mercredi 29 avril 2015

A propos de ce livre...


Comme je l'ai signalé dans le billet précédent, la lecture de ce livre a fait renaître en moi un malaise profond que je croyais dépassé. Je veux comprendre pour supprimer à jamais ces sentiments négatifs si éloignés de la fascination que j'ai actuellement pour le Pays du Soleil levant. Mais avant cela, mes rituels :
admirer cette Nature en pleine renaissance,
préparer les ustensiles et faire chauffer l'eau tout en faisant appel à mes souvenirs. Le premier, c'était chez ... les guides. Une des activités que j'affectionnais particulièrement était la réalisation de jardins japonais dans un couvercle de boîte à chaussures selon les règles de ces jardins particuliers : il devait comporter des graviers, un point d'eau, des rochers, de la mousse et quelques plantes et taches de couleur. Tout devait être de la "récupération", pas question de cueillir quoi que ce soit, le respect de la nature nous était inculqué. A nous de chercher et de faire travailler notre imagination ! Pour les graviers et les montagnes, c'était facile. Pour le point d'eau, aussi : soit un morceau de verre, soit une coquille de noix ou une bogue remplies d'eau. Pour les taches de couleur, une pelure d'orange, de petites fleurs, genre bouton d'or ou petites feuilles colorée en automne. Pour figurer les arbres, des branchages et la pelouse de la mousse. Moi qui à l'époque ne supportais pas de rester assise très longtemps, je pouvais y passer des heures ! Je ne me souviens pas avoir lu quoi que ce soit sur ce pays, ni aucun roman qui l'avait pour cadre. Hergé y faisait allusion dans
Le lotus bleu mais ce qu'il en disait, dessin à l'appui, ne m'avait pas attirée. J'étais fascinée par la Chine grâce aux romans de Pearl Buck que je lisais et relisais en rêvant de découvrir un jour ce pays.
En posant délicatement cette poudre dans le chawan à l'aide de mon tout simple shashaku, je pense à un passage du livre qui montre la recherche quasi obsessionnelle du beau dans chaque objet:
« (...) Yoshirô (un des noms du futur Rikyu) taillait une cuiller à thé dans sa chambre. Le plus délicat dans cette tâche était le positionnement du noeud de bambou. Sans un noeud, une cuiller paraissait trop simple, sans caractère. Trop proche du cuilleron, il gênait, et au contraire trop près de l'extrémité du manche, cela manquait de naturel. Et je caresse quasi amoureusement ce merveilleux bol qui me donne la chair de poule en imaginant les mains de l'artiste qui l'a réalisé et lui a donné une âme, et en me souvenant avec émotion de celui qui me l'a si généreusement offert.
Je savoure à présent ce breuvage dont je ne peux plus me passer aujourd'hui en pensant à ma première rencontre avec le
Matcha : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2008/05/mon-premier-cha-no-yu.html. Heureusement que je me suis pas arrêtée à cette première impression gustative. Par contre, je n'arrivais toujours pas à me débarrasser des interrogations à propos de ce pays tout en contrastes. Et ce n'est pas ce qui suit qui me feraient changer d'avis. Je ne sais plus trop si c'est avant ou après ma visite au Musée Cernuschi qu'a eu lieu Europalia Japon en Belgique. J'ai peu de souvenirs des expositions visitées, par contre mon mari et moi avons beaucoup apprécié le théâtre No et surtout le concert de koto, une longue cithare de près de 2 mètres dont les sonorités m'avaient fait penser à une harpe. Cela c'est pour le côté positif. Parallèlement à cela, il y eut des reportages (à la RTBF si je me souviens bien). Notamment sur le système scolaire qui m'intéressait particulièrement, celui qui m'a montré un visage atroce de ce pays et m'a dégoûtée pour longtemps était un reportage sur la manière de faire en sorte que les enfants de première primaire restent concentrés sur leur travail. Tous les petits avaient un bandeau sur le front, comme un serre-tête. L'inventeur de cet "outil pédagogique" était de plus en plus excité en parlant de son "œuvre" : il s'agissait en fait d'un système électrique qui envoyait une décharge chaque fois qu'un bambin faisait mine de s'endormir ! Ce bourreau semblait jouir de son invention qui "un franc succès", j'étais dans un état d'écœurement total. Des années plus tard, j'ai supervisé le stage d'une étudiante belgo-japonaise à l'école japonaise de Bruxelles, j'ai été très impressionnée par l'accueil très déférent du Directeur, ainsi que le thé offert à mon arrivée. Plus encore par l'accueil de l'institutrice qui avait accepté une stagiaire, chose pas habituelle. Elle reste avec les enfants du matin jusqu'à 16 heures, repas compris. Ce sont les enfants qui s'occupent du rangement et du nettoyage de leur classe. Aucun instrument suspect mais beaucoup de matériel didactique adapté et des enfants vraiment heureux d'apprendre. Heureuse de découvrir cela. Mais j'ai également supervisé son mémoire qui traitait de la comparaison entre les 2 systèmes scolaires au niveau primaire. Un des chapitres traitait de l'extrême compétition prônée par les écoles et l'exigence des parents qui payaient fort cher des cours particuliers, ce qui entrainaient des suicides d'enfants. Je lui ai alors dit de se limiter à l'école primaire et sa réponse m'a soufflée, elle parlait bien de l'enseignement fondamental... Cela, c'est pour le côté sombre, très sombre. Encore ce contraste incompréhensible, comme une schizophrénie que je ne parvenais pas à comprendre. Je me suis petit à petit convertie à ces thés si particuliers qui font partie aujourd'hui quasi de mon quotidien.
Promenade apéritive pour admirer ces petites azalées fuchsias.
Mais pas que ! Ce parterre change à vue d'oeil mais les plantes ont soif, il n'a pas assez plu encore.
Et les voilà qui commencent à s'épanouir enfin, cela s'annonce bien, ont compris qu'elles ne peuvent pas décevoir mes invités du 17 prochain (= message codé!)
J'aime cette pelouse laissée à l'état sauvage, je la laisserais bien ainsi mais je ne suis pas la seule à décider. Un repas vite fait, mon mari sort avec un ami, je suis donc libre cet après-midi pour me livrer à mon délicieux "vice". Mais le destin en a décidé autrement, au téléphone ma copine Liliane en larmes, sa voiture a été emboutie sur un parking, avec délit de fuite ! Il y a 2 mois, on la lui volait, celle-ci était donc neuve. J'étais furieuse d'apprendre cela d'autant que ces vandales ne seront certainement pas retrouvés. Je suis allée avec elle faire les démarches administratives puis nous sommes revenues ici. Liliane ne boit ni thé ni café d'ailleurs, seulement des tisanes, elle a choisi des
fleurs de camomille de ThéÔdor qu'elle a trouvées particulièrement bonnes, meilleures que celles de son herboriste je ne sais trop pourquoi je ne suis pas étonnée... Il ne me reste plus assez de temps pour repartir au Japon, ce sera pour le mois prochain parce que demain, je passerai la journée à Paris... en pensées seulement,
Ce soir pour me consoler (ou pour me faire saliver) je lirai le dossier de presse.
Mais d'abord, un thé du soir,
Thé des nuages, un thé blanc népalais de Neo-T. Infusé dans cette toute simple théière de là-bas, dénichée à l'époque chez Cha-Hû-Thé à Louvain-la-Neuve. Terre cuite émaillée de vert à l'intérieur.
Emotion en portant le bol à mes lèvres, que sont devenues les cueilleuses et les fermiers ? Depuis 4 jours, nous parviennent des images terrifiantes de Katmandu mais les campagnes sont encore inaccessibles. En faisant chanter le bol, cadeau de ma jeune sœur, grande voyageuse et sportive qui me l'a ramené d'un de ses treks, je me sens si impuissante, que peut-on faire à part faire un don ?
Dehors, le vent s'est levé, la Belle de la Nuit fait son apparition,
le ciel est chargé, on annonce de la pluie cette nuit. C'est très bien, je n'ai pas pu arroser les plantes, elles ont soif.
C'est à la lumière d'une bougie que j'achève mon thé en pensant très fort à ce peuple martyr, j'ai encore devant moi le visage de 2 enfants terrifiés se blotissant contre leur mère. Pas besoin de connaître leur langue pour comprendre leur détresse absolue, leurs yeux suffisaient.
Un dernier regard sur les feuilles, une dernière interrogation : les plantations ont-elles résisté ?

dimanche 26 avril 2015


Il a plu cette nuit, les plantes en avaient bien besoin après une semaine très ensoleillée et chaude.
Comme hier à l'entrée de Waterloo où les cerisiers en fleurs explosent face à ce ciel bleu profond.
Et ce samedi matin, le ciel n'a pas encore fini d'arroser la terre.
Je ne suis donc pas sortie pour cueillir des fleurs, ce kakémono – cadeau de Staf - les remplacera, souvenir d'une belle rencontre et d'émotions intenses:
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2014/08/a-propos-du-koicha-et-de-moments.html, je n'ai pas choisi cela au hasard.
D'abord, j'essaie de me concentrer en fixant l'intérieur de ce chawan auquel je tiens tant, l'espace d'un instant, j'ai vu se refléter dans l'eau le doux visage de Chantal, ma généreuse donatrice.
La mousse de jade brillante enchante mes papilles, j'en ai des frissons. Bien sûr, l'effet n'est pas nouveau, loin de là, ce qui l'est c'est que je suis ENFIN parvenue ce matin à le réussir et à me décentrer de ce qui m'en empêchait...
Lui ! Déjà au moment où il est paru, je l'avais laissé après 20 pages, choquée par son contenu, je connaissais pourtant la fin tragique de Sen No Rikyu. Cette fois-ci j'ai décidé d'aller jusqu'au bout mais ce que j'y ai découvert m'a hantée et j'ai retrouvé ce profond malaise que j'avais et que je ressens toujours apparemment à propos de ce pays qui me fascine et me révulse à la fois. Me fascine par le raffinement dans tout : la peinture, les jardins, les objets ; j'ai vécu ma plus grande émotion esthétique au Musée Cernuschi en voyant l'exposition des chawan.
Alors que je n'ai touché aucun de ces bols, j'avais l'impression qu'ils étaient vivants que je sentais l'âme de l'artiste et que j'allais voir travailler ses mains... Comme tous les objets faits à la main ils sont uniques, l'artiste a pris du temps et y a mis son âme, c'est un temps de vie, pour lui ne compte plus que la réalisation de l'objet, c'est cela sans doute qui m'a tellement émue. Me révulse par le raffinement dans la cruauté, comme ce châtiment infligé à ce Maître de thé dont on parle encore aujourd'hui. Je veux terminer ce livre ce week-end, mettre à distance ce qui encombre mon esprit et ne retenir que ce qui m'a touchée. Un travail de deuil en quelque sorte. Pas tout de suite, je veux me libérer l'esprit pour pouvoir accueillir mon invitée du jour.
Choix des Feuilles,
de la musique
et des ustensiles. En grande théière, comment va se comporter ce
Jungpana que j'ai tant aimé "à la manière Timothée" : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/04/j-comme-jungpana-douce-jeune-fille-et.html. C'est incroyable comme un mauvais souvenir reste incrusté dans la mémoire : en portant la tasse à mes lèvres, je redoute un peu d'y goûter. C'est idiot, aucune mauvaise astringence mais au contraire une saveur printanière douce avec des notes de raisins blancs (au contact de mon palais...) non perçues lors de l'infusion en petite théière. Et une très belle harmonie avec les Suites anglaises de Bach. Le clavecin dans les oreilles, le parfum dans les narines et les saveurs dans les papilles, plaisir des sens. Je bois lentement, savourant chaque gorgée en pensant à la nature généreuse et à cette chaîne humaine qui me procure ces émotions fortes et pas que gustatives. La théière est vide, la musique s'est arrêtée mais je ne suis pas encore rassasiée. Le deuxième CD est installé mais au moment de reprendre le sachet de thé, une idée sans doute folle me traverse : que donnerait un deuxième passage sur ces belles qui ne sont pas encore toutes épanouies. Aussitôt pensé, aussitôt fait et si l'idée est à ce point saugrenue, l'eau colorée servira à arroser les pensées jaunes et bleues de ma jardinière.
Et là, la bonne surprise : je retrouve les saveurs douces et sucrées et seulement légèrement atténuées ! Un ajout, une légère astringence comme j'aime et une absence, plus de notes de raisin, je suis impressionnée !
Elles ont droit maintenant à commencer leur autre vie, bercer mes rêves... La sonnette vient de retentir, c'est ma filleule adorée, bonheur de la revoir, cela faisait longtemps. Mon mari nous invite dans son restaurant favori, cela me permettra d'en profiter pleinement.
Magnifiques moments, quand Xavier et elle se revoient, c'est l'ambiance assurée ! Et difficile d'en placer une ! Ce selfie est son œuvre, je n'ai même pas pensé à faire des photos. Malheureusement le temps passe trop vite, elle n'a pas le temps de partager un thé, elle travaille ! Admiration, ma Puce mais
c'est vraiment trop court...
Pour me consoler, je continue la lecture de ce livre surprenant.
Le
Soba cha parfume agréablement la pièce et sa saveur de noisette caresse mon palais. Il parait que ces petites graines infusées permettent de lutter contre le stress, c'est donc sereine que j'entame le chapitre XVII: Le salon de thé en or. Déjà le titre ne m'inspire pas, commandé par le bourreau de Sen No Rikyu il est loin de l'esprit du wabi-cha... Par contre j'ai dévoré le chapitre suivant et l'ai même relu, il relate la rencontre entre Rikyu (qui s'appelle encore Sôeki) et de Chôjirô, le célèbre tuilier dont j'avais déjà entendu parler lors d'une belle rencontre en été: http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2014/07/retour-au-japon.html. Ces deux passionnés hantés par la perfection de leur art respectif devaient se rencontrer, il en est sorti les raku : "pièces vivantes à l'âme sereine et profonde." Voilà l'origine de l'émotion esthétique intense que j'ai ressentie en voyant ces objets inanimés au Musée Cernuschi. Je referme le livre ici, c'est ce Japon-là qui me fascine, l'auteur nous fait vivre ici l'intensité de cette rencontre, comme si nous y étions. Je revis également d'autres moments hors du temps: à la fin de la cérémonie du koïcha, nous sommes invités à admirer les objets utilisés: http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2014/08/a-propos-du-koicha-et-de-moments.html, j'ai ressenti la même émotion. J'ai passé la soirée à me remémorer d'autres instants magiques liés à cette Voie du Thé que j'essaie de suivre en toute humilité.
Ce dimanche matin, le ciel est comme hier et il bruine, les plantes encore fragiles ne risquent pas de rompre sous les coups d'une pluie plus forte. Je veux achever la lecture de ce livre qui provoque en moi tant de sentiments contradictoires. Mais avant cela, méditation et thé.
Elixir de jeunesse éternelle dont j'ai déjà parlé ici entre autres : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/06/a-propos-dun-pomelo-et-dun-elixir-de.html
infusé dans ces ustensiles chers à mon cœur. Et comme chaque fois, même si je suis seule physiquement dans mon cocon, chaque gorgée m'évoque de belles rencontres, des visages, des partages si riches.
Après la méditation, un peu de lecture-sagesse. Et un autre bol symbolique...
Il y a de quoi méditer sur ces phrases qui me parlent.
Les superbes illustrations donnent un plus à ces textes pas toujours très compréhensibles. Après le diner, retour dans mon cocon pour achever
Le secret du Maître de thé. Qu'il est beau et triste à la fois le secret de Sen No Rikyu, j'en parlerai dans un autre billet. Fin de ce dernier week-end d'avril, pluvieux dehors, si beau dedans...

dimanche 19 avril 2015

J comme Jungpana, douce jeune fille... et comme Jubilation


C'est le premier jour où je peux me poser dans mon salon bleu-thé en laissant les contraintes du quotidien, un vrai bonheur retrouvé. Et je vais en profiter ! Toute la semaine, j'ai évidemment bu ce breuvage sans qui je ne peux pas vivre, mais je n'avais pas vraiment l'esprit libre, aujourd'hui c'est différent. Et je retrouve mes rituels.
Dehors, un beau ciel bleu pâle donne des couleurs douces à la nature qui explose.
Le deuxième sera de choisir mon thé... J'entends d'ici les mauvaises langues dire qu'il est terminé le temps où j'avais décidé de vider mes écrins. Eh bien non, je tiens toujours mais ce sachet a une histoire. J'ai conduit hier mon mari à Waterloo et pendant qu'il vaquait à ses occupations, je suis allée chez Cha-Hû-Thé pas du tout pour acheter du thé, seulement pour féliciter le nouveau papa. Mon mari a voulu découvrir ce lieu, j'y suis donc retournée en sa compagnie. Et c'est là que le "drame" a eu lieu, il m'a demandé si je ne voulais pas l'un ou l'autre thé, "je te l'offre". Comme je suis très polie, j'ai dû accepter, on ne refuse pas un cadeau ! Et voilà comment ce Jungpana s'est retrouvé ici. Pendant que Xavier allait se choisir des mugs, j'ai demandé à Timothée son avis, ce qu'il m'en a dit m'a décidée.
J'ai cependant attendu ce matin pour ouvrir cet écrin d'où se dégage un doux parfum frais que je ne peux définir... En rentrant hier, je me suis infusé d'autres feuilles, celles du Jardin des coeurs heureux dont il ne me reste que 158 grammes.
Joli camaïeu parsemé de pointes blanches.
Tout est prêt pour cette découverte. Sur les conseils de Timothée, je choisis une infusion multiple en petite théière de porcelaine. Cela me rappelle un moment hors du temps où pour la première fois j'ai savouré des Darjeeling de cette manière : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/05/une-journee-magique-comme-je-les-aime.html, souvenirs, souvenirs !
Vais-je être transportée ? Je dois avouer que je n'ai jamais gouté qu'une seule fois le Jungpana, je ne l'ai pas aimé du tout : son astringence agressive m'avait écorché les lèvres et asséché tout le palais, comme si j'avais fait une marche forcée pendant des heures dans un lieu hostile... Même l'eau que j'ai bu en quantité juste après n'avait pas fait disparaître cette très désagréable impression. Telle fut ma première histoire, très courte, avec ce thé. La couleur jaune orangée qui me fait penser au soleil me donne envie d'y gouter. Et là, magnifique surprise, une vraie émotion gustative, cette tasse contient une douce saveur et le parfum des jeunes filles en fleur...
qui ont commencé à s'épanouir.
Et elles vont continuer.
Le soleil des contreforts de l'Himalaya dans ma tasse.
Et dans cette théière en fine porcelaine blanche, tout le travail méticuleux de ces cueilleuses aux doigts de fée. Je pense à elles chaque fois que j'infuse les feuilles pour leur rendre un hommage muet.
Troisième passage,
et toujours cette saveur si douce sans aucune astringence ! Je ne perçois pas les saveurs fruitées ou plutôt je ne les reconnais pas, je me contente seulement d'apprécier chaque gorgée comme un grand cadeau de la nature et du labeur humain.
A la quatrième infusion, les saveurs se sont estompées, il reste en bouche les notes sucrées.
J'ai du mal à mettre le mot fin sur ces moments d'éternité, je verse une dernière fois de l'eau, après le diner, je viendrai voir si ce dernier bain a encore magnifié les Belles.
Promenade apéritive pour admirer l'avancée des delphiniums et des pivoines qui grandissent presque à vue d'œil, mais je pense qu'elles ont soif, je les arroserai dès que le soleil s'en ira vers son couchant.
Par contre les azalées... Elles semblent encore être dans la dormance de l'hiver et ne semblent pas se presser d'en sortir, il le faudrait pourtant pour... le 17 mai pour un autre hanami (= message codé) !
Retour dans mon cocon où une autre tasse m'attend : que va donner cette belle couleur après 2 heures d'infusion? Une douce amertume, de celle que j'aime sans aucune agressivité, impressionnant ce qu'elles ont encore donné ces "douces jeunes filles". Encore de l'émotion. J'ai souvent infusé le Tumsong à froid en y adjoignant des framboises, cet été je ferai pareil avec celui-ci.
Merci les Belles de m'avoir permis de renouer avec l'extase du thé, vous avez enchanté ma journée, vous bercerez bientôt mes rêves. Je vais maintenant aller voir la description qu'en fait l'Insolent parisien :  "Son nom poétique Jungpana, douce jeune fille en tibétain, laisse présager la finesse de son nectar, l’élégance de sa robe. Un arrivage par avion en quantité limitée en provenance du jardin de JUNGPANA niché dans l’Himalaya, bénéficiant d’une exposition situé au Sud Est de la région de Darjeeling à plus de 2200m d'altitude, au nord-est de Darjeeling Town. Petite plantation initiée par des Ecossais, puis entretenue par des Népalais, produisant un cru avec un magnifique bouquet de printemps, fruit de l’équilibre d’une agriculture organique. De belles feuilles élégantes exhalent un parfum qui s'exprime avec équilibre dans une infusion vert pâle à la fois fruitée et sucrée. Des notes légères, très aériennes, harmonieuses, évocatrices et d’un parfait équilibre entre les parfums du miel d'acacia, de muscade d'une grande souplesse, légèrement acidulées et de fruits tel que la figue, de muscat." Tout est dit, et de quelle jolie façon, je n'ai pas encore tout à fait quitté l'Hymalaya, j'ai encore appris et je connais maintenant un mot de tibétain. Je terminerai ce beau voyage par cette citation d'un grand Indien : Rabindranath Tagore : "Venez, vous qui avez soif de thé et qui ne connaissez pas de repos, la bouilloire frémit, bouillonne et chante comme une musique..." En rangeant mes ustensiles, j'ai jeté un dernier regard au drapeau de ce pays dont le centre est le Ashoka chakra bleu.
il m'a fait penser à ce magnifique bol dont les dessins m'y avaient déjà fait penser le jour où j'ai reçu ce cadeau : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/04/encore-dintenses-retrolfactions-et.html.
Il fait merveilleux dehors,
je vais infuser ces petites feuilles à l'ancienne.
Petites, elles l'étaient mais après 3 arrosages... Face à cette nature, il est très facile de méditer. Et cela fait un bien fou. Mais il commence à faire frisquet, il est temps de rentrer, un merveilleux dimanche s'achève dans une sérénité retrouvée.
Et un autre bonheur :
Quelques clichés du petit Dragon.
Celle-ci m'a particulièrement touchée, quelle concentration ! C'est vrai qu'il est plongé dans l'univers du livre depuis sa naissance... Bravo les parents.
Et une petite dernière parmi bien d'autres. Merci Claude, tu as l'art de saisir des attitudes impressionnantes de ton petit Georges. Bon voyage en Corée. Les vacances de Pâques sont terminées, j'ai une pensée pour les écoliers et leurs instits, les étudiants et leurs profs qui entament les dernier trimestre de cette année scolaire, une de plus. Et en beauté j'espère.