Avant de me replonger dans la magie de dimanche après-midi, quelques tâches pas vraiment passionnantes mais nécessaires. Tout d'abord mes rituels : admirer cette nature sous un beau ciel bleu-soleil. Puis un moment de méditation pendant que l'eau chauffe. La musique zen et le soleil qui illumine ces superbes hortensias me ramènent à l'essentiel, la beauté simple de ces fleurs bleues et l'Amitié de celle qui me les a offertes. Merci chère Anne-Marie, tu as bien choisi la couleur... Et quand elles auront fait leur temps, je mettrai la plante en pleine terre, elle refleurira chaque année. Dans le bol, un Dong Ding d'automne, cadeau de ma chère belle-fille. Je savoure chaque gorgée en pensant très fort à vous deux, que le Qi de ce breuvage parvienne jusqu'à vous. Chose étrange que cette énergie qui, si on se laisse pénétrer par elle, provoque un vrai bien-être. Je ne l'ai pas toujours ressentie, seulement depuis que je parviens à vivre intensément l'instant et la méditation m'y a aidée : faire le vide en soi pour que le corps et l'âme ne fasse plus qu'un dans une harmonie sereine... Sans transition, retour à ce qui m'attend: passer au garage pour que le carrossier puisse établir un devis et fixer une date pour la réparation, puis les habituelles courses, le contraste est surprenant. Puis retour au paradis, c'est l'heure de l'apéritif. Musique zen pendant que l'eau chauffe, Dans le bol, une fin de Gyokuro au goût suave et très doux qui donne des notes très présentes d'umami, encore une saveur qui j'ai dû apprendre à discerner. Comme l'a dit ma généreuse donatrice, il y a le thé qui se boit, qui fait du bien à notre âme. Mais il n'y a pas que cela, il y a celui qui parfume... Mais comment savait-elle que mon flacon était vide ?Elle doit avoir des dons de devin ! Cet après-midi, retour à celle de dimanche. Quand Xavier a su que mes amis revenaient, il a souhaité pouvoir assister à la cérémonie à laquelle il n'avait pas pu participer entièrement la fois précédente, il a dû quitter la table, il était comme dans un état d'ébriété alors qu'aucune goutte d'alcool n'a été ingurgitée. (J'ai connu moi aussi cette sensation très bizarre, une seule fois au Tea garage... C'est vrai que c'est très spécial et assez inexplicable). (http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2014/08/a-propos-du-koicha-et-de-moments.html ). Des sentiments partagés m'animaient en commençant, le bonheur de revivre ces instants qui vous marquent à vie d'une part, et le stress provoqué par la chute de mon mari qui d'abord ne souhaitait plus participer. Cette fois, c'est le Maître lui-même qui va officier.
Pendant que Staf installe le matériel,
nous
partageons une pâte de fruit
dans une ambiance très joyeuse.
Traditionnellement, une sucrerie est servie avant la cérémonie
pour atténuer l'amertume particulièrement de cette mousse de jade.
Et cela me rappelle immanquablement mon premier chanoyu, moi la
"suikermontje" pourtant j'avais eu droit à une
sucrerie qui m'avait à l'époque véritablement écœurée...
(http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2008/05/mon-premier-cha-no-yu.html)
La cérémonie peut commencer. Je ne vais plus reprendre les
informations données dans le billet précédent, je vous invite à
vous laisser prendre par l'atmosphère si particulière de ces
instants hors du temps.
La posture altière de Staf, ses gestes
lents et si harmonieux
ont le don de m'apaiser. Le Koïcha
utilisé est un Ki
Un de
Koyamaen.
Je retrouve cette quiétude qui m'avait quittée.
Rituel du
salut avant de tourner trois fois le chawan
puis porter à mes
lèvres ce liquide vert brillant à la consistance qui rappelle celle
du miel.
Puis je passe le chawan à Helena en accomplissant toujours ce même
salut.
C'est au tour de Chris sous le regard attentif de mon
mari. Alors qu'au début nous étions encore assez dissipés, le
calme s'est installé naturellement, il y a quelque chose de sacré
dans ce recueillement.
Comme le Koïcha est, comme son nom
l'indique, un thé épais,
Staf prépare un deuxième chawan
pour que chacun puisse goûter à ce nectar d'une
impressionnante douceur.
Le vert jade ressort très bien ici. Ce
chawan m'évoque un autre moment magique en compagnie de ma généreuse
donatrice :
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/04/le-jour-des-trois-fetes.html,
c'est ce jour-là que nous avons fait la connaissance d'Helena, une
autre élève du Maître.
Le chasen qui sert à préparer le
Koïcha
possède
des lamelles plus épaisses pour obtenir une consistance lisse, les
gestes sont plus lents, le thé n'est pas fouetté mais battu.
Magnifique attitude très concentrée de Xavier, j'en profite pour
remercier Chris et Cathy pour leurs photos, j'étais trop prise par
l'événement pour en faire...
Après y avoir porté les lèvres,
il nous fait part de ses sensations gustatives, "à la fois de
la force et une grande douceur, très différent des autres thés
verts qui sont amers".
Anne-Marie est la dernière à savourer la mousse
de jade dans cette ambiance de vrai partage de ces valeurs de pureté,
respect, harmonie et sérénité.
Un deuxième passage
qui
donne cette fois une liqueur plus fluide.
Belle
posture de Staf, il y a une vraie noblesse dans cette attitude
et l'élégance du geste d'Helena terminent la
dégustation.
La cérémonie s'achève par la contemplation des
ustensiles, je suis toujours émue en prenant en mains cette œuvre
d'un artiste qui met son âme dans sa création et j'ai une pensée
pour mon généreux donateur qui m'a offert ce cadeau précieux.
Staf me présente alors le chashaku dans son étui calligraphié. Ici
aussi, j'ai l'impression de "sentir" la présence de
l'artiste...
Après avoir rangé le chashaku dans son fourreau,
je m'apprête à le rendre à Staf et là, il me le rend, c'est son
cadeau !
Alors, je ne le cache pas, submergée par
l'émotion, je n'ai pu retenir mes larmes. Larmes de reconnaissance
face à ce témoignage d'Amitié.
Reste pour mes amis à mettre
des mots sur cette belle journée. Et à moi de leur dire MERCI pour
ces moments tour à tour faits de sourires, rires et fous rires à
table, puis d'échanges vrais pendant la cérémonie. Tout cela reste
gravé dans ma mémoire comme de beaux rayons de soleil que je
ressortirai dans le moments moins lumineux.
Je ne me lasse pas
de toucher ce si bel objet, d'admirer la calligraphie de mon généreux
donateur.
Le nom de ce chashaku, Nan
Zan Kotobuki,
noms poétiques : Nan
Zan
en kanji se traduit par les montagnes du Sud, et Kotobuki
longue
vie, la phrase pourrait se traduire par Longue
vie à une grande personne.
Kotobuki
c'est
aussi un mot employé pour féliciter quelqu'un. Et le dernier kanji
est la transcription de son nom.
C'est avec cette photo du chabana
(littéralement
fleur pour le thé) arrangé par Chris et le chashaku que je termine
ce billet empreint de tant d'émotions. "A
l'homme qui le désire vraiment, avec une profonde sympathie
enseignez, sans compter, les secrets du thé." (in
Poèmes du Thé, page 25) Depuis dimanche, un nouveau rituel :
chaque matin, dès que je pénètre dans mon cocon, je le prends en
mains et la même chose en le quittant le soir "Objets
inanimés, avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme et la
force d'aimer."
5 commentaires:
J'aime croire que Staf a bu, lui aussi. Les objets innommés ont moins d'âme, me semble-t-il. Merci d'avoir partagé cette cérémonie et son ambiance.
Kris
@ Kris: normalement non, l'officiant offre le thé mais n'en boit pas. Il a cependant achevé le 2e chawan. Je suis contente que tu aies apprécié ce billet, je ne suis jamais contente de moi, je trouve mes mots si pauvres pour traduire l'indicible...
Bonne fin de journée, bons thés
Bonsoir Francine
Merci pour ce merveilleux partage!
J'espère qu'on pourra se voir bientôt! et de pouvoir partager un moment autour d'un thé ^^
On pense toujours très très fort à toi!!
Amicalement
Belle soirée et bon thé
Sugi et Agnès
PS:Il faudrait aussi que je récupère ma vieillerie ;-)
Merci à vous deux, j'en ai besoin.
Pour la vieillerie je t'avais dit que je serais OK de la racheter sinon il y a longtemps que je te l'aurais ramenée. Mais je ne me souviens plus du prix. Bonne soirée, bon thé
Coucou Francine ^^
Pour la vieillerie je me souvient plus d'avoir discuter prix..^^" C'est trop loin! lol
Je l'ai acheter à l'époque 300€ Faudrait que je voie le prix qu'il vaut neuf maintenant (à mon avis plus des masses ^^)
Biz et bon thé
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