vendredi 12 octobre 2012

Réflexions autour du concept de l'indispensable

Que faire quand les activités ménagères du quotidien, indispensables paraît-il, une fois encore ne m’inspirent pas, risquent même d’influencer mon humeur ?
Entre autres, faire les courses alors que le ciel est menaçant et que le congélateur est plein.
Ce matin, j’ai la solution : m’asseoir, bien à l’abri dans mon cocon et réfléchir à ce qu’indispensable, terme ô combien ambigu, signifie pour moi… La réponse est toute trouvée, le voilà mon indispensable !
 Thé est son nom de famille, Yamato Kabuse Sencha grifféThéÔdor est un de ses multiples prénoms. Tandis que je le savoure avec lenteur et gourmandise, j’anticipe déjà le bonheur de relire pour la énième fois ce concentré de sagesse en admirant ces 4 caractères calligraphiés par Soshitsu sen lui-même. Rien que les regarder me détend, que dire alors de leur signification : Harmonie, Respect, Pureté, Tranquillité.
Après une deuxième infusion de ce nectar, je me plonge dans mon deuxième indispensable, la lecture. "Le simple geste de servir le thé et de l’accepter avec reconnaissance constitue le fondement d’une manière de vivre appelée chadô, la Voie du Thé". Même physiquement seule, je ne le suis jamais en pensée, nom et visages de ma famille du thé sont présents. Si ce livre est axé sur le Chanoyu, les enseignements peuvent s’appliquer à ces moments ritualisés dans la préparation de n’importe quel thé. "Avec un bol de thé la paix peut vraiment régner. En prenant un bol de thé, un sentiment de paisible plénitude peut être partagé et poser les fondements d’une manière de vivre". C’est un de mes plus anciens livres sur le thé, je suis très touchée aujourd’hui par les enseignements contenus dans ce livre, et pourtant quand je l’ai reçu, à la fin du siècle passé, je l’avais lu en diagonale. J’avais vécu une pénible expérience avec le chanoyu et le thé japonais que je n’avais jamais bu auparavant et j’étais alors persuadée que je n’y toucherais plus jamais. http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2008/05/mon-premier-cha-no-yu.html Et d’ailleurs si ce n’était pas un cadeau de ma chère Chantal, je l’aurais rangé dans ma bibliothèque dans l’étagère « à lire un jour »… Encore un indispensable pour moi, l’Amitié indéfectible… Et pourtant… Un moine demanda un jour à son maître : "Peu m’importe ce que la Voie me réserve, quelle est-elle ? » Le maître répondit aussitôt : "La Voie est ta vie quotidienne". Cette conception se trouve au centre même de la Voie du thé ; ses principes concernent l’existence tout entière, et non pas simplement le rôle joué dans la salle de thé". Le livre raconte la lente, rigoureuse et exigeante initiation donnée par son père à Soshitsu Sen, Grand Maître de la 15e génération de l’école de thé Urasenke. Il nous livre également ses pensées qui sont autant de sources de réflexion pour moi-même si je ne pratiquerai jamais le chanoyu. "Au centre d’une vie fondée sur l’harmonie, le respect, la pureté et la sérénité, se trouve cette paix intérieure qui résulte de l’acceptation de ses limites, et de la satisfaction que l’on découvre dans l’incomplétude. Avec cette paix, l’insatisfaction et l’angoisse disparaissent, remplacés par la maîtrise de soi et la sérénité". Si je n’y suis pas encore arrivée « à temps plein », mais depuis que le thé est entré dans ma vie, elle a changé. Il termine son livre par une dernière réflexion : "La Voie n’est jamais exclusive. Elle est ouverte à tous ceux qui veulent la suivre, mais ceux qui s’y engagent ont absolument besoin de ceux qui les ont précédés". C’est ce qu’il fait en citant son père : "Je tiens dans mes mains un bol de thé ; je vois la totalité de la nature représentée dans sa couleur verte. En fermant les yeux, je découvre les montagnes et l’eau pure au fond de mon propre cœur. Assis tout seul à boire du thé dans le silence, je sens qu’elles deviennent une part de moi-même. Quoi de plus merveilleux pour celui qui, comme moi, suit la Voie du Thé ?". Et voilà mon troisième indispensable, la Nature qui ne cesse de m’éblouir, qui me procure chaque jour des émotions fortes, comme le thé, son cérémonial et ce qu’il m’a apporté dans la connaissance de moi-même.
Une petite pause après avoir reçu les photos d’un petit Dragon d’eau, le plus beau bébé du monde évidemment. Son grand-père, Dragon lui aussi en a été très ému et m’a demandé de les voir plusieurs fois. J’ai donc choisi une infusion en rapport avec l’événement. Je m’appelle Théodore qui évoque l’enfance et les grands-mères.
Dehors, la journée a été assez chaotique mais j’ai profité d’une belle éclaircie pour profiter du jardin.
Le vent soufflait encore assez fort et les nuages blancs se déplaçaient à son rythme. Cela me rappelle à chaque fois que, petite, j’aimais déjà être au jardin par ce temps et en regardant toutes ces formes changeantes dans le ciel, j’y voyais autant d’animaux et de personnages. Retour dans mon cocon pour terminer cette journée de méditation.
Avec le Houjicha de Tamayura qui embaume le salon avant d’émerveiller mon palais. Je relis aussi certains passages de Le Pavillon de Thé, Architecture et Céramique, édité par le Musée de Mariemont. Je m’arrête surtout sur les photos des chawan… Il faut que je me renseigne pour savoir où en est le mien.
 Je sais à qui je vais téléphoner pour cela (= message codé…). Ta jolie photo va bien avec l’atmosphère sereine de cette belle journée. Je vais terminer par cette jolie phrase en hommage au travail des artistes, une longue patience : "Aussi bien derrière un simple bol que derrière une toile de maître se cachent une volonté créatrices, des choix multiples, une somme d’exercices, d’approches hasardeuses, de ratés, de reprises ou de soudaines certitudes". Daniel de Montmollin in Le jardin du potier, p.32.
Ce proverbe illustre un autre de mes indispensables, ainsi que ma passion de la transmission

2 commentaires:

Anonyme a dit…

petit coucou... j'attend ton coup de fil :-) je me renseigne. Pour la photo: récolte du jardin. Il faudra quelques éclaircies pour préparer se beau jardin pour l'hiver. Félicitation pour le" petit dragon ".
bizouille et bon thé.

Francine a dit…

Je dirais bien que je ne réponds jamais aux anonymes, mais futée comme je suis, j'en ai percé le mystère! Je t'appelle tantôt, biz et bons thés. Pour moi, ce sera un Temi...