jeudi 10 juillet 2008

Thé vert, thé amer qu'ils ont dit. Moi je dis écoeurant...

Ce soir, le thé a un goût écoeurant. Heureuse et détendue après avoir terminé le billet du jour sur mon blog, j’ai encore feuilleté les livres consultés avant de les ranger dans la bibliothèque. J’aime le contact physique avec le papier, le glacé me chauffe le cœur, eh oui. Et même si je ne lis plus rien, je regarde à nouveau les superbes images. Puis j’allume la télé et je tombe sur Envoyé spécial et un reportage sur le thé vert. Je n’ai pas vu le début mais ce que je vois et surtout ce que j’entends me glace. Je savais que ces humbles cueilleuses travaillaient dur pour pas grand-chose mais à ce point, non vraiment. Je suis tétanisée, des sentiments violents et contrastés m’envahissent, à un vague sentiment de gêne, de culpabilité même, succède une violente envie de frapper. Frapper ce "garde chiourme" qui traite ces femmes comme un contremaitre du temps de l’esclavage, une trique à la main. Il aboie sur ces femmes qui travaillent si dur sous une chaleur humide étouffante (mais de cela on ne dit rien) et, méprisant, humilie une cueilleuse âgée. Cette femme qui nous dira qu'elle a 54 ans (je lui en aurais donné facilement 70), qu’elle ne voit plus bien, qu’elle est fatiguée, et cette lassitude est palpable… J’aurais dû prendre des notes mais je suis trop bouleversée par les grands yeux tristes de ces femmes usées, 1kg de thé leur rapporte 20 centimes d’Euro. Je l’ai la terrible réponse à ma question idiote : non, elles ne boiront jamais ce qu’elles cueillent. Je n’oublierai jamais le visage de la doyenne de ce village qui doit continuer à travailler à 68 ans si j’ai bien retenu, parce qu’elle a un rêve cette grand-mère si digne dans sa couronne de cheveux blancs : envoyer sa fille à l’école pour qu’elle ait une meilleure vie. Sans haine et sans colère (comment fait-elle ?) mais avec amertume elle nous dit que les blancs les ont trompés, on leur a promis une meilleure vie qu’en Inde, ils sont alors partis à Ceylan (c’est le cas de son père) mais les promesses étaient des leurres. Ils vivent toujours sans eau courante, sans électricité et l’eau du puits commun est polluée par les pesticides utilisés dans les plantations de thé. La fin du reportage est un peu plus optimiste, une plantation bio. Le terme équitable est prononcé : les cueilleuses sont respectées, appréciées et "bien payées" nous dit-on. On assiste enfin à la dégustation de ces "thés exceptionnels qui seront vendus en France 50 Euros les 100g", ( de 20 centimes à 50 Euros, c’est quoi encore le cynisme ?) Pour un thé infusé avec les larmes des cueilleuses au moment de toucher leur "salaire", que j'appelle moi une aumône infamante. Thé vert amer était le titre de ce reportage, qu’en pensez-vous ? Parfois quand je bois un thé que je trouve sublime, je pense aux cueilleuses et j’ai les larmes aux yeux d’émotion mais ce soir, c’est de la tristesse et une rage impuissante qui m’envahissent en pensant à ces visages burinés et aux grands yeux tellement las de ces mères courage...

7 commentaires:

VanessaV a dit…

J'ai vu le reportage... et ai été au Sri Lanka dans les plantations. J'avais vu cette "miseur" humaine, ce labeur qui leur prennait toute vitalité. Je ne savais pas que c'était aussi infammant. J'avais sû aussi les problèmes ethniques entre les cingalais et les indiens, justement amenés par les blancs dans les plantations.

J'ai été très marquée aussi de notre manque de conscience... pour respecter nos cueilleuses, il faudrait payer 50 euros par 100g! Nous en sommes bien loin...et le prix de certains thés ne doit pas forcémment arrivé aux petites mains.
As-tu aussi été outrée par les touristes? Nous avions fait le Sri Lanka à la marche, et la visite de la plantation avait été faite comme cela en grimpant parmi eux. Je les trouve répugnants d'idiotie.

Anonyme a dit…

C'est vrai que c'est un problème dont je prends conscience depuis peu, et qu'il est de taille. Je pense qu'il faudrait déjà commencer par demander systématiquement ce qu'il en est de la provenance du thé quand on va l'acheter, voire lancer une action d'un peu plus d'envergure et plus collective...

simonema a dit…

Je suis allée au SRI LANKA plusieurs fois et j’ai visité de nombreux jardins et fabriques. Jamais je n’ai vu ce qui est décrit dans ce reportage. Je trouve honteux de généraliser sur une plantation, de plus, le SRI LANKA est actuellement décimé par la guerre civile et peu de touristes y viennent. Ce reportage va continuer à accentuer le déclin de ce beau pays. Il serait peut être judicieux de voir ce qui ce passe en Inde, en Chine ou dans d’autres pays producteurs de thé avant de juger la situation au SRI LANKA qui me paraît être exagérée par le journaliste. De plus, la personne française à la fin du reportage ne représente absolument pas l’économie du thé en SRI LANKA. Une publicité extraordinaire a été faite à ce personnage qui semble être un négociant pour boutiques de luxe parisiennes !!!!

simonema a dit…

Je suis allée au SRI LANKA plusieurs fois et j’ai visité de nombreux jardins et fabriques. Jamais je n’ai vu ce qui est décrit dans ce reportage. Je trouve honteux de généraliser sur une plantation, de plus, le SRI LANKA est actuellement décimé par la guerre civile et peu de touristes y viennent. Ce reportage va continuer à accentuer le déclin de ce beau pays. Il serait peut être judicieux de voir ce qui ce passe en Inde, en Chine ou dans d’autres pays producteurs de thé avant de juger la situation au SRI LANKA qui me paraît être exagérée par le journaliste. De plus, la personne française à la fin du reportage ne représente absolument pas l’économie du thé en SRI LANKA. Une publicité extraordinaire a été faite à ce personnage qui semble être un négociant pour boutiques de luxe parisiennes !!!!

Thé a dit…

J’ai regardé hier soir votre reportage sur la culture du thé au SRI LANKA. J’ai été extrêmement choquée par vos propos.

Vous affirmez que seules deux pratiques de culture sont effectuées dans ce pays :

- l’inondation des pesticides dans les jardins, mettant en péril la vie des travailleurs, qui semble-t-il sont exploités, (quelle est la région incriminée ?)
- la culture dite « raisonnable » dans les hauts sommets donnant un thé incomparable à 50 euros les 100 grammes.

Mais vous occultez qu’entre ces deux pratiques, existe une large activité de producteurs cultivant un thé de bonne qualité, n’utilisant que le strict minimum de pesticides, possédant des certificats « ISO » et « FORM A » et, de plus, fabriquant un thé contrôlé par le « SRI LANKAN TEA BORD » qui contrôle tout le thé sortant du pays. Ces entreprises respectent leurs salariés en construisant écoles et logements pour leur personnel.
Reportage Vidéo TEATEL Thé de Ceylan
http://www.saveurs-de-ceylan.com/reportage-video-teatel-the-de-ceylan-1-27.html
www.saveurs-de-ceylan.com
RANJITH

Benead a dit…

Pour répondre à "Thé", je dirais que oui il y a des entreprises qui traitent mieux leurs salariés que d'autres avec entre autres des meilleurs salaires mais comparons les différences de salaires et les différences de prix de vente des thés, rien d'anormal? Oui ils construisent des écoles par exemple ou offre des logement de fonction mais n'est-ce pas justement une manière de "bloquer" les salariés et les empêcher de partir ailleurs?

Je parlais jeudi soir avec une fille qui a travaillé en humanitaire dans une coopérative "équitable" de café et elle nous à encore bien dit que ce n'est vraiment que de la poudre aux yeux, ce dont je me doutais depuis longtemps.

Maintenant est-ce que pour autant on doit se privé de thé ou d'autres produits issus de commerces non équitable? Je pense sincèrement que non. Est-ce qu'on doit se diriger vers des produits soit disant commerce équitable dans la grande distribution? pour moi ils sont pire que les autres encore. Alors que faire? j'avoue que je n'en sais rien si ce n'est acheter sur place et à des prix correcte.

J'achètes la plus part de mes thés sur internet soit chez des revendeurs, soit directement chez le producteur. Est-ce vraiment mieux? je pense que oui même si ce n'est pas encore idéal. Les cueilleuses font toujours un travail atroce et ne profitent certainement du fruit de leur labeur malheureusement.

Je n'ai malheureusement pas vu ce reportage, savez-vous si il est possible de le revoir?

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je n'ai pas vu le reportage, mais je peux vous dire deux choses:

il en existe un autre, sans dénigrer celui-là, au contraire je cherche à le visionner, qui s'intitule "The bitter taste of tea" (le gout amer du thé) qui reprend quelque peu, d'après vos dires certains points du reportage.
Autre point, le Sri Lanka Tea Bord est une pure foutaise, au service des multinationales du thé. Qui plus est il n'y a ni éducation, ni soin de santé (par exemple les docteurs n'ont pad de diplome et ce sont de simples infirmières qui prodiguent des soins impliquant des qualifications plus importantes, les travailleuses de thé Tamoul sont envoyées dans des camions pour etre piquées et stérilisées). Veridique, puisqu'il y a des acteurs la bas qui se battent sur place pour faire entendre les droits politiques, humains et du travail pour la minorité Tamoul.

Nous réalisons un blog qui permet de relayer le message qui est en train de passer:

http://thesolidaire.wordpress.com/