dimanche 12 mai 2019

Après la pluie, le grand beau temps...

Le temps, la durée, notions complexes, contre lesquelles nous n'avons quasi aucun pouvoir, sauf celui de l'accepter mais certainement pas le subir... Il n'existe pas de mesure du temps contrairement à la durée. Ce serait donc tellement simple mais ce serait ne pas tenir compte de la perception qu'on en a : une minute parait durer une heure quand on est obligé de s'adonner à une tâche qu'on n'aime pas ou une seconde quand on partage des moments forts. C'est avec la mort, la dernière conversation échangée avec mon ami Daniel avant son départ vers les étoiles. Nous nous connaissions depuis près de 50 ans, nous avions beaucoup de passions communes : la musique, la nature, la lecture, les voyages, à l'exception notoire du thé qu'il n'a jamais aimé et de Chostakovitch qu'il a vainement essayé de me faire apprécier! Sa passion pour les voyages était de loin la plus forte, il a fait le tour du monde, plus comme un explorateur que comme un touriste mais il y a un an, il a fait un malaise important à la fin de son dernier voyage en Nouvelle Guinée : il a dû se faire opérer du coeur et l'avion lui a été fortement déconseillé sauf pour des petits trajets, ce qui ne l'intéressait pas vraiment, il s'est donc rabattu sur sa deuxième passion, la musique, c'était un fou d'opéra. Il y a un mois, son coeur a de nouveau lâché, il a su alors que son voyage sur terre touchait à sa fin. Il a rejoint les étoiles le 30 avril... De cet ultime voyage, nous avons aussi beaucoup parlé, nous partagions les mêmes idées à ce sujet... Même s'il vit en moi, comme tous ceux que j'ai aimés, je ressens encore un manque. Mais surtout de la colère envers sa famille qui n'a pas respecté ses dernières volontés : aucune cérémonie. Quand j'ai dit à sa soeur que c'était indigne - elle a eu le culot de me demander d'y participer – sa réponse fut "qu'il n'avait pas le droit de nous faire cela, qu'est-ce que les gens allaient penser".  J'étais hors de moi, un moment j'ai voulu y aller et le faire ce discours que cette hypocrite demandait, j'aurais dit que Daniel avait demandé expressément qu'il n'y ait aucune cérémonie plus quelques phrases choisies concernant le respect dû aux morts, mais c'était dans une église, c'est ce qui m'a retenue, Daniel qui était croyant n'aurait pas aimé je pense. Honte à cette famille bourgeoise catho. Adieu, Elan généreux, tu es retourné "à la maison du Père", tu aimais cette formule, si tu en as la possibilité, fais-moi signe... en tous cas, MERCI pour tout ce que tu étais et es toujours pour moi. Il m'a fallu dix jours pour digérer l'infamie, cela me rendait malade mais hier, je me suis sentie plus sereine, est-ce un signe ? J'y crois et j'ai donc décidé de sortir de cet état, il n'y avait qu'un lieu pour cela, ce petit coin du Japon à Anvers. 
Belle lumière sur ce quai de la gare d'Hoeilaart, pas un humain et seuls les roucoulements de deux pigeons amoureux troublent le silence. 
Bien installée dans le train, j'achève la lecture de ce livre que m'avait conseillé Cathy : "il te plaira certainement", tu as bien raison… En regardant l'illustration de la couverture, on pourrait penser que c'est une flore, quant au titre, très curieux. 
La quatrième de couverture lève le voile sur l'énigme, j'en reparlerai. 
Je n'ai pas vu le temps passer, plongée que j'étais dans ma lecture, me voilà déjà dans cette gare magnifique dont la verrière laisse passer une lumière grisâtre. 
C'est toujours avec émotion que je pénètre dans ce lieu empreint de zénitude, accueillie par une Cathy rayonnante qui au téléphone m'a dit qu'elle avait beaucoup de choses à me raconter, cela tombe bien, moi aussi et j'ai hâte. 
Ma table est réservée aux pieds de l'étang de ces grenouilles heureuses, je les verrais bien dans mon salon bleu-thé... Bravo l'artiste!
Comme thé d'accueil Cathy me propose un Sencha d'automne, aux grandes feuilles plates ou légèrement torsadées parsemées de tiges, beau camaïeu de verts. Je ne sais pourquoi elles me font penser au... tilleul ! 
La liqueur est assez pâle, jaune-orangé. En bouche, rien à voir avec ce que je connais des Senchas, pas du tout iodé, il est plus rond et dégage une légère note fumée, très belle et surprenante découverte quand Marseille s'invite à Anvers. Cathy ne tarit pas d'éloges sur celle qui la lui a conseillé avec tant de passion, Lorène de la Cave à thés. Et sa Cave renferme d'autres trésors, elle aurait bien tout ramené... comme je te comprends chère Cathy ! 
Premières petites gâteries : biscuit maison à base de farine de graines de potimarron + sésame, petites billes à base d'ume, petites prunes japonaises et * competo, seul ce dernier n'était pas à mon goût. Par contre j'ai adoré les petites billes mystérieuses, quand on a percé leur carapace, elles offre une sorte de sirop acidulé, un délice qui va très bien avec la mini galette, sans parler de ce thé… 
Vient ensuite le fameux bento accompagné de riz et de la soupe miso. 
MERCI Koji de m'offrir cette palette gustative qui titille mes narines par ces parfums subtils et me fait saliver. 
Petite salade printanière, petits morceaux de thon rouge cru et de saumon, 
Tofu et scampis grillé agrémentés de petits légumes. 
Saiches et légumes frits ; ah cette fameuse chapelure japonaise à la saveur subtile dont je ne me lasse pas, et ce n'est pas gras. 
J'avais le choix entre du lieu et des petites cailles, je n'aime pas trop le lieu, j'ai donc pris les cailles avec une pointe de honte très vite dépassée par la finesse de ce plat et sa sauce si subtile. Mine de rien, ces petits raviers sont copieux, j'ai laissé une bonne partie du riz pour avoir encore un peu de place pour le dessert : 
plaisir des yeux : un yokan de pamplemousse rose posé sur une base de chocolat noir et azukis + comme chaque fois, quelques fruits frais. MERCI cher Koji, en plus d'être un fin cuisinier, ton âme d'artiste ressort dans la présentation soignée de tes plats, je reviendrai ! 
Avant même de goûter ces grandes feuilles, je les ai reconnues, c'est le fameux Kyobancha très corsé découvert chez Azumaya il y a un certain temps déjà.
J'ai toujours aimé les thés fumés, celui-ci griffé La Cave à thés, eh oui est par contre très doux et pour l'illuster Cathy m'a dit qu'il ressemblait à celui de sa belle-mère, joli… 
Après les nourritures terrestres et les fortes émotions gustatives, celles de l'Amitié, ô miracle Cathy pas débordée pour une fois, pas comme ce jour-là... https://la-theiere-nomade.blogspot.com/2019/04/une-fois-encore-jai-tutoye-les-etoiles.html! a pu me consacrer une partie de son temps pour une séance de papotage avec pour objet, entre autres, la littérature - une de nos passions communes - principalement japonaise à laquelle elle m'initie, j'ai toujours eu du mal à rentrer dedans, c'est comme pour les thés... http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2008/05/mon-premier-cha-no-yu.html, heureusement je me suis accrochée... Ce bon moment a passé comme des secondes, précieuses et si riches qui ont fait tant de bien à mon âme... : je suis arrivée, perturbée et j'en ressors plus optimiste et surtout apaisée, je ne te dirai jamais assez MERCI ma chère Cathy. Voyage de retour sans encombres et belle surprise en lisant mes mails : Lydia Gautier m'annonce sa venue à Bruxelles jeudi prochain chez Unami pour une séance de dédicaces de son dernier livre, on en avait justement parlé avec Cathy ! J'espère vraiment pouvoir y aller, ce sera pour moi l'occasion de découvrir ce nouvel endroit, je croise les doigts mais malheureusement, cela ne dépend pas que de moi… 
Ce samedi, premier jour des saints de glace, il fait gris, triste, pluvieux et froid... 5°, en contre-jour, c'est encore plus sinistre, saint Pancrace s'est à nouveau distingué. 
Cela n'entamera pas mon moral, l'énergie positive reçue hier et mes rituels me transportent dans cet espace hors du monde où n'existe plus que l'instant présent, un moment d'éternité : un Alishan noir, une musique de méditation envoûtante, je me retrouve dans ce temps hors du temps avant quelques heures passées avec ma filleule, merci ma Puce et à mardi. Il ne pleut plus, le soleil fait une timide apparition, je file à la Librairie de la Mazerine où m'attendent deux des livres commandés : 
Arbres, un livre pour la jeunesse magnifiquement illustré, MERCI chère Kris de me l'avoir recommandé, je penserai très fort à toi qui pendant un certain temps sera privée de deux de tes passions, la lecture et le thé, mais je lirai et boirai pour deux... et Shinrin Yoku que m'a recommandé mon amie Monique. J'ai réussi le tour de force de ne pas encore les ouvrir, ce sera pour demain. Coralie, son adorable petite-fille, m'a suppliée de lui expliquer son cours de statistiques auquel elle ne comprend rien, la pauvre. J'ai toujours trouvé ce cours assez suspect - on fait dire n'importe quoi aux stats - par contre je n'ai jamais eu de difficulté à ingérer ces notions, je vais donc me replonger quelques années en arrière... Et voilà, après 3 heures, Coralie est rassurée mais doit être moins exigente envers elle-même : toutes les cotes en dessous de 14 sont considérées comme médiocres voire carrément nulles! No comment... Je pense aussi à mes deux petites-filles qui sont déjà en blocus, courage mes chéries, on se verra en juin, je sais que vous allez cartonner comme chaque fois ! 
Avant de terminer ce billet, petit rappel pour toi ma chère Cathy : https://la-theiere-nomade.blogspot.com/2019/03/lectures-palpitantes-face-aux-elements.html, je te le prêterai dès que je l'aurai terminé, et j'attends le compte rendu de ta brique... Je vais aller me préparer un Kyobancha en me rappelant nos échanges, MERCI encore pour ton Amitié si précieuse… 

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah, Francine, le respect des volontés, c'est comme le respect des consignes: on fait ce qu'on peut, et tu as respecté celles de ton ami. Je suppose que tu attends ton petit dragon pour ouvrir le si grand album, je prévois me précipiter sur tes billets dès que l'ophtalmo lèvera l'interdiction de lecture, début juin en calculant serré. Bon dimanche! K

Francine a dit…

@ Kris: Merci pour tes mots, je suis beaucoup plus marquée par ce total non-respect des dernières volontés de leur frère: ces 2 vieilles bigotes, grenouilles de bénitier me dégoûtent, je n'arrive pas encore à oublier leur infamie, j'ai digéré la mort de Daniel en pensant à la jolie phrase de Victor Hugo (si je me souviens bien):"Tu n'es plus là où tu étais mais tu es partout où je suis… J'ai la même demande mais je sais que ma filleule la respectera sinon elle n'aurait pas accepté!
Effectivement, ce livre est pour le petit Dragon MAIS je dois d'abord m'assurer qu'il lui conviendra bien et pour cela je dois le feuilleter de fond en comble, du genre de ce que font les pères avec les trains électriques de leur fils!
Je te promets que pendant ta traversée du désert "littéraire et théiné", je boirai chaque jour en pensant à Toi. Bon dimanche à toi aussi, profite bien des quelques jours qui te restent!

Cathy a dit…

Chère Francine

Je ne sais pas comment je dois écrire tout le positief (sauf pour ton ami Daniel, mais on en a parlé) , et les louanges.... que tu me donnes, merci beaucoup ( oui comme tu le sais l'orale me va mieux ;) !!!

J'étais trop contente que juste ce jour j'avais le temps, je ne sais qui remercier mais ils ont bien fait les choses ! ;)
Merci pour le livre (j' ai de suite écrit toutes les infos), malheureusement j'ai pas encore pu commencer 'ma brique' :(

Bonne fin de journée
Bisous

Francine a dit…

@ Cathy: tout d'abord MERCI pour tes sms que j'ai seulement lus ce matin, si j'avais su j'aurais ramené le tien mais j'ai seulement trouvé son mail à mon retour! Pour le billet, tu n'as pas à me remercier ma chère Cathy, tu sais dans quel état je suis arrivée vendredi, et mon état en sortant de chez toi, j'en ai seulement rendu compte, bien pauvrement par rapport à ce que tu m'as offert ce jour-là. Je te souhaite une belle journée ensoleillée, et à très vite pour notre escapade… chinoise cette fois! Je t'embrasse