Quelle
aventure ! Mercredi soir, le chauffage est tombé en panne vers
22 heures puis s'en remis en marche pour retomber à nouveau et cette
fois pour de bon, expression curieuse dans ce cas-ci, très
inappropriée. C'est impressionnant de voir – et surtout de sentir
- à quelle vitesse une maison peut se refroidir ! Notre
chauffagiste, débordé, ne pouvait venir que le 21, mon mari a alors
fait appel à un indépendant venu ce matin à 11 heures pour
annoncer 2 "bonnes" nouvelles, le disjoncteur a
disjoncté et la pompe est morte. Nous avons eu affaire à un artisan
très professionnel qui a remué ciel et surtout terre pour trouver
les pièces de rechange. Mon mari avait à faire en ville, au moins
il a eu chaud mais moi je suis restée ici, le plus clair de mon
temps sous ma couette, avec ma doudoune, un bonnet et des gants et je
peux vous dire que tourner les pages d'un livre n'était pas chose
aisée, je ne vous dis pas le spectacle. Bien sûr, le thé m'a un
peu réchauffée mais pour cela, je devais quitter mes plumes !
Mes pensées ont été vers celles et ceux qui doivent vivre dehors,
pour nous, c'est temporaire mais pour eux... Il est 21 heures, la
chaudière revit et moi aussi !
Il y aurait plusieurs
manières de fêter cela mais la seule qui me plaise vraiment est de
retrouver mes rituels : créer une ambiance avec cette bougie
qui crépite tandis qu'infuse un 25 décembre blanc,
et
une musique de circonstance un peu particulière, des airs de Noel à
la flûte de pan…
Dans cette atmosphère si calme, loin des
horreurs du monde, je savoure mon bonheur même si un sentiment
d'impuissance s'insinue parfois dans ces pensées heureuses... La
musique s'est tue, la théière est vide et mes paupières deviennent
lourdes, il est temps de passer dans le monde des rêves bleus... Ce
matin, le givre a pris possession du jardin comme depuis quelques
jours maintenant, il fait glacial. Mais pas dans mon cœur !
Mise en place de l'ambiance et rituel éphémère : aujourd'hui dans LE
calendrier de l'Avent 3 petits sachets bleus qui vont très bien avec
les bougies et la pochette du CD, jolie coïncidence... Quelle paix se
dégage des voix si harmonieuses des moines, elles m'envoûtent
littéralement.
Dans la tasse, ce Darjeeling first flush,
tout appelle à la méditation hors d'un monde trop violent mais en
communion avec celles et ceux qui partagent cet amour fou pour les
Feuilles ! Jour béni, comme tous les 14 (= message codé)... La
matinée s'achève,
c'est l'heure de l'apéritif, toujours le
même pour le moment, un fabuleux Matcha tamisé et fouetté
avec passion.
En savourant cette Mousse de Jade à la
saveur légèrement sucrée, je pense à demain... tout en étant
entièrement dans l'instant, quelle acrobatie ! Mon mari a eu
l'excellente idée d'aller manger en ville avec un ami, pas besoin de
cuisiner donc, j'ai pour moi des restes d'hier, et cela me suffit
amplement. J'en profite pour préparer 3 sortes de soupes maison pour
les 3 prochains soirs, les journées étant occupées par des
escapades théinées. Malheureusement, rien ne se passe comme prévu,
je trouve sur mon GSM un message de la fille de mon amie : "Maman malade au fond de son lit, ne viendra pas
aujourd'hui, on verra pour demain". Pour qu'elle ne
m'appelle pas elle-même, c'est que ça doit être sérieux ! Ma
pauvre Fabienne, quelle horreur et moi qui redoutais d'être envahie
par des microbes après avoir vécu une nuit et un jour interminable
sans chauffage... Je vais donc devoir décommander notre escapade de
demain, mais pas encore celle de dimanche, sait-on jamais !
La température dehors flirte avec le 0° mais le ciel s'est coloré
de bleu et le soleil fait ressortir la blancheur du tronc des
bouleaux, c'est le moment d'une très brève sortie pour enlacer ce
chêne majestueux et m'imprégner de sa force avant de retourner dans
mon cocon, sans immortaliser cet instant, il fait vraiment trop
froid, surtout avec cette petite bise sournoise. Je pensais d'abord
préparer un 25 décembre noir à la mousse de chêne
précisément mais un autre thé s'est imposé, mon premier amour
théiné : un Dong Ding... jusqu'alors je ne buvais que
des thés parfumés, j'avais bien essayé un Darjeeling que mon mari
m'a ramené de Paris mais cela ne passait pas, il faut dire que mes
débuts avec le thé n'avaient rien d'une histoire d'amour :
http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2008/05/mon-histoire-avec-le-th-suite-mais-pas.html!
Et puis la révélation, quelques années plus tard, je découvre ce
thé aux feuilles immenses, très "parfumé" et
pourtant nature, le coup de foudre gustatif, ce jour-là j'ai su ce
que signifie l'extase du thé !
Je n'ose pas l'infuser en
gong fu, j'ai beaucoup utilisé ma main droite pour éplucher les
légumes et j'ai trop peur qu'elle me lâche, je choisis donc cette
petite théière dragon. En route pour le voyage, gustatif d'abord
avec ses notes de beurre, ce qui m'avait éblouie à l'époque, et
puis le merveilleux souvenir de la région d'origine des parents de
ma chère belle-fille. Emotion intense en y repensant, j'ai marché
en tremblant dans ce jardin où pousse ce thé fabuleux, appelé Pic
glacé. J'y ai rencontré une de ses tantes, cueilleuse de ces
feuilles précieuses... Rencontres indicibles dont je garderai à
jamais le souvenir ému. Trois théières plus tard, je pense que les
belles n'ont pas tout donné mais je n'ai – très momentanément -
plus soif.
Roulées en boules serrées comme pour garder une part
de mystère, les feuilles sont assez foncées pour un thé faiblement
oxydé et un parfum floral.
Après un séjour prolongé dans
l'eau, elles s'épanouissent complètement en donnant dans la tasse
cette belle couleur jaune soleil. Au goût, elles sont coriaces et un
peu huileuses. La saveur aussi évolue, d'abord douce, beurrée puis
des notes plus boisées apparaissent ainsi qu'une légère amertume.
Voyons maintenant son portrait et ce qu'en dit Lydia (page 147) : "Ce célébrissime Dong Ding Wulong fait l'objet de la
compétition la plus en vue sur l'île (...) au cours de laquelle
plus de 5000 échantillons sont dégustés en deux semaines pour
élire des 1er, 2e et 3e prix (...) et nourriront la réputation des
fermiers gagnants pendant quelques décennies". Pour
la préparation, Lydia préconise soit une théière en matériau
lisse, soit en gong fu cha. Ce voyage au pays des saveurs, des
souvenirs encore très vivaces s'achève ici. Il m'a permis de mettre
de la distance face à l'imprévu, je te dédie ce billet chère
Fabienne... Notre orgie de Feuilles (et du reste!) n'est que partie remise...
Faire connaissance
-
Lorsque l’on observe la feuille sèche, on apprend quelque chose du thé : sa
teneur en bourgeons, la taille et la couleur de la feuille, son degré
d’oxydati...
Il y a 6 jours
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