Encore une journée exceptionnelle malgré un voyage Bruxelles – Anvers un peu long : 2 heures 30 pour faire 50 km, mais vu les circonstances…

Me voilà donc dos à la Provinciehuis, pour "
Etreindre la lune, miroir de la dynastie Tang", une des rares expositions qui jouent les prolongations, Europalia s’est officiellement terminée le 14 février.

L’exposition n’est pas grande, elle occupe le rez-de-chaussée de grandes banderoles rouges pendent du plafond, sur chacune d’elle un poème calligraphié. Et je découvre la signification du titre de cette exposition:
" Le titre de l’exposition (…) fait référence à Li Bai, l’un des poètes les plus célèbres de la période Tang, dont la vie remonte à la première moitié du 8e siècle. (…) Li Bai aimait tant la lune qu’il a voulu chanter ses louanges à l’occasion d’une randonnée nocturne en bateau et qu’il a tenté de l’étreindre. Il a hélas tendu les bras vers le reflet de la lune dans l’eau et cette étreinte lui a été fatale. Histoire vraie ou légende ? Ce qui est certain c’est que l’image du reflet de la lune dans l’eau et la comparaison avec un miroir reviennent fréquemment dans un contexte tant taoïste que bouddhiste. Les Chinois perçoivent en effet la lune comme étant un miroir du soleil, comme le yin en opposition au yang, comme le rêve et la méditation en opposition à la réalité, comme l’ombre du passé et de l’au-delà, en opposition à la réalité d’aujourd’hui, comme une illusion, impalpable et insaisissable, mais pourtant présente. (…)" Je suis sous le charme.

Dès que la porte lunaire est franchie, une atmosphère très intime suscitée par la pénombre ; même l’éclairage des 2 grandes vitrines est tamisé. A l’intérieur des objets raffinés témoignent de la richesse de la vie à la cour.

Autre salle, autre ambiance mais toujours ce raffinement.

Je ne peux décrire toute la beauté de ces objets, comme par exemple ce miroir et sa symbolique :
"Les miroirs accompagnaient souvent le défunt dans sa tombe. On croyait en effet qu’ils avaient le pouvoir d’entrainer la lumière du jour dans le tombeau pour préserver l’environnement du défunt de l’obscurité et lui offrir l’énergie. La plupart des miroirs chinois sont ronds et l’association avec la pleine lune est dès lors évidente". J’ai aussi beaucoup aimé la représentation des 12 animaux du zodiaque chinois.

Le rat malin est suivi du buffle déterminé.

Le tigre courageux et le lapin intelligent

Puis, floutés par accident, le dragon, symbole de puissance et de royauté et le serpent subtil prêt à frapper.

Cheval fidèle et mouton sensible et serviable.

Et encore le singe légendaire et insoumis, le coq dégourdi et le chien fidèle

Et pour terminer le cochon, promesse de réussite et de prospérité.

Une dernière pièce superbe, pas directement visible ; il faut en effet pénétrer à l’intérieur d’une sorte de baldaquin pour pouvoir l'admirer de près.

Il y aurait encore tant de choses à dire et quelques regrets : d’abord le catalogue, uniquement en néerlandais, qui reprend tous les objets de cette magnifique exposition. Autre regret : pas un mot de Lu Yu ni de son ami Jiao Ran un moine poète qui a écrit cette phrase qui m’a émue aux larmes la première fois que je l’ai lue et que je récite tout bas avant de pratiquer les cérémonies du thé : "
J’hésitai à prendre ces feuilles semblables au jade pour les transmuter en une liqueur surpassant l’or"…

C’est tout émue que quitte ce lieu éblouissant, j’ai un autre rendez-vous et d’autres émotions, gustatives cette fois. C’est le restaurant de Koji et Cathy, que je retrouve avec plaisir.

Le traditionnel lunch aux saveurs tout en nuances et en légèreté, un bonheur pour les papilles.

Riz et soupe miso évidemment.

Puis le dessert : fruits frais, déjà en partie savourés et un moelleux au chocolat noir, crème fraîche et macha.

Et pour terminer cette palette de saveurs, un thé évidemment.

Un cadre sobre, 16 places.

Formule lunch le midi et le soir 3 possibilités de menus, tout est fait maison avec des produits extra frais et bio.

Mais aussi une originalité, la possibilité d’accompagner les plats

avec des sakés en accord avec les plats du soir !

Ces sakés artisanaux proviennent de petits producteurs ; c’est la première fois que j’entends parler de cette formule… Après la fermeture du restaurant, Cathy et moi avons papoté de notre passion commune dans ce lieu sobre et harmonieux. C’est ainsi que j’ai terminé cette journée si riche de beauté, d’échanges et d’émotions, merci Cathy pour ces moments si vrais… Et question exposition, demain je remets cela !