Il
a plu cette nuit, les plantes en avaient bien besoin après une
semaine très ensoleillée et chaude.
Comme hier à l'entrée de Waterloo où les cerisiers en fleurs explosent face à ce ciel bleu profond. Et ce samedi matin, le ciel n'a pas encore fini d'arroser la terre. Je ne suis donc pas sortie pour cueillir des fleurs, ce kakémono – cadeau de Staf - les remplacera, souvenir d'une belle rencontre et d'émotions intenses: http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2014/08/a-propos-du-koicha-et-de-moments.html, je n'ai pas choisi cela au hasard. D'abord, j'essaie de me concentrer en fixant l'intérieur de ce chawan auquel je tiens tant, l'espace d'un instant, j'ai vu se refléter dans l'eau le doux visage de Chantal, ma généreuse donatrice. La mousse de jade brillante enchante mes papilles, j'en ai des frissons. Bien sûr, l'effet n'est pas nouveau, loin de là, ce qui l'est c'est que je suis ENFIN parvenue ce matin à le réussir et à me décentrer de ce qui m'en empêchait... Lui ! Déjà au moment où il est paru, je l'avais laissé après 20 pages, choquée par son contenu, je connaissais pourtant la fin tragique de Sen No Rikyu. Cette fois-ci j'ai décidé d'aller jusqu'au bout mais ce que j'y ai découvert m'a hantée et j'ai retrouvé ce profond malaise que j'avais et que je ressens toujours apparemment à propos de ce pays qui me fascine et me révulse à la fois. Me fascine par le raffinement dans tout : la peinture, les jardins, les objets ; j'ai vécu ma plus grande émotion esthétique au Musée Cernuschi en voyant l'exposition des chawan. Alors que je n'ai touché aucun de ces bols, j'avais l'impression qu'ils étaient vivants que je sentais l'âme de l'artiste et que j'allais voir travailler ses mains... Comme tous les objets faits à la main ils sont uniques, l'artiste a pris du temps et y a mis son âme, c'est un temps de vie, pour lui ne compte plus que la réalisation de l'objet, c'est cela sans doute qui m'a tellement émue. Me révulse par le raffinement dans la cruauté, comme ce châtiment infligé à ce Maître de thé dont on parle encore aujourd'hui. Je veux terminer ce livre ce week-end, mettre à distance ce qui encombre mon esprit et ne retenir que ce qui m'a touchée. Un travail de deuil en quelque sorte. Pas tout de suite, je veux me libérer l'esprit pour pouvoir accueillir mon invitée du jour.
Comme hier à l'entrée de Waterloo où les cerisiers en fleurs explosent face à ce ciel bleu profond. Et ce samedi matin, le ciel n'a pas encore fini d'arroser la terre. Je ne suis donc pas sortie pour cueillir des fleurs, ce kakémono – cadeau de Staf - les remplacera, souvenir d'une belle rencontre et d'émotions intenses: http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2014/08/a-propos-du-koicha-et-de-moments.html, je n'ai pas choisi cela au hasard. D'abord, j'essaie de me concentrer en fixant l'intérieur de ce chawan auquel je tiens tant, l'espace d'un instant, j'ai vu se refléter dans l'eau le doux visage de Chantal, ma généreuse donatrice. La mousse de jade brillante enchante mes papilles, j'en ai des frissons. Bien sûr, l'effet n'est pas nouveau, loin de là, ce qui l'est c'est que je suis ENFIN parvenue ce matin à le réussir et à me décentrer de ce qui m'en empêchait... Lui ! Déjà au moment où il est paru, je l'avais laissé après 20 pages, choquée par son contenu, je connaissais pourtant la fin tragique de Sen No Rikyu. Cette fois-ci j'ai décidé d'aller jusqu'au bout mais ce que j'y ai découvert m'a hantée et j'ai retrouvé ce profond malaise que j'avais et que je ressens toujours apparemment à propos de ce pays qui me fascine et me révulse à la fois. Me fascine par le raffinement dans tout : la peinture, les jardins, les objets ; j'ai vécu ma plus grande émotion esthétique au Musée Cernuschi en voyant l'exposition des chawan. Alors que je n'ai touché aucun de ces bols, j'avais l'impression qu'ils étaient vivants que je sentais l'âme de l'artiste et que j'allais voir travailler ses mains... Comme tous les objets faits à la main ils sont uniques, l'artiste a pris du temps et y a mis son âme, c'est un temps de vie, pour lui ne compte plus que la réalisation de l'objet, c'est cela sans doute qui m'a tellement émue. Me révulse par le raffinement dans la cruauté, comme ce châtiment infligé à ce Maître de thé dont on parle encore aujourd'hui. Je veux terminer ce livre ce week-end, mettre à distance ce qui encombre mon esprit et ne retenir que ce qui m'a touchée. Un travail de deuil en quelque sorte. Pas tout de suite, je veux me libérer l'esprit pour pouvoir accueillir mon invitée du jour.
Choix des Feuilles,
de la musique
et des ustensiles. En grande théière, comment va
se comporter ce Jungpana
que j'ai tant aimé "à la manière Timothée" :
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/04/j-comme-jungpana-douce-jeune-fille-et.html.
C'est incroyable comme un mauvais souvenir reste incrusté dans la
mémoire : en portant la tasse à mes lèvres, je redoute un peu
d'y goûter. C'est idiot, aucune mauvaise astringence mais au
contraire une saveur printanière douce avec des notes de raisins
blancs (au contact de mon palais...) non perçues lors de l'infusion
en petite théière. Et une très belle harmonie avec les Suites
anglaises de Bach. Le clavecin dans les oreilles, le parfum dans les
narines et les saveurs dans les papilles, plaisir des sens. Je bois
lentement, savourant chaque gorgée en pensant à la nature généreuse
et à cette chaîne humaine qui me procure ces émotions fortes et pas que
gustatives. La théière est vide, la musique s'est arrêtée mais je
ne suis pas encore rassasiée. Le deuxième CD est installé mais au moment
de reprendre le sachet de thé, une idée sans doute folle me
traverse : que donnerait un deuxième passage sur ces belles qui
ne sont pas encore toutes épanouies. Aussitôt pensé, aussitôt
fait et si l'idée est à ce point saugrenue, l'eau colorée servira
à arroser les pensées jaunes et bleues de ma jardinière.
Et
là, la bonne surprise : je retrouve les saveurs douces et
sucrées et seulement légèrement atténuées ! Un ajout, une
légère astringence comme j'aime et une absence, plus de notes de raisin, je suis
impressionnée !
Elles ont droit maintenant à commencer
leur autre vie, bercer mes rêves... La sonnette vient de retentir,
c'est ma filleule adorée, bonheur de la revoir, cela faisait
longtemps. Mon mari nous invite dans son restaurant favori, cela me
permettra d'en profiter pleinement.
Magnifiques moments, quand
Xavier et elle se revoient, c'est l'ambiance assurée ! Et
difficile d'en placer une ! Ce selfie est son œuvre, je n'ai même pas pensé à faire des photos. Malheureusement le temps passe trop
vite, elle n'a pas le temps de partager un thé, elle travaille !
Admiration, ma Puce mais c'est
vraiment trop court...
Pour me consoler, je continue la lecture
de ce livre surprenant.
Le Soba
cha parfume
agréablement la pièce et sa saveur de noisette caresse mon palais.
Il parait que ces petites graines infusées permettent de lutter
contre le stress, c'est donc sereine que j'entame le chapitre XVII:
Le
salon de thé en or.
Déjà le titre ne m'inspire pas, commandé par le bourreau de Sen No
Rikyu il est loin de l'esprit du wabi-cha... Par contre j'ai dévoré
le chapitre suivant et l'ai même relu, il relate la rencontre entre
Rikyu (qui s'appelle encore Sôeki) et de Chôjirô, le célèbre
tuilier dont j'avais déjà entendu parler lors d'une belle rencontre
en été:
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2014/07/retour-au-japon.html.
Ces deux passionnés hantés par la perfection de leur art respectif
devaient se rencontrer, il en est sorti les raku : "pièces
vivantes à l'âme sereine et profonde."
Voilà
l'origine de l'émotion esthétique intense que j'ai ressentie en
voyant ces objets inanimés au Musée Cernuschi. Je referme le livre ici,
c'est ce Japon-là qui me fascine, l'auteur nous fait vivre ici
l'intensité de cette rencontre, comme si nous y étions. Je revis
également d'autres moments hors du temps: à la fin de la cérémonie
du koïcha, nous sommes invités à admirer les objets utilisés:
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2014/08/a-propos-du-koicha-et-de-moments.html, j'ai ressenti la même émotion.
J'ai passé la soirée à me remémorer d'autres instants magiques
liés à cette Voie du Thé que j'essaie de suivre en toute humilité.
Ce dimanche matin, le ciel est comme hier et il bruine,
les plantes encore fragiles ne risquent pas de rompre sous les coups
d'une pluie plus forte. Je veux achever la lecture de ce livre qui
provoque en moi tant de sentiments contradictoires. Mais avant cela,
méditation et thé.
Elixir
de jeunesse éternelle dont
j'ai déjà parlé ici entre autres :
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/06/a-propos-dun-pomelo-et-dun-elixir-de.html
infusé dans ces ustensiles chers à mon cœur. Et comme chaque
fois, même si je suis seule physiquement dans mon cocon, chaque
gorgée m'évoque de belles rencontres, des visages, des partages si
riches.
Après la méditation, un peu de lecture-sagesse. Et un
autre bol symbolique...
Il y a de quoi méditer sur ces phrases
qui me parlent.
Les superbes illustrations donnent un plus à
ces textes pas toujours très compréhensibles. Après
le diner, retour dans mon cocon pour achever Le
secret du Maître de thé.
Qu'il est beau et triste à la fois le secret de Sen No Rikyu, j'en
parlerai dans un autre billet. Fin de ce dernier week-end d'avril,
pluvieux dehors, si beau dedans...
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