vendredi 31 décembre 2010

Thé, Maté, fin de l'année, quel cocktail!

Je fais rarement le bilan des choses passées, cela fait trop comptable et quand j’aime, je ne compte jamais. Quand je n’aime pas non plus d’ailleurs, je ne fais pas et j’oublie. Je me suis donc creusé ce qui me sert de cervelle, mais le mail reçu de ma filleule ce matin au réveil m’a donné l’inspiration : je vais lui répondre en images, il ne s’agit pas vraiment de thé, mais de maté. C’est l’occasion pour moi de parler de ce superbe objet, cadeau de mon mari. Voilà les questions auxquelles je suis sensée répondre : "(…) As- tu déjà goûté ce fameux maté? Personnellement j'adore, bon évidemment ça n'a rien à voir avec les rolls royce que tu me fais goûter mais j'aime assez bien le concept de le partager et puis j'aime aussi beaucoup les ustensiles: la calabacé et la bombilla (figure-toi que je ne connais pas les noms en français), en gros c'est la théière et la sorte de paille qui filtre le maté, je trouve ça très beau. En as tu déjà vu de près???". Et cette fois-ci je l’ai regardée de près, de très près même: l’inscription gravée sur le fond prouve que cette calebasse a été fabriquée en... Argentine. L’intérieur me fait penser à la texture d’un petit potimarron séché, normal, c’est aussi une courge. La bombilla maintenant, je ne connais pas non plus le mot français, y en a-t-il seulement un? On pourrait dire que cela ressemble à une paille, très spéciale évidemment. Ici aussi plusieurs inscriptions. Recto, mais aussi verso. J’ai toujours été intriguée par la charnière, je ne suis pas parvenue à l’ouvrir, je n’ose pas trop forcer de peur d’abîmer ce bel objet. Et enfin, sur l’embout, cette dernière inscription qui fait penser à une sorte de poinçon. Je ne m’en suis jamais servie personnellement mais ça me plairait assez d’essayer. Pas avec celle-ci, cela semble être une antiquité et je ne suis pas certaine de la propreté intérieure de ces 2 objets. Et, pour couronner cette année, je bois une fois encore cette boisson dont je ne peux me passer, un Gao Shan Cha. Chaque tasse de thé est pour moi une invitation au voyage, mais ici, je suis dans les motagnes de Patagonie, j'ai les yeux rivés sur cette carte d'Argentine. J'espère avoir répondu à tes questions, ma Puce et je bois à ton bonheur. Tout en dégustant ce nectar, je pense à ma famille du thé, celles et ceux que je côtoie, que je connais mais aussi celles et ceux que je n’ai jamais vus, mais qui partagent ma passion, chacun et chacune à sa façon, la voie du thé n’est pas une autoroute uniforme, mais un tas de petits chemins qui mènent tous vers ce bonheur indicible qui a pour noms partage, simplicité, amitié entre autres. Mes pensées vont également à celles et ceux sans qui ce plaisir n'existerait pas, les cueilleuses et ceux qui transforment ces feuilles... Je forme pour vous les vœux traditionnels, que cette année presque née soit à la mesure de vos attentes. Pour le moment la chaise en face de moi est occupée par le manteau dont Véro aura bien besoin à son retour, passer des 34° de Patagonie à +/- 0, le choc sera rude. Bonne année, gelukkig nieuw jaar, Xronia polla, got nytt är (particulièrement pour ma Lili et Celina…), happy new year, prospero nuevo ou ano novo (pour toi ma Puce, j’espère que c’est juste). Pour les autres langues, il me manque les caractères… mais le langage du thé est universel. Soyez heureux, merci pour tout ce que vous m’apportez et à l’année prochaine !

mercredi 29 décembre 2010

Cela suffit maintenant!

Heureusement que pour moi Noël c’était le 21 grâce à Julien, parce que depuis…J’avais commencé la dégustation de mes fabuleux cadeaux (je ne te dirai jamais assez merci, Julien), et après je ne sais combien d’infusions j’ai décidé de laisser les feuilles toute la nuit dans la mère du thé. Le résultat a été vraiment impressionnant, aucune astringence, aucune amertume mais une incroyable douceur sucrée, et une fois de plus, une émotion gustative intense de boire un tel nectar au saut du lit. Et voici les feuilles qui ont maintenant tout donné, avec tant de générosité. Quand je pense que je me suis méfiée au début, il y avait pas mal de miettes, voire même de poussières, ce qui n’est en général pas bon signe. Mais je dois maintenant revenir sur terre, et ce que je vois me glace… Je dois pourtant absolument faire des courses, cela promet. Comment les fraisiers vont-ils résister à ce lourd et encombrant manteau blanc ? Je les ai paillés mais… Et puis, une jolie surprise, la visite d’une poule faisane qui trouve sous la mangeoire de quoi ne pas mourir de faim. Après avoir admiré ce beau spectacle, je prends ma voiture mais je dois rebrousser chemin, j’ai dérapé 2 fois dans la rue sur une route verglacée. Mon mari me propose de jouer chauffeur, il a des pneus neige lui. J’accepte mais je dois lui dévoiler le but de ma sortie, aller chercher de la laine pour lui tricoter un pull, c’est son anniversaire le 2, ce ne sera donc pas vraiment une surprise d’autant qu’il me l’avait demandé ; et ce fut l’erreur fatale : en revenant, il a roulé sur le bout de mon pied,j’étais coincée par les congères et n’ai donc pas pu reculer, j’ai poussé un hurlement, cela a limité les dégâts, "seulement" une fracture du gros orteil. Je ne savais pas que cela pouvait être à ce point douloureux, et il n’y a rien à faire que le solidariser avec l’orteil adjacent, ce que j’ai refusé de faire. Résultat de cette opération : immobilisation et de toute manière, je ne pouvais faire autrement, tellement la douleur était forte : impossible de mettre le pied par terre et même le couvrir était insupportable. J’étais assez désespérée, dans 2 jours c’est le réveillon et je n’ai rien, et serai incapable de faire quoi que ce soit. Mon mari me dit qu’il ira chez le traiteur, faible consolation. Mais le 24, il lui a été impossible de sortir d’ici, nous avons donc eu un très frugal repas de réveillon, j’étais triste pour lui, je m’étais tellement réjouie de lui concocter un petit repas en amoureux. Et inutile de préciser que j’ai bu très peu de thé, je ne peux pas poser mon pied par terre, et en préparer avec des béquilles, je ne vous dis pas le sport. Pour me consoler, j’ai pensé à toutes celles et ceux coincés dans les aéroports, dans les gares, sans compter les routiers et les automobilistes qui ont passé la nuit dehors. Mais cela ne m’a pas beaucoup aidée, mon moral est atteint : des nuits blanches, des journées interminables et sans thé ; pour la première fois, j’ai eu envie de quitter ici et regagner la ville… D’autant que le plafond de la loggia offre un spectacle navrant. Je n’ai plus envie de grand-chose, il me manque l’essentiel, la mobili-thé. Et hier, ENFIN, mon orteil a commencé à me faire un peu moins mal, je décide donc d’aller préparer des chicons au gratin, cela m’a pris du temps, travailler d’une main et tenir la béquille de l’autre, c’est pas gagné. Et ici, autre catastrophe, matérielle celle-là : le four se met en grève ! J’aurais pu pleurer, mais j’ai éclaté de rire, un rire nerveux évidemment. Je veux allumer une taque pour cuire le potage, idem ! Et rien à faire, j’ai appelé mon mari à la rescousse mais il est aussi bricoleur que moi, et avoir un technicien maintenant, on peut rêver. Mon rire se transforme alors en rage, et je donne un coup de béquille dans cet engin, je réessaye à tout hasard, si le four et 3 taques sont toujours morts, la plus petite chauffe. Nous continuerons donc à employer le four micro-ondes, que je n’utilise jamais que pour réchauffer les aliments. Je capitule, et vais me consoler dans mon salon, je n’y tiens plus, advienne que pourra. Je commence par admirer la carte et cette superbe boule. Jolis cadeau de notre petite-fille Elisa, devenue norvégienne pour un an. Elle est tombée dans une très sympathique famille et elle a de quoi occuper ses longues, très longues soirées d’hiver, pour le moment il commence à faire noir vers 14h30… Très brillante intellectuellement, elle a réussi ses examens alors qu’arrivée fin août, elle ne parlait pas un mot de norvégien, et très habile de ses mains également, elle est comme sa mère, tout ce qu’elle entreprend est toujours +++. Bravo ma Lili, moi qui suis une bonne tricoteuse, j’admire la minutie de ton travail, quel talent, un de plus ! Je te reconnais bien là, je vais boire un thé à ta santé, et à la réussite de ton beau projet norvégien. Et tricoter un pull pour l’anniversaire de Doudou, mais je doute fort de l’avoir terminé vu mon état actuel, tricoter étendue c'est vraiment une gageure! Et ce matin en descendant, encore une drôle de surprise : ô joie, l’humidité s’est fortement étendue.Cela vient de la terrasse du dessus et Xavier prend les grands moyens. Malgré le froid, il décide d’enlever la neige accumulée depuis 2 semaines au moins. Je participe à l’opération en lui préparant une boisson revigorante qui va le réchauffer. Il est sourd, du moins à ma demande d’arrêter, il continue de plus belle. Il me propose même un morceau de gâteau très spécial. Malgré ma réponse négative, il insiste, le bougre. Mais je n’ai pas cédé, j’aime la glace mais seulement celle que je prépare moi-même. Cette nuit, pour la première fois depuis ce qui me paraît un siècle, j’ai dormi correctement. Et ce matin, bonne surprise, mon orteil commence à reprendre une forme humaine et à retrouver sa couleur initiale, j’ai posé le pied par terre, c’est supportable et je vais pouvoir mettre … des sandales très découpées, tout à fait de saison ! Mais pas question pour autant de trotter, je dois garder le pied surélevé jusqu’à ce que l’œdème soit complètement résorbé dixit le garde chiourme qui me sert de mari… Pas question donc de « jouer à la "dinette" comme il dit. Je me contente donc de thé en grande théière, en rêvant de voyage. Ce Suancha me rappelle une superbe rencontre dans ce lieu que j’aime et qui est un incontournable chaque fois que je vais à Strasbourg, ce qui ne saurait tarder (voir le 14 avril)! Je pense aussi à ma Cerise préférée et à son mari partis hier aux USA voir leur petite-fille, j’espère qu’ils ne seront pas coincés dieu sait où. C’est elle qui m’a envoyé ce superbe cupcake avant de partir. Cette carte va rejoindre une série d’autres, je ne sais pas où elle les déniche mais c’est à chaque fois que du bonheur. J’ai besoin de me poser, de retrouver la sérénité que m’apporte le thé, les souvenirs heureux et cette musique est exactement ce qu’il me faut. Ne rien faire, mais par choix cette fois. C’est vrai que j’ai été très remuée ces derniers jours interminables, mais je me console en voyant ce pied, cela aurait pu être bien pire… Dois-je préciser que j’ai eu droit à un cours d’anatomie ? Pour tenir le coup, j’ai employé une très vieille technique de mon adolescence quand les cours m’ennuyaient : j’ai regardé mon mari droit dans les yeux, ce qui donne l’impression d’être pendue à ses lèvres, sauf que j’étais à des années-lumière de tout ce charabia. Je préfère regarder ces pieds-bonheur, souvenirs d’un merveilleux voyage, vivement le mois de mars ! Et à propos de voyage, J’ai reçu des tas de beaux rayons de soleil d’Argentine, merci ma Puce, et vive Outlook, le seul facteur qui passe partout par tous les temps…

mardi 21 décembre 2010

C'est le premier jour de l'hiver... mais pour moi, c'est déjà Noël!

Je me suis levée du pied gauche ce matin, envie de rester sous ma couette en ce premier jour de l’hiver, il faut dire que je dois aller faire des courses ; puis j’ai ri toute seule : une phrase m’a traversé l’esprit encore embrumé : ouf, l’automne est passé ; et comme il ressemblait à l’hiver, j’espère que lui ressemblera au printemps… on peut rêver ! Après un petit-déjeuner avec mon mari, je m’apprête à faire la corvée courses quand on sonne. Mon mari va au parlophone, c’était un revenant… le facteur, on ne l’avait plus vu depuis jeudi ou vendredi passé à cause du verglas. Il est courageux, parce qu’on ne voit pas la différence entre la route et le jardin et qu’il se déplace à mobylette. Il nous dit que c’est assez "casse-gueule" mais il essaye de faire avec. Un colis pour mon mari et pour moi une grande enveloppe blanche ! En voyant le nom de l’expéditeur, j’ai su que ce serait Noël aujourd’hui pour moi ; je remets mes courses et monte dans mon salon. Et là, première surprise : les jacinthes, encore en boutons hier, se sont ouvertes et dégagent une odeur capiteuse et entêtante, j’avais oublié de baisser le chauffage hier soir. Je m’empresse de les mettre sur le palier puis je m’assieds pour ouvrir ce que je tiens fermé depuis trop longtemps. Des tas de cadeaux devant mes yeux émerveillés ! Non, ce n’est pas saint Nicolas, il est parti depuis 15 jours déjà. Ce n’est pas le Père Noël non plus, s’il arrive, il ne sera là que samedi. C’est Julien mon généreux donateur, et il les vaut tous les deux (au moins) ! Mais que choisir ? Je remets tous mes trésors dans leur écrin et une main innocente (la mienne, il n’y en a pas d’autre), c’est un Tuo Sheng 1993, cela promet. Mais je n’ose pas commencer l’infusion tout de suite, le parfum des jacinthes est encore trop présent, j’ouvre donc les 3 fenêtres et vais écrire ma "lettre de reconnaissance à un bienfaiteur !", selon la formule consacrée de mon père… sauf qu’alors on devait remercier pour des cadeaux la plupart sans intérêt ! Quand je reviens il fait assez froid évidemment mais ce n’est pas grave. J'installe mon matériel, je les hume mais ne perçois aucune odeur sur les feuilles sèches. Deux rinçages instantanés et une première infusion de +/- 30’’ en zhong, donnent des feuilles un camaïeu de bruns et olive, mais surtout un parfum très doux qui me fait penser à la cire d’abeille et … aux abricots secs. L’infusion est lumineuse mais je ne retrouve pas ce que j’ai décelé, c’est plus du bois sec et autre chose d’indéfinissable pour moi, je dirais une odeur de grenier. Troisième infusion, le parfum des feuilles évolue, toujours la cire mais aussi des feuilles de sous-bois, la couleur de l’infusion, toujours aussi brillante, tire maintenant sur l’acajou, mon bois préféré. J’en suis maintenant à la cinquième infusion, les feuilles sont superbes mais l’infusion est trop légère, jusqu’ici je me suis fiée à la couleur mais je vais maintenant les minuter. Infusion 6 à 1’30, et là la palette aromatique explose, encore du sous-bois mais aussi du cuir et une saveur sucrée, l’émotion gustative est à son comble, que du bonheur. Il y a certainement d’autres subtiles saveurs mais malheureusement je ne peux les nommer, je me contente de les déguster avec gourmandise. J’en suis maintenant à la huitième infusion, et toujours la même extase. Je dois malheureusement mais très momentanément interrompre ces moments hors du temps, je dois sortir faire les courses, mais je continuerai ce soir, ce thé Julien n’a pas encore tout donné. Merci à toi de m’avoir fait vivre cela, ton beau geste m’a vraiment beaucoup touchée. Et inutile de te dire que j’ai bu à ta santé.