Londres n'est plus très loin

Tout d’abord, une pensée pour mon cher David, rencontré dans Big Apple le 4 juillet 1999. Né à New York, amoureux fou de sa ville et … de la langue française, ce qui nous a rapprochés. Je l’ai vu pour la dernière fois à Windows on the World, le lendemain du décès de John Kennedy Jr. J’aurais voulu l’accueillir à Bruxelles mais il détestait les avions, il n’en a pris un qu’une seule fois ! Nous avons par contre entretenu une belle correspondance pendant plus de 2 ans. Elle s’est arrêtée brutalement le 9 septembre, il travaillait dans une des tours, il y est toujours, son corps n’a jamais été retrouvé. Je ne pense pas retourner un jour là-bas et, et même si je peux comprendre que cela puisse aider certains, je ne regarderai pas les cérémonies, comme tous ceux que j’aime, il est à jamais en moi et je n’attends pas le 11 septembre pour penser à lui. J’ai à faire mais d’abord choisir mon thé du matin, ce sera un Royal London Blend. Je dois établir une liste de suggestions pour notre périple à London. Comme c’est la première fois que ma filleule visitera cette ville, le guide de Jane ne suffira pas, j’ai donc ressorti le Hachette qui m’a accompagnée pendant mes premiers voyages. La théière est vide, mon carnet commence à se remplir. Tout en nous imaginant déjà là-bas, j’écoute ce disque, le bien-nommé Tea Travel. Avec ma Puce, dans un état proche de l’Ohio, c’est thé vert, de préférence japonais et de chez Tamayura. La pauvre n’est pas très en forme aujourd’hui, mal à la gorge, aux oreilles. Je pense ne l’avoir jamais vue "dans le gaz" selon son expression. Un dafalgan s'impose...Ca y est, les dates sont fixées, ce sera du 11 au 14 octobre et elle en rêve déjà ! Ce que peuvent faire et le thé et l’évocation de cette ville… Il reste à réserver hôtel et billets, mais ce sera pour mardi, je ne suis pas parvenue à arriver au bout, faut croire que je ne suis pas douée, puisqu’il paraît que c’est inratable… Je vais me consoler en buvant du thé.En regardant de plus près les titres, je pense d’abord à un Baozhong mais comme ma langue est redevenue normale, j’ai envie de tester un des trésors reçus de Julien. Ce sera la Lao Hei Zhai, que je vais infuser en suivant les conseils de mon généreux donateur : 4g, 15 cl, 1’ puis selon mes goûts, 40 ou 60’’. Premier passage après 2 fois 30 secondes de rinçage. Liqueur brillante d’un beau jaune pâle. Saveur très douce, à peine perceptible pour ce tout jeune sheng. Je constate que les feuilles ne se sont pas toutes désolidarisées, ceci explique sans doute cela. Deuxième passage, à 1 minute encore. L’infusion est un peu plus colorée mais la saveur reste assez douce, sans aucune astringence ni longueur en bouche. Les feuilles sont maintenant bien ouvertes. Je garde une minute d’infusion. La liqueur est maintenant d’un beau jaune doré, la saveur évolue, je reconnais maintenant cette pointe piquante caractéristique des jeunes shengs fougueux. Et un arrière-goût légèrement salé. Les feuilles n’évoluent plus.Après l’infusion suivante, la liqueur devient plus orangée et ce que je goûte me fait penser à de la paille mouillée, comme celle employée parfois pour cuire du poulet. Les feuilles infusées sont très odorantes, comme épicées, où le poivre domine.Dans la dernière infusion, je retrouve la saveur poivrée dégagées par les feuilles mais toujours aucune astringence. Je n’ai pas l’habitude de rencontrer tant de douceur chez les jeunes shengs. Il m’en reste, je pourrai encore me régaler ! Un dernier regard à ces feuilles ; je n’en ai trouvé aucune entière mais elles m’ont fait passer des moments forts. Merci cher Julien pour ce beau cadeau. Il m’en reste encore 2, je sens que je vais encore faire de belles découvertes.