mardi 27 novembre 2012

Préparation à l'hiver...

Je me suis mise en mode pré-hivernation ce matin, avec un séjour prolongé sous ma couette. Le manque de lumière affecte mes neurones qui fonctionnent du coup au ralenti. Mais pas mon désir, comme un vrai besoin élémentaire, le thé, dois-je le préciser... Je veux essayer à nouveau de comprendre ce qui s’est passé avec le Honyama Sakurakaori de Yasu Kakegawa.
  La première fois, et comme chaque fois que je découvre un nouveau thé, je suis à la lettre les indications fournies. Comme cela ne m’avait pas donné ce que j’attendais, je change un des paramètres, ce sera 70° pour l’eau et j’ajoute une petite cuillère de feuilles.
  L’infusion, toujours aussi pâle, a une saveur légèrement plus prononcée, mais n’a toujours pas celle à laquelle je m’attendais.
 Je l’infuse à nouveau en augmentant la température (80°) et en diminuant très fort le temps d’infusion : 30 secondes. Et pour le laisser refroidir un peu, je parcours à nouveau ces Chants de thé.
 "L’homme est au cœur du thé, le thé rallume les couleurs dans le cœur de l’homme". Décidément, ce recueil me fait vibrer. Le thé par contre ne rallume rien du tout, c’est vrai qu’il a plus de goût, mais son parfum est celui des piscines d’antan, celui du chlore, il me fait penser aussi à du bain douche...
 Je laisse un moment ce breuvage disons... atypique pour admirer ce ciel qui a viré du gris uniforme au bleu et blanc qui donne envie de sourire… Qui a dit que le bleu était une couleur froide ?
 
Place maintenant à ce fabuleux Ali Shan d’automne dont il ne me reste qu’un fond de boîte.
Première infusion, des notes de fruits compotés mélisés et de beurre.
 Ces feuilles, jusqu’ici racrapotées sur elles-mêmes,
 commencent à s’épanouir. "Dans mon corps frêle est confinée ssion de s'épanouir"...
grâce à la mère du thé. "Soudain tu arrives"...
Superbe rencontre, comme un coup de foudre 
Beau mariage, harmonie, complicité…
 Je les laisse un moment pour aller m’aérer et au passage assister au déclin d’un astre qui a peu brillé aujourd’hui.
Les feuilles, déjà bien épanouies, en redemandent.
 Les infusions se suivent, la liqueur devient plus boisée à présent. "Mon parcours est ravivé de sens baigné de plénitude et d’allégresse".
 Beaucoup d’émotion encore en admirant ces belles. "Un univers est né sous nos mains, nous défions le Destin. Je les rends maintenant à la terre où un autre destin les attend. Le mien est de continuer à vivre ces moments hors du temps et à partager ma passion...

samedi 24 novembre 2012

Dans les brumes d'un doux samedi d'automne

Malgré un air très humide et de la brume, il fait doux ce matin.
Je continue à me remémorer des moments forts de mon séjour parisien, ici le Honyama Sakurakaori de Yasu Kakegawa.
Les feuilles sèches sont assez foncées mais je ne parviens pas à identifier le parfum qui s’en dégage.
 Comme conseillé, infusion de 90 secondes à 60°. Je suis impatiente de le redécouvrir. Mais là, déception, je suis étonnée par cette saveur assez fade, je n’en reconnais pas le goût légèrement fruité de celui que j’avais goûté dimanche passé.
 Je l’infuse à nouveau, je compte lire le catalogue de l’exposition en le savourant.
Mais là, grosse déception, c’est une amertume désagréable qui s’en dégage à présent ! A tel point que je doute que ce soit le même thé et je ne peux comparer, je n’avais pu faire de photos… Je ne parle jamais d’argent, mais ici cela passe mal, j’ai payé 18€50 pour 50g de ce thé, ce n’est donc pas un thé basique… Tel qu’il est là, il est juste bon pour mélanger à l’eau de cuisson du riz...
Je me console en feuilletant ce petit catalogue où je retrouve avec stupeur page 9 les mêmes âneries concernant le thé vert et le thé rouge… Je préfère admirer cette tonne de thé compressé créé par Ai Weiwei, qui a voulu par son œuvre montrer l’importance du thé dans le monde d’aujourd’hui.
Chaque époque de l’histoire de ces feuilles mythiques est illustrée par l’un ou l’autre objet typique, ici pour le thé bouilli, un moulin à moudre le thé. Si je suis un peu déçue par le peu d’objets figurant dans ce petit catalogue, j’y retrouve cependant quelques objets qui ont provoqué chez moi des émotions esthétiques intenses, "objets inanimés...".
Comme ce bol Temmoku qui m’a rappelé de bons souvenirs et une superbe rencontre (http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2012/07/une-fabuleuse-apres-midi-de-voyage.html .
 Mais celui qui m’a le plus bouleversée est ce chawan du XXVIIème siècle, restauré à la laque d’or, je me suis sentie transportée dans l’atelier de l’artiste en imaginant ceux qui ont porté leurs lèvres à ce bol qui a traversé les siècles pour témoigner du raffinement d’une époque.
 J’ignorais jusqu'ici que le chaïre pouvait être en grès.
 Je reste dubitative devant ce "Samovar Angleterre, XVIIème siècle. Tôle peinte (…)", il ne correspond pas à la description de la page précédente : "(…), avec son foyer, sa réserve d’eau munie d’un robinet et sa théière couronnant l’édifice et destinée à toute heure du jour à faire bouillir un thé fort que l’on allonge d’eau."  Ce petit catalogue est plus destiné à celles et ceux, débutants qui veulent se familiariser avec la belle histoire de ces feuilles.
 Cet après-midi, malgré un temps très doux, 12°, il fait toujours aussi brumeux, je renonce donc à m’aérer en faisant le tour du jardin, je préfère mon cocon douillet. Et ses trésors. 
 Je n’aurais jamais acheté de thé blanc  de Terre de Chine en hiver, c'est pour moi typiquement un thé d'été mais j’ai repéré une recette de dessert dans la bible de Lydia…. Ce sera pour très bientôt.
Les parois du sachet sont recouvertes de cette "poussière" si typique, il y a des bourgeons là-dedans. Si ce n’est leur couleur trop verte, les grandes feuilles  de ce Bai Mu Dan ressemblent plus à du Yin Zhen
 Je les infuse dans une théière de 50 cl, 7 g à 70° pendant 5 minutes.
La liqueur, d’un beau jaune très pâle, est d’une incroyable douceur, dégage des arômes subtils de fruit mais aussi de fleurs.
Après ce premier passage, les feuilles ne se sont pas encore toutes ouvertes.
La deuxième infusion est légèrement plus prononcée en saveur et la couleur est plus soutenue.
Je tente une troisième infusion plus longue (6 minutes). Si la couleur reste à peu près la même, c’est à présent des notes de fruits secs qui se dégagent, entre noisette te châtaigne.
Les feuilles, très tendres, ont maintenant tout donné.
J’ai bu ce délicieux nectar à la santé de ma petite-fille Elisa dont c’est aujourd’hui le 20e anniversaire... J'espère que tu quitteras un peu tes syllabus pour qu'on puisse fêter cela, ma Lili.

vendredi 23 novembre 2012

La rétrolfaction, suite mais pas fin

Aujourd’hui, je continue à revisiter mes souvenirs.
Et à baptiser ma nouvelle théière Gyokuro Hôhin achetée chez Tamayura, il y a une semaine exactement, que le temps passe vite… : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2012/11/que-dire.html .
Tout en savourant par toutes petites gorgées ce nectar à la fois si prononcé et si doux,
 j’en relis la description et les conseils de préparation.
Avec la deuxième infusion, je me plonge dans ce livre de circonstance, des Haïkus d'automne.
 Solitude ? Pas vraiment, je l'ai déjà dit,  je ne suis jamais seule quand je bois cette boisson mythique, plutôt un frisson.
 En regardant le ciel.
 Je ne sais en effet pas d’où ils viennent mais ces nuages envahissants me rappellent les paroles du grand Jacques : "Avec un ciel si gris qu’un canal s’est pendu, Avec un ciel si gris qu’il faut lui pardonner (…)".
Où que je regarde, le ciel est plombé, menaçant même.
Pas un point d’interrogation, trois points d’exclamation. Le ciel pleure à chaudes larmes son bleu disparu, un vrai temps d’automne, humide et sans lumière.
 Je reste au Japon pour passer à ce fabuleux Sencha.
Tout en relisant la fiche explicative,
 je me remémore avec émotion ces instants hors du temps passés avec Olivier.
Pendant les 2e et 3e passages, d’autres souvenirs, bien plus anciens, me reviennent, cette théière japonaise est le cadeau d’une de mes étudiantes belgo-japonaise dont j’ai promu le mémoire. A l’époque, elle me servait à préparer le Matcha, j’en ai déjà parlé ici : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2008/09/mes-thires-japonaises-3.html .
Il y a une semaine, ce même après-midi, j’étais chez TEA thé T c h a, d’où j’ai ramené ce Noël chez l’Artisan. La boîte était vide depuis longtemps, je m’en suis beaucoup servie en cuisine.
Ce thé corsé, équilibré et très aromatique convient très bien. Pour les recettes, c’est ici : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2009/05/changement-de-temps-changement-de.html et là: http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2009/05/encore-une-journee-tres-reussie-tout.html . Je compte m’en servir à nouveau, j’ai repéré l’une ou l’autre recette dans le livre de Patrick.
Mais aujourd’hui, je veux l’infuser.
Mon salon bleu-thé embaume de ces parfums typiques de Noël comme des souvenirs chaleureux d’antan.
Et je me plonge dans ce recueil de poèmes sur le thé. Je le dévore littéralement.
Tous m’enchantent. L’auteure, une Chinoise qui est aussi peintre, parle de ces Feuilles, des objets qui les magnifient, de ses souvenirs, pureté, esprit du thé, bonheur…
 C’est l’heure du goûter, le choix est évident : un cookie au gingembre, recouvert de cette douceur ambrée, la Kundalini griffée ThéÔdor.
Un cookie ? Oui, un à la fois… Après 3, je m’arrête, pas parce que je n’en ai plus envie, évidemment, seulement parce que je n’ai plus de cookie…
Ce soir, j’ai envie d’un Pu Er. Et pas n’importe lequel, celui qui me rappelle d’autres fabuleux moments au Shanghai café. Les feuilles sont très petites, un camaïeu de bruns. Leur parfum par contre est assez bizarre, elles sentent le … cheval : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2012/11/ce-14-novembre-jai-une-fois-encore.html .
Après un premier rinçage immédiat, je les laisse mijoter dans cette théière en pierre, autre souvenir très fort mais plus lointain.
 La première infusion, brun doré, dégage un parfum et une saveur de cuir et de ... cire.
Les infusions se suivent, la saveur, de plus en plus douce, rend maintenant des notes sucrées.
De ces instants hors du temps vécus dans un passé proche mais encore très présents dans mon esprit et dans mon cœur, je passe maintenant à un futur, proche lui aussi, j’imagine déjà la rencontre avec Olivier Schneider tout un week-end en janvier !
J’ai transvasé la dernière infusion dans un contenant plus grand, ce sera mon thé de lecture.
Et pas n’importe laquelle, parmi ces Chants de Thé, s’en trouve un qui parle de ce thé si particulier, celui "qui a traversé affectueusement tous les pièges du temps"...
Avant de les rendre à la terre, j’observe ces belles qui sont restées si douces tout au long des passages successifs. Encore beaucoup d’émotions tout au long de cette journée, ce voyage au pays des saveurs, des rencontres et de la force des sentiments qui m’unissent à ma Famille du Thé. Et que dire de ces Chants du Thé qui m’ont éblouie, comme j’aimerais rencontrer son auteure. Qui sait, un jour peut-être…