mardi 31 mars 2009

Le lendemain de la veille

Nez bouché,
Gorge irritée
Eloignent le Thé…

Ces trois lignes résument mon calvaire d’hier. Mais aujourd’hui cela commence à aller mieux, les microbes nantais semblent ne pas apprécier le climat du Brabant flamand et c’est tant mieux ! Il faut dire que cette fois j’ai dérogé à ma devise habituelle qui est: c’est venu (presque) tout seul, cela repartira tout seul, et je leur ai infligé un traitement dont ils ne se souviendront pas puisque la plupart sont morts et que les survivants, très affaiblis, se terrent avant de disparaître.

Nez débouché,
Gorge moins irritée
Et revient le Thé !

Mais pas n’importe lequel encore. Je resterai sur les thés rouges aujourd’hui. Le Tumsong pris au petit-déjeuner commençait à ressembler à ce que je connais, ouf !
Je remonte alors dans mon salon bleu-thé parce que j’ai décidé d’entamer la lecture de cette brique dont les illustrations sont vraiment magnifiques. Il me faut pour cela un breuvage et c’est en ouvrant mon armoire à trésors que j’ai eu un fou rire homérique, qui a fait monter mon mari qui se demandait le pourquoi de ces "gloussements" interminables... Il était là, le RON CHA. Non mes microbes n’ont pas atteint mon cerveau et vous allez vite comprendre ! Il faut pour cela revenir à dimanche passé chez Li-Ping et Sanmao. Une de nos conversations a tourné autour de ce fameux Ron Cha, Bernadette nous a dit, emballée, que c’était un de ses thés préférés (ce nom me disait vaguement quelque chose mais impossible de savoir quoi) et cela n’a pas fait tilt même quand elle a dit qu’elle ne le trouvait que chez Thés de Chine. Et c’est ce matin que tout s’est éclairci, ce Ron cha est là, bien à l’abri dans ce beau sachet si typique ! C’est un thé rouge (noir) taïwanais ! Je ne l’avais pas encore goûté parce que je n’en sais pas plus et ne suis pas retournée à Paris depuis que je l’ai acheté ! C’est donc Bernadette qui est à l’origine de ce fou rire, (et que ça fait du bien malgré une mâchoire un peu endolorie…) J’ai donc décidé qu’aujourd’hui, il allait passer ... à la théière. Et toujours le même rituel quand je découvre un nouveau thé : set de dégustation et Lu Yu. Les feuilles sèches semblent assez petites, dans un camaïeu de bruns assez foncés tirant sur le gris. Infusion de 3 grammes, 4 minutes dans une eau à 90°. Les feuilles infusées sont magnifiques au niveau des couleurs, elles laissant apparaître aussi quelques brindilles. L’infusion très ambrée a un goût prononcé et comme une odeur de cuir neuf mais je sens que mon olfaction reste perturbée, je ne m’avancerai donc pas plus. Je peux seulement dire, et cela avec certitude, que je l’ai bu à la santé de ces théophiles nantais que j’ai hâte de revoir… Par contre, la lecture de la brique et surtout la dégustation de ce Bai Mu Tan, ce sera pour plus tard, mon fabuleux voyage dans la Belle Ile a occupé toutes mes pensées pendant cette matinée. Mon esprit a vagabondé là-bas, dans tous ces jardins où la cueillette doit déjà battre son plein je suppose, je pense une fois encore à ces cueilleuses dont le dur labeur se transforme en bonheur dans nos tasses. Vivement 2010!

lundi 30 mars 2009

C'est dur un jour (presque) sans thé...

Aujourd’hui, après ce WE flamboyant, je voulais passer la journée dans mon salon bleu-thé. Je voulais découvrir les superbes cadeaux reçus de Sylviane. Mais ma nuit fut agitée, d’abord parce que toutes les émotions vécues ce WE me revenaient en force, je revivais chaque instant avec bonheur. Tous ces moments de partage m’empêchaient de m’endormir. Mais nous n’avons pas partagé que du thé, des mets et des bonnes paroles… Sylviane a poussé la générosité jusqu’à partager ses microbes ! J’ai toussé comme une malade depuis la fin de la nuit et ce matin seul un thé rouge coréen, le Jukro (voir ici et ), m'a +/- goûté, mais il avait quand même un drôle de goût, j'ai donc compris que je devrais me passer de thé aujourd'hui... Cela ne m'a pas empêchée de dévorer "Voyage à la Chine"! Encore merci à toi Sylviane, tu n’aurais pas pu mieux tomber, d’autant que j’ai raté la visite de ce superbe musée lors de ma visite dans ta si belle ville. Et cette lecture a fait surgir en moi des souvenirs de mes premières rencontres avec ce qui deviendra une passion dévorante. J’y apprends que Thomas Dobrée fut " l’armateur qui, avec le Fils de France, a tenté d’ouvrir de nouveaux horizons au commerce nantais vers l’Inde et l’Extrême-Orient". A l’époque, j’avais acheté la théière Fils de France chez mariage et le thé du même nom, "ce gracieux mélange portant le nom du fameux navire qui transportait les thés de l’Empire chinois pour Mariage Frères en 1827 (…)". Les dates correspondent, je suppose qu’il ne peut s’agir que du même bateau. Le Bai Mu Tan sera pour demain ou après-demain, il est trop fin pour le boire dans mon état! C’est dur un jour sans thé…

dimanche 29 mars 2009

Ce fut l'apothéose!

Ce dimanche, nous avons rendez-vous à 11h30 chez Li-Ping et San Mao, dernière étape de ce WE bruxellois pour ces infatigables théophiles nantais. Au programme : dégustation de 2 thés, "légère" collation (j’avais convenu avec San Mao de quelques petites bouchées vapeur et un potage…), et un dernier thé avant le retour. Vous allez voir comment tout cela s’est traduit en chinois ! Nous sommes répartis en 2 tables: Pascale, Guillaume, Françoise, Danielle et Dominique avec San Mao ; Sylviane, Bernadette, Eric et moi avec Li-Ping. Chaque thé est présenté par San Mao, et comme on peut le constater, Li-Ping l’écoute avec attention. Le premier est un thé vert d’Anhui, le Lu An Gua Pian (Tranche de melon de Lu An), dont la cueillette est particulière : uniquement la 2e feuille. Nous apprenons aussi que la terre est fertilisée par des chauves-souris. Nos hôtes ont choisi une théière en verre parce que le thé refroidit vite et surtout pour voir le spectacle : la danse des feuilles. Pascale, Guillaume, Françoise admirent les gestes précis et harmonieux de San Mao tandis que Danielle et Dominique prennent note ("ordre" de la présidente...). Pas de couvercle pour ne pas cuire les feuilles. Nous admirons les feuilles après 3 infusions tandis que nous recevons des conseils de conservation : au frigo et une double protection, le sachet bien fermé dans une boîte hermétique. Le suivant est un thé de rocher, le Shui Xian qui provient d’un théier centenaire. Et à notre table, nous le dégustons dans des bols du même âge. Celui qui nous est proposé a été traité le premier jour de la cueillette, il est donc très jeune. La cueillette se fait en pliant les branches (le théier mesure 2 mètres). Les feuilles infusées sont vraiment grandes. Impressionnant.Vient maintenant le moment du repas avec comme mise en bouche des œufs de cailles traités de manière très thé… Arrive le repas "frugal", comme je vous l’ai dit, je ne connaissais pas la traduction chinoise mais voyez la photo. Alors que jusqu’à présent une joyeuse animation régnait, le silence tout à coup s’installe, les convives font honneur à ces gâteries. Puis le dessert: glaces au Matcha et au Pu Er et haricots rouges bien à l’abri dans une pâte de farine de riz au coco. Le tout accompagné de thé vert glacé à la fleur d’osmanthus et à la citronnelle. Mais que cherche donc Sylviane?Le 3e thé proposé nous emmène au Sichuan, c’est un Gong Fu Mao Feng, un essai réalisé par un professeur d’université. Les feuilles sèches, composées du bourgeon et de 2 feuilles sont très sombres et contrastent avec les feuilles infusées très cuivrées (et un peu surexposées par le flash). La couleur de la 1e infusion, assez pâle fait place à une couleur plus ambrée à la 3e infusion. Une fois de plus, j'ai eu du mal à mettre des mots sur ce goût que je connaissais pourtant. J'ai finalement mais difficilement trouvé, il m'a fait penser à ce fabuleux Jukro, je vais m'en préparer un dès demain.Un hôte particulier vient nous rejoindre, connait-il seulement son bonheur ? Il a 7 vies l’animal, nous n’en avons qu’une et encore tellement de choses si belles à découvrir et de moments forts comme ceux-ci à vivre. Je crois la séance terminée mais Li-Ping me glisse à l’oreille une suggestion, il trouve le groupe tellement sympathique, passionné qu’il me demande s’il peut proposer un 4e thé. Je suis aux anges, en effet depuis le début j’observe attentivement les réactions de chacun, je ne vois que plaisir et joie sur les visages, alors une telle proposition ! Nous avons donc droit à un trésor : un thé de rocher de 1992. Dommage que la photo ne dégage pas le parfum de cette merveille ! Pendant que San Mao fait passer le sac doré, Li-Ping nous parle de sa rencontre avec Monsieur Lu, le producteur passionné de ce thé de garde. Il est non seulement passionné mais perfectionniste, à tel point qu’un jour il a appelé un de ses concurrents, ils se sont enfermés dans une pièce et pendant des heures ont fait des essais pour améliorer la qualité de ce thé… Et, excellente nouvelle, son fils est atteint du même virus, la relève sera donc assurée. Un bon thé de garde ne peut se faire qu’avec un très bon thé au départ et un séchage très précis au feu de bois. Avec ce thé le goût évolue très fort d’une infusion à l’autre, cela va des champignons au chocolat en passant par la châtaigne. Elle devient de plus en plus soyeuse, suave mais même après 6 infusions aucune astringence ni amertume, du beurre, quelle douceur ! Il suffit d’observer les convives pour voir qu’ici on atteint des sommets ! Et vient la fin de ces moments magiques et intenses, des mercis chaleureux à nos 2 hôtes, je vous souhaite un merveilleux voyage dans votre pays, celui des "dix mille" thés (ce qui signifie une infinité). Chacun s’en retourne maintenant vers son destin, mais je sais que nous nous reverrons. Nous avons encore tant à partager ! Mais j'ai l'impression tout à coup que les mots sont trop pauvres pour traduire toutes ces émotions que nous procure cette boisson magique. Merci à tous pour ces moments si riches, j'en redemande...

samedi 28 mars 2009

La Tour japonaise et le Pavillon chinois

Aujourd’hui, je rencontre les autres membres de ce dynamique club des buveurs de thé de Bretagne. Et dans ces lieux dédiés à l’art d’Extrême-Orient que sont la Tour japonaise,inaugurée en 1905, le Pavillon chinois, terminé en 1910. Cet ensemble exceptionnel compte parmi les dernières grandes réalisations architecturales de ce Roi bâtisseur que fut Léopold II (1835-1909), et qu’il finança à la fin de son règne. On accède à la Tour par un joli jardin. L’intérieur présente de superbes vitraux, des porcelaines décoratives réalisées pour l'Europe entre le milieu du XVIIe siècle et le milieu du XVIIIe, de même que des articles d'art décoratif japonais. On peut aussi y admirer des scènes de la vie quotidienne où on peut constater l’omniprésence de la théière… Les photos ne sont pas extraordinaires mais il fait assez sombre dans cette tour et le soleil absent ne fait pas resplendir les vitraux.Avant de découvrir l’intérieur nous admirons l’architecture extérieure de ce Pavillon chinois, Puis la traditionnelle photo souvenir. Cette superbe bâtisse recèle d'importantes collections, qui déclinent toute la gamme de la production porcelainière chinoise destinée à l'Europe, aux XVIIe et XVIIIe siècles, par le biais des Compagnies des Indes. J’ai bien sûr été particulièrement séduite par ces objets destinés à contenir ce liquide qui a inspiré tant d’artistes. J’en verrais bien certaines dans mon salon bleu-thé… Cette théière à 2 becs. Et celle-là encore,en vert et bleu. Puis encore une autre à 2 becs (je n’en ai pas… encore). Une autre avec son bol assorti. Puis la famille rose si chère à mon mari qui en a quelques pièces (mais malheureusement pas de théière). Et enfin une dernière que je verrais bien chez moi aussi. Le soleil s’est enfin montré et donne un cachet tout à fait particulier à ces lieux magiques. Encore une petite dernière avant de quitter ce groupe charmant pour cause de crise de sciatique, mais si je veux être en forme demain il faut que je me repose. Je les quitte à regret en leur laissant un pique-nique composé des restes du tea time d’hier. Je n’irai donc pas au Musée d’Art japonais, ouverte au public il y a 3 ans après une superbe restauration. J’y étais allée à l’inauguration et j’ai été particulièrement séduite par de superbes kimonos, des instruments de musique anciens, des objets extraordinaires qui montrent la maîtrise du laque notamment et bien sûr les objets du thé. Il est évidemment impossible de rendre compte en quelques lignes de toutes les richesses contenues dans ces bâtiments hors du temps, je n'ai donc qu'un conseil, venez visiter ces chefs d'oeuvre. (Avenue Van Praet 44, 1020 Bruxelles). Demain, je retrouve cette joyeuse équipe dans un cadre très cher à mon cœur… Un peu de patience.