mercredi 30 décembre 2015

Une journée de tous les superlatifs, suite mais pas fin!


 
 
J’ai eu beaucoup de mal à m’endormir cette nuit tant ont été fortes les émotions, j’en suis encore tout imprégnée et me les remémorer me tient lieu de repos.
Ce matin, le ciel est bleu gris et les rayons du soleil naissant illuminent les troncs des bouleaux. Je suis encore sur mon petit nuage d’hier et j’ai hâte de prolonger cet état.
Je sors donc un des trésors contenus dans ce grand sac, le Hojicha griffé Azumaya  
et je me mets dans cette ambiance zen, musique et calligraphie de Staf qui illustre bien ce que nous avons partagé hier : ichi go ichi e. Et des émotions récentes m’envahissent, "comme une feuille de thé à Shikoku", ce livre qui m’a tant marquée reste gravé en moi,
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/12/comme-une-feuille-de-a-shikoku.html et j’attends avec impatience que ma chère Cathy me donne son avis, elle qui a aussi parcouru cette île magique. 
Il n’y a pas que le thé chez Azumaya, il y a aussi des gâteries 
qui vont très bien ensemble, 
c’est moelleux, c’est coloré, pas trop sucré, un vrai régal, même pour moi qui ne suis pas sucrée le matin.
C’est pas tout ça, mais j’ai des choses à faire aujourd’hui : chercher ma commande chez le traiteur parce que côté cuisine… le menuisier s’est trompé dans les couleurs, certaines portes et quelques tiroirs, comme ici, devaient avoir la même couleur que le carrelage bleu, on en est loin ! Si je n’étais pas revenue hier soir dans cet état de sérénité absolue, j’aurais tout cassé ! Commentaire de Xavier: "ton calme m'impressionne, tu peux encore aller à Anvers avec Anne-Marie si c'est l'effet que ça te fait" Il a intérêt à changer mais cela veut dire que ce ne sera pas terminé avant l’année prochaine…
Autre chose, en plaçant la recharge 2016 de mon agenda, j’ai vu avec horreur que la date ultime de cette exposition est aujourd’hui. 
Je me rends donc à ce petit Musée de l’Eau et de la Fontaine situé à deux pas du lac de Genval.  Ce beau projet a été initié par 2 passionnés, l’un photographe et l’autre anthropologue-géographe. 
Je me plonge donc avec ravissement dans cet univers fascinant quand j’entends des hurlements, je croyais d’abord que c’était une horde d’enfants venus fêter l’anniversaire de l’un deux, une des activités organisées par ce sympathique petit Musée, mais ils n’étaient que 4 et sans surveillance, où étaient les parents ??? J’étais furieuse, j’ai fait une remarque à ces petits sauvageons, ils se sont calmés quelques minutes et cela a recommencé, j’ai alors quitté les lieux sans tout voir mais j’ai acheté le superbe album de l’exposition et le DVD intitulé Himalaya, les confidences de l’eau. Merveilleux moments d’évasion en perspective, je n’ai donc rien perdu sauf 3 euros 50 mais j’ai gardé mon calme et cela n’a pas de prix ! 
Une seule idée en tête, continuer à déballer mes trésors, et parmi eux cette surprenante découverte : le Kyo-bancha, un thé fumé, japonais faut-il le préciser…
Le Bancha, qui signifie thé ordinaire, est issu de la dernière récolte du thé, les feuilles sont entières et fumées. La seule fois où j’ai vu des feuilles japonaises non travaillées, c’était à Londres chez Postcards’tea, elles s’appelaient Mandokoro Bancha, mais elles n’étaient pas fumées :
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2011/10/suite-et-deja-fin-de-cette-escapade.html
Ah si cette machine pouvait diffuser les parfums ! Pas de doute, c’est bien un thé fumé avec ses arômes de bois mais il est plus doux que le Lapsang Souchong (le vrai…) que j’aime beaucoup mais que je ne servirais pas avec des mets sucrés. 
Cette année, je croyais ne pas avoir de sapin de Noël, mais cela c’était avant d’aller à Anvers ! 
Je prends le risque de l’associer à ce Kyo-bancha et c’est démoniaque, 
Mon petit Bouddha, cadeau de ma chère Cathy, un de plus, traduit bien mon état de béatitude. Trois passages plus tard, les saveurs sont toujours aussi présentes, les Belles se plaisent beaucoup dans le petit poêlon-dragon griffé Lupicia qui leur sera désormais réservé. Je dois malheureusement interrompre ma dégustation, Xavier m’annonce que le menuisier arrive, j’espère que tout se passera comme je le souhaite. En quelques minutes, tout est arrangé, il va refaire les portes et tiroirs dans le bleu que j’avais choisi et en attendant il propose de venir installer les autres demain pour que je puisse commencer à remplir les armoires sans risque de poussière, je suis aux anges ! Il est temps maintenant de retourner à cette journée de tous les superlatifs,
Anne-Marie et moi sommes enfin arrivées à Anvers, au 31 Kronenburgstraat devant un restaurant japonais authentique, les Saveurs de Yamada. Accueil comme toujours très souriant de Cathy occupée à servir les derniers clients.
En attendant qu’une table se libère, je commande ce Gember thee : 
un délicieux mélange de jus de pommes, gingembre et Sencha, Anne-Marie, plus sobre, choisit een spa rood comme on dit par ici.
Il est possible de manger à la japonaise, au mur un kakemono sur lequel est calligraphié le kanji lien 
que l’on retrouve sur ce vase pour signifier le bonheur. Je me remémore ma première visite après une superbe exposition dont le titre fait rêver : Het Omhelzen van de Maan – Etreindre la Lune : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2010/02/omhelzen-van-de-maan-spiegel-van-de.html  
Non ce ne sont pas des emballages de galettes de Pu Er, mais bien des jarres à saké… Notre table est prête.
Plaisir des yeux d’abord, émotions gustatives ensuite en savourant ce bento apparemment simple mais si raffiné par l'harmonie des saveurs subtiles.
accompagné de la fameuse soupe miso. 
Et comme dessert une panna-cota saupoudrée de haricot de soja broyé. Durant tout le repas, en même temps que ces mets délicieux
nous savourons le bonheur de nous retrouver, d’autres émotions, doux mélanges à consommer plus régulièrement ! Nous quittons ce petit coin du Japon d’Anvers les papilles encore frémissantes de plaisir grâce à Koji mais pas tristes de quitter Cathy, et pour cause… Nous restons à Anvers dans un autre coin du Japon cependant 
Déjà, rien que l’extérieur donne envie d’entrer.
Infos pratiques à retenir absolument. Cet endroit magique est divisé en deux, 
la première partie est le salon de thé composé d’une grande table autour de laquelle se placent les assoiffés, de l’autre côté, le restaurant de sushis comme je n’en avais jamais vu jusqu’à ce jour bénit : yeux éblouis face ces petites œuvres d’art, émotions esthétiques devant un tel  raffinement, c’est certain, je reviendrai pour vivre des émotions gustatives. Mais nous sortions de table, complètement rassasiées. Le maître de cérémonie du salon de thé est Mickaël qui achève de préparer un Matcha
Puis, avec des mots choisis qui sont comme une douce musique dans mes oreilles, il nous détaille une partie de sa gamme de thés, leur origine et la couleur de chaque infusion illustrée par la bandelette au-dessus de la page, je salivais en l’écoutant. Il est temps de passer à la dégustation ! 
Il nous montre d’abord comment
et à l’aide de quoi est filtrée la mère du thé, il me manque encore cela mais il me tarde de le tester. 
Première dégustation, le Kabuse Sencha de Nara, et dès l’ouverture de la boîte, nous sommes emportées vers ces fameux jardins de là-bas qui fleurent bon le gazon nouveau tant ces petits bâtonnets d’un beau camaïeu de verts font frémir nos narines. 
Avec beaucoup de concentration, Mickaël le prépare à la japonaise : l’eau, filtrée avec le charbon, est d’abord quasi ébouillantée dans le kama puis transvasée deux fois à l’aide d’une louche en bambou – le hishaku -dans des refroidisseurs - Shimizu me semble-t-il – pour lui donner le bonne température. J’admire ses gestes précis, son calme communicatif, cela me manquait. Mais je suis curieuse de le goûter, je connais très bien le Yamato Kabuse Sencha griffé ThéÔdor, celui-ci sera-t-il aussi exquis, je ne vais pas tarder à le savoir… 
Dans la tasse, un liquide à la couleur olive et en bouche des saveurs qui font plus penser à celles du Gyokuro qu’au Sencha, émotions gustatives intenses, la deuxième infusion est plus douce, légèrement sucrée. 
Merci les Belles… 
Et pour patienter en attendant le suivant…
Ce sera un Fukomushi Yame toujours préparé de la même manière par le Maître des lieux dont je ne me lasse pas d’admirer chaque geste. 
Dans la tasse, des notes très fraîches, marines, iodées. 
Et voilà pourquoi je n’étais pas triste de quitter notre hôtesse de ce midi, elle est venue nous rejoindre et nous éclairer de ses lumières.
Deuxième infusion, vert émeraude fluo, je ne sais plus comment me tenir pour ne pas léviter, "ô temps, suspends ton vol… " 
Nous étions quatre au départ, mais se sont joints trois autres assoiffés. La conversation s’engage, très animée, entre Cathy, Anne-Marie et eux. Dans la langue de Vondel, trop rapide pour que l’unijambiste linguistique que je suis puisse suivre, je comprends de temps en temps quelques bribes mais ce n’est pas un problème, si je ne comprends pas tous les mots, leurs yeux m’en apprennent beaucoup. Nous ne les connaissons ni d’Eve ni d’Adam, MOI DU MOINS comme je l'apprendrai plus tard, mais entre passionnés, il n’est pas nécessaire de s’apprivoiser, l'empathie est immédiate. 
Arrive LE thé improbable, le Kyo-bancha aux feuilles immenses et à l’odeur prononcée de feu de camp. J’aime beaucoup les thés fumés comme je l’ai déjà dit, et il l’est assurément mais le bois utilisé pour le fumage n’est pas le même que celui employé pour les Lapsang et Tarry Souchong. J’ai hâte de le découvrir. Cathy m’explique que chaque région pour ne pas dire chaque producteur a sa façon de fumer les feuilles, elle en a ramené un cet été qui vient d’une autre région, la fumure est bien présente mais les notes sont plus douces. Elle doit malheureusement nous quitter pour aider son mari à préparer le service du soir, mais c’est certain nous nous reverrons très vite. 
C’est avec joie que j’immortalise ceux qui ont partagé ces moments magiques 
J'en serais bien restée là mais l’assistant de Mickaël me propose d’en faire une avec moi, je n’ai pas osé refuser… et je ne le regrette pas, c’est pas tous les jours qu’on pose avec quelqu’un de très connu en Flandre, mais pas que là. En sortant Anne-Marie m’apprend son nom : Alex Callier d’Hooverphonic. Je dois à la vérité de dire que je ne le connais pas, je n’écoute jamais la radio et ma seule référence en chanson flamande date de mon adolescence, c’est Boudewijn de Groot et en particulier un 33 tours intitulé de overlevenden (les survivants)… Ici se termine cette fabuleuse journée faite de belles rencontres, d’échanges vrais et passionnés autour de cette boisson mythique dont nous ne pouvons plus nous passer. 
Mon chaleureux MERCI va à vous qui avez permis cela, ces moments hors du temps ne sont pas encore des souvenirs : comme les meilleurs thés, la rétrolfaction reste intense, cette fin d'année par ailleurs un peu grise se termine de manière flamboyante, la Vie est pleine de grands Bonheurs ! Mais comme chaque fois, je trouve que mes pauvres mots ne rendent pas assez toutes ces belles émotions…

mardi 29 décembre 2015

Une journée de tous les superlatifs!

Il est des jours qui nous font oublier les scories de la vie, aujourd’hui en est un au-delà des mots…
Il est 8h30, le soleil qui se lève colore le ciel en rose et bleu, prémices d’une belle journée. Commencent mes rituels : 
la musique 
et ma drogue. Mon choix se porte sur un fabuleux  Yunnan white Tea Moonlight 1st grade griffé Biochi.  
Ce n’est pas un hasard mais de merveilleux souvenirs, il y a un an, Anne-Marie et moi franchissions pour la première fois la porte de ce lieu authentique et chaleureux:
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2014/12/encore-et-encore.html 
Tandis que les Belles se réveillent, j’admire ce ciel comme un bel arrière-fond qui met en valeur les arbres dénudés.
Infusion après infusion, ce Yunnan white donne tout ce qu’il a, la liqueur réchauffe mon corps et fait tant de bien à mon âme, moment de méditation et de reconnaissance envers ces cueilleuses aux doigts de fée. 
Pour que le temps passe plus vite, je voyage dans le temps et dans l’espace : le Moyen Âge en Chine pour retrouver Ci Song, le héros de cette histoire passionnante mais terrifiante aussi. J’accompagne ma lecture d’un Bai Mu Tan qui est loin de donner les notes subtiles du Yunnan white mais qui reste très agréable en bouche. Et compense les odeurs nauséabondes décrites de manière très réaliste dans le livre? J.B. Grenouille a dû vivre ici dans une autre vie... Je suis vraiment captivée  par cette histoire que je n’ai pas vu le temps passer, ma complice du jour devait venir me chercher entre 11h30 et midi, il est 12 heures 15 quand sonne mon GSM, elle est coincée dans un monstrueux embouteillage provoqué par un grave accident, je préviens celle avec qui nous avons rendez-vous dans son restaurant qui ferme à 13h30 normalement… Elle arrive finalement à 13 heures, la route pour Anvers est dégagée, ce qui n’est pas le cas de l’autre côté… 
Il est 13h38 quand nous arrivons enfin dans ce petit coin du Japon, mais ceci est une autre histoire, tellement belle qu’elle vaut un billet séparé.
Et ce n’est pas tout, après le restaurant authentique, un salon de thé typiquement japonais dont je suis revenue les bras chargés, après avoir fait de très belles rencontres et dégusté des thés exceptionnels. Je passe la soirée avec mon mari mais je reviendrai demain. Mais déjà MERCI à Anne-Marie, Cathy et Koji qui nous a régalées de ces plats authentiques, et à Mickaël qui nous a accueillies avec chaleur et nous a fait découvrir des thés improbables…