samedi 1 novembre 2014

Un premier novembre très particulier

Réveil tardif après une nuit quasi sans sommeil, mais pas du tout inactive ! Après avoir regardé Koh Lanta avec mon mari et avoir assisté à l'élimination de mon chouchou, je suis montée au grenier pour chercher un livre sur les rites funéraires en prévision de ce jour particulier. Je n'ai pas le culte des morts, pour moi ceux que j'appelle mes Grands Absents, le sont physiquement mais restent très vivants en moi, ils m'ont tant apporté... Par contre j'aime et je fréquente très régulièrement les cimetières ils racontent l'histoire autrement. Je ne manque pas à chacun de mes voyages d'aller me promener dans ces lieux,
comme ici par exemple à La Digue.
Je me souviens même avoir dit à mon mari estomaqué qu'ici je pourrais y "vivre" à côté de la tombe bleue, moi qui ne veux absolument pas être enfermée dans une caisse 6 pieds sous terre! Il a cru que le soleil avait tapé trop fort...
Et ici, en Turquie, face à l'homme le plus vieux de l'univers... . Quant au livre, je ne l'ai pas retrouvé malheureusement, mais ce lieu est aussi un "cimetière" où se retrouvent,faute de place ailleurs, beaucoup de souvenirs, très vieux parfois: photos jaunies, carnets de poésies, livres, correspondance. Sans compter certains autres objets dont je me demande bien pourquoi je les garde... Je n'ai pas vu passer l'heure, j'étais dans le royaume de ces morts particuliers, ces objets inanimés, qui ont fait remonter en moi des tas d'émotions, une façon de les faire revivre ! Et de là-haut l'Astre de la nuit était encore plus lumineux et les étoiles plus proches. Il était passé 5 heures quand je suis redescendue sur terre pour rejoindre le royaume des songes. Ce matin je vis donc en horaire décalé, ce qui n'est pas pour me déplaire d'autant que mon mari est absent.
Ce matin, je suis réveillée à pas encore 10 heures par un mari inquiet de mon silence (mais pas encore éternel), ignorant ma folle activité nocturne. J'ai eu du mal à émerger... Heureusement un beau ciel bleu lumineux m'accueille.
J'ai de quoi réveiller mon esprit aussi : un Wu Yi Yun-Cha infusé cette fois en théière, cela ne nous avait pas vraiment convaincus en gong fu : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2014/10/toujours-rester-debout.html . Et ici encore, les saveurs se font plus présentes, plus subtiles aussi quel est donc ce nouveau mystère ? Qu’importe. En même temps que ce breuvage chaleureux pénètre en moi ces voix à la fois chaudes et retenues, elles me donnent des frissons. "La musique du silence habite ces lieux voués à la méditation et à la prière, où les jours s'écoulent au rythme des Heures, Grandes et Petites, qui jalonnent la journée d'un monastère. (...) Elles marquent de leur immuabilité la vie monacale.(...) Tradition du grégorien, du plain chant qui renvoie à l'idée d'une harmonie originelle où l'homme, à l'écart du monde et de son bruit, entre en communion avec le temps intérieur. Un temps de chaque jour, hors des contraintes de l'arithmétique horlogère, un temps spirituel fait de dominantes aux couleurs particulières, de moments qui renvoient aux saisons de l'année, à celles de la vie et dans lesquelles l'homme peut se retrouver en accord avec la création"Ces mélodies sacrées parlent à notre âme, qu'on soit croyant ou pas ces voix cristallines procurent un apaisement intense, aident à une méditation profonde, en faisant émerger ce moi profond fait de lumière, occultée trop souvent par les aléas du quotidien.
Prendre le temps d'entrer dans le silence... Ce moment hors du temps où celui-ci est comme suspendu.
Il fait printanier, 19° au thermomètre, cela vaut bien un dîner dehors, salade de tomates, oignons rouges, calamars et persil plat arrosés d'huile d'olive au thé vert et d'un peu de sirop de balsamique. Et comme dessert, des fraises de Wépion, j'ai bien fait de laisser la table... Cela n'a pas l'air comme cela,
mais je ne suis pas seule : le restaurant en face de moi se remplit aussi.
Les cloches agitées par un petit vent tintinnabulent, achevant de donner à ce jour un surréalisme certain.
Et pour continuer la fête, un Morimoto Shincha griffé Néo-Thé qui fête cette année son 7e anniversaire. Il faut absolument que je change l'heure de mon retour de ce trop court séjour dimanche en 8 pour aller féliciter Valérie et son équipe.
Et avant de m'envoler (en pensée) au Japon, un peu de lecture :
Ici, souvenir de Thaïlande, c'est dans les arbres que tintent les cloches.
Mimi, le retour : par quoi vais-je bien commencer semble-t-elle dire.
Ce sera sans doute un des derniers, elle quittera lundi le pays du chrysanthème pour continuer son fabuleux périple asiatique, direction le Vietnam.
Ma Mimi, je sais que tu as de très bons yeux mais quand même il m'étonnerait que tu puisses d'où tu te trouves apercevoir ce nouveau pays qui, au passage, produit aussi du thé, de moins en moins confidentiel. Retour sur terre, temps merveilleux, appel de la forêt. Promenade vivifiante dans cette nature si belle.
Et ce ciel en bleu et rose,
à l'image de cette resplendissante journée.
Le restaurant d'en haut est presque prêt aussi, il faut seulement aller chercher de quoi remplir la table.
L'obscurité tombe très vite à présent, seul signe que ce n'est plus le printemps...
Et ce soir, je reviens sur ce jour particulier, et sur le billet de ThéÔdor posté sur FB, Guillaume y parle de la façon dont les Mexicains honorent leurs morts dans la joie : "Le thé est un ambassadeur des cultures. Aujourd'hui, débutent deux jours de fête populaire au Mexique, nous voulons partager avec vous cette tradition, l'une des plus représentatives de la culture mexicaine : ...el Día de los Muertos. L'humour mexicain défie notre condition de mortels, avec le personnage de "Catrina" un squelette de femme habillé de manière traditionnelle. Une satyre de notre finitude, se moquer de la mort et de nous mêmes par la même occasion, ce qui va bien avec la maison de l'Insolent Parisien... (...)" , autre culture, autre coutume, l'illustration m'a plutôt fait sourire. Par contre j'ai été bouleversée par l'allusion aux enfants morts : "Deux jours de fête consécutifs colorés et animés ; le 1er novembre, on célèbre l'âme des enfants disparus. On vous propose une tasse de Célébration, tout en délicatesse, aux notes évocatrices du cacao des Amériques, tel une preuve d'amour pour ces petits anges envolés...".
C'est avec avec ce Jardin de Maman aux notes très douces si sucrées que je les célèbre ces enfants, en pensant particulièrement à nos bébés inachevés.
Reposez en paix auprès des anges, quelque part près des étoiles. Cela me rappelle une de mes premières révoltes quand on nous apprenait à l'école que les bébés morts non baptisés n'avaient pas droit au paradis mais étaient recueillis dans ce lieu glacial appelé les limbes ! Ce ne fut pas encore la rupture avec cette religion cruelle et si inhumaine avec ces innocents mais la première cassure, j'étais encore à l'école primaire. Cela m'a hantée pendant des années, j'en ai fait des cauchemars, les premiers et les seuls dont je me souvienne encore aujourd'hui, et pourtant c'est tellement vieux tout cela. C'est déjà à cette époque que je ne voulais pas aller dans ce paradis mais dans les limbes...
Cette nuit, la lune est belle, entourée des étoiles mes amies dans un ciel où s'amoncellent cependant de gros nuages, je suis émue en clôturant ce billet, jamais je n'aurais pu imaginer parler de cela...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce n'est pas pour te rabibocher avec la religion mais le Vatican a aboli les limbes en 2007.
K

Francine a dit…

@ Kris: mille mercis pour cette information... mieux vaut tard que jamais. Je crois qu'avec ce Pape-ci, les choses vont bouger plus encore. Bonne fin de journée, bons thés