A propos de Phoenix entre autres...

Après le flamboyant week-end passé, fort en belles émotions, j'ai dû faire face à d'autres, insupportables, mon muscle s'est à nouveau manifesté et cette fois j'ai eu peur, très peur. Non pas de mourir, c'est pour moi la plus belle aventure, la dernière mais la plus exaltante, celle qui nous mène vers l'inconnu, le Néant absolu ou l'indicible Infini... Ce qui m'a terrifié, c'est cette phrase fatidique : "vous devez absolument vous ménager, et vous mettre au repos complet". Déjà dans ménager, il y a ménage, tout ce que je déteste mais surtout ce sentiment de ne plus contrôler ma vie, d'être dépendante d'un organe dit vital. Et dans vital il y a vie, et végéter ce n'est pas vivre ! Je refuse de "vivre" comme une larve pour espérer gagner quelques années, c'est pour moi une évidence ! 

Aussi ce samedi matin, direction la gare de Hoeilaart. 

Dans le train, contrôle des billets, ce qui est normal... Ce qui l'est moins, c'est la tête du préposé qui éclate de rire et me regarde attentivement en me disant que mon billet n'est pas valable, ne correspond pas à mon état ! "Je ne vais pas vous demander votre âge, mais je crois que vous avez un peu plus que 26 ans". Devant mon air ahuri, il m'explique que le billet que j'ai sélectionné à la machine automatique est seulement valable pour une personne de moins de 26 ans ! Je croyais avoir cliqué sur 1e classe, plus de 65 ans, et quand j'ai vu qu'il n'était valable qu'en deuxième, j'ai changé de wagon... Il m'explique que ce n'est pas grave mais que comme c'est moi qui ai fait l'erreur, il ne peut pas le changer, "vous avez perdu 6 euros"! Conclusion, je suis retombée en enfance ! La journée commence très bien. 

Sur le chemin de Compostelle, 

je me suis arrêtée dans ce lieu plein de tentations, mais j'ai résisté. 

Trop impatiente d'arriver dans ce lieu mythique qui va certainement me faire du bien. 

Comme "ma" place est occupée, 

je reste papoter un peu avec Martine tout en passant mes commandes, cette fois-ci j'ai été très raisonnable (excusez ce vilain mot qui d'habitude ne fait pas partie de mon vocabulaire). Je dépose ce sachet rempli de grands bonheurs en feuilles au pied de cette merveilleuse orchidée, souvenir, souvenir... Martine me propose de goûter un autre thé japonais dont je n'ai pas retenu le nom parce qu'il ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, c'est mon problème : quand j'aime vraiment un thé comme le Sencha Uraka, j'ai du mal à passer à autre chose... Il en est ainsi des livres, quand j'ai adoré j'y reviens très souvent au point d'en connaître par cœur certains passages! Je me plonge dans la re-re-re-relecture de Comme une feuille de thé à Shikoku, ce livre qui m'avait à l'époque transportée : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/12/comme-une-feuille-de-a-shikoku.html entre autres ; c'est la 8ème ou 9ème fois et je ne m'en lasse pas, que du contraire, je découvre à chaque fois des passages qui me parlent plus que les fois précédentes. La relire me fait tellement de bien... Je me laisse pénétrer par ces mots si justes, je prends des notes, j'en oublie même de recommander un thé ! Furieuse envie d'aller me balader un peu pour digérer cela. Je n'irai pas loin, j'attends des amis. 

Bien chargés, les cartes ont dû chauffer... 

Martine, toujours aussi rayonnante, et Mich affublée d'un couvre-chef disons spécial. Je saurai très vite qu'ils ont une soirée western, ce qui enchante Luc... Bonheur des retrouvailles devant notre breuvage de prédilection. 

Luc se laisse tenter par un fabuleux Mengku Ye Shen Cha, un Pu Er sauvage de 2005 préparé selon les règles, à peine quelques secondes, par notre hôtesse, et il y en a une qui est priée d'observer attentivement pour pouvoir faire de même... Moi, j'en choisi un Daehsan Nokcha, ce thé coréen si particulier qui allie à la fois les qualités d'un thé japonais et celles d'un thé chinois, belle harmonie. 

Quelle joie de vous revoir mes chéris après cette fabuleuse soirée qui restera dans les annales : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2016/09/une-fin-de-mois-flamboyante.html, on en parle encore avec émotion! Michelle a laissé choisir Martine pour son breuvage et elle découvre avec bonheur le Yunnan Golden Pearls. 

Les passages se suivent, les mots aussi.

Troisième infusion pour Mich, 

pareil pour Luc, toujours servi par Martine. 

Le temps passe, je dois me résoudre à regagner mes pénates pour ne pas inquiéter mon mari, pas très chaud de me voir partir ce matin, PEUT-ÊTRE au 4 pour ce parcours sensoriel si notre hôtesse arrive à négocier notre participation, c'est en principe complet... Sur le chemin de la gare, je repense à ces moments hors du temps et à cette belle phrase dont l'auteur m'échappe : " Le plaisir authentique du thé ne peut s'apprécier que dans une atmosphère de détente, d'amitié et de convivialité, car c'est uniquement en compagnie de ceux qui sont doués du sens de la complicité et du sens de la vie qu'il devient possible. Enlevez la notion de convivialité et ces choses n'ont plus de sens."

Il est près de 18 heures, le ciel est tout bleu à présent. 

Et j'ai soif, ce sera à nouveau ce Daehsan Nokcha contenu dans cet écrin en attendant que je retrouve sa boîte d'origine qui doit dormir quelque part au grenier, elle est grise avec un ruban jaune. 

Après un premier bol, 

très émue, je prends ce merveilleux livre en mains. La grenouille a encore frappé, son mari et elle sont allés tantôt à la présentation de cet ouvrage magnifiquement illustré et la première chose qu'elle a faite en arrivant au Fossé fleuri c'est de me le donner ! Je l'ai évidemment traitée de folle mais elle m'a dit qu'il ne m'était pas destiné, 

c'est pour petit Dragon, je ne vous dis pas mon émotion ! Il va adorer cette jolie histoire. Ce qui est bien c'est qu'à la fin, les auteurs parlent de ces animaux qui existent dans la vraie vie... Déjà mille mercis pour lui ma chère Mich, mais tu ne perds rien pour attendre ! Ceci n'est pas une menace bien sûr mais un avertissement... Je passe la soirée avec mon mari avant d'aller rejoindre les bras de Morphée, très fatiguée mais heureuse d'avoir tenu le coup... Je ne suis pas loin de me prendre pour Phoenix ! 

C'est une très belle lumière

et un grand soleil qui m'accueille au réveil. Je n'ai rien à préparer, mon mari m'invite au restaurant "tu t'es assez fatiguée hier", ce sera donc lecture et thé pour occuper ce qui reste de la matinée. 

J'avais demandé à Michelle de me prêter L'éloge de l'ombre, j'aime ce titre qui me trotte en tête depuis belle lurette mais j'étais hésitante à me le procurer, j'ai du mal avec la littérature japonaise. Je l'avais commencé dans le train du retour, et j'ai tout de suite accroché. Hier soir, j'étais trop fatiguée pour continuer.

Mon thé de lecture sera un Hojicha griffé Azumaya. J'ai vraiment adoré cette surprenante "histoire", la comparaison entre la culture japonaise de l'esthétique et du beau toute en retenue, et celle disons très bling, bling de l'Occident ! Il fera partie de ma prochaine commande et j'en reparlerai. 

Avant d'aller au restaurant, un passage sur ma terrasse, il fait très doux et le restaurant des oiseaux n'attire encore personne. 

A notre retour, il fait quasi estival, 

le soleil darde ses rayons bienfaisants, LE bonheur. 

Évidemment, c'est sur la terrasse que je prends ce J.C. Absolu Oolong, dont j'extrais les baies de gogi qui ont pris des saveurs de pêche. 

Et je reprends ma lecture, sereine et complètement détendue. 

Ce soir, ce sera la pleine lune, très spéciale plus brillante aussi, elle sera à son apogée vers minuit mais elle est déjà très belle. MERCI la vie qui m'a gâtée ce week-end, avec un très beau coup de fil pour le couronner !