dimanche 1 février 2015

A propos du lâcher-prise...

Je commence à émerger d'un état très étrange et je veux fêter cela en retrouvant mes rituels.
A commencer par l'observation de ce ciel d'hiver lumineux et tout bleu, ou presque.
Puis choisir un thé, ici un Sencha griffé Postcard's tea, cadeau de mon copain Bernard.
Avant même de porter la tasse à mes lèvres, mon nez capte déjà ces parfums si typiques, je suis au Japon...
Et très précisément dans les jardins où a été enregistrée cette musique zen dont je ne me lasse pas. Et tout en savourant ce nectar avec gourmandise en me laissant porter par ces accents harmonieux, Quand la musique s'est tue, je me sentais tellement bien, complètement en paix. Et j'ai alors repensé à ces 5 jours qui viennent de passer, si riches d'enseignements. Et pourtant, je les ai redoutés et maudits quand, dimanche passé, j'ai reconnu les signes... http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/01/un-week-end-vraiment-pourri.html. J'ai bien sûr d'abord lutté, pas question que cette chute entrave ma vie, ce n'est pas un petit mal de tête qui va me faire renoncer à ce que j'aime, quant à ma vision floue, elle s'en ira aussi très vite ! C'est la peur qui m'a fait devenir "raisonnable" (excusez ce gros mot...) quand j'ai constaté que mes yeux me lâchaient, lundi c'était pire que dimanche. Si je n'ai pas peur de la mort, même si je ne lui cours pas après, ma panique absolue est de devenir aveugle. Même si je redoute Al Z, je sais que l'euthanasie m'en délivrera et je remercie mes 2 personnes de confiance d'avoir accepté de m'accompagner. Je pense que je supporterais de devenir sourde, de voir ma mobilité réduite et même de souffrir d'agneusie mais aveugle JAMAIS et ce n'est pas considéré comme relevant des conditions pour mettre fin à ses jours, j'ai donc accepté d'être coupée de ce qui me fait vivre le temps qu'ils se remettent en pensant à la dernière fois que cela m'est arrivé : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/01/decouverte-des-thes-au-musee.html, c'est déjà loin cela et à l'époque j'ai lutté, pas question que mon corps domine ma volonté ! Il s'est alors passé une chose impensable, mon corps s'est mis en mode pause, je n'essayais plus de lutter, je me laissais aller, j'ai accepté cet état second c'est ainsi que j'ai fait connaissance avec un concept jusque ici totalement étranger : le lâcher-prise. Je ne me vivais pas comme une larve mais comme quelqu'un qui, changeant de peau et donc vulnérable, se mettait en mode léthargique. Je bénis ici mon mari à qui j'avais d'abord caché ma glissade que j'ai finalement dévoilée vu mon état : même s'il m'a répété que je devais absolument voir un médecin, il ne s'est pas fait trop insistant sachant que je ne cèderais pas même s'il m'a parlé d'inconscience, me rappelant ma bronco-pneumonie que j'ai soignée à ma façon alors que le toubib consulté voulait m'hospitaliser, que c'est un miracle que je m'en sois sortie de cette façon... Pendant ces jours j'ai très peu dormi, forcément quand on ne fait rien, on n'a pas sommeil et pourtant je suis restée d'un calme olympien alors que quand cela m'arrive, aux alentours de la pleine lune, je suis dans un état d'excitation intense. Ce matin, je me suis sentie différente comme si ce repos forcé avait remis les choses en place. Après cette matinée et malgré le froid j'ai eu envie d'aller me promener dans le jardin.
Et là, LA surprise, la nature commence à se réveiller elle aussi :
entre autres ces crocus, prêts à s'ouvrir au premier rayon de soleil.
Les bourgeons des hortensias qui se dressent fièrement m'ont amenée dans d'autres plantations dans l'Empire du Milieu et au pays du chrysanthème où les théiers en dormance pendant l'hiver commencent certainement à bourgeonner eux aussi...
Cet après-midi, je veux terminer la relecture de ce fabuleux roman que j'avais dû laisser en suspens.
Je suis en 1913 et vais continuer à découvrir le Japon de cette époque vu par l'héroïne de cette impressionnante épopée,
il est donc normal que je choisisse ce Sakura tea griffé Jugetsudo, cadeau de ma chère Marie-Aline dont le dernier tableau me fait rêver... Il faudra que je lui demande si je peux en faire une photo et la faire partager ici.
Je referme ce livre qui m'a emmenée de la Chine au Japon du début du siècle passé à la deuxième guerre mondiale, fascinée par cette tranche d'histoire racontée par une Anglaise de la haute bourgeoisie qui s'est très vite affranchie de la condition que la société d'alors lui imposait, mais à quel prix... J'ai des tas de questions sur ce Japon d'alors, j'espère que ma chère Cathy pourra y répondre. Pas de maux de tête, une vue retrouvée, que du bonheur même si je me sens encore faiblarde après cette parenthèse, je ne sais trop pourquoi.
Je terminerai la journée par cette citation, tellement vraie, j'aurais aimé l'écrire.
Dernier jour d'un mois de janvier spécial qui s'achève sous un ciel très bleu comme je l'aime. Demain débute le plus petit mois de l'année, je l'espère riche.
Mais ce matin, quel contraste avec le ciel d'hier...
Un ciel gris plombé qui ne me dit rien qui vaille, c'est un ciel de neige
comme s'il n'y en avait pas assez. En voyant ce spectacle, je fredonne cette vieille chanson de Guy Béart : "Je voudrais changer les couleurs du temps, changer les couleurs du monde" , mais je n'ai pas ce pouvoir...
Par contre j'ai celui de voyager, dans le temps avec cette musique qui illustre des poèmes de la dynastie Song, et dans l'espace avec ce Yunnan griffé Source de lumière.
En voyant cette couleur fauve et avant même de porter la tasse à mes lèvres, je sens déjà la chaleur du breuvage me pénétrer.
Je quitte un instant le Yunnan, il ciel s'est assombri et pour cause...
Timide d'abord, le ciel se déchaîne maintenant
et me revient en mémoire cette question existencielle que petite fille je me posais : pourquoi quand je regarde les flocons qui tombent ils sont blancs et quand je regarde le ciel (eh oui déjà), ils sont gris... Par contre, j'espère que ce dicton bien connu ne s'appliquera pas cette année: "La veille de la Chandeleur, l'hiver se perd ou prend vigueur"... Le CD s'est tu, la théière est vide,
pas pour longtemps : la deuxième sera mon thé de lecture.
Je ne connais rien de cet auteur, j'ai acheté ce livre pour son titre au Furet du Nord lors de cette journée surréaliste : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/01/un-week-end-fou-comme-je-les-aime.html. A voir l'illustration de la couverture, j'aurais dû choisir un thé à la menthe mais cette plante du soleil est recouverte de neige, j'espère qu'elle résistera... Pendant que le thé infuse, j'essaie d'imaginer ce qui se cache derrière ce titre qui me parle. Je pense à une phrase similaire : "J'ai laissé mon coeur à Heidelberg", c'est vrai que cette très vieille ville romantique appelle la nostalgie mais je n'y ai pas laissé mon coeur, trop de monde, trop de bruit... "Il dit que même en présence de la lune il ne connaît pas de repos, et qu'il fait un vilain métier. C'est toujours cela qu'il dit quand il ne dort pas ; et quand il dort, il fait toujours le même rêve : il voit un chemin de lune sur lequel il veut s'engager pour continuer de parler avec le prisonnier Ha-Nostri car – c'est ce qu'il affirme – il n'a pas eu le temps de dire tout ce qu'il avait en tête, ce fameux jour d'autrefois, ce 14 du mois printanier de nisan. Mais hélas, quelque chose fait qu'il ne parviendra pas à rejoindre ce chemin, et personne ne vient vers lui." in Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov. C'est très russe, ce style mais l'auteur parle de nisan, et cela c'est juif, quel est donc le lien avec l'illustration de la couverture qui évoque plutôt l'Afrique du Nord ? J'ai commencé la lecture, je me suis arrêtée après 3 pages, ce texte m'oppressait non pas à cause des mots écrits mais par ce que je devinais derrière eux, ce sont les non-dits qui me dérangeaient.
Je suis allée lire la quatrième de couverture : 1957 – Alger, cela m'a suffi pour stopper provisoirement ma lecture : j'ai laissé une grande partie de mon âme en Algérie où je rêve de retourner un jour, je ne suis pas prête à découvrir les horreurs perpétrées dans cette sale guerre, elles le sont toutes mais celle-ci particulièrement... J'ai envie de revoir Chronique des années de braise, ce merveilleux film dont on ne parle plus aujourd'hui, je l'ai vu au moins 10 fois, je suis allée dans ces paysages époustouflants, j'en ai la chair de poule en en parlant, ce film se termine juste avant cette guerre atroce. J'aimerais le revoir, si j'avais imaginé que j'évoquerais cela un jour ici... Nous avions prévu d'aller dîner au restaurant mais vu le temps nous sommes restés dans nos cocons respectifs. J'avais prévu une lecture plus légère cet après-midi mais je suis encore trop pleine d'émotions à l'évocation de cette Algérie que j'ai aimé avec passion (et que j'aime toujours) mais j'ai besoin de me retrouver.
Ce Pom Fong Cha , un des noms de l'Oriental beauty va m'y aider en me plongeant dans d'autres souvenirs forts. Il vieillit très bien, j'en ai déjà parlé à plusieurs reprises, entre autres ici : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2009/06/degustation-dun-fabuleux-vieux-aux-5.html.
Cette fois, je l'infuse dans ce petit zhong, cadeau de ma chère belle-fille.
 Il donnera certainement d'autres saveurs qu'infusé en yixing, plus prononcées sans doute.
Premier passage instantané pour réveiller les Feuilles... et préparer mon palais, je n'ai pas résisté, saveur forcément très atténuée !
Après cette première infusion, les feuilles d'une belle couleur cuivrée commencent seulement à s'ouvrir mais on peut voir qu'il s'agit d'un Oolong fortement fermenté. Les passages suivants donnent des notes d'oranges confites d'abord puis la saveur devient plus boisée.
Elle ressort tout à fait à présent.
Les feuilles sont bien ouvertes à présent mais elles n'ont pas encore tout donné. Après le tsunami d'émotions de tantôt, je retrouve peu à peu la paix en voyageant dans cette Belle Île où j'ai laissé là aussi une partie de mon cœur... Et je devrais y retourner cette année, mais cela ne dépend pas que de moi, sinon j'y serais déjà!
D'autres émotions, gustatives celles-ci.
Les feuilles occupent tout le zhong à présent,
Elles n'en finissent pas de ravir mes papilles, je pense avec reconnaissance à celle qui m'a offert ces merveilles et à ma chère Ling-Ling qui me l'a fait rencontrer (http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2008/09/une-rvision-trs-personnelle.html ), encore des souvenirs inoubliables...
Cette fois, c'est la fin, elles ont tout donné,
elle vont maintenant entamer une nouvelle vie...
Une fois séchées, elles vont participer à la fin du remplissage de ce beau coussin griffé Lihua-Nancy, son jumeau le sera aussi bientôt... Et je ne quitte pas vraiment Taipei,
je viens de découvrir ces superbes photos, j'ai eu du mal à ne pas les afficher toutes !
Les nouvelles aventures du petit Dragon,
(26) diverses et variées.
Un damier, des jetons... Cela promet!
Avec un appareil photos... bon sang ne peut mentir !
Toujours aussi intéressé, ce n'est pas nouveau, déjà le jour de ses 2 ans : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2014/09/suite-de-la-fete-de-la-lune-petit.html !
Petit Georges en cuisine, j'adore la manique!
après l'effort, le réconfort.
Last but not least, la dernière et la plus originale, et une question : où est donc passé le marin de pierre ?... MERCI Claude pour ces oeuvres qui nous ont enchantés, ton père et moi ! Ceci termine ce premier février, j'ai retrouvé mes marques, il me reste à récupérer complètement mes forces mais c'est un bon début, vivement la suite !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour ces bonnes nouvelles, qui mettent fin à l'inquiétude. K

Lune a dit…

Et encore de belles pages sur le thé, la lecture, la nature qui se réveille... Une pulsion de vie forte et généreuse :)
Bonne journée

Francine a dit…

@ Kris: merci pour ta sollicitude! J'ai pensé à toi aujourd'hui me demandant si tu as vu sortir la marmotte...

@ Lune: "pulsion de vie forte et généreuse", j'aime cette formule qui me correspond bien

@ vous deux: bonnes fin de soirée, bons thés!