lundi 29 septembre 2008

Thés sculptés, le retour: essai transformé

Le jardin ce matin est enveloppé de brume, il fait très humide et le soleil a oublié de s’arrêter ici mais cela n’a guère d’importance, j’ai retrouvé la quiétude infinie de mon salon pour tester un de mes nouveaux thés sculptés, j’avais l’embarras du choix devant ces formes harmonieuses mais aussi et surtout ces noms poétiques : double bonheur, porte-bonheur ou mon ancienne pivoine blanche. J’ai finalement opté pour Double Bonheur, pour le nom d’abord, qui traduit bien mon état d’esprit actuel : des tas de moments forts vécus ce WE me reviennent à l’esprit, prolongeant ainsi le bonheur. Mais aussi pour la forme particulière de ce thé sculpté et là, je repense aux mains des fées qui, avec une infinie patience et le souci du travail bien fait, ont confectionné cette œuvre d’art. Savent-elles ces artistes modestes et consciencieuses ce qu’elles procurent ainsi à nous Occidentaux ? J’espère qu’un jour je pourrai aller le leur dire sur place en admirant leur savoir-faire… J’ai repris ma théière-cafetière. J’observe attentivement l’effet de l’eau et déjà les prémices sont prometteuses, les feuilles commencent à s’épanouir, mais ne laissent pas encore paraître ce qu’elles ont dans le cœur. Puis la première fleur apparaît, immédiatement suivie de la seconde et cette fois-ci elles montent vers le sommet de la théière, sans toutefois quitter leur nid auquel elles sont attachées par un fil tout mince. Elles peuvent ainsi aller et venir en dansant sans se sentir prisonnières. Et revenir là où elles sont nées.Chez Long Jing, j’ai craqué aussi pour une jarre, dans laquelle je vais conserver ces trésors, une simple boite était trop ordinaire pour ces choses qui ne le sont pas. Par contre j’ai goûté l’infusion, elle est trop acre. C’est vrai que j’ai attendu que les fleurs s’épanouissent complètement, ce qui a pris beaucoup plus de temps que celui du thé. Mais je vais me préparer un Bi Lo Chun de Taiwan, à nouveau frappé par un typhon. Mon amie Ling-Ling et sa famille n’ont rien mais les dégâts sont très importants, elle m’écrit que "les cas sinistres sont surtout en banlieue au pied des collines et en province dans des zones montagneuses". J’ai pu en avoir un bref aperçu lors de mon séjour, impossible de rejoindre Alishan à l’époque. J'espère que les plantations n'ont pas trop souffert.

dimanche 28 septembre 2008

Premier cours de perfectionnement:qu'est-ce que le thé ou de l'Art à la Voie du thé

"Le mot n’est pas la chose", c’est la première phrase qui me vient à l’esprit après ces deux jours magiques passés dans un lieu hors du temps mais très ancré dans la vraie vie, celle où la nature et l’homme sont en étroite communion. C’est à l’Institut du Thé situé à Poule les Echarmeaux que nous nous sommes retrouvés à huit pour suivre l’enseignement de Nadia Bécaud. Je ne résiste pas à vous recopier l’extrait de la brochure qui concerne ce lieu béni : "L’Institut du Thé s’est installé au cœur d’une nature paisible et boisée dans le Haut Beaujolais (à 1 heure au nord-ouest de Lyon). Ce lieu dédié à la Voie du Thé se propose d’accueillir toute personne intéressée, pour des stages et séjours (individuels ou en petits groupes). Renseignements : 0033 478 59 88 04 / 06 28 69 18 83 ; nadiabecaud7@yahoo.fr " Et c’est véritablement un lieu de ressourcement, qui présente cependant un "petit" inconvénient, on n'a plus envie de le quitter.... Arrivées vers 10 heures ce samedi, venant de Lyon et aimablement conduites par Sophie la Lyonnaise dans sa vénérable voiture de 20 ans d'âge (le 1er train pour Lamur est à 10 heures le samedi) Sylvette, une Parisienne, et moi avons été accueillies par Nadia dans la Maison de Thé où se trouvaient déjà 2 autres Parisiennes arrivées la veille et une jeune femme des environs de Lyon. Nous dégustons notre premier thé, un Long Jing dans le zhong traditionnel accompagné de ces petites choses spéciales que sont les "chouquettes", en attendant les "Savoyards". Nous savons à ce moment qu’un homme fera partie de notre cours. Je ne retrouve personne de mon cours d’initiation, bizarre et un peu dommage aussi (pour eux !).
Nous montons ensuite au Temple, c’est là que Nadia a choisi de nous dispenser son premier enseignement : Qu’est-ce que le thé, elle nous retrace le lien étroit entre thé et bouddhisme bâti sur plus de 5000 ans de civilisation chinoise. Elle explique alors la signification de cette phrase que j’avais lue dans le programme et qui me faisait rêver, comme de "l'inaccessible étoile": Thé et Zen sont un: "C’est depuis le 8e siècle sous les Tang, que la culture du thé et celle du Zen ou Chan, synthèse des 3 piliers que furent le Confucianisme, le Taoïsme et le Bouddhisme, sont réunies. L’Art du Thé est un procédé artistique qui va mettre en valeur le thé sélectionné, c’est une forme esthétique raffinée qui demande patience et virtuosité et qui mène à l’harmonie. Mais cela ne suffit pas, sinon il s’agit d’un acte dénué de sens, ce que les Chinois appellent un acte extravagant, on montre de belles choses et c’est tout. L’Art du Thé introduit la Voie du Thé c'est-à-dire la dimension spirituelle". Nous sommes alors initiés à la méditation d’inspiration bouddhiste basée sur le contrôle de la respiration et le vide. Et là, j’ai du mal. D’abord à respirer convenablement, et ce n’est pas que mon état grippal qui m’en empêche, mais aussi et surtout j’ai vraiment du mal à faire le vide, des tas de pensées me viennent, m’assaillent même, liées à tout ce que Nadia vient de dire. De plus, j’ai peur qu’une toux irrépressible vienne troubler ce moment de calme et de paix. Mais cette démarche m’intéresse, je souhaite vivement l’approfondir, je m’offrirai un séjour ici en dehors de la session et prendrai des cours particuliers, encore que le mot "cours" me semble trop scolaire mais je n’en trouve pas vraiment d’autre, peut-être initiation, celle qu’un Maître prodigue à ses disciples ? Après un succulent repas préparé par le mari de Nadia, nous nous exerçons à refaire ces gestes qui paraissent si simples du Gong Fu Cha mais qui demandent cependant une grande maîtrise physique d'abord: ils doivent être souples et liés, pas de saccades, de gestes trop brusques et pour cela, maîtriser le contrôle de la respiration, encore elle, et du rythme qui en découle naturellement et c’est autrement plus difficile que de retenir le "simple" enchaînement des étapes. Après 2 heures 30 d’exercices et malgré l’excellent Baozhong dégusté grâce à notre persévérance et dont les saveurs ressortent si bien infusé dans ces petites théières, je suis littéralement épuisée. Mais tellement heureuse d’être au milieu de ces personnes qui partagent cette même passion et ce souci du geste parfait, ni trop ni trop peu, le juste milieu donc comme nous l’enseigne la sagesse chinoise. L'ambiance est à la fois joyeuse, et concentrée sur l'essentiel, vivre l'instant, intensément
Je me rends compte que traduire par des mots un vécu si riche et dense l’appauvrit, d’où cette phrase qui introduit ce billet. Le cours s’est terminé à 17 heures, tout le groupe s’en est retourné, moi je suis restée pour prolonger le bonheur. Je suis allée sur la terrasse, très ensoleillée encore. Nadia nous a préparé un Fenguang Dancong puis j’ai remis mes notes en ordre en essayant de m’imprégner du sens profond de cet enseignement tellement riche que chaque phrase à elle seule pourrait être source d’approfondissement, je ne vous en cite qu’une : "L’homme est venu sur terre pour revenir à sa nature profonde".
J’ai partagé le repas du soir avec mes hôtes et après une nuit réparatrice, la vraie depuis 6 jours, un dernier petit-déjeuner et du Bi Lo Chun, il est temps de rentrer au pays, c’est dans le TGV que je rédige ceci, je termine ici ce partage d’émotions esthétiques fortes. Je souhaite qu'un jour vous puissiez également vivre ces moments intenses qui donnent au thé une saveur d'éternité.

Long Jing, ma première visite à Lyon

Ah, j’aurais aimé vous raconter mon aventure lyonnaise au jour le jour. Malheureusement l’hôtel n’a pas le Wifi. Je me contente donc de faire le compte rendu écrit (j’ai évidemment emmené mon PC), je publierai le tout dès mon retour. LONG JING, dont j’ai brièvement parlé le 27 août dernier fut ma première et seule visite en arrivant à Lyon. J’aime la sobriété de cette boutique. Une belle gamme de thés présentés dans des grandes boites dorées fermées hermétiquement pour en préserver le parfum. Une fois le thé choisi, il est mis dans de jolis sachets rouges, la couleur du bonheur et de la prospérité.Et aussi de beaux objets sobres, essentiellement des théières en terre et en fonte, voilà ce qu’on trouve ici. Mais en plus il y a ce "petit" quelque chose qui fait qu’ici on se sent chez soi. Non seulement il y a l’accueil chaleureux de Christophe, toujours souriant, qui vous présente d’emblée une tasse de thé, mais aussi sa gentillesse et une modestie qui n’ont d’égal que son professionnalisme, je peux même dire son expertise. C’est ici que j’avais trouvé les thés sculptés, et j’ai renouvelé mon stock en choisissant cette fois des fleurs plus en hauteur. Dès mon retour, je referai l’expérience avec ma théière-cafetière. Je vous invite à visiter leur site, vous y découvrirez un autre collaborateur, Pascal, le Cha Gu (acheteur de thé) qui vit en Chine (le veinard !), c’est lui qui choisit les thés vendus à la boutique, il essaie de travailler avec des petits artisans et va également à la recherche de petits planteurs, il développe ainsi des contacts plus personnalisés. Alors, si vous passez par Lyon, n’hésitez pas à vous rendre au "Puits du Dragon". Vous pouvez aussi vous procurer tout ce qui se vend à la boutique sans vous déplacer, ils ont un service de vente en ligne.

mercredi 24 septembre 2008

Et le thym dans tout cela?

Quand le nez se transforme en fontaine, quand la gorge n’est plus qu’une pelote d’épingles, qu’on a l’impression d’avoir été rouée de coups tellement le corps est rompu, alors le thym entre en action. Je l’aime beaucoup dans les potages et dans certains plats mais en infusion, beaucoup moins. Je m’y adapte cependant. Et j’ai pour cela une très profonde motivation, je dois être remise pour vendredi, Lyon m’attend et moi j’attends le cours de Gong Fu Cha. Et quand ces petites feuilles odorantes ont tout donné, je les fais sécher puis je les brûle dans le poêle à bois. Mais le thé, qui depuis hier a un goût bizarre (il ne s'accorde pas avec le thym), ce thé me manque terriblement... Vivement demain.

mardi 23 septembre 2008

Mes théières japonaises: suite et fin

Pour clôturer les billets consacrés aux théières japonaises, voici mes 2 dernières, je les utilise quand je sers des thés japonais à table parce qu’elles ont une plus grande capacité.
La première est ma toute première japonaise, elle a une contenance d’un litre mais n’a pas la balle de golf. J’y fais infuser un thé un peu particulier appelé Bancha Hojicha. Bancha signifie thé ordinaire, il est issu de la dernière récolte (en octobre) ; "natures", les feuilles ne sont pas de très grande qualité mais elles sont torréfiées ce qui donne à ce thé une saveur incomparable qu'il n’aurait jamais eue sinon. Et cette saveur est tout à fait particulière : à la fois boisée et sucrée, elle rappelle le caramel et le café. De plus, ce thé est très désaltérant aussi bien chaud que glacé. Et contrairement à la plupart des thés japonais, il ne contient pratiquement pas de théine. Ce thé a un grand succès même avec ceux qui n'en boivent pas.Cette deuxième théière a une capacité de 1,2 litre, j’y infuse du Genmaïcha qui convient très bien en accompagnement des entrées. Une fois infusées, j’emploie les feuilles comme herbes dans les salades qui leur donnent un petit goût particulier de noisette. Genmaïcha signifie thé de riz brun, c’est un mélange de Sencha ou de Bancha, de riz grillé et de maïs soufflé ; c’est pourquoi il est parfois appelé "thé pop-corn". Il est aussi excellent glacé.

lundi 22 septembre 2008

Mes théières japonaises - 5 -

Je reviens à mes théières japonaises. Après les Kyusu, individuelles, voici 2 services à thé qui comprennent chacun une théière et 5 bols. Je m’en sers assez régulièrement quand je partage le thé avec des amis qui ne boivent que du thé japonais.
Le décor pastel de la première est très fin et sobre. Très reposant, j’y fais en général infuser du Gabaron Cha, un thé qu’on dit antistress et ne contenant que très peu de théine donc.
C’est une Arita, du nom du petit village qui fabrique cette fine porcelaine.
La seconde est au point de vue de la forme et de l’anse la jumelle de la précédente. J’ai craqué pour les couleurs du décor. J’y fais infuser principalement des Sencha.
J’aurais tendance à dire que c’est également une Arita mais ce n’est pas indiqué et je ne lis pas le japonais, si quelqu’un peut m’aider…
Et bien sûr, les deux possèdent la fameuse petite balle de golf. Elles ont une capacité d’un demi-litre et je peux y infuser 2 à 3 fois les thés choisis.

dimanche 21 septembre 2008

Un premier jour d'automne très surprenant

Rappelez-vous, le 1er septembre dernier, je vous parlais de cette théière qui m’attirait tant. Quand ma sœur et moi décidons de retourner dans ce lieu de toutes les tentations en ce 1er beau jour d’automne, je savais qu’elle changerait de propriétaire sauf que cela ne s’est pas passé du tout comme je m’y attendais ! En arrivant ce midi chez Cha Yuan, je me dirige tout de suite vers cette étagère pour prendre en main une fois encore la belle que je convoite. Mais je la remets immédiatement à sa place en disant que je ne la prendrais pas aujourd’hui. La raison ? Je n’avais pas mon appareil photo et je voulais immortaliser l’alcôve vide. En arrivant à notre table, je vois un paquet cadeau à ma place. Face à mon regard surpris et interrogateur, ma soeur, avec son sourire en coin, me dit alors: "C’est pour ton anniversaire". Je n'en revenais pas, elle joue les prolongations ma chère soeur! Fébrile, j’ouvre l’emballage, et qu’y avait-il à l’intérieur ?... ...ELLE. Et pour une surprise, c’en était une ! Je l’ai regardée sous toutes ses coutures. J'admire une fois encore sa sobriété et je comprends pourquoi les artisans chinois aiment orner leurs créations de ces bambous, n’étaient-ils pas la matière première du papier ? Et que dire de sa signification symbolique ! En lien avec le Bouddhisme parce que souple et bienveillant. J’ai lu aussi je ne sais plus exactement où qu’il représente également la modestie parce qu’il est creux. Et puis tel le roseau de nos régions, il plie mais ne casse pas et se redresse toujours. Je pensais d’abord lui destiner une de mes Beautés orientales ramenées de Taiwan mais Jean-Benoît me suggère plutôt d’y faire infuser du Pu Er. Du coup, j’ai hâte de rentrer, ce qui ne m’arrive jamais quand je suis chez Cha Yuan, mais je suis impatiente de baptiser cet objet tant attendu qui pour moi symbolise la générosité de ma sœur. Elle sait où "frapper" pour me transporter…Pendant qu’elle accompagne mon mari au jardin, je prépare la belle, je lui donne par 2 fois un bain très chaud d’eau claire pour la débarrasser de l'odeur de la terre. Je fais alors infuser un Pu Er, reçu d’elle aussi et qui nous avait tellement goûté déjà. Mais la belle ne se laisse pas apprivoiser facilement et cette première infusion a encore trop le goût de la terre malgré sa senteur agréable de terre fraîchement retournée. J’ai donc laissé le breuvage dedans, j’arroserai demain mes jardinières avec ce liquide terreux puis je recommencerai en espérant que ce soit la bonne. Je me délecterai alors de ce breuvage à la santé de ma sœur en attendant de le partager avec la généreuse donatrice. Mais je sais qu'à côté de la saveur si particulière du Pu Er, il y aura celle de ce beau geste. Merci, Claire.

samedi 20 septembre 2008

Novelty teapots, Edward Bramah... hommage à un passionné passionnant

Comment rendre hommage à un homme que je n’ai vu que 2 fois mais qui m’a marquée plus que je ne le pensais ? Je l’ai rencontré une première fois dans son ancien musée, j’étais seule à le visiter, j’y suis restée près de 3 heures, fascinée par tout ce que je découvrais, je n’avais jamais vu autant de théières rassemblées dans un même espace. C’est en sortant de l’espace musée que je l’ai croisé, je ne savais pas encore qui il était mais n’allais pas tarder à le découvrir. Avant d’aller déguster un thé pour digérer toutes ces belles choses, je suis passée à la boutique, c’est là que j’ai acheté son livre. Je tournais les pages, impressionnée par tant de créativité. J’avais déjà commencé une collection mais je restais très classique dans mes choix. Et c’est à partir de ce moment que j’ai décidé d’ajouter à celles-ci des théières improbables, saugrenues même. Pendant tout le temps où je suis restée au salon, je sentais le regard de la serveuse posé sur moi (je venais de commander mon 3e thé), étonnée sans doute de me voir rester si longtemps d’abord dans le musée puis dans son espace. Quand en refermant le livre j’ai vu que son auteur n’était autre que le Monsieur que j’avais vu en "vrai", j’ai décidé d’aller lui dire mon admiration en lui demandant si je pouvais lui poser quelques questions, ce qu’il a gentiment accepté. J’ai été impressionnée par ce qu’il me disait mais aussi par ses yeux si perçants. J’espère que là où il est peut-être, il continue à se nourrir de sa passion. Mais peut-être est-il redevenu une poussière d’étoile, il continue alors à briller. Pendant une bonne partie de cet après-midi, j’ai relu une grande partie de son livre qu’il a eu la grande gentillesse de me dédicacer. Feuilletons maintenant ce beau livre que je vous conseille vivement d'acquérir, c'est une mine d'or.
Sur la page de gauche, 2 théières Yixing originales, la petite en forme de fruit appelé en Chine "Doigts de Bouddha" et la seconde en Zisha en forme de Bambous. A droite, une singulière théière en forme de coquillage et en dessous, une théière éléphant en émail incrusté.
Les 2 théières de gauche appartiennent à Edward Bramah, celle du haut est une japonaise du 19e siècle, celle du bas est une Satsuma réalisée par des colons coréens émigrés au Japon en 1660. La dernière est une théière chinoise à 2 becs verseurs. Elle irait très bien dans mon salon bleu-thé mais l’auteur en donne sa valeur estimée en 1992 : 6.250 £…
Passons donc à la page de droite. En haut à gauche, une théière japonaise du début du 20e siècle et à droite une théière coréenne. En bas à gauche, une théière, sans doute japonaise, en forme de diamant taillé, décorée de fleurs et d’éventails et enfin à droite encore une "Cloisonné", comme l’éléphant vu plus haut. Sur la page de gauche, en voilà encore une qui m’attire particulièrement, passons donc à droite. En haut à gauche, une Worcester de 1880, en forme de cube dont le bec et l’anse représentent un lézard, à droite, encore une Worcester à double bec. La petite juste en dessous s’appelle "Dorothy bag teapot" et la dernière, encore une théière coquillage.
J’ai choisi cette dernière page pour la théière géante de la page de droite comme un dernier clin d’œil à Edward Bramah pour qui elle a été réalisée. "Modern giant teapot made in 1985 for the author. It is 32 inches high and has a capacity of 800 cups (25 gallons). It is made from tinglazed earthenware and decorated with motifs depicting personalities and events from the history of tea and the tea trade which was at its most influential a hundred years before." J’ai envie de terminer ce billet spécial par 2 phrases, l’une de Lu Tung, un poète du 8e siècle, dit "le fou du thé": "Je ne me soucie nullement de l’immortalité mais du goût du thé". Et l’autre : "Le chemin du paradis passe par une théière", c'est un proverbe anglais… dont il aurait pu être l'auteur!

Triste nouvelle...

Je viens d'apprendre par Kris le décès, en février dernier, de ce grand Monsieur du thé dont j'ai parlé très brièvement le 15 septembre. Notre rencontre, le 4 novembre 2000, m'avait marquée et je voudrais lui rendre hommage mais je suis trop émue maintenant. Je vous donne simplement à lire cet article paru dans London Se1 website team:

Edward Bramah, founder of the Bramah Museum of Tea and Coffee, has died at the age of 76.

He opened his museum in 1992 at the Clove Building behind the Design Museum on Butler's Wharf. In 1999 it moved across the road into an old tea warehouse. However, in its early days there were few visitors and in 2001 it suddenly closed.
The following year Edward Bramah relocated the museum to Southwark Street near Tate Modern and Borough Market.
Edward Bramah was born in Worksop in 1931 and became a tea planter in 1950. He then trained a tea taster with Lyons before joining a coffee brokerage in Tanzania. After working with China to promote China tea in Britain he set up his own company called Bramah Tea & Coffee.
Edward Bramah had kept the idea of a tea and coffee museum in his mind for forty years. The nucleus of his collection was a pile of early coffee machines which he had dismantled in order to invent his own, the Bramah Filter.
Bramah's ancestors included Joseph Bramah who devised the modern lavatory and invented the Bramah Lock. Others made tea caddies and introduced the tea trade to India.
He wrote several books. His first, Tea and Coffee: a Modern View of Three Hundred Years of Tradition, was published in 1972 and translated into Japanese.
Coffee-Makers: 300 Years of Art and Design and Novelty Teapots are both definitive works. His last book, The Bramah Tea and Coffee Walk Around London, highlights tea and coffee history in Southwark and The City.
Although in recent years the Museum of Tea and Coffee has changed hands, it continues to bear Bramah's name. He last visited Southwark Street in December and appeared cheerful despite suffering illness. He died in Christchurch last month.

Mes théières japonaises - 4 -

Elle, c’est ma première Kyusu, mais à l’époque, j’ignorais totalement son vrai nom, pour moi c’était une petite théière "poêlon". J’ignorais également que c’était typiquement japonais, je l’ai achetée simplement parce que je la trouvais originale par sa forme. C’était aussi la première fois que je voyais un filtre en forme de "balle de golf". Pendant longtemps, elle a été simple objet de décoration, je n’avais à l'époque que des thés japonais parfumés, je n’appréciais pas encore les thés nature, et surtout pas les thés japonais, trop "gazon" pour moi.
C’est une Arita, du nom d’un petit village de l’ile de Khyushu, célèbre pour la fabrication de porcelaine. J’aime ce dessin très sobre et "vivant", j’ai l’impression que l’oiseau vient de s’envoler. Un autre détail curieux, il n’y a de dessin que du 2 côté visible pour l’hôte.
Dans la foulée, j’ai acquis ce que je sais maintenant être un Tetsubin et pas une théière " typiquement japonaise" comme m’a prétendu le vendeur d’une grande maison pourtant, par ailleurs très aimable et surtout patient avec la néophyte que j’étais alors et qui lui posait mille questions. Elle a contenu du thé parfumé dont elle reste imprégnée malgré le temps, je ne peux donc pas l’utiliser comme bouilloire, son rôle d’origine.
Je ne présente plus mon récent coup de cœur, j’en ai parlé . Jaime vraiment beaucoup me servir de ces kyusu quand je suis seule, le contact avec le "manche" est agréable et surtout, elles ne coulent jamais, je trouve aussi que les bols sont vraiment adéquats, et très beaux. De plus, le thé infusé dans de si petites théières peut l’être plusieurs fois (cela dépend évidemment de la qualité de celui-ci). Alors, si vous aussi aimez une certaine authenticité, laissez-vous tenter par ces petites choses pour mettre en valeur ces thés japonais surprenants au début mais dont on ne peut plus se passer une fois qu'on y a goûté...

mercredi 17 septembre 2008

Mes théières japonaises - 3 -

Voici maintenant deux autres théières, presque sans histoire. J’ai acheté la première tout au début de ma collectionnite, à l’époque où je buvais presque uniquement des thés parfumés. Je venais de découvrir que le mieux était d’avoir une théière par sorte de thé… et je venais de me choisir un mélange nommé Samouraï. J’ai aussi craqué pour la tasse assortie, tellement fine, presque diaphane au fond de laquelle on aperçoit un portrait de geisha. Cette théière sert aujourd’hui à infuser du Sakura pour mes hôtes qui aiment ce thé aux fleurs de cerisier.
La deuxième théière est un beau cadeau qui me rappellera toujours Sara Y, une de mes étudiantes belgo-japonaise. J’étais son promoteur de mémoire, un travail brillant sur la comparaison des 2 systèmes éducatifs illustré par un stage dans l’école japonaise de Bruxelles. Ce fut l’occasion d’échanges très riches sur la culture et l’éducation dans nos 2 pays. Nous avons aussi parlé thé. Cette petite théière est pour une personne, le bol se range à l’intérieur, je m’en sers quand je me prépare du matcha qui ressort très bien sur le noir, mais malheureusement, vous devrez me croire sur parole, je n’en ai plus pour le moment.
Cette photo vous donne déjà sans doute une idée du contenu du prochain billet.

Mes théières japonaises - 2 -

Pour en finir avec le "kitch"… Voici un de mes autres coups de cœur, j’ai déniché cet improbable assemblage dans un salon de thé tenu par une chineuse, la première pièce était d’ailleurs consacré à ses trouvailles qu’elle destinait à la vente. J’aimais ce concept qui donnait une âme à ce lieu, malheureusement fermé depuis. Je n’ai pas aperçu tout de suite ces petits objets curieux, je suis d’abord allée déguster un petit-déjeuner maison succulent accompagné d’un Puttabong, un de mes Darjeeling préférés,malheureusement éventé. On papote un peu et elle me dit qu’elle a découvert un "set à thé" qui se trouve exposé devant.
J’y cours et au premier regard, j’ai su qu’il ne resterait pas là, ce mignon petit set, perdu au milieu de ces objets hétéroclites mais de bon goût. J’avais déjà vu la théière en image dans un de mes livres acquis tout récemment et je m’étais dit alors que si je la trouvais un jour… Voilà ce que Tina Carter en dit (p. 78) : "Cette conque réaliste est une théière individuelle en forme de coquillage. Sa couleur varie du vert clair au marron truité et foncé (…)". J'aime particulièrement cette surprenante expression "marron truité", d'autant que c'est vraiment cela.
C’est une vraie théière japonaise, la "boule de golf" servant de filtre est bien présente. A ma connaissance il n’y a que les Japonais qui les fabriquent. Je l’utilise rarement, elle est trop petite. Mais parfois, j’ai envie de déguster plusieurs thés différents en petite quantité, je sors alors mes théières "dinette", elle en fait partie, c'est d'ailleurs la seule pièce de ce set dont je me sers.
Tina Carter dit encore: "Cette théière fut fabriquée au Japon vers 1950. D’autres pièces assorties ont également été fabriquées". Je le confirme. Et quelles pièces! Le pot à lait et le sucrier, bien qu'assez saugrenus, passe encore, MAIS... Déjà en voyant ce que l’occidentale que je suis a pris pour un pot à lait, j’ai été surprise mais celle-ci s’est transformée en stupeur en voyant la dernière pièce de ce set ! Inutile de vous préciser qu’il n’a jamais servi… Dans les billets suivants nous reviendrons à plus de classicisme.

mardi 16 septembre 2008

Mes théières japonaises - 1 -

Je vais maintenant vous présenter mes théières japonaises. Et je commence par celle-ci, je la croyais chinoise vu son kitch absolu, eh bien que nenni. Je l’ai constaté en relisant le livre de Tina Carter. Voici ce qu’elle en dit : « (…) Ce style est couramment appelé Moriage. Il s’agit d’un style de décoration japonais qui utilise un engobe appliqué en relief. Les pièces en forme de dragon étant encore fabriquées aujourd’hui, les collectionneurs doivent bien étudier ce style, les pièces actuelles ne sont pas aussi travaillées et moins engobées. Je voudrais d’abord préciser que je ne suis pas une collectionneuse ordinaire, je ne m’intéresse ni à la valeur ni à un quelconque autre critère particulier, je fonctionne au coup de cœur. Et l’histoire de cette théière n’est pas banale. J’avais rendez-vous avec une amie dans un de mes salons de thé préférés, je ne savais pas que ce jour-là c’était la brocante de quartier. Pas une seule place pour me garer, rue et chaussée barrées, après avoir finalement trouvé une place au diable vauvert, me voilà donc obligée de longer ladite brocante, et je ne suis pas fan de ce genre de festivité. Et ce que je vois ne me fait pas changer d’avis : beaucoup de "brol " du genre de ce qu’on retrouvait jadis comme lots de tombola des fêtes d’unité guides et scouts… Je jette donc un œil distrait sur tout cela quand je la vois ! Je lui trouve une certaine allure malgré son aspect kitch. Je m’approche donc.
Je vois alors qu’elle n’est pas seule, une autre, plus petite et ce que je suppose être un sucrier. Je demande le prix à la jeune dame propriétaire de ces objets.
Elle me dit que je dois tout prendre, c’est-à-dire les 3 pièces ET 12 tasses et sous-tasses, ce qui ne m’intéressait pas vraiment. "Et c’est 50 euro". Je répète le prix sous forme d’exclamation (je m’attendais à plus !), là-dessus, elle se tourne vers son compagnon et lui dit texto : "Je t’avais dit que ce vieux brol était beaucoup trop cher, je lui refile à 30 euro, j’en ai marre de le trimballer, c’est affreux, personne n’en veut". Je suis assez estomaquée, mais je n’ai pas discuté, je me sentais assez chosifiée pendant ce monologue surprenant, je dis monologue parce que le jeune homme apostrophé n’a pas eu le temps de donner son avis ! Me voilà donc avec cet encombrant paquet me demandant ce qui m’a pris…
Je trouvais tout à coup cet ensemble non seulement encombrant, assez hideux même, cette couleur orange trop criarde, ces pièces si chargées avec ces personnages inconnus et bizarres, à la mine patibulaire. C’est ma petite-fille Emilie qui m’a donné la réponse. "Oh, Nanny, que c’est beau, et tu n’en as pas encore des comme ça et tu as même les tasses, elles sont si fines, on va employer ce service maintenant". Je n’ai jamais pu résister à cette adorable (et adorée) petite chose. La même qui m’a demandé un jour : "Dis, Nanny quand tu seras morte, à qui tu donneras tes théières ? Moi, j’adore le thé hein Nanny". Adorable non ?

lundi 15 septembre 2008

Très brève histoire des théières, fin

Dans son chapitre consacré à l’historique des théières, Tina Carter parle d’abord des théières chinoises puis des japonaises. Ensuite des théières européennes, anglaises et enfin des théières du nouveau monde. Alors que Garth Clark n’en fait nullement mention, il ne parle que des bols Raku, Tina Carter parle bien des théières japonaises qui "furent introduites au Japon, vraisemblablement par la Corée au 9e siècle (…). Les Japonais prenant très au sérieux la consommation du thé, étaient très pointilleux sur les théières qu’ils utilisaient (…). Les théières en porcelaine (fabriquées après 1600 dans la province d’Arita) empruntaient à la fois aux théières chinoises et coréennes. Elles s’en distinguaient par leurs décors également inspirés de la nature mais représentés dans des couleurs différentes de la réalité : arbres rouges, oiseaux orange ou cieux verts". Je n’ai malheureusement rien trouvé sur les théières coréennes, ce sera à creuser, l’auteur ne développe pas le sujet, alors si vous avez des informations, elles sont les bienvenues. Par contre, concernant les théières européennes : "A la fin du 17e siècle, tous les potiers européens rêvaient de découvrir une forme de poterie aussi solide et durable que le grès rouge et brun importé de Chine". Et c’est ici qu’apparaît à nouveau la maison Meissen. "C’est en 1709 qu’un chimiste allemand, Johann Friedrich Bottger, découvrit une méthode permettant de fabriquer une porcelaine semblable à la porcelaine chinoise. Il fonda l’usine Meissen en 1710 (…). Cette découverte révolutionna l’industrie de la théière". Les premières théières et les services de table étaient destinés à la famille royale, le roi Georges IV fut d’ailleurs l’un des premiers collectionneurs de théières. Garth Clarck rajoute que : "Vers la fin du 18e siècle, (…) les fabricants de céramiques durent une grande part de leur croissance et de leurs bénéfices aux théières et aux services à thé. Ils eurent l’intelligence d’en faire des articles de mode et, même si les formes classiques prédominèrent pendant des générations, nombre de maîtresses de maison en changeaient régulièrement pour rester au goût du jour".
J’ai déjà parlé brièvement des théières anglaises (le 10 septembre), de Wedgwood en particulier. Les 2 auteurs consultés en font une rubrique à part et pour cause. Pour moi, c’est le pays où j’ai vu le plus de théières, des plus classiques au plus excentriques. Mais classiques ou loufoques, ces objets ont toujours sur moi un effet particulier, celui de me faire vibrer et de me procurer un désir quasi irrépressible de les baptiser. Je ne les aime pas toutes cependant, quelques-unes ne m’attirent pas, j’en ai même vues que je trouve vulgaires et pas du tout dans l’esprit du thé. Maintenant, il en faut pour tous les goûts. C’est ici que se termine la très brève histoire des théières. La question à l’origine de cette recherche était de comprendre pourquoi certaines théières ressemblaient à des cafetières. Dans les ouvrages consultés j’ai vu des modèles de "théières – cafetières" sans avoir plus d’explication si ce n’est la description d’une théière en étain : "(…) L’intérieur est muni d’une passoire, ce qui prouve que, même si elle ressemble à une cafetière, cette pièce fut bien conçue pour le thé" (Tina M. Carter p. 58). Le reste du contenu des 2 livres concerne les différentes sortes de théières, ce sera l’objet de prochains billets. Cela me donnera l’occasion de reparler de mes théières en les classant d’après leur forme et leur origine. Pour terminer, et pour vous donner envie de peut-être les acquérir, ils sont magnifiquement illustrés par ces objets qui font couler tant d’encre et … de thé ! Je les ai déjà eu de multiples fois en main et j’ai encore l’impression d’en voir pour la première fois. Ah oui, Garth Clark nous signale encore que : "Presque toutes les théières présentées dans le présent ouvrage appartiennent à l’extraordinaire collection de Sonny et Gloria Kamm, mais représentent à peine 1% de leur étonnant ensemble de plus de cinq mille pièces." Cela fait rêver, non ? D'autant qu'il est également l'auteur de Théières excentriques". Et dans celui-ci, il nous en présente encore bien d'autres. Un autre collectionneur passionné, Edward Bramah, en a fait un livre. J'ai eu la chance de le rencontrer et de lui parler pendant la visite de son musée, il est aussi passionnant que sa collection! Alors, si vous passez par Londres, c'est un incontournable pour les théophiles même si je dois reconnaitre que les thés de la cafeteria ne sont pas vraiment à la hauteur du musée...
NB: je ne me suis pas attardée aux procédés de fabrication, si vous voulez en savoir plus, tout est dans les livres cités plus haut. Bonne lecture.