforêt. Ce matin, mon nez se prend encore pour une fontaine mais il est débouché. 
    Le ciel est tout gris et pas un bruit ne vient percer le silence. 
    Premier thé, un simple
    Pu Er reçu de mon adorable femme de ménage et belle surprise, j'ai retrouvé mes sensations gustatives, je vais donc pouvoir associer les portraits des thés à leur équivalent dans la tasse. Avant d'entamer la galerie des ces protraits improbables, je veux d'abord parler du Gong Yi Cha ou l'Art des fleurs de thé (pages 74-75). Ce sera pour moi un plaisir de rétablir une vérité historique que des ayatollah occidentaux du thé ont décrété de façon péremptoire, et avec un mépris certain que les thés parfumés n'étaient pas chinois, montrant ainsi leur ignorance (mais cela, j'en ai l'habitude...) : "En Chine, on trouve depuis la dynastie Tang (618-907), des thés parfumés au fleurs telles que le jasmin, l'osmanthe, la rose, etc. 
    Les "fleurs de thé", entièrement façonnées à la main, seraient également apparues à cette époque, et prirent un essor considérable sous la dynastie Ming (1368-1644) (...)"
    J'en ai infusé à plusieurs reprises mais d'habitude, je ne buvais pas le breuvage qui était soit acre soit insipide : http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2008/08/les-ths-sculpts-patience-et-savoir.html . Elles me servaient uniquement de décoration. 
    Mais en lisant ce que Lydia en dit, j'ai eu envie de réessayer. 
    80°, 5 à 6 minutes dans une théière transparente. Régal pour les yeux… 
    Vu de dos, on voit bien les nombreuses feuilles de thé reliées par un fils blanc. 
    Même en respectant scrupuleusement les conseils de préparation, le breuvage s'oxyde très vite mais je veux le goûter et je suis surprise par sa douceur sucrée, à refaire avec d'autres fleurs. 
    "(...) Le thé lui-même est généralement un thé blanc ou vert mais on peut aussi trouver des fleurs de thé façonnées avec du thé rouge". 
    Je me suis prise au jeu, je vais essayer maintenant avec celui-ci en forme de petit champignon aux feuilles foncées, sans doute du thé rouge. 
    Dès que je verse l'eau chaude, des milliers de bulles d'air comme de petits œufs s'en échappent 
    et au vu de la couleur de l'eau, ce n'est ni du thé vert ni du blanc. 
    mais je dois transvaser le tout dans une théière plus haute et quand même planter un tuteur sinon la sculpture ne se redresse pas. 
    L'odeur qui se dégage des feuilles infusées fait penser à du Yunnan. 
    La liqueur est brillante et ambrée et la saveur est bien celle d'un
    Yunnan mais en très atténué avec des notes sucrées comme dans l'autre, serait-ce l'influence des fleurs ? Ou alors mon odorat pas encore efficace à 100%. Belle expérience gustative en tous cas qui me montre qu'il ne faut jamais avoir un avis définitif sur les choses... J'aurais aimé poursuivre ce voyage mais mes yeux se ferment malgré moi, j'ai à peine dormi 3 heures cette nuit, je continuerai donc ce périple quand j'aurai retrouvé ma pleine conscience... MERCI chère Lydia de m'avoir fait vivre ces émotions fortes en voyageant sur la route de tes coups de coeur, elle sera encore longue et tout aussi riche ! Et à Cathy, Fanou, Marina, Martine, Carine, Fabienne, Mich, et les autres, foncez les yeux fermés dans une librairie mais ouvrez-les tout grands pour découvrir à votre tour cette galerie de portraits, bonne lecture et excellentes dégustations ! 

mercredi 24 octobre 2018

Après une fin d'été lumineuse, un temps de Toussaint à l'approche de l'heure d'hiver...

Des feuilles mortes jonchent le sol au pied de ce chêne que je viens enlacer chaque jour, 
son énergie m'envahit avec force que je transmets à mon tour en pensées à ceux qui me sont chers. 
L'allée aussi en est pleine 
mais plus pour longtemps… 
Ma filleule-qui-sait-tout-faire 
est à l'œuvre 
assistée de Bobby, très intéressé par les glands. 
Le bruit est assourdissant mais la puissance de l'engin 
est d'une redoutable efficacité. J'admire ce travail de ma cuisine, où je prépare le repas. 
Traquées de toutes parts, 
il faut maintenant les ramasser. 
Quelques brouettes plus tard, il ne reste plus rien... jusqu'à la prochaine fois ! On aurait pu attendre qu'elles soient toutes tombées mais avec la pluie qui s'annonce, ce tapis devient une véritable patinoire assez "casse-gueule", j'en ai fait la douloureuse expérience l'année dernière… 
Repas d'automne, velouté au potiron, 
waterzooi de poulet servi avec du riz, un des plats préférés de ma filleule. Le tout agrémenté des facéties de mon mari... Quand ces deux-là sont ensemble, c'est un festival ! Le spectacle est dans la salle, j'en ai même oublié de préparer le thé… 
Comme dessert, une panacotta lait d'amandes et poires au thé
Sans complexe très appréciée, c'est vrai que l'association de la poire et de ce thé qui rapelle la tarte au citron meringuée infusé dans du lait d'amande donne des émotions gustatives très fortes. A refaire ! 
Un dernier tour de tracteur pour égaliser les pelouses clôture une journée vivifiante mais très physique, MERCI ma Puce ! Retour au calme dans mon cocon, temps de méditation en cette fin d'après-midi. 
Les chants grégoriens exercent sur moi toujours autant de passion mais tempérée par la douceur de ces voix qui me transpercent et m'apaisent. Ils se marient bien avec le rituel du gong fu fait de gestes lents et de patience : 
ébouillanter la théière avant d'y déposer délicatement ces perles de
Gao Chan,
 
transvaser l'infusion dans le pot de justice 
puis savourer cette liqueur précieuse qui invite au voyage en racontant l'histoire de ces Belles qui d'abord recroquevillées s'épanouissent par les caresses de leur mère l'eau. Gestes lents, posés qui me font me recentrer et toucher l'essentiel, la paix de l'âme… 
Pour ce dernier jour de fin d'été, un autre voyage au pays de la sobriété du décor et de l'excellence des mets face au lac de Genval. Avec ma filleule cette fois. 
Des gyoza pour elle, 
des dim sum pour moi. Toujours aussi fins. 
Pour suivre, un wok au boeuf aux 5 parfums pour elle 
Et pour moi du saumon cuit dans des feuilles de bananiers et d'une sauce délicatement épicée, accompagné de légumes : une vraie tuerie... Et avec ce plat, un
Lapsang Souchong qui se marie si bien avec le poisson 
Vu les circonstances, nos échanges ont été plus sérieux, ma Puce tu peux compter sur moi pour te soutenir mais je voudrais que tu penses aussi à toi, tu es trop généreuse, trop donnante, j'ai peur que certains profitent de toi... Mais ils me trouveront sur leur route, on ne touche pas à ma filleule adorée ! 
Il y en a un en tout cas sur qui tu peux compter aussi ! 
Belle surprise, la carte des thés s'est étoffée mais avec une grossière erreur, le rooibos n'est pas un thé, comme d'ailleurs la camomille, la verveine et le tilleul… 
Comme desserts, des moshis glacés : thé vert, chocolat/coco et fruits de la passion. 
Petit Bobby, je compte sur toi pour veiller sur ta mère ! 
Hier il faisait encore très lumineux, aujourd'hui, par contre, il fait un temps à rester sous la couette ! 
Camaïeu de gris dans ce ciel plombé, il est temps de ressortir la luminette ! 
Le ciel cette nuit, rempli d'étoiles, était illuminé par la pleine lune mais ce matin, il est plat et triste ; 
Un délicieux
Darjeeling first flush pour réchauffer mon corps et la voix du grand Jacques pour me faire voyager dans mes souvenirs... 40 ans qu'il a rejoint les étoiles, et toujours si vivant en moi par la richesse de son répertoire, chacune de ses chansons est un tableau, c'était un vrai magicien des mots ! Je pense aussi à une autre grande Absente, ma chère Marie-Aline, un an déjà que tu as rejoint les Anges, pas une semaine ne passe sans que je pense à toi avec amour et reconnaissance pour tout ce que tu m'as apporté avec tant de générosité... Je suis allée relire le billet que je t'ai consacré, http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2017/10/the-amitie-eternite.html , j'ai beaucoup de chance d'avoir eu une amie telle que toi... c'est d'ailleurs en pensant à toi que ce matin, j'ai choisi ce Darjeeling que tu aimais tant.