mardi 20 mai 2014

Emotions fortes, rétrolfactions intenses, extase du thé mais pas que...

Ce billet aurait dû paraître hier mais comme le chante si bien Jean Ferrat, "(...) le temps prend ses jambes à mon cou" et quand le temps météorologique s'y met..., je suis restée dehors jusqu'à pas d'heure et donc je n'ai pas terminé mon billet de lundi mais, mieux vaut tard que jamais, le voilà. Cette fois, ça y est, je prends mes quartiers d'été sur ma terrasse.
Le soleil, déjà généreux malgré l'heure, me donne envie d'y installer un lit de camp... Rituel-santé dans mon cocon, interrompu par un coup de fil qui illumine ma journée, je ne l'attendais pas si tôt... cette matinée commence fort et il est encore très tôt!
Un deuxième moment fort : le baptême de ce fabuleux cadeau , encore une émotion intense.
Pour me rappeler ce que nous avons partagé hier matin à Marche (http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2014/05/que-dire-de-ce-dimanche.html ), je choisis un Gyokuro griffé Tamayura.
En le prenant dans les mains, j'ai été parcourue de frissons, cet "objet" paraît vivant, j'avais vraiment l'impression que l'artiste était derrière et me le tendait dans un beau geste d'offrande. Tout son talent se transmet dans cet objet, c'est son âme qui guide ses mains expertes qui traduisent si bien sa générosité et son humilité, valeurs indissociables du thé. Et quelle harmonie de couleurs symboliques : la terre, le ciel et le travail de l'Homme pour donner à ce nectar cette saveur si typique comme un hommage à la Nature. En vivant cela, me revient en mémoire ce que dit Jean-Pierre sur son site (terre-passion.be), ses mots, forts et profonds, m'ont profondément touchée tant ils reflètent sa philosophie de la vie,je me permets de les transcrire ici : "Céramiste,… amateur. Je le revendique par respect pour les gens qui font de cet art, leur art de vivre.
L’attrait que je porte à la terre prend racine dans le métier que j’exerce depuis une vingtaine d’années.
En effet, ‘Le plus beau métier du monde’ m’a permis de toucher la terre avec des enfants de 9 à 12 ans troublés affectifs.
Je me suis vite aperçu que mettre ces enfants en contact avec ce matériau était porteur de sens. La démarche est assez unique car elle leur permet la réalisation de sculptures en s’appropriant tout le processus d’élaboration dans toute son entièreté. Ils ont l’opportunité de vivre chaque étape de la réalisation de leurs œuvres : du pain de terre, au tour de potier, en passant par les techniques de cuissons et l’émaillage.
Il en résulte pour ces enfants blessés par la vie, une image d’eux mêmes chargée de respect mais surtout une reconnaissance. (...) Je travaille surtout en autodidacte. (...)
Ma démarche est en avant tout instinctive et sensitive.
Primitive dans ce qu’elle a d’aléatoire.
Mes pièces se construisent d’elles mêmes au départ d’une inspiration.
Il y a rarement un avant projet.
Je laisse le champ libre à cette merveilleuse sensation qu’est l’harmonie des sens.
Je me complais dans les formes rondes, moules du sein nourricier.
Souvent, le feu les fait vivre, idée même de la chaleur protectrice, porteuse de vie.
La lumière, ouvreuse de rêves, les sortant de leur statique posture.
Le rouge leur donne cette force brutale des maux cachés, du mal à moi.
Mais aussi le noir et le blanc, éternels ennemis, chaos de nos émotions, mais tellement complices, jouant de cette union déchirée pour se révéler simplement beau.
Et puis de cette forme ronde et douce surgit parfois le vit souverain, complice et indissociable de la matrice mère, donneuse de vie.
La boule, c 'est une certaine idée de l'infini, du mouvement perpétuel, de l'harmonie des sens. C'est le confort du réconfort.
Verticalité instable, jeu d'équilibre car reflet de notre combat à rester maître de notre vie.
Empilées comme le sont nos émotions, petites et grosses, composantes de notre moi, ces boules jaillissent de la mère terre".
Un petit tour de jardin pour remettre les pieds sur terre, et méditer sur ces paroles fortes puis retour sur ma terrasse
Ma lecture se devait d'être en phase avec ces instants si riches et si précieux. C'est un recueil de poèmes que j'ouvre au hasard et si j'en doutais encore, je sais maintenant qu'il n'existe pas... "Maître Chian, du mont du paravent du sud, est maître dans l'art du thé. Il dit que ce qu'on possède dans le cœur et exprime dans les mains ne peut être transmis par la parole". 
Je l'accompagne d'un "vieux" Yamato Kabuse Sencha griffé Théôdor, c'est la première fois que je l'infuse à froid, et je suis impressionnée par la douceur subtile et sucrée qui se dégage du verre, à l'image du coup de fil de ce matin... Il ira très bien avec ces autres petites gâteries, des biscuits miso ramenés dimanche soir de la rue Bosquet... Retour en arrière.
Je laisse Sonia garer sa voiture pendant que je me précipite d'abord devant cet autre lieu de perdition, la librairie Nias, qui fut une de mes autres passions passée à présent, j'ai collectionné les stylos au temps où j'écrivais encore à la main! Cette jolie devanture me fait penser à mon petit Dragon d'eau qui viendra plus que probablement cet été, il faudra que je pense à son mobilier de jardin... Mais je m'égare et j'ai soif, je ne suis pas la seule ! Nous sommes d'abord allées rue Marché au Charbon où Sonia devait récupérer un colis, quel cauchemar, il faut être folles pour quitter nos campagnes et atterrir dans cette ville grouillante de monde, bruyante et polluée...
Sauf si on a une bonne raison !
Plus une place au bar, nous attendons donc au "salon" en feuilletant la carte. Et là, je tombe en arrêt devant les thés de Corée, en particulier ce Sparrow's tongue qui me ramène immédiatement au souvenir de la première fois que j'ai découvert et ce lieu, et ce thé: http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2012/05/un-fabuleux-dimanche-passe-bruxelles.html . Je ne suis pas en terre inconnue, je croise Monsieur et madame Cha-Hû-Thé chez qui je débarquerai samedi à Waterloo si tout va bien ; ils sont sur le départ, et nous donneront bientôt leur place. J'ai aussi hâte de rencontrer Sugi qui laisse tant de gentils commentaires sur ce blog.
Une fois installées, Sonia choisit le thé noir coréen et je me rabats sur le Nokcha, le Sparrow's tongue n'est pas encore arrivé, il faudra donc que je revienne !
Joie de faire la connaissance de Sugi et son sourire lumineux qui en dit plus que n'importe quels mots. Ce qui est magique dans ces rencontres autour du thé, c'est qu'il n'y a pas ce temps d'apprivoisement nécessaire avant d'approfondir (ou pas) une relation naissante, le contact s'établit immédiatement et on sent tout de suite que cela n'a rien à voir avec des mondanités.
Tandis que nous échangeons, Eric nous prépare
ces nectars qui nous font déjà saliver.
J'admire ce fabuleux Bai Mu Dan servi à Sugi.
Ravie aussi de rencontrer un autre sourire rayonnant, celui de Brigitte qui a abandonné un moment son engin pour se poser ici (= message codé). Et que cette petite coupe est belle et met si bien en valeur le breuvage qui s'y trouve.
Ici aussi il y a un livre d'or,
que Sonia complète avec application. Nous avons toutes les deux emmené un souvenir...
Sugi et moi n'avons pas partagé que sur le thé, elle a eu la gentillesse de m'envoyer ses photos, mon appareil, sans doute fatigué depuis ce matin, n'a plus de batterie, toutes celles qui suivent sont son œuvre.
Elles rendent très bien l'atmosphère de sérénité et de calme qui règne dans ce lieu si spécial.
Et que dire de ces objets
choisis avec soin pour magnifier les Feuilles !
Adeline et Eric nous offrent ici une belle parenthèse qui laisse des traces pour longtemps, c'est l'Esprit du Thé... MERCI pour cela. 
A côté du thé et pour l'accompagner, nous avons le choix : petit cake au matcha,
sublime crème au Hojicha,
une vraie tuerie, n'est-ce pas Sonia...
Et bien sûr ces petits biscuits miso dont il ne reste déjà rien, je ne suis pas seule ici ! C'est un peu fatiguées mais heureuses que nous quittons Bruxelles. Le week-end a été superlatif, le lundi l'est aussi. Après les émotions du matin, il y a celles de l'après-midi.
Direction Bruxelles et la Place Flagey, ma belle-fille Nathalie me fait le cadeau de m'inviter à l'avant-dernière journée des demis-finales du concours Reine Élisabeth consacré cette année au chant. Un petit mot d'abord sur cet immeuble improbable que j'ai toujours admiré pour son architecture si atypique qu'il fut surnommé le paquebot et dont les moins de 20 ans ... et quelques mois ne connaissent sans doute pas la première affectation. Il date des années 30 et fut le siège du prestigieux et défunt INR (Institut National de la Radio). A l'abandon depuis les années 70 je crois, il a été sauvé à la fin du siècle dernier pour devenir ce haut lieu de culture reconnu pour ses qualités acoustiques impressionnantes.
Installées au premier rang, nous avons côtoyé Mozart, Mahler, Bizet, Pergolese,Smetana, Strauss et bien d'autres encore revisités par 4 interprètes féminines. C'est un concours bien sûr, ce qui peut parfois et même presque toujours provoquer des polémiques même si le jury est composé de personnes très compétentes ; ici par exemple et pour n'en citer qu'un : José Van Damme. Je pense qu'il faut mettre en cause le système de cotation. Les premiers qui se produisent sont désavantagés évidemment, le jury doit ici éliminer 12 candidats sur les 24 restants, et une fois la prestation terminée les notes sont définitives. En tant qu'ancienne professeure, je sais trop bien les limites des cotations... Cela dit, j'aurais aimé voir les critères de sélection, j'ose espérer qu'il n'y a pas que la prouesse technique qui est prise en compte, je préfère une interprétation pas tout à fait 100% mais dont l'interprète chante avec ses tripes et son âme. Je me suis aussi demandée si la tenue vestimentaire était prise en compte, pas par goût de la mode bien sûr mais en fonction des morceaux choisis, chanter des lieder de Mahler avec une tenue rococo baroque clinquante m'a choquée. Bref, malgré ces petites remarques j'ai passé une après-midi excellente et j'ai eu un vrai coup de cœur pour une candidate que j'espère voir en demi-finale. Encore merci Nathalie pour ce beau cadeau, ce matin, Xavier m'a dit que nous étions passées à la télé... Je crois que les jours suivants, je mettrai ce blog en veilleuse, il fait trop beau pour "travailler" mais pas pour boire du thé évidemment ! A bientôt donc.

3 commentaires:

sugi a dit…

Bonjour Francine :)
Ha quel bel article, merci pour ce partage et je suis vraiment contente de cette rencontre ^_-
Ca me fait drôle d'avoir ma trombone sur ton blog lol

A tout bientôt

Sugi

Francine a dit…

@ Sugi: merci et no comment pour "la trombone" lol. Bonne fin de soirée, bons thés et à très vite

sugi a dit…

Arf j'avais pas vuuuuuuu lol
Ma trombine (et encore pas sur de l'orthographe) évidement lol