Une
semaine de sidération, de coup de massue, de souvenirs et de
questionnements a débuté le 15 avril quand l'impensable,
l'inénarable, l'indicible s'est produit, l'incendie de Notre-Dame.
Quand, incrédule, j'ai assisté au désastre à la télévision, il
m'a fallu quelques minutes pour y croire, j'ai alors fondu en larmes,
croyant d'abord à un attentat... j'ai revécu le 11 septembre, 2
amis rencontrés quelques années plus tôt, étaient parmi les
victimes. L'horreur absolue en direct, j'était tétanisée !
Chaque fois que j'allais à Paris et que je pessais tout près, j'y
entrais, et malgré la horde de touristes, j'en resortais apaisée,
fascinée par tant de beauté, surtout les vitraux. Et le savoir-faire des artisans d'alors. Je n'ai pas fermé
l'oeil de la nuit ne parvenant même plus à penser, brisée que
j'étais, alternant sanglots et grand vide, plus rien n'avait
d'importance, plus rien n'avait de sens, mon pauvre mari se sentait
impuissant à m'aider, il se trompait, même si je ne pouvais pas
vraiment recevoir ses paroles alors, elles m'ont un peu apaisée.
Mardi j'ai passé une grande partie de la journée au grenier
à la recherche d'un livre lu, relu et rerelu à l'époque, mais
aussi le disque d'Anne Sylvestre pour un titre : LES
CATHEDRALES. Au passage, j'ai repris 3 ouvrages de Françoise
Dolto qui m'avaient aussi marquées lors de leur parution. (Ce que
j'ai décidé en voyant plus d'une centaine de vynile, c'est de
racheter de quoi les écouter), certains n'existent pas en CD et de
toute manière, j'ai toujours préféré les disques noirs. Les
jours qui ont suivi, j'ai commencé à relire Les Piliers de la
Terre tout en fredonnant une partie de la superbe chanson
d'Anne Sylvestre :
Ô
bâtisseur de cathédrale
D'il
y a tellement d'années
Tu
créais avec des étoiles
Flammes
vives
Tes
ogives
S'envolaient
Au
ciel léger
(...)
il manque quelques phrases
Un
gars à la tête folle
N'arrêtait
pas de chanter
En
jouant sur sa mandole
Sans
le chant des troubadours
N'aurions
point de cathédrales
Dans
leurs cryptes, sur leurs dalles
On
l'entend sonner toujours
(...)
je ne me souviens plus de la fin
Depuis
toute petite, j'ai toujours aimé les églises, qu'elles soient
petites ou majestueuses à l'exception de la Basilique de Koekelberg,
tout Art-déco qu'elle soit, je l'ai toujours trouvée hideuse, je
ne sais trop pourquoi. Peut-être parce que je n'y ai jamais retrouvé
d'âme ? Les trois cathédrales qui m'ont le plus impressionnée
sont Saint-¨Patrick à New-York, Notre-Dame de Paris et Chartres
que, je l'avoue, j'ai préféré à Notre-Dame, les vitraux y sont si
flamboyants... Avec les cimetières, ce sont deux lieux qui
m'attirent, me parlent,me font toucher à l'Essentiel, j'y retrouve
cette soif d'Absolu... Pour moi, ce n'est pas que de la pierre, c'est
avant tout le savoir-faire de tous ces artisans qui ont laissé leur
âme, leur art et bien souvent leur vie pour l'éternité. Bien sûr,
je suppose que j'ai été influencée par mon éducation catholique
traditionnelle que j'ai assez vite rejetée en grande partie car trop
basée sur les dogmes et la soumission. Aussi ai-je été fascinée
par Les Piliers de la Terre, le Moyen Âge est ma
période préférée.
J'ai pourtant eu du mal à m'y
replonger et même la pleine lune m'a paru moins brillante, je ne
parvenais pas à prendre de la distance. Je n'ai par contre jamais lu Les Misérables, les extraits constitués de
kilométriques descriptions qu'on nous faisaient lire à l'école
m'en avaient dégoûtée mais je pense le commander bientôt. Hier, j'ai commencé à sortir de cette torpeur, ma filleule s'est occupée du jardin en tondant la pelouse, l'odeur du gazon a envahi mes narines et m'a fait retrouver le sourire… Par contre, j'ai constaté avec horreur que les boutons des fleurs de sakura étaient complètement desséchés par manque de soin, j'aurais dû arroser ce petit arbre nouvellement planté, cela m'a donné un choc salutaire et le temps estival a fait le reste. Ce matin, grasse matinée, après des nuits d'insomnie, je me suis réveillée apaisée et j'ai eu la surprise de constater que les cloches étaient passées… Comme on annonce la canicule, je prépare un thé infusé à froid pendant que l'eau chauffe pour le thé vert vietnamien. Le ciel est lumineux en ce jour de Pâques, les oiseaux m'offrent un beau concert tout en se régalant d'un petit-déjeuner. A 10 heures, la température frôle déjà les 20°. C'est donc dehors que je savoure mon premier thé, avec d'autant plus de plaisir que je n'en avais plus bu pendant la semaine. Ichi go ichi e... Le Matcha se marie très bien avec le chocolat, ce sera mon déjeuner. Pas très équilibré… Où va-t-il s'arrêter ? Ce n'est pas pour me déplaire Un goûter tout frais tout en admirant le spectacle d'une nature qui a retrouvé ses magnifiques couleurs printanières, tous ces verts tendres qui habillent si joliment les arbres... Miracle de Pâques, j'ai retrouvé ma joie de vivre et ce don d'émerveillement qui m'avait quittée. Je revis.
4 commentaires:
Moi aussi je suis très triste pour Notre Dame et j’ai très peur de la reconstruction....pourvu qu’on laisse les spécialistes s’ en occuper
Bisous bisous
@ Fab.: eh oui, il n'y a plus de grands bâtisseurs qui consacraient leur vie à ces constructions grandioses. Bises et à très vite
J.ai deux surprises pour toi......bisous
@ Fab.: une, c'est déjà chouette… Mais deux? Waouh! Tu reviens quand sur le vieux continent? Je saurai être patiente, profite bien de ton fils. Big bisous
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