Beau début de périple sous un beau ciel étoilé. Nous sommes
partis à 21 heures hier soir de ma campagne, direction Neuilly-Plaisance.
Accompagnés entre autres de Jean Ferrat et de Graeme Allwright, souvenirs,
souvenirs… Aujourd’hui avait une minutes quand je suis arrivée à l’hôtel et
après avoir déposé mes bagages, je suis allée saluer la Marne, j’avais besoin
de me dégourdir les jambes et de m’imprégner de l’atmosphère de ce lieu
paisible et désert à cette heure. Après une courte mais très bonne nuit, me
voilà à pied d’œuvre pour entamer cette route du thé…
Première escale, la
gare de Lyon et plus exactement son Train bleu,
ce lieu mythique
où plane l’ombre de Rostand,
Colette
mais aussi Gabin pour ne citer que
ceux-là.
Ou comme l’a si joliment renommé Giraudoux
Le Musée oublié.
Quand j’ai vu
arriver ce "Matin salé", j’ai cru à une erreur, cela ressemblait
plus à un brunch qu’à un petit déjeuner.
J’ai bu le thé, je suis un peu en
manque
mais ce n’est pas ce Spécial
breakfast qui me comblera… J’aurais peut-être dû choisir le Darjeeling. Je me suis arrêtée aux œufs brouillés et à un
morceau de saumon, (une première à dix heures du mat !) et j’ai demandé qu’on
emballe le reste, non pas en doggy bag, mais pour offrir à un jeune SDF croisé
avant d’entrer ici. Quand je suis passée à côté de lui, il m’a remerciée en
disant me disant : votre sourire est plus précieux qu’une pièce, c’est
beaucoup plus rare. Je n’ai pas voulu le décevoir en lui disant que ce sourire
ne lui était pas destiné il traduisait simplement ce que je m’apprêtais à
vivre. J’ai parlé un peu avec lui, mis à la porte par ses
« parents », le terme exact serait plutôt géniteurs. Je n’avais pas
de pièces mais je lui ai demandé s’il serait encore là un certain temps, que je
repasserais. C’est à lui que j’ai donné petit ce colis et un billet pour sa
boisson. Un merci accompagnait ses paroles, "je ne bois pas, j’achèterai
seulement de l’eau et un café". Son sourire et ses yeux brillants m’ont émue,
Comment en a-t-il encore la force dans sa situation ? Il m’a vraiment touchée ce jeune si digne, il
pourrait être mon petit-fils… En le quittant, je lui ai souhaité des lendemains
meilleurs (et tout bas j’ai maudit ses géniteurs...) J’ai failli lui proposer
qu’on partage un repas, je n’ai pas osé.
Il fait vraiment splendide le long des quais,
j’ai eu du mal à traverser pour rejoindre L’ile Saint-Louis, aujourd’hui se
courait le semi-marathon comme on dit ici, à Bruxelles cela s’appelle
simplement les 20 km de Bruxelles, mais quelle que soit la dénomination,
l’effort est le même.
Un petit arrêt pour admirer cette belle "scène".
Troisième station, le Flore en l’îsle, et
première déception, un look banal comparé à son grand frère, j’ai beau essayer,
je ne lui trouve aucun charme.
D’autant que du côté de la carte des thés…
J’ai
choisi un Lapsang Souchong
pour
accompagner cette appétissante salade au chapeau de foie gras, je croyais qu’il n’y
aurait que du magret de canard, une pensée pour cette Josiane qui n’aura pas la
chance de couler de vieux jours heureux…. Et à propos du thé, j’ai dû réprimer
un sourire, quand je l’ai commandé, la serveuse m’a demandé ce que je boirais
avec le repas...
Les belles, emprisonnées dans cet engin de torture ont
fait ce qu’elles ont pu.
J’entendais leur souffrance, j’ai bien essayé de
les libérer mais impossible d’ouvrir ce grillage affreux.
J’étais réellement
déçue quand j’ai vu arriver le grand Guy himself, il a déposé son duffelcoat au
portemanteau jusque à côté de ma table en me demandant avec un large sourire
rien que pour moi si cela ne me gênait pas. J’ai osé lui demander si je pouvais
emporter un souvenir de cette rencontre… C’est la seule chose que je retiendrai
de ce lieu pour moi surfait, mais les goûts …
En sortant, un petit arrêt
pour écouter cet artiste, en pensant à ma petite Emma qui a commencé le violon
cette année, j’ai hâte d’entendre cela. Puis je retourne, comme on dit en
quittant Londres ou Texel, sur le continent mais ici ni en bateau ni en
shuttle, seulement en passant le pont Louis-Philippe
et quelle n’est pas ma surprise d’apercevoir
une façade bleue comme j’aime et une théière jaune comme le soleil
d’aujourd’hui.
Et là, c’est le coup de cœur ! Je me précipite dans
mon guide et je vois en tout petit ce lieu magique, l’ébouillanté. Je n’y avais pas fait attention, quelle
erreur ! Et surtout quelle erreur de ne pas avoir accordé plus de place à ce lieu chargé d’histoire, créé par un
amoureux de cet endroit. C’est tout petit mais ô combien chaleureux.
Sur
les conseils de mon charmant voisin de table, je choisis un roulé aux graines
de pavot et à l’orange. Je sens que pour brûler les calories il va falloir que
je marche, cela tombe bien, il fait superbe malgré un petit vent un peu frais
mais assez assez discret. Et pour l’accompagner, un Hojicha. Et très belle surprise, ce dernier est tout à fait comme
je l’aime,
infusé correctement dans cette théière à la couleur vert printemps.
Moments hors du temps dans ce cadre qui respire l’accueil et, je le sais
maintenant, des thés de qualité !
Les tables installées sur les vieux
pavés moyenâgeux ne désemplissent pas. Je reviendrai certainement dans ce havre
de qualité.
Ma destination suivante est l’Institut du monde arabe et plus
particulièrement le Ziyriab que je rejoins à pied en pensant que dans 10 jours
exactement, je serai à Essaouira.
Une petite déception d’abord, la
terrasse n’est pas encore ouverte, elle le sera en avril,
et cela tombe
bien, j’y serai du 3 au 7 et pas que pour le thé.
La musique de là-bas et
un léger malentendu, je commande un thé
à la menthe et comprends que le patron veut m’offrir un baklava, je n’ai
pas osé dire non et voilà ce qu’il m’amène. Je goûte à tout, là-bas, on ne
refuse pas un cadeau, mais c’est vraiment trop miellé, et je n’aime que les kadaïfs.
Sauf que j’aurais pu dire non, offrir et servir, ce n’est pas la même chose.
Parfum de là-bas… Je quitte un peu
à regret se lieu qui m’a amenée là-bas, dans ce port où arrivait le thé de
Chine.
Un regard admiratif sur ce moucharabieh très moderne, voir sans être
vue. J’avais rendez-vous avec le petit-fils d’une copine à L’autre thé mais il m’a
envoyé un SMS pour retarder le rendez-vous et plutôt souper ensemble mais j’ai
décliné, ce sera pour une autre fois. Encore un pont, très, très, très long
pour rejoindre la station de Sully-Morland
quand je tombe en arrêt sur ce
poète dont, adolescente, j’ai dévoré les crits. A l’école, on nous en a peu
parlé, le réduisant si je peux dire à son bateau ivre. Il faut dire qu’avec
Verlaine, son "ami intime" un bel euphémisme comme on nous l’a
présenté à l’époque dans cette école religieuse, il sentait le souffre. Il
faudrait que je me replonge dans leurs poésies comme un voyage dans ce temps
chahuté, un peu chaotique mais exaltant de l’adolescence…
Ce soir, je ne
quitte pas le Maroc.
Au menu, un couscous royal, royalement servi.
Cela faisait des
lustres que je n’en avais plus mangé, je retrouve ces notes épicées avec un
brin de nostalgie, j’ai vécu des moments tellement intenses dans le pays d’à
côté, cette Algérie où j’ai laissé à jamais une partie de mon cœur.
A la
saveur puissante de la menthe nana, se mêle celle de ces proverbes arabes.
Mais je ne parviens pas à me concentrer sur la lecture, j’y reviendrai plus
tard. Ici, en voyant l’intérieur de cette théière j’ai une pensée pour ma chère
Cha Hua qui comprendra… C’est ici que se termine cette journée flamboyante et je
pense à cette citation qui la résume très bien, elle dit à peu près ceci : "Le
nomade ne se met pas en marche s’il n’a pas une terre promise à laquelle il
peut rêver." C’est valable aussi pour la nomade…
3 commentaires:
Belle journée, aussi remplie de nostalgie(un secret sur la route de Nancy), mais permet moi de sourire, 😉comment fais tu pour manger 🍰🐦🍮🍞🍳🍰, oui je l'avais vue cette belle façade bleue mais ce sera pour dans 2 semaines ....biz
Bien rentrée? Me voici à Paris, je continue tes pas théinės... pour demain midi j'hésite entre Georges Cannon et l'Ebouillantė... Bizzzzzzz au genmaicha de chez Nanashi
@ Fabienne: je dois être très fatiguée... je n'ai quasi rien compris à ton message: secret sur la route de Nancy? Les ???? Éclaire-moi
@ Mab: très bien rentrée de ce séjour trop court! Quant à ta question, comme tu restes plusieurs jours, tu vas chez les deux!
A vous deux, bonne fin de soirée, bons thés, biz
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