Depuis
lundi, je connais le nom exact de la douleur persistante à
l'épaule : déchirure du tendon + tandinite avec comme
traitement Kiné, anti douleur et patience... comme chacun sait, ce
n'est pas ma qualité dominante mais il faut que je l'exerce si je
veux en être débarrassée au plus vite. Vu le temps, toute cette
semaine je me suis retranchée dans mon univers avec pour compagnes
la lecture et la musique. Et les Feuilles ! Jeudi, j'ai eu le
bonheur de la visite de mon amie Fanou avec qui j'ai savouré un
exceptionnel Baozhong, moments chaleureux et intimes. Comme
chaque fois avec elle, j'en redemande , ils s'étaient faits
tellement rares ces derniers temps... Ce week-end sera donc calme et
réparateur. Ce samedi matin, opération courses (merci ma Puce de
m'avoir si bien aidée, je te revaudrai ça = message codé). Entre
autres passage à la librairie pour retirer ma commande. Pour le
reste du temps, ce sera retraite dans mon cocon.

Dehors le vent
se déchaîne, les arbres dansent, les branches s'en donnent à cœur
joie mais certaines, trop fragiles ou en fin de vie, ne résistent
pas.

Au programme, la lecture de ces livres tellement attendus !
A commencer par Ecoute l'arbre et la feuille de
David G. Haskell. Accompagné évidemment d'un thé assorti à la
couleur des feuilles de couverture, vert, bio et vietnamien.
Déjà en lisant la quatrième de couverture, je suis en phase avec
l'auteur, il y a quelques minutes sur ma terrasse j'ai joui de tous
ces sons que le vent imprime aux arbres, et quand il pleut, c'est
encore une autre musique ! Et le nom de Sylvain Tesson m'évoque
un autre livre qui m'avait fascinée : Dans les forêts de
Sibérie. Déjà MERCI chère Kris, c'est grâce à toi que
je l'ai dans les mains aujourd'hui, je sais qu'il va
m'enthousiasmer ! Après avoir humé et caressé sensuellement
cette brique de 478 pages, tout encore imprégnée de l'odeur de
l'encre et du papier, j'ai hâte de découvrir son contenu, résumé
en sous-titre sur la page de couverture : Les arbres
racontent une histoire millénaire. Si nous savions les entendre...
Le livre est divisé en trois parties précédées d'une
préface qui résume le contenu de chaque chapitre : "Chaque
chapitre de ce livre est consacré au chant d'un arbre spécifique :
la réalité tangible du son,sa génèse et nos propres réactions
physiques, émotionnelles et intellectuelles. La majeure partie de ce
chant se déploie à la limite de l'audible. (...) En tous ces lieux,
les chants des arbres témoignent donc d'un univers de relations.
(...) Nous ne pouvons rester en dehors de la musique de la vie. Elle
nous a façonnés ; elle est notre nature même". Le
style est fluide, épuré, les mots eux-même résonnent déjà comme
une musique... Chacune de ces notes pénètre en moi et me vont droit
au coeur comme ce breuvage mythique pénètre mon âme Le premier
chapitre raconte l'histoire du majestueux CEIBO, le nom
donné là-bas au KAPOKIER. C'est à pas feutrés que
je pénètre dans cette petite partie de forêt amazonienne, "Près
de la rivière Tiputini, Equateur 0°38'10,2"S, 76°08'39,5"0" surtout ne rien déranger, ne pas troubler ce équilibre parfait,
mais mon coeur bat la chamade, je n'y suis jamais allée et pourtant
je suis en pays connu, auquel j'appartiens. L'ode à la pluie achève
de m'en persuader : "La pluie.Toutes les deux ou
trois heures, qui parle un langage propre à cette forêt. La pluie
amazonienne se dinstingue non seulement par le volume de ce qu'elle a
à dire (...) mais également par son vocabulaire et sa syntaxe.
(...) La pluie tombe en grosses syllabes, et ces phonèmes différent
de ceux du langage saccadé parlé par la pluie su la plupart des
autres territoires. Si nous entendons la pluie, c'est non grâce à
sa chute, silencieuse, mais par le biais des multiples traductions
fournies par les objets qu'elle rencontre. Comme tout langage,
surtout un langage qui a tant à épancher, et par l'intermédiaire
de tant d'interprètes, les bases linguistiques du ciel s'expriment
dans une exubérance de formes : martèlement strident d'une
averse sur des toits de tôle ; clapotis sirupeux sur les ailes
de centaines de chauves-souris, chaque goutte explosant en
goutelettes qui retombent dans la rivière sous leur vol rasant ;
nuages d'épais brouillard suspendus à la cime des arbres,mouillant
les feuilles sans qu'il en tombe une seule goutte – le son d'un
pinceau encré sur une page". Je m'imprègne avec
volupté de cette atmosphère si particulière comme une assoiffée
après la traversée d'un lieu dévasté par un tremblement de terre.
L'auteur continue de parler de cette pluie, cette eau bienfaitrice et
sa musique et des barrages inventés par l'homme qui le rend sourd à
son chant. Plus je chemine avec ce poète à l'observation si affutée
traduite sur cette partition musicale, plus je me sens en phase avec
ce milieu jusqu'au moment où, l'ayant vécu dans sa chair, il en
constate l'hostilité comme autant de fausses notes.

J'ai besoin
d'une pause pour digérer ce que je viens de lire : sur ma
terrasse, le vent souffle de plus en plus fort et le ciel commence à
s'assombrir. La forêt amazonienne ne ressemble donc pas à un
paradis, la mienne bien ! Depuis le début de ma lecture, elle
est en filigrane, cette inqualifiable, indicible Vallée de Mai
sur l'île de Praslin aux Seychelles.
Après avoir croqué
cette gâterie thaïlandaise et découvert cette phrase à laquelle
j'adhère évidemment, je vais rechercher mes nombreux albums photos pour me
replonger dans ce lieu découvert au siècle passé mais qui reste
présent en moi comme si j'en revenais…
La première fois que
j'y ai pénétré, j'ai eu la sensation physique que je retrouvais ma
première demeure ! Quand j'ai retrouvé l'usage de la parole,
j'ai dit à mon mari que j'étais certaine d'être née là dans une
autre vie, d'y avoir vécu, je le crois toujours fermement !
Tout était surdimensionné, la lumière à certains endroits ne
pénétrait pas tant l'enchevêtrement de ces géants cachaient le
ciel. J'étais fascinée par la beauté démesurée de cette nature
sauvage mais si protectrice. Mon mari qui mesure pourtant plus d'1M80
avait l'air petit adossé à ces véritables piliers. Chaque fois que
nous sommes retournés dans ces îles paradisiaques, c'était notre
première étape. A côté des craquements provoqués par le vent,
des cris d'oiseaux et au loin le bruit contenu d'une cascade nous
offrait un concert unique. Mais ici aucun animal dangereux, nous ne
risquions rien. Un jour cependant le vent s'est mis à souffler plus
fort et il a commencer à pleuvoir, de ces pluies tropicales
violentes qui ne durent pas, les craquements se sont faits plus forts
et mon mari voulait qu'on sorte très vite, ce qu'il a fait moi pas,
j'ai seulement mis mon K-way. C'est dire que l'extrait qui suit me
parle : "Tout ce que l'homme a inventé pour se
protéger de l'eau est inefficace et rend l'ouïe confuse. Les
imperméables repoussent certes les gouttes mais leur plastique rend
la chaleur tropicale encore plus accablante et on mijote vite dans sa
sueur". C'est dans cette forêt que poussent les
palmiers géants endémiques qui donnent les fameux cocos de mer…
Le ciel s'est éclairci à nouveau, j'ai besoin d'aller prendre
un bain de forêt et enlacer mes arbres, shinrin-yoku ,
ce qui ne manquera pas d'apaiser le maehlström d'émotions fortes
qui m'habitent à la lecture de ce livre et aux souvenirs éblouis
qui l'ont fait ressurgir... Chère Kris, encore une fois MERCI mais
je ne pense pas avoir été une Waorani dans une autre vie, leur
forêt pour grandiose qu'elle soit est aussi hostile, je te cite :
Chère Francine, j'ai très souvent pensé à toi en lisant ce
livre, "Écoute l'arbre et la feuille", dans lequel il n'y
a pas de thé, pas plus que dans les Tea Tools d'Agnes, qui ne
produisent que des infusions. Tu devais être une Waorani dans une de
tes vies. Bonne lecture! Par contre, je le confirme, je suis
née et j'ai vécu dans cette vallée de Mai ! Après le
souper, changement radical de registre, je vais passer la soirée
avec Et la mort elle-même ne peut rien contre moi un
livre écrit par Robert Wauthy, un ancien collègue professeur de
français. Je ne savais rien de ce livre mais le titre m'intriguait,
il m'a fait penser à un de mes auteurs préférés, Jean d'Ormesson
et à son dernier ouvrage posthume, Un hosanna sans fin qui
est toujours sur ma table de chevet.
La quatrième de couverture
m'a d'abord laissée sans voix, un polar ! Mais connaissant un
peu l'auteur, je sens que l'intrigue ne se laissera pas dénouer si
facilement, hâte de découvrir cela !
Avant cela, créer
l'ambiance et choisir un thé de lecture, il sera noir ce sera
Scandale, un Pu Er parfumé à la cannelle. J'y ai
passé une bonne partie de la nuit, autant la télé est pour moi un
puissant somnifère naturel, autant la lecture... J'aurais tant de
choses à dire déjà, à commencer par un choc dès la première
page, un mot de vocabulaire qui m'est totalemnt inconnu, mais ce sera
une autre histoire... Ce dimanche, horaire décalé donc, j'ai été
réveillée en sursaut vers 11 heures par un bruit violent venu de ma
terrasse, une bourrasque de vent a renversé une chaise pourtant très
lourde. Le spectacle de cette Nature déchaînée m'a enchantée,
Fille du vent et de la tempête, je ne peux qu'être comblée. Cela
m'a rappelé la tempête de la fin du siècle passé, j'étais allée
dehors, portée par le vent dans le dosjusqu'au bout de la propriété
mais pour revenir... j'ai dû me mettre a quatre pattes et même
ainsi cela n'a pas été commode, mon poids aurait dû m'aider
pourtant... Mon mari, qui avait son cabinet avenue Churchill, a mis
près de 3 heures en voiture pour rentrer à la maison. Aujourd'hui,
je ne m'y risque pas d'autant que la pluie s'est mise de la partie.
Je vais rédiger la première partie de mon billet en admirant ce qui
se passe dehors, je continuerai mes lectures plus tard.