vendredi 14 décembre 2018

On ne fait pas toujours ce que l'on veut!

Quelle aventure ! Mercredi soir, le chauffage est tombé en panne vers 22 heures puis s'en remis en marche pour retomber à nouveau et cette fois pour de bon, expression curieuse dans ce cas-ci, très inappropriée. C'est impressionnant de voir – et surtout de sentir - à quelle vitesse une maison peut se refroidir ! Notre chauffagiste, débordé, ne pouvait venir que le 21, mon mari a alors fait appel à un indépendant venu ce matin à 11 heures pour annoncer 2 "bonnes" nouvelles, le disjoncteur a disjoncté et la pompe est morte. Nous avons eu affaire à un artisan très professionnel qui a remué ciel et surtout terre pour trouver les pièces de rechange. Mon mari avait à faire en ville, au moins il a eu chaud mais moi je suis restée ici, le plus clair de mon temps sous ma couette, avec ma doudoune, un bonnet et des gants et je peux vous dire que tourner les pages d'un livre n'était pas chose aisée, je ne vous dis pas le spectacle. Bien sûr, le thé m'a un peu réchauffée mais pour cela, je devais quitter mes plumes ! Mes pensées ont été vers celles et ceux qui doivent vivre dehors, pour nous, c'est temporaire mais pour eux... Il est 21 heures, la chaudière revit et moi aussi ! 
Il y aurait plusieurs manières de fêter cela mais la seule qui me plaise vraiment est de retrouver mes rituels : créer une ambiance avec cette bougie qui crépite tandis qu'infuse un 25 décembre blanc
et une musique de circonstance un peu particulière, des airs de Noel à la flûte de pan… 
Dans cette atmosphère si calme, loin des horreurs du monde, je savoure mon bonheur même si un sentiment d'impuissance s'insinue parfois dans ces pensées heureuses... La musique s'est tue, la théière est vide et mes paupières deviennent lourdes, il est temps de passer dans le monde des rêves bleus... Ce matin, le givre a pris possession du jardin comme depuis quelques jours maintenant, il fait glacial. Mais pas dans mon cœur ! 
Mise en place de l'ambiance et rituel éphémère : aujourd'hui dans LE calendrier de l'Avent 3 petits sachets bleus qui vont très bien avec les bougies et la pochette du CD, jolie coïncidence... Quelle paix se dégage des voix si harmonieuses des moines, elles m'envoûtent littéralement. 
Dans la tasse, ce Darjeeling first flush, tout appelle à la méditation hors d'un monde trop violent mais en communion avec celles et ceux qui partagent cet amour fou pour les Feuilles ! Jour béni, comme tous les 14 (= message codé)... La matinée s'achève, 
c'est l'heure de l'apéritif, toujours le même pour le moment, un fabuleux Matcha tamisé et fouetté avec passion. 
En savourant cette Mousse de Jade à la saveur légèrement sucrée, je pense à demain... tout en étant entièrement dans l'instant, quelle acrobatie ! Mon mari a eu l'excellente idée d'aller manger en ville avec un ami, pas besoin de cuisiner donc, j'ai pour moi des restes d'hier, et cela me suffit amplement. J'en profite pour préparer 3 sortes de soupes maison pour les 3 prochains soirs, les journées étant occupées par des escapades théinées. Malheureusement, rien ne se passe comme prévu, je trouve sur mon GSM un message de la fille de mon amie : "Maman malade au fond de son lit, ne viendra pas aujourd'hui, on verra pour demain". Pour qu'elle ne m'appelle pas elle-même, c'est que ça doit être sérieux ! Ma pauvre Fabienne, quelle horreur et moi qui redoutais d'être envahie par des microbes après avoir vécu une nuit et un jour interminable sans chauffage... Je vais donc devoir décommander notre escapade de demain, mais pas encore celle de dimanche, sait-on jamais ! 
La température dehors flirte avec le 0° mais le ciel s'est coloré de bleu et le soleil fait ressortir la blancheur du tronc des bouleaux, c'est le moment d'une très brève sortie pour enlacer ce chêne majestueux et m'imprégner de sa force avant de retourner dans mon cocon, sans immortaliser cet instant, il fait vraiment trop froid, surtout avec cette petite bise sournoise. Je pensais d'abord préparer un 25 décembre noir à la mousse de chêne précisément mais un autre thé s'est imposé, mon premier amour théiné : un Dong Ding... jusqu'alors je ne buvais que des thés parfumés, j'avais bien essayé un Darjeeling que mon mari m'a ramené de Paris mais cela ne passait pas, il faut dire que mes débuts avec le thé n'avaient rien d'une histoire d'amour : http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2008/05/mon-histoire-avec-le-th-suite-mais-pas.html! Et puis la révélation, quelques années plus tard, je découvre ce thé aux feuilles immenses, très "parfumé" et pourtant nature, le coup de foudre gustatif, ce jour-là j'ai su ce que signifie l'extase du thé ! 
Je n'ose pas l'infuser en gong fu, j'ai beaucoup utilisé ma main droite pour éplucher les légumes et j'ai trop peur qu'elle me lâche, je choisis donc cette petite théière dragon. En route pour le voyage, gustatif d'abord avec ses notes de beurre, ce qui m'avait éblouie à l'époque, et puis le merveilleux souvenir de la région d'origine des parents de ma chère belle-fille. Emotion intense en y repensant, j'ai marché en tremblant dans ce jardin où pousse ce thé fabuleux, appelé Pic glacé. J'y ai rencontré une de ses tantes, cueilleuse de ces feuilles précieuses... Rencontres indicibles dont je garderai à jamais le souvenir ému. Trois théières plus tard, je pense que les belles n'ont pas tout donné mais je n'ai – très momentanément - plus soif. 
Roulées en boules serrées comme pour garder une part de mystère, les feuilles sont assez foncées pour un thé faiblement oxydé et un parfum floral. 
Après un séjour prolongé dans l'eau, elles s'épanouissent complètement en donnant dans la tasse cette belle couleur jaune soleil. Au goût, elles sont coriaces et un peu huileuses. La saveur aussi évolue, d'abord douce, beurrée puis des notes plus boisées apparaissent ainsi qu'une légère amertume. Voyons maintenant son portrait et ce qu'en dit Lydia (page 147) : "Ce célébrissime Dong Ding Wulong fait l'objet de la compétition la plus en vue sur l'île (...) au cours de laquelle plus de 5000 échantillons sont dégustés en deux semaines pour élire des 1er, 2e et 3e prix (...) et nourriront la réputation des fermiers gagnants pendant quelques décennies". Pour la préparation, Lydia préconise soit une théière en matériau lisse, soit en gong fu cha. Ce voyage au pays des saveurs, des souvenirs encore très vivaces s'achève ici. Il m'a permis de mettre de la distance face à l'imprévu, je te dédie ce billet chère Fabienne... Notre orgie de Feuilles (et du reste!) n'est que partie remise...

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