jeudi 18 mars 2010

Encore des moments de partage très forts

Mardi, à l’heure du goûter retrouvailles chez Cha Yuan. Tandis que nous savourions le liquide comme le solide, Sanmao nous parlait de Longjing, nous étions comblées, évidemment comme chaque fois. Après avoir fait la fermeture chez Cha Yuan, nous sommes allées dans un resto japonais pour nous mettre dans l’ambiance de la journée phare de demain. Pour Framboise qui a vécu là-bas, ce n’était pas vraiment cela, mais pour moi qui suis très peu férue de cette cuisine, j’ai apprécié, il faut dire qu’on mange ici d’abord avec les yeux. Puis retour à la campagne où mon mari nous attendait avec … le dessert : table dressée, inutile de discuter ! J’ai servi pour accompagner ce moelleux au chocolat un Dong Ding, tout aussi moelleux. Après un petit-déjeuner copieux, mon mari une fois encore avait fait grand (pistolets, couques, et petits œufs de Pâques), nous quittons la campagne flamande, direction Andenne et son musée de la céramique. Et plus exactement cette exposition-ci, que va-t-on découvrir ? Dès l’entrée, nous sommes dans l’ambiance, j’ai aimé cette lumière tamisée.Elle convient très bien à cet espace destiné au Chanoyu. J’ai hâte de découvrir cette exposition, je me rappelle l’émotion ressentie au musée Cernuschi, il y a quelques années déjà, alors qu’à l’époque je ne buvais pas encore de thé japonais. "(…) A la fois mystérieux, complexes, changeants, décoratifs, ils sont également fonctionnels et sobres. (…)" Non seulement j’avais des informations ici, mais elles étaient complétées par celles de Framboise qui a séjourné là-bas, et qui en a vu bien d’autres, une guide pour moi toute seule, le rêve! Nous avons quasi instantanément flashé sur ce bol-ci, et pour ce qui me concerne pas pour la couleur d’abord (eh oui) mais pour la forme, Framboise m’a appris le nom de ce pied particulier mais je n’avais rien pour écrire et je ne l’ai pas retenu, je le rechercherai ; j’ai été vraiment très émue par cette forme inhabituelle et à la fois la force et la grâce qui se dégage de l’œuvre de Azuta Mochizuki. Dans le guide du visiteur, qui parle brièvement de chaque artiste exposé, Azuta Mochizuki parle de son art : "Pour moi, créer les Chawan, c’est comme la méditation. Les voir grandir, se développer antre mes mains, m’inspire une tranquillité incroyable." Ce n’est qu’après que la couleur bleue m’a parlé, elle ressemble à celle de mon chawan… Nous passons d’une vitrine à l’autre, et des tas de questions m’envahissent, sur la création, sur la durée de fabrication, combien sont "ratés" avant d’arriver à ce résultat impressionnant? Pourquoi j’en aime certains et pas d’autres ? Ceux-ci immédiatement m’ont touchée. Ils se sont imposés à moi, pourquoi ? Et particulièrement celui-ci, engouement partagé aussi par Framboise.Et puis aussi pourquoi je n’ai pas aimé ceux-là d’abord, pour changer d’avis un peu plus tard, bizarre. Et pourquoi d’autres ne m’ont pas touchée du tout ? Je suppose que si je connaissais plus les techniques employées, je comprendrais mieux. Les boîtes aussi sont superbes. Un contenant raffiné à l’image de son contenu, un de ces chawan que nous venons d’admirer dans ces 2 petites pièces contenant de telles grandes œuvres. Mais ce n’est pas le jour du printemps qu’ils retrouveront leurs maisons, l’exposition est prolongée jusqu’au 18 avril, alors allez-y, vous découvrirez les oeuvres de ces artistes talentueux, dont pas mal de Belges, et pas des moindres. Je n'ai pu mettre ici toutes lesphotos que j'ai prises. De plus, c’est très facile à trouver, et il n’y a aucun problème de parking. Et le musée renferme aussi d’autres curiosités. Comme ces biberons qui nous ont laissées assez perplexes… Le soleil et ces vieux crocus tout décolorés nous attendaient à la maison. Et mon mari, et son goûter. Merci à toi, chère Framboise pour ces moments si riches, si vrais.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

tu es entourée de gens très sympathiques dont la 1ère palme - si j'peux m'permettre - revient à ton mari dont je suis le 1er fan - ! -

amitiés

Francine a dit…

Merci pour cette déclaration! J'étais MDR (comme disent les jeunes) en la lisant, je transmettrai à qui de droit, bonne journée à toi!

cathy a dit…

Merci de me donner l'occasion de voir l'expo car j'en parle à beaucoup de monde et moi même je ne pourrais pas y aller !! Mais de ce biais c'est presque comme si j'y était allée.
Soigne toi bien et courrage...

Francine a dit…

Merci chère Cathy, si tu le souhaites, je peux rajouter quelques photos.

Framboise a dit…

Quel bonheur de retrouver entre tes lignes les images de l'exposition sur les CHAWAN.

Ces bols à thé composent un univers exceptionnel... simple et pourtant tellement complexe.

On parle de raku pour désigner la poterie confectionnée par ex. pour la cérémonie du thé. C'est un mode de cuisson, lente et à basse température.

La céramique raku est née à Kyoto, conçue par le potier Sasaki Chôjirô.
Chôjirô dont le père fabriquait des tuiles aurait tenu de celui-ci la technique de la terre cuite à glaçures colorées, technique qu'il va utiliser pour fabriquer de petites pièces.
Il obtiendra (ou un de ses descendants) le privilège d'utiliser un sceau en or portant le caractère "raku" (bonheur).
Tous les potiers descendants de Chôjirô et perpétuant le procédé sont autorisés à porter le nom de famille Raku et à signer leurs céramiques avec un tel cachet.

La dégustation du thé, très influencée par le Zen, s'accordait parfaitement à la beauté "brute" et simple des céramiques.
Les moines du Zen commencèrent à boire du matcha (poudre de thé vert) pour se maintenir éveillés lors des méditations, et comme aliment.
A partir du XVIè, les rites de la cérémonie du thé atteignent leur apogée et Sen-no-Rikyû introduit une nouvelle dimension dans cette cérémonie : l'élévation par la beauté.

A l'époque, l'élément principal de la cérémonie était le pot à poudre de thé, cha-ire.
Ce n'est qu'assez récemment que le bol, chawan, est devenu l'objet le plus important de la cérémonie du thé. Il est le lien entre l'hôte et l'invité et passe ainsi de l'un à l'autre, au contraire du cha-ire qui ne peut être tenu dans les mains de l'invité (à sa demande expresse) qu'une fois la cérémonie achevée !

Le mot qui désigne le pied (ou la base) du bol est "kodai".
Ce pied est très important et est examiné avec soin. Ainsi après la cérémonie du thé, l'invité retournera le bol pour en examiner le pied. Il pourra alors constater la qualité de l'argile (s'il est connaisseur) car c'est souvent le seul endroit où l'argile est visible. Certains amateurs éclairés sauront même indiquer la provenance de cette argile.
Chaque forme de pied porte un nom : kajiri désigne une forme de coquillage en spirale, mikazuki un croissant de lune, takenofushi un noeud de bambou...
Le pied indique aussi l'habilité du potier, son expérience, son sens artistique, sa sensibilité.

Quand on examine un chawan, on fait ce que nous avons fait toutes les deux : on regarde sa forme, sa couleur, son style.
Les japonais vont plus loin que nous : ils regardent un "paysage" (keshiki), c'est-à-dire les coulures de la glaçure, la couleur de l'argile, les mille et une traces laissées au hasard de la cuisson de la pièce... Là encore, chaque keshiki porte un nom.

Il faudrait aussi parler des bords du bol, kuchi-zuri, très importants car c'est l'endroit qu'effleurent les lèvres...

Une conclusion en forme de clin d'oeil :
Au Japon, il se dit qu'un chawan dont on ne sert pas, perd son "seimei", sa vie !

Comme tu le pressentais, Francine, le chawan est plus qu'un simple bol.

Francine a dit…

Merci chère Framboise pour cet "enseignement", je bois chacun de tes mots comme le meilleur Matcha! Et je retiens particulièrement cette belle phrase:
"Au Japon, il se dit qu'un chawan dont on ne sert pas, perd son "seimei", sa vie !" Je vais donc aller faire en sorte que mon Chawan Bleu ne perde pas sa vie. Et demain, avec ma filleule, j'emploierai le beau cadeau d'Olivier...