Après
un début de semaine pendant laquelle j'ai vu plus de blouses
blanches que la couleur des Feuilles, je vais me rattraper. En effet,
j'ai peu profité du bien-être qu'elles me procurent parce qu'en
sortant de la clinique, j'ai chaque fois l'impression d'être
imprégnée d'une odeur que je ne peux définir mais qui influe sur
ma façon de célébrer les Feuilles, en lien peut-être avec ce que
représente ce lieu où l'on guérit mais aussi où on meurt ?...
Je me suis réveillée tôt ce vendredi et déjà les oiseaux s'en
donnaient à coeur joie dehors. En pénétrant dans mon salon
bleu-thé inondé de soleil, j'ai eu envie d'un Sencha.
Tandis que chante la bouilloire, j'admire le paysage, ce contre-jour
annonce une journée splendide.
De ma terrasse, un ciel bleu
parsemé d'un troupeau de moutons blancs me donne envie d'y rester…
Mais pas sans mon breuvage que je savoure par petites gorgées en
contemplant ce qui m'entoure. Cela fait des lustres qu'inlassablement
j'observe cette Nature et c'est toujours la même émotion... Que
dire face à tant de beauté ? Rien, contempler, admirer et la
remercier ! La théière est vide, une deuxième infusion
s'impose : surprenant de se trouver au bord de la mer au milieu
de ce jardin d'Eden, les notes marines dominent dans la première
infusion, mais dans la seconde, elles sont plus douces, végétales
aussi, du gazon fraîchement coupé. Une pensée pour Kris en
savourant la dernière tasse avant de descendre pour préparer le
petit déjeuner.
Nous ne sommes pas les seuls,
le voilà
maintenant qu'il se prend pour un oiseau! Après quelques courses que
je range dans le frigo, je retire du congélateur un écrin contenant
un fabuleux nectar.
L'eau versée donne déjà des bulles avant
même que la poudre soit fouettée, bizarre…
A la façon
Urasenke: belle mousse dense?
Ou omotesenke qui préfère de
grosses bulles? (merci Cathy de m'avoir encore appris!) Un peu des
deux, je dirais mais quoi qu'il en soit, cette Mousse de jade
me mène au nirvana. Une jolie petite phrase me revient à l'esprit :
KISSA YOYO-KI, (boire un thé, c'est prolonger la vie)
... surtout au paradis ! J'y serais bien restée mais il est
temps de regagner la cuisine, je dois préparer le dîner. Je
redescends l'écrin que je place à nouveau au congélateur quand mon
mari me demande si cela ne me dérange pas qu'il aille manger dehors
avec un ami... Un plaisir de lui faire plaisir d'autant que j'ai tout
de suite une idée en tête :
L'écrin ne reste pas
longtemps en bas, la toute fine poudre de Matcha tapisse à
nouveau le chawan !
N'est-ce pas, stylisé, la carte du
pays du chrysanthème le long du bard, et toujours ces bulles. Je ne
me rappelle pas en avoir les autres fois, serait-ce parce que j'ai
mis la boîte au congélateur, est-ce un effet du choc thermique ?
A creuser.
En portant ce breuvage à mes lèvres, je repense à
un passage de L'élégance du hérisson (que j'ai lu,
relu et rerelu) que m'a envoyé mon neveu Stéphane du fond de la
Grèce :
https://la-theiere-nomade.blogspot.com/2008/11/le-th-japonais-santorin-quelle-lgance.html,
il y a 11 ans déjà mais toujours aussi émue... Comme le texte est
petit et la couleur choisie pas très appropriée, je le recopie
ici : Comme Kakuzo
Okakura, l'auteur du livre du thé, qui se désolait de la révolte
des tribus mongoles au XIIIe siècle non parce qu'elle avait entraîné
mort et désolation mais parce qu'elle avait détruit, parmi les
fruits de la culture Song, le plus précieux d'entre eux, l'art du
thé, je sais qu'il n'est pas un breuvage mineur.. Lorsqu'il devient
rituel, il constitue le cœur de l'aptitude à voir de la grandeur
dans les petites choses. Où se trouve la beauté ? Dans les grandes
choses qui, comme les autres, sont condamnées à mourir, ou bien
dans les petites qui, sans prétendre à rien, savent incruster dans
l'instant une gemme d'infini ? Le rituel du thé, cette reconduction
précise des mêmes gestes et de la même dégustation, cette
accession à des sensations simples, authentiques et raffinées,
cette licence donnée à chacun, à peu de frais, de devenir un
aristocrate du goût parce que le thé est la boisson des riches
comme elle est celle des pauvres, le rituel du thé donc, a cette
vertu extraordinaire d'introduire dans l'absurdité de nos vies une
brèche d'harmonie sereine. Oui, l'univers conspire à la vacuité,
les âmes perdues pleurent la beauté,l'insignifiance nous encercle.
Alors, buvons une tasse de thé. Le silence se fait, on entend le
vent qui souffle au dehors, les feuilles d'automne bruissent et
s'envolent, le chat dort dans une chaude lumière. Et dans chaque
gorgée, se sublime le temps". Je suis très émue,
d'abord par l'attention de mon cher neveu, mais aussi par le contenu
de ce beau texte, tout y est dit... Je me contente d'une salade pour
dîner,
Mon thé de lecture est prêt : un Dong Ding
d'automne infusé à froid, parfumé aux petites fraises bio.
Ma terrasse m'attend pour une après-midi estivale et studieuse
sauf que j'ai peur de m'assoupir, bercée par les rayons
généreux de l'Astre du jour, je me retire alors dans mon cocon
pour découvrir Le sapin baumier, Kakabeka,
nord-ouest de l'Ontario. La batterie de mon appareil
montre des signes de faiblesse, je vais donc la recharger, demain, je
serai en vadrouille... Il ne faudra pas que j'oublie de la remettre !
Ce samedi, ô mauvaise surprise, il fait tout gris et le ciel déverse
son trop-plein sur une Nature qui en a bien besoin. Je croyais mon
imper dans la voiture mais il n'y était pas et je n'avais plus le
temps de faire demi-tour pour aller le chercher, je me suis donc fait
rincer copieusement et c'est trempée que j'ai fait le voyage,
impossible de me réchauffer.
Je grelottais à un point tel qu'à
peine descendue du train, j'ai acheté un café à la première
échoppe de cette superbe gare. Ce chaud breuvage à défaut
d'exciter mes papilles m'a mis un peu de chaleur dans le corps....
La vraie chaleur, celle qui réchauffe l'âme, c'est ici que je
la trouverai. C'est tout émue que je pénètre dans ce petit coin du
pays du Soleil levant où j'aime tant me poser.
A peine
installée, un cocktail d'accueil, Sencha d'automne parfumé de
fraises fraîches. Cathy l'a infusé à froid toute la nuit au frigo.
Dans le même temps hier, je faisais presque de même ! Très
frais, doucement fruité mais vu mon état, j'ai hâte de boire du
chaud…
Ce sera un Sencha Fukamushi de Kyushu, près du
volcan Sakura, le petit biscuit, à base d'amazake surmonté d'une
noix de cajou est d'un moelleux qui fond dans la bouche. Le thé
donne des notes à la fois marines et végétales qui caresse mon
palais et me fait voyager comme chaque fois.
Il accompagnera
très bien ce repas dont la vue d'ensemble, comme une palette
colorée, excite mes papilles. Mais je commence par la soupe miso,
bien chaude avant d'observer dans les détails ce qui me fait saliver.
J'aime l'idée de ces petits raviers séparés évoquant des univers
différents qui s'harmonisent si bien et offrent un repas très
équilibré que je savourerai lentement, m'imprégnant de ces saveurs
subtiles en pensant à celui qui l'a préparé avec art et modestie,
MERCI Koji !
A commencer par cet assortiment de légumes
cuits à la vapeur, un cube d'omelette japonaise et des haricots de
soja et algues hijiki.
Assortiments de salades vertes variées
pas du tout sorties de sachets, graines germées, jets de soja, radis
et tatami de saumon que je prends le temps de mâcher, j'aime le
croquant des légumes qui contraste avec la douceur du saumon.
5 commentaires:
Encore une sortie de rêve ;-) Et j ai eu l impression d être présente « L étang bleu des grenouilles heureuses »:-)
Bon rétablissement bizouille
Bonjour Francine
Oh j'espère qu'entre temps tu vas mieux ? Aujourd'hui les grenouilles doivent bien croasser, vu le temps dehors, j'avais aussi besoin de me réchauffer avec un thé que tu connais bien ;) Phongsaly Puerh :)
Bon rétablissement
Grosse bise
Ps: la mousse du dernier matcha : belle !!
@ A ma grenouille préférée: Figure-toi que la première fois que je les ai vues, c'est à toi que j'ai pensé
@ Cathy: Ici, il fait froid, venteux et pluvieux et je ne peux même pas me consoler avec un thé de circonstance
@ Vous deux: Toujours dans le même état, Xavier voulait faire venir le médecin parce que je ne tousse pas, j'aboie et je n'ai quasi plus de voix mais j'ai refusé, envie de voir personne dans cet état, je ne peux même pas lire ni écouter de la musique, j'ai mal à la tête. Vos gentils messages m'ont fait du bien par contre, bons thés, bisous et à très vite!
Mich.: j'avais le projet de venir à Namur samedi mais je crois que c'est compromis, snif, snif!
Tu ne pouvais pas lire non plus? Pauvres nous! Je souhaite que tu reprennes goût à tout, thés, musique et lecture. Avec mes plus affectueuses pensées K
@ Kris: HEUREUSE de te revoir ici après ces +/-15 jours d'abstinence forcée! Justement aujourd'hui, j'ai à nouveau pu boire notre boisson préférée et bien sûr je l'ai bue pour deux… Bonne journée, bons thés, bonnes lectures!
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