lundi 20 juin 2011

Dernière session à l'Institut du Thé, que du bonheur !

Ce vendredi matin, c’est avec impatience et enthousiasme que je prends le train pour la dernière fois de l’année ("scolaire"). Impatience de revoir mes compagnons du Thé, enthousiasme parce que la cérémonie au programme est la Cérémonie Chan ou la méditation en mouvement. Cette cérémonie ne m’est pas inconnue, déjà lors du Festival du Thé à Lyon en 2003, c’est celle qui, avec la cérémonie des lettrés, m’avait le plus interpelée. C’est après y avoir assisté, fascinée, un peu submergée par l’émotion que je me suis inscrite au cours de Nadia. Je ne savais pas qu’un jour il me serait donné de la pratiquer. Mais le voyage d’abord, sans encombre jusqu’à Lyon sauf un retard de plus de 15 minutes qui, ajouté à une file impressionnante pour prendre le billet TER, m’a fait rater ma correspondance. Pour rejoindre Lamure, j’ai d’abord dû prendre le train jusqu’à Lozanne puis un bus jusqu’à Lamure où Nadia nous attendait, Karine et moi. Et déjà un fou rire, j’avais demandé un billet pour Poule mais le préposé m’a dit que le terminus était à Lamure. Sauf que l’autocar allait bien jusqu’à Poule… mais ce n’est pas marqué sur le dépliant des chemins de fer ! L’autocariste nous a donné l’explication, ces folders sont imprimés en " Tchécoslovaquie" (ils doivent dater... Je n’ai pas saisi le rapport, ce fut la raison de ce fou rire, sans doute que poule là-bas est une injure, un mot grossier qui ne s’imprime pas… Mais à partir de là, ce ne fut plus que du bonheur ! Un délicieux souper très sain et très frais, émaillé de conversations qui toutes ne tournaient pas autour du thé. Puis l’arrivée d’Eric venu en droite ligne d’Irlande, si ce n’est pas cela être mordu, il y a pire que moi ! Bref, une superbe soirée dans ce cadre magique fait à la fois de paix profonde et de cette ambiance si particulière que je ne trouve qu’ici. Nuit paisible et réparatrice. Notre dernière rencontre (pour cette année!) commence comme toujours par un thé d’accueil, un Kai Hua Long Ming tout jeune et tout frais. Dès l’eau versée, les feuilles se dressent comme des petits soldats. Bonheur des retrouvailles ...tout en dégustant ce "parfum qui se boit". Dernier enseignement : quelques précisions sur la méditation qui m’ont beaucoup aidée à la pratiquer ensuite. Je livre en vrac ce qui m’a le plus parlé aujourd’hui : se méfier des concepts, les dépasser. Moment privilégié pour la connaissance de soi, pour s’approcher de sa véritable nature, mais sans contrainte : l’attention mais pas la tension, viser la détente intérieure. De la connaissance de soi vient la sagesse, l’éveil. La connaissance n’est pas le savoir, le savoir ne connaît pas. La connaissance n’est pas un savoir intellectuel, la vision intérieure à développer nous sort de l’ignorance. On s’accepte tel qu’on est, il n’y a pas de modèle. Méditation de la marche : on est conscient, on respire et on marche, on est relié au monde, on n’en est pas coupé, la méditation n’est pas une activité à part, elle permet de prendre du recul et d’obtenir le calme mental. Demande de la patience, de la persévérance, un effort " joyeux". Ce qui précède paraîtra sans doute un peu décousu, j’ai simplement voulu noter ce qui m’a frappée et qui m’a aidée. Après cet "effort joyeux" (pour moi en tous cas), le plaisir d’un repas partagé (merci Josiane de m'avoir nourrie), d’un côté le banc des filles, Josiane, Sylvie et Myriam. De l’autre, celui des garçons, Eric et Jean-Pierre. Puis un coup de chaise musicale, Karine a pris la place de Myriam. Elle nous a préparé le thé du dessert. Et à propos de dessert, voici ce qu’Eric nous a ramené d’Irlande. On y a tous goûté (sauf le pauvre Jean-Pierre condamné au régime sec, mais je te ferai oublier cela à Bruxelles…), nous avons vainement essayé de détecté le goût de ce green tea. Nous revoilà maintenant dans la maison de thé, prêts à pratiquer cette cérémonie qui nous a tous tant marqués. Tout y est magnifique : symbolisme et beauté des gestes, beauté de la musique, impossible à retranscrire par des mots, elle doit se vivre de l’intérieur.L’heure du goûter est arrivée et nous partageons joyeusement les très bons restes. Entre autres la délicieuse tarte aux pommes offerte par Josiane et Jean-Pierre. Bien sûr aussi le GreenTea Cake d’Eric, sans oublier les dattes farcies offertes par Karine, le tout arrosé d’un superbe Feng Huang Dan Cong. C’est sur ce dernier repas que nous nous quittons après ces moments intenses : bonheur des retrouvailles, bonheur du partage, bonheur des échanges chaleureux et si vrais. Du fond du cœur, je vous remercie mes compagnons du thé pour tout cela, je vous souhaite un bel été. Et bien sûr, à l’année prochaine… Mon merci va aussi à Nadia, notre Maître de Thé. Merci chère Nadia pour tout ce que tu es pour nous, pour tout ce que tu nous enseignes avec tant de générosité et de modestie. Pour moi, le bonheur se prolonge, Nadia me propose de me préparer un Tai Ping Hou Kui. Dans le verre préchauffé se dressent ces feuilles si grandes au parfum à la fois végétal et floral. Danse des feuilles dans l’eau qui va extraire leur saveur. Le verre est vraiment le contenant idéal pour ces danseuses aux longues jambes.Après 2 infusions presque transparentes mais aux saveurs si riches, le devoir accompli, elles reposent maintenant au fond du verre. Je les admire une dernière fois en pensant avec tendresse à ces cueilleuses qui les ont récoltées avec tant de soin et de précision, aux mains expertes de ceux qui les ont façonnées, je leur dois ces émotions gustatives intenses. Soirée très riche avec Nadia et Jun. Ce dimanche matin, il fait gris et un peu frais, Nadia me propose un Keemun Mao Feng pour accompagner le petit-déjeuner, puis avec la réapparition d’un beau soleil, elle me propose un dernier thé, et pas n’importe lequel : un Anji Bai Cha tout jeune. Tout en admirant le ballet de ces jeunes pousses fougueuses, je sens déjà le parfum si frais de l’infusion. Celle-ci est très pâle et les saveurs végétales entre petits pois tout jeunes et asperge. Une deuxième puis une troisième infusions, toujours autant de parfum et une saveur qui devient légèrement sucrée. Je croque quelques-unes de ces tendres feuilles avant d’aller chercher mes bagages. Non sans un dernier regard à cette nature flamboyante. Où tout respire une paix si profonde. Je vais bientôt franchir la porte de cet Institut du Thé, mais je ne suis pas vraiment triste, nous nous reverrons bientôt mes compagnons et moi, et nous sommes de toute manière reliés par la pensée chaque fois que nous pratiquons chez nous. Tout à coup, ce poème (dont je ne connais pas l’auteur) trouvé un jour je ne sais plus où me revient en mémoire, il dit à peu près ceci:

Ne te hâte pas.
Lorsque tu prépares le thé, le temps t’appartient.
Que le thé soit un refuge,
Un changement de rythme absolu.
Faire le thé, c’est déjà le boire,
Et le boire est une partie de ta vie.
Laisse le thé couler en toi
Et t’inciter à méditer sur la façon
Dont la plus infime des choses
Communique avec l’infini.









4 commentaires:

Lune a dit…

Bonsoir Francine. Tes mots font ressentir cette Beauté Paisible qui,soudain,surgit comme une parenthèse bienfaisante dans un monde en perpétuelle agitation. Cela apaise. Ce que tu écris me fait penser à ce livre d'Okakuro et aussi à JK, penseur que j'apprécie particulièrement (connaissance de soi sans comparaison ni avec les autres ni avec soi-même, sans compétition, sans recherche du devenir...). Je te rencontrerai sans doute dimanche au Rouge-Cloître. Cordialement. Lune

Francine a dit…

@ Lune: merci pour ton message, quelle joie de te lire et de savoir qu'on se rencontrera dimanche au Rouge-Cloître. C'est vrai que le WE passé fut flamboyant et que j'en suis encore tout imprégnée...

VanessaV a dit…

Quels beaux partages. Je t'envie cet enseignement à l'institut de thé. Peut-être qu'un jour j'arriverais à en faire une priorité, pour l'instant, plein de choses de bouscule encore dans mes envies.
Je trouve magnifique ces feuilles si amples, si vertes, la liqueur doit être magique.

Et la méditation est quelques chose qui me parle bien. Pas encore assez pour saisir tous tes mots, mes séances durent moins de 10 minutes mais elles me conviennent pour l'instant.
Douces pensées

Francine a dit…

@ Vanessa: quelle joie de te retrouver ici. J'espère pour toi que tu auras le bonheur de fréquenter un jour cet Institut du Thé. Chaque été Nadia organise des stages, j'espère pouvoir en suivre un l'année prochaine... pourquoi pas avec toi?