jeudi 16 mai 2019

Quand mes passions remplissent mes journées !

S'adonner à ses passions sans réserve et sans mesure est pour moi la définition du bonheur, elles me permettent de supporter ma très contre-nature sédentarisation forcée... depuis petite j'ai toujours été une nomade dans l'âme, ma mère m'appelait déjà à l'époque Julie vadrouille. Heureusement, certaines de mes passions sont aussi des voyages : le thé, la lecture, la musique. Quant à la Nature, elle m'est indispensable en me permettant de mettre à distance mes côtés plus sombres comme principalement la colère, c'est ma bonne Fée, elle me prend dans ses bras et m'apaise. 
C'est avec elle que je partage aussi mon bonheur et mes émotions comme quand le fleuriste est venu m'apporter ce merveilleux bouquet et des paroles d'Amour, c'était dimanche, jour de la fête des mères. Il fait encore trop frisquet pour rester dehors aussi après avoir enlacé mes arbres, c'est dans mon cocon où j'installe exceptionnellement mon PC et mon dictionnaire, que je reprends La péninsule aux 24 saisons de Inaba Mayumi pour rechercher dans le dictionnaire une quantité de mots inconnus, d'après le contexte, il doit s'agir de plantes, de légumes et de fruits mais aussi, péninsule oblige, de coquillages et de poissons mais j'ai assez vite arrêté cette fastidieuse tâche pour relire certaines phrases ou certains passages qui m'avaient touchée à commencer par Je me lève et je me couche au gré de mon humeur ce que je fais moi aussi depuis que je suis en vacances perpétuelles, je ne porte plus de montre, le donneur de temps n'est plus le cadran de cet engin, je l'ai remplacé, un vrai bonheur ! Ou encore : La forêt.(...) La certitude que je vais pouvoir me promener en forêt me fait sauter de joie. (...) De plus, mieux vaut pénétrer seule dans la forêt. Car le silence est souvent plus fécond que l'échange de propos. A se laisser emporter par la conversation, on risque de perdre de vue l'essentiel. J'ai la grande chance d'avoir la forêt dans la propriété, j'y vais chaque fois qu'il fait beau armée seulement de mes jumelles et de mon appareil photo, tous mes sens en éveil. Je pourrais en citer bien d'autres encore, je m'arrêterai à ce dernier passage, son ode à la lune et aux étoiles : Je fais brûler encens sur encens, et mon plaisir de chaque soir est de contempler depuis ma terrasse le mouvement de la lune et des étoiles. Je m'étends sur une chaise longue et je regarde d'un oeil nonchalant la voûte céleste. Alors un remous traverse mon corps de la tête aux pieds.Est-ce le tremblement de la rotation de la Terre ? J'éprouve une sensation inconnue qui m'enveloppe tout entière, comme si mon corps et le ciel étaient liés pour un instant.En même temps, sans se perdre, mon être reste attaché à la Terre, et j'ai l'impression,sans pouvoir me l'expliquer,que j'assiste à un miracle. Ce roman raconte douze mois de la vie d'une femme de la ville qui a décidé de quitter la vie trépidante de Tokyo à la mort de sa meilleure amie. Elle s'installe dans la maison de campagne familiale et découvre cette autre vie en contact direct avec la nature, l'occasion pour elle de faire le point sur sa vie. Elle retrouve les joies simples d'une vie rythmée par les saisons, le contact et l'entraide de quelques habitants. Aucune action dans ce roman atypique empreint d'une certaine poésie, celle de l'instant. Le fil conducteur est cet ancien calendrier qui découpe l'année en 24 saisons qui indique précisément ce qu'il faut planter, quand, et qu'en faire une fois récolté : des confitures, conserver les légumes et les fruits en pots, partage des récoltes avec les voisins. Ce sont ces gestes quotidiens, simples, répétitifs et ses longues promenades solitaires qui lui font retrouver l'apaisement et cette sérénité perdue avant de retrouver la ville et un nouveau départ. J'ai beaucoup aimé la suivre dans cette retraite loin de Tokyo, tant de points communs avec ma vie actuelle... MERCI chère Cathy, tu ne t'étais pas trompée ! 
En admirant ce ciel où la lumière flamboyante du soleil le dispute aux gros nuages noirs, j'ai eu envie d'aller faire le tour de mon domaine de prédilection, cette Nature source de vie... L'air est frais, toutes les nuances de verts printaniers ressortent différemment à la lumière tombante, les oiseaux, beaucoup moins visibles, se sont tus, je savoure cette quiétude. Aujourd'hui, ma première tâche est de changer l'eau de ces magnifiques fleurs, il faudra que je change de vase, je les trouve trop serrées maintenant que certaines s'ouvrent, je veux les garder le plus longtemps possible ! 
Rituel encore : choisir les feuilles, ici celles d'un Daehsan Nokcha, infusées et servies dans ce beau set coréen, je le savoure à la santé de mon généreux donateur en méditant sur la force de l'Amitié... Je n'aurai pas beaucoup le temps de lire aujourd'hui, j'attends deux amies chères, aussi ce sera quelques pages de cette brique Ecoute l'arbre et la feuille dont j'ai déjà parlé ici : https://la-theiere-nomade.blogspot.com/2019/03/lectures-palpitantes-face-aux-elements.html. INTERLUDE MITSUMATA. Et c'en est vraiment un, ou presque, l'auteur parle de la fabrication du papier à Echizen, et aussi d'une déesse : Kawakami Gosen. Cela m'a rappelé un lointain souvenir, une initiation à la reliure japonaise à une époque où le thé n'avait pas encore pénétré dans ma vie. Nous avions aussi fabriqué un papier spécial, assez rugueux, on y voyait encore quelques fibres de bois. 
Bien des années plus tard, j'ai trouvé un album avec les mêmes techniques, je l'ai utilisé pour illustrer le fabuleux voyage à Paris d'une petite fille qui pour son anniversaire a souhaité aller à Paris pour faire le tour des salons ... de thé, mais pas qu'un jour hein Nanny, c'était en 2004, cette année elle termine ses études universitaires, elle aime toujours autant le thé ! 
Ma promenade quotidienne sous un ciel bleu strié de lignes parallèles pour enlacer mes arbres avant l'arrivée de mes amies... Sauf que je les attends toujours, elles sont restées bloquées à Namur, un incendie à la gare du Nord de Bruxelles a mis tout le réseau chaos, on a reporté notre rencontre, et moi pour calmer ma colère, je me suis déchaînée au jardin, mes vieux os n'ont pas aimé et me le font savoir. Demain, ce sera repos complet pour être en forme jeudi ! Nuit difficile, cela m'apprendra à ne pas écouter mon corps et arrêter de le malmener, pourtant je n'ai pas réalisé la moitié de mon projet. 
Beau ciel bleu sans aucun nuage et douce température, propice à une balade mais ce ne sera pas pour moi aujourd'hui. 
Programme de la journée: thé infusé à froid, Once Upon a Time saveur fraise, jasmin, épice après un Keemun au petit-déjeuner, observation de la Nature, peut-être arranger la jardinière de la terrasse de la cuisine, et surtout lecture de cette brique de 309 pages largement illustrée : SHINRIN YOKU, L'art et la science du bain de forêt, écrit par la Dr Qing Li, paru aux éditions FIRST en mars 2018. 
A la fois fruité et fleuri avec une pointe d'épices, il est parfait pour la lecture par cette douce chaleur. 
La quatrième de couverture nous résume l'essentiel de cet ouvrage, à moi les détails à présent. J'ai pour l'instant parcouru l'ensemble de l'ouvrage, comme une promenade virtuelle en forêt en regardant les nombreuses photos légendées, 
je suis restée en arrêt sur celle représentant des bouleaux encore jeunes dans leurs habits d'hiver. "Le bouleau blanc est particulièrement efficace pour absorber les particules émises par les voitures". Berkenrode (verges de bouleau) est le nom de notre propriété, en hiver leur tronc blanc et marron donne un peu de couleur à cette saison triste. Ce sont ces arbres qu'il faudrait planter dans les villes au lieu des marronniers et autres platanes comme le montre cette expérience : "Au Royaume-Uni, des scientifiques ont mené une expérience dans les rues de Lancaster. Ils ont tout d'abord mesuré la quantité de particules entrant dans les maisons (en mesurant la quantité de poussière se déposant sur les téléviseurs). Ils ont ensuite planté une rangée de bouleaux blancs dans la rue.Au bout de deux semaines, les scientifiques ont étudié les feuilles des arbres à l'aide d'un microscope électronique spécial. Les feuilles sont tapissées de minuscules poils qui emprisonnent les particules émises par les voitures passant dans la rue.A la fin de l'expérience, les téléviseurs présentaient 50% de poussière en moins qu'au début." 
Si la journée il fait très doux, le soir la température baisse très fort, j'ai donc rallumé le chauffage pour écouter de la musique dans mon salon en commençant à rédiger mon billet mais j'ai oublié de le couper avant d'aller rejoindre les bras accueillants de Morphée. Résultat les fleurs ont eu très chaud et ma première action fut de leur redonner un coup de fouet en leur donnant plus d'espace et en coupant fortement celles qui avaient le plus souffert comme les gerberas. 
Suivent mes rituels : l'hommage à la Nature, je remplis mes poumons de l'air vivifiant du matin en admirant les nuances de verts tendres des feuilles printanières. 
Les azalées commencent à fleurir, les rhodos suivront bientôt.
Ce matin, ce délicieux thé vert vietnamien que je savoure avec émotion, mes pensées traversent l'Atlantique et s'envolent vers toi, chère Kris, comme je te l'ai dit, j'en boirai pour deux le temps qu'il faudra !... Je reviens des courses au village, ce midi, ce sera diner crustacés et saumon, 
mon thé d'apéritif est tout choisi : un Kabuse cha dont le portrait se trouve page 160. J'apprends que c'est un cousin germain du Gyokuro Même traitement que celui-ci mais période moins longue et cueilli mécaniquement. Dans la tasse (Kris, les deux premières sont pour toi, une pour chaque oeil...), belle couleur jaune légèrement trouble ; l'umami est bien présent, saveurs de légumes mais un peu amer, contrairement au Gyokuro, les feuilles infusées seront arrosées de sauce soja pour faire mariner les crevettes grises de l'entrée. 
C'est avec beaucoup d'émotion que je pénètre chez UNAMI, impatiente de revoir Jean-Benoit et Lydia Gautier venue dédicacer son dernier bébé Portraits de thés dont j'ai déjà parlé entre autres ici : https://la-theiere-nomade.blogspot.com/2018/10/portraits-de-thes.html. Comme thé d'accueil, 
Lydia nous offre une de ses créations sur un thé blanc du Népal, le Tea Estate Shangri-la, décrit page 213, auquel elle a ajouté un bouton de rose qui provient d'un petit producteur certifié bio. 
Infusée à froid, la liqueur est incroyablement douce, légèrement sucrée avec des notes fleuries, émotion gustative évidente... Il faut absolument que je m'en procure ! 
Le deuxième est un Pu Er shu infusé à chaud auquel elle a adjoint une grande fêve tonka que mon mari, quand lui ai montré la photo, a prise pour un scarabée, no comment ! 
Vous êtes rayonnantes, je suis si heureuse de vous voir ensemble. Vous êtes toutes les deux d'authentiques sommelières dont le savoir et la compétence n'ont d'égal que votre modestie, bien loin des autoproclamées qui sous prétexte qu'elles en savent un peu plus, ou le font croire, se donnent ce titre, ce qui est de la malhonnêteté intellectuelle et un sens moral quasi inexistant, au pays des aveugles les borgnes sont rois… 
A côté de sa valeur intrinsèque ce livre devient hors de prix grâce à la signature ! 
Une autre signature qui ravira celle à qui elle est destinée… Devant un public très intéressé, Lydia raconte la genèse de son livre, sa philosophie : privilégier le contact avec les petits producteurs, parle de ses coups de cœur gustatifs mais aussi a le souci d'encourager ceux dont les thés ne sont pas encore ce qu'on pourrait en attendre mais chez qui elle sent une véritable volonté s'améliorer. Et enfin, elle parle de l'avenir des plantations, du piège du bio auquel elle préfère le terme d'agriculture raisonnée, de permaculture, d'agroforesterie, en plus de sa formation d'ingénieure agronome, elle a un vrai don de pédagogue, c'est un vrai plaisir de l'écouter ! MERCI chère Lydia, j'attends avec impatience le prochain… 
C'est pas tout cela, mais il est temps de nous quitter, cher Jean-Benoît j'ai été ravie de te revoir et d'évoquer quelques souvenirs, j'ai hâte de me servir des trésors que j'ai ramenés, ce sera pour demain ! MERCI aussi à toi ma chère Carine, pour nos échanges toujours si riches, si vrais et ... pour l'eau gazeuse, je te revaudrai cela, mais pour cela il faudra que tu viennes jusqu'ici (= message codé). Ce sont des journées comme celles-ci qui aident à oublier les scories de la vie… J'en redemande!

4 commentaires:

Cathy a dit…

Bonjour chère Francine

MERCI beaucoup pour le trésor que je découvre après les indices laissés ici et là ;) Ma journée est comblée :)
Très agréable de revoir par 'procuration' toutes ses personnes si souriantes !!

Oui les reliures et les washi ( papiers Japonais) sont toujours très jolis!
Merci d'avoir repris quelques phrases du livre, je les avais déjà oublier :( pourtant si jolies.....

Super j'ai la même définition du bonheur que toi ;) !

Aujourd'hui je suis au wakocha pour combattre la grisaille :)))))
Grose bise

Francine a dit…

@ Cathy: Je savais que cela te plairait! C'était une très belle rencontre, je connais Lydia depuis… 20 ans, le temps passe tellement vite. Ravie aussi d'avoir revu Jean-Benoît, notre première rencontre date aussi de cette époque, c'était à Lyon! Quant à Carine, il n'y a "que" 10 ans, c'était à Parie chez Terre de Chine!

J'ai (bien sûr) fait quelques emplettes, entre autre 20g de NARINO grand cru Matcha d'Uji que je n'ai pas encore ouvert mais cela ne tardera pas!

Je n'ai pas terminé la recherche des mots inconnus de la Péninsule, et toi?

Un Wakocha, bon choix, c'est vrai qu'il fait froid et humide, rien de tel qu'un thé rouge, moi je viens de savourer un KyoBancha, mon thé de lecture de ce beau livre SHINRIN YOKU


Bonne fin de journée, bisous et à très vite j'espère...

Anonyme a dit…

Eh, Francine, tu pensais très fort à moi pour parler de borgne dans ton billet, le jour même de mon opération! Merci pour les thés bus (pas sirotés à la paille) pour moi! K

Francine a dit…

@ Kris: bien sûr je pensais à toi, mais pas à ce moment-là évidemment! Ravie de te revoir ici, bonne journée, bons thés