lundi 21 août 2017

ICHI GO, ICHI E - Chaque rencontre est UNIQUE, surtout celle-ci...

Après une courte nuit passée en partie sur ma terrasse à regarder le ciel inondé d'étoiles, certainement celles que j'avais dans les yeux depuis hier qui se reflétaient là-haut, 
c'est un doux soleil qui illumine ce début de journée. 
Avant d'essayer de partager ces moments de pur bonheur vécus hier, je réécoute cette musique qui les illustrent si bien... Cette Voie du Thé que j'emprunte depuis de nombreuses années avec passion et humilité est bordée de petits cailloux blancs comme autant d'événements forts qui ont rendus ma vie si douce. Et derrière chacun d'eux, un visage, celui de celles et ceux qui m'ont appris ce qu'est cette Voie, faite d'exigence, de modestie et de pureté, Anne-Marie et Carine en font partie... Bien sûr il y eut aussi des pierres noires sur lesquelles je me suis blessée et surtout qui ont blessé ceux que j'aime, et des visages hideux qui prenaient parfois une apparence d'ange. Ceux-là je les ai maudit, ils ne font plus partie de ma vie (ceci est un message codé à l'adresse de 2 personnes chères à mon cœur qui me reprochaient de me faire avoir, me disant qu'entre bon et c.., il n'y a qu'une lettre), cette petite mise au point m'évitera un courriel pour me le rappeler, du genre tu ne changeras jamais...). 
Dans la théière en porcelaine, les Feuilles d'hier qui ont passé nuit après nous avoir ouvert les papilles pour en recevoir d'autres... En humant leur parfum doux et sucré, je nous revois toutes les trois dans ce lieu empreint de sérénité... 
Que vont-elles encore m'offrir aujourd'hui ? 
Je plonge mes lèvres un peu tremblantes dans ce breuvage, je sais qu'elles n'ont pas encore tout donné, les émotions gustatives sont ici potentialisées par celles d'hier... 
Entre cette photo-ci 
et celle-ci, 8 infusions encore, la générosité des Feuilles est sans fin ! 
Non, elles n'ont pas encore tout donné, elles retourneront à la terre pour l'enrichir... La musique s'est tue, il est temps de faire émerger celle qui bat dans mon cœur en repensant à hier. 
Après les nourritures terrestres et les conversations animées avec brio par mon mari, très en forme !, Anne-Marie prépare tous ces objets inanimés qui bientôt ne le seront plus... 
Dès l'entrée, ce qui me frappe c'est l'intitulé des grandes boîtes, comme des promesses d'excellence... sauf qu'il s'agit de
Pu Er et que les thés noirs et moi, cela ne passe pas en été, mais heureusement, s'il ne pleut pas il ne fait guère chaud, je pourrais avoir de belles surprises. Ces thés viennent tous de Essence of tea (https://www.essenceoftea.com/) L'idée de cette rencontre est née lors d'un autre atelier, c'est alors Carine qui nous a séduits: http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2017/05/kissa-yoyo-ki-boire-un-cest-prolonger.html
Hier, c'est Anne-Marie et son sourire rayonnant qui va nous parler des
Pu Er à la demande de Carine. Et de manière très personnelle avec la modestie qui la caractérise : malgré sa grande connaissance, c'est le thé qu'elle met en avant pas elle, contrairement à beaucoup d'autres... Je rappelle qu'elle parle chinois, ce qui lui permet de lire certains textes non traduits, enrichissant ainsi son savoir "de l'intérieur". Loin des sentiers battus, elle nous suggère d'appréhender les thés sur les effets qu'ils ont sur nous : le thé nous réchauffe-t-il ou nous refroidit-il ? Me remplit-il ou me vide-t-il ? Nos échanges sont riches, intimes, nous partageons les mêmes valeurs et cette même passion qui ont changé nos vies. Le premier thé proposé "pour préparer notre palais" est un thé blanc du Yunnan, Forêt secrète, issu de théiers sauvages, 
Carine hume les Belles dont les parfums l'inspirent, comme de la crème avec de la réglisse mais aussi des noix fraîches et des notes florales. 
Moi je "vois" ces courageuses cueilleuses qui restent plusieurs jours en forêt pour cueillir ce qui deviendra le nectar que nous avons partagé hier et qui a fait encore mon bonheur ce matin.
Infusées en théière en porcelaine, 
transvasées dans ce pot de réserve transparent pour que nos yeux clignent déjà d'impatience 
avant de ravir nos palais en attente. La liqueur, d'un beau jaune clair, est douce, fraîche et légèrement sucrée. Tandis que mes deux amies échangent des infos sur ce nectar, mon esprit vagabonde en me rappelant d'autres dégustations de thés blancs, entre autres ici: http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/03/le-5-mars-jour-de-la-pleine-lune-et-de.html
Après quelques passages, un dernier regard aux belles qui reposeront dans ce bel ustensile qui me rappelle cette trilogie spéciale découverte à Essaouira au Musée qui a abrité une magnifique exposition sur le Thé :
"L'eau est la mère du thé, l'ustensile est le père du thé, les feuilles leurs filles". 
Le deuxième thé est un
Pu Er cru 2012, compressé en galette. 
Le nez expert de Carine y discerne des notes de chicon, de chicorée en parfum de tête ainsi que du saint Nectaire, là où je ne perçois qu'une vague odeur d'alcool camphré... La liqueur est assez pâle et pour moi très astringent, j'aime l'amertume mais celle-ci est trop prononcée. S'ensuit une intéressante discussion sur la notion d'amertume qui en chinois porte plusieurs noms. Carine nous fait part d'un livre de mille pages sur cette saveur... Après la douceur du thé blanc, la brutalité de ce jeune fougueux m'empêche de l'apprécier et aucune image ne me vient qui pourrait m'aider à l'apprivoiser. Du
Purple bud 2007, un Pu Er violet, je n'ai aucune photo malheureusement, elles sont toutes floues... J'en avais reçu à l'époque, j'en parle ici http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2010/10/encore-un-beau-cadeau-le-wang-bing-ou.html mais j'ai obtenu bien plus d'information sur cette couleur surprenante : Carine explique que cette couleur violette est due à l'anthocyane, "ce qui fait que le vin rouge est rouge", c’est un thé équilibré, "adulte" mais il ne me convainc pas non plus, mes papilles sont encore encombrées de la désagréable sensation trop amère. Je me contente d'écouter mes amies me laissant bercer par l'harmonie qui règne dans ce lieu essentiellement dédié au thé, et à l'Amitié. 
Que cache cet emballage de papier très fin dont je n'ai identifié que 2 caractères? 
C'est un
Song Pin Hao 2004 
qu'Anne-Marie va infuser dans cette merveilleuse théière qui provoque en moi une émotion esthétique très forte. Je sais pourquoi maintenant, le texte qui y est inscrit est la soûtra du cœur... Le mien bat plus fort à cet instant, dès que je l'ai vue elle m'a attirée : j'ai aimé sa forme particulière, son couvercle plat et ses caractères mystérieux... 
Que cache ce sourire chère Carine, je le sens proche de l'extase... 
Sa couleur belle ambrée 
donne envie de savourer ce nectar... Et là, nous atteignons l'Âme du Thé, c'est réellement le Thé de la Sagesse ! Une harmonie spirituelle, des images poétiques qui touchent à la philosophie aussi et nous renvoient à notre moi profond... Ici plus question de décrire des saveurs, ce nectar nous remplit, il va au-delà de l'émotion gustative, il nous emmène vers ce moment d'éternité, très palpable ici, j'en ai les larmes aux yeux... Il y a une telle harmonie entre nous, une si grande confiance que nos échanges se font plus intimes, je les garderai pour nous... MERCI à vous deux pour ces moments qui resteront gravés en moi à jamais !
"Le plus court chemin d'un être à un autre passe par une tasse de thé"...
Nous allons découvrir à présent un dernier Pu Er (pour aujourd'hui...) le Da Ye 1992
un
Pu Er en vrac à grandes feuilles. 
C'est pour cela qu'Anne-Marie va les infuser dans une théière plus ronde et plate. 
Notes complexes pour Carine, il m'évoque cette odeur un peu mystérieuse de grenier ou de livre qui a reposé dans un endroit humide, il m'inspire ce vieux de 15 ans d'âge 
à la couleur d'un brun intense et brillant. 
Dans le bol, des notes de sous-bois après la pluie, de champignons aussi. 
Les infusions se suivent, ce nectar me repose après le maelström d'émotions provoqué par le fabuleux
Song Pin Hao, et ici la générosité de ces longues feuilles est quasi sans limite ... je pense que nous aurions encore continué à le savourer si une cloche n'avait pas sonné la fin de la récréation, quel toupet ! Avec ces Pu Er nous avons une fois encore vécu avec passion et reconnaissance cette alchimie du thé, infusé dans de merveilleux objets par notre Anne-Marie dont les gestes sobres ont donné tout son sens au partage, et à l'Esprit du Thé... 
Et à propos d'objets, j'admire la patine de ce bol de l'époque Ming, 
il servait alors à boire le saké. Je voudrais terminer ce billet par une superbe phrase écrite par Carine :
"Le thé , ce chaud courant de sympathie, qui fait circuler vers les autres le meilleur de nous-même, nous réconforte dans la tristesse, nous exalte dans la joie et mélange le tout".MERCI encore à vous deux, j'espère que vous retrouverez l'essentiel de ce qui nous a unies cette après-midi même si, chaque fois que les émotions me submergent, mes mots sont bien pauvres pour les traduire... 
Merci aussi pour vos mots qui m'ont vraiment touchées... A très bientôt !

4 commentaires:

Carine a dit…

Chère Francine,

Quelle belle évocation!
Je t'ai épelé erronément le mot anthocyane. En voici une définition: http://www.dico-du-vin.com/anthocyanes-molecule-organique/

Merci pour ce fabuleux moment!
Et à bientôt pour de nouvelles aventures.
Je t'embrasse

Francine a dit…

@ Carine: MERCI pour ton gentil commentaire. C'est moi qui vous remercie pour ces moments fabuleux dont je suis encore tout imprégnée... J'ai moi aussi mal écrit le titre, je vais le corriger de ce pas avant de me préparer une mousse de jade dont j'ai bien besoin ce matin.
Bisou et à très vite

Carine a dit…

Sur les dernières photos de l'article, le visage d'Anne-Marie semble irradier du feu du thé contenu dans le magnifique récipient de verre.
Je trouve ces deux photos vraiment très belles!
Merci de capter ainsi des traces de ces impalpables que nous vivons ensemble!
Bisou et à samedi

Francine a dit…

@ Carine: C'est beau ce que tu dis d'Anne-Marie, à travers ses yeux, c'est sa belle âme que nous apercevons... Belle soirée et à samedi chère Carine et comme elle dit: dikke bizoes!