A commencer par l'observation de ce ciel d'hiver lumineux et tout bleu, ou presque.
Puis choisir un
thé, ici un Sencha
griffé
Postcard's
tea,
cadeau de mon copain Bernard.
Avant même de porter la tasse à
mes lèvres, mon nez capte déjà ces parfums si typiques, je suis au
Japon...
Et très précisément dans les jardins où a été
enregistrée cette musique zen dont je ne me lasse pas. Et tout en
savourant ce nectar avec gourmandise en me laissant porter par ces
accents harmonieux, Quand la musique s'est tue, je me sentais
tellement bien, complètement en paix. Et j'ai alors repensé à ces 5
jours qui viennent de passer, si riches d'enseignements. Et pourtant,
je les ai redoutés et maudits quand, dimanche passé, j'ai reconnu
les signes...
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/01/un-week-end-vraiment-pourri.html.
J'ai bien sûr d'abord lutté, pas question que cette chute entrave
ma vie, ce n'est pas un petit mal de tête qui va me faire renoncer à
ce que j'aime, quant à ma vision floue, elle s'en ira aussi très
vite ! C'est la peur qui m'a fait devenir "raisonnable"
(excusez ce gros mot...) quand j'ai constaté que mes yeux me
lâchaient, lundi c'était pire que dimanche. Si je n'ai pas peur de
la mort, même si je ne lui cours pas après, ma panique absolue est
de devenir aveugle. Même si je redoute Al Z, je sais que
l'euthanasie m'en délivrera et je remercie mes 2 personnes de
confiance d'avoir accepté de m'accompagner. Je pense que je
supporterais de devenir sourde, de voir ma mobilité réduite et même
de souffrir d'agneusie mais aveugle JAMAIS et ce n'est pas considéré
comme relevant des conditions pour mettre fin à ses jours, j'ai donc
accepté d'être coupée de ce qui me fait vivre le temps qu'ils se
remettent en pensant à la dernière fois que cela m'est arrivé :
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2013/01/decouverte-des-thes-au-musee.html,
c'est
déjà loin cela et à l'époque j'ai lutté, pas question que mon
corps domine ma volonté ! Il s'est alors passé une chose
impensable, mon corps s'est mis en mode pause, je n'essayais plus de
lutter, je me laissais aller, j'ai accepté cet état second c'est
ainsi que j'ai fait connaissance avec un concept jusque ici
totalement étranger : le lâcher-prise. Je ne me vivais pas
comme une larve mais comme quelqu'un qui, changeant de peau et donc
vulnérable, se mettait en mode léthargique. Je bénis ici mon mari
à qui j'avais d'abord caché ma glissade que j'ai finalement
dévoilée vu mon état : même s'il m'a répété que je devais
absolument voir un médecin, il ne s'est pas fait trop insistant
sachant que je ne cèderais pas même s'il m'a parlé d'inconscience,
me rappelant ma bronco-pneumonie que j'ai soignée à ma façon alors
que le toubib consulté voulait m'hospitaliser, que c'est un miracle
que je m'en sois sortie de cette façon... Pendant ces jours j'ai
très peu dormi, forcément quand on ne fait rien, on n'a pas sommeil
et pourtant je suis restée d'un calme olympien alors que quand cela
m'arrive, aux alentours de la pleine lune, je suis dans un état
d'excitation intense. Ce matin, je me suis sentie différente comme
si ce repos forcé avait remis les choses en place. Après cette
matinée et malgré le froid j'ai eu envie d'aller me promener dans
le jardin.
Et là, LA surprise, la nature commence à se
réveiller elle aussi :
entre autres ces crocus, prêts à
s'ouvrir au premier rayon de soleil.
Les bourgeons des hortensias
qui se dressent fièrement m'ont amenée dans d'autres plantations
dans l'Empire du Milieu et au pays du chrysanthème où les théiers
en dormance pendant l'hiver commencent certainement à bourgeonner
eux aussi...
Cet après-midi, je veux terminer la relecture de ce
fabuleux roman que j'avais dû laisser en suspens.
Je suis en
1913 et vais continuer à découvrir le Japon de cette époque vu par
l'héroïne de cette impressionnante épopée,
il est donc normal que je
choisisse ce Sakura
tea griffé
Jugetsudo,
cadeau de ma chère Marie-Aline dont le dernier tableau me fait
rêver... Il faudra que je lui demande si je peux en faire une photo
et la faire partager ici.
Je referme ce livre qui m'a emmenée
de la Chine au Japon du début du siècle passé à la deuxième
guerre mondiale, fascinée par cette tranche d'histoire racontée par
une Anglaise de la haute bourgeoisie qui s'est très vite affranchie
de la condition que la société d'alors lui imposait, mais à quel
prix... J'ai des tas de questions sur ce Japon d'alors, j'espère que
ma chère Cathy pourra y répondre. Pas de maux de tête, une vue
retrouvée, que du bonheur même si je me sens encore faiblarde après
cette parenthèse, je ne sais trop pourquoi.
Je terminerai la
journée par cette citation, tellement vraie, j'aurais aimé
l'écrire.
Dernier jour d'un mois de janvier spécial qui
s'achève sous un ciel très bleu comme je l'aime. Demain débute le
plus petit mois de l'année, je l'espère riche.
Mais ce
matin, quel contraste avec le ciel d'hier...
Un ciel gris plombé
qui ne me dit rien qui vaille, c'est un ciel de neige
comme s'il
n'y en avait pas assez. En voyant ce spectacle, je fredonne cette
vieille chanson de Guy Béart : "Je
voudrais changer les couleurs du temps, changer les couleurs du
monde"
, mais je n'ai pas ce pouvoir...
Par contre j'ai celui de
voyager, dans le temps avec cette musique qui illustre des poèmes de
la dynastie Song, et dans l'espace avec ce Yunnan
griffé
Source
de lumière.
En voyant cette couleur fauve et avant même de porter la tasse à
mes lèvres, je sens déjà la chaleur du breuvage me pénétrer.
Je quitte un instant le Yunnan, il ciel s'est assombri et pour
cause...
Timide d'abord, le ciel se déchaîne maintenant
et me revient en mémoire cette question existencielle que petite
fille je me posais : pourquoi
quand je regarde les flocons qui tombent ils sont blancs et quand je
regarde le ciel (eh oui déjà), ils sont gris... Par
contre, j'espère que ce dicton bien connu ne s'appliquera pas cette
année: "La
veille de la Chandeleur, l'hiver se perd ou prend vigueur"...
Le
CD s'est tu, la théière est vide,
pas pour longtemps : la
deuxième sera mon thé de lecture.
Je ne connais rien de cet
auteur, j'ai acheté ce livre pour son titre au Furet du Nord lors de
cette journée surréaliste :
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2015/01/un-week-end-fou-comme-je-les-aime.html.
A voir l'illustration de la couverture, j'aurais dû choisir un thé
à la menthe mais cette plante du soleil est recouverte de neige,
j'espère qu'elle résistera... Pendant que le thé infuse, j'essaie
d'imaginer ce qui se cache derrière ce titre qui me parle. Je pense
à une phrase similaire : "J'ai
laissé mon coeur à Heidelberg",
c'est vrai que cette très vieille ville romantique appelle la
nostalgie mais je n'y ai pas laissé mon coeur, trop de monde, trop
de bruit... "Il dit que même en présence de la lune il ne connaît pas de repos,
et qu'il fait un vilain métier. C'est toujours cela qu'il dit quand
il ne dort pas ; et quand il dort, il fait toujours le même
rêve : il voit un chemin de lune sur lequel il veut s'engager
pour continuer de parler avec le prisonnier Ha-Nostri car – c'est
ce qu'il affirme – il n'a pas eu le temps de dire tout ce qu'il
avait en tête, ce fameux jour d'autrefois, ce 14 du mois printanier
de nisan. Mais hélas, quelque chose fait qu'il ne parviendra pas à
rejoindre ce chemin, et personne ne vient vers lui." in
Le
Maître et Marguerite de
Mikhaïl Boulgakov. C'est très russe, ce style mais l'auteur parle
de nisan, et cela c'est juif, quel est donc le lien avec
l'illustration de la couverture qui évoque plutôt l'Afrique du
Nord ? J'ai commencé la lecture, je me suis arrêtée après 3
pages, ce texte m'oppressait non pas à cause des mots écrits mais
par ce que je devinais derrière eux, ce sont les non-dits qui me
dérangeaient.
Je suis allée lire la quatrième de couverture :
1957 – Alger, cela m'a suffi pour stopper provisoirement ma
lecture : j'ai laissé une grande partie de mon âme en Algérie
où je rêve de retourner un jour, je ne suis pas prête à découvrir
les horreurs perpétrées dans cette sale guerre, elles le sont
toutes mais celle-ci particulièrement... J'ai envie de revoir
Chronique
des années de braise,
ce merveilleux film dont on ne parle plus aujourd'hui, je l'ai vu au
moins 10 fois, je suis allée dans ces paysages époustouflants, j'en
ai la chair de poule en en parlant, ce film se termine juste avant
cette guerre atroce. J'aimerais le revoir, si j'avais imaginé que
j'évoquerais cela un jour ici... Nous avions prévu d'aller dîner
au restaurant mais vu le temps nous sommes restés dans nos cocons
respectifs. J'avais prévu une lecture plus légère cet après-midi
mais je suis encore trop pleine d'émotions à l'évocation de cette
Algérie que j'ai aimé avec passion (et que j'aime toujours) mais j'ai besoin de me
retrouver.
Ce Pom
Fong Cha ,
un des noms de l'Oriental
beauty
va m'y aider en me plongeant dans d'autres souvenirs forts. Il
vieillit très bien, j'en ai déjà parlé à plusieurs reprises,
entre autres ici :
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2009/06/degustation-dun-fabuleux-vieux-aux-5.html.
Cette fois, je l'infuse dans ce petit zhong, cadeau de ma chère
belle-fille.
Il donnera certainement d'autres saveurs qu'infusé
en yixing, plus prononcées sans doute.
Premier passage
instantané pour réveiller les Feuilles... et préparer mon palais,
je n'ai pas résisté, saveur forcément très atténuée !
Après cette première infusion, les feuilles d'une belle couleur
cuivrée commencent seulement à s'ouvrir mais on peut voir qu'il
s'agit d'un Oolong
fortement
fermenté. Les passages suivants donnent des notes d'oranges confites
d'abord puis la saveur devient plus boisée.
Elle ressort tout à
fait à présent.
Les feuilles sont bien ouvertes à présent
mais elles n'ont pas encore tout donné. Après le tsunami d'émotions
de tantôt, je retrouve peu à peu la paix en voyageant dans cette
Belle Île où j'ai laissé là aussi une partie de mon cœur... Et je devrais y retourner cette année, mais cela ne dépend pas que de moi, sinon j'y serais déjà!
D'autres émotions, gustatives celles-ci.
Les feuilles occupent
tout le zhong à présent,
Elles n'en finissent pas de ravir mes
papilles, je pense avec reconnaissance à celle qui m'a offert ces
merveilles et à ma chère Ling-Ling qui me l'a fait rencontrer
(http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2008/09/une-rvision-trs-personnelle.html
), encore des souvenirs inoubliables...
Cette fois, c'est la
fin, elles ont tout donné,
elle vont maintenant entamer une
nouvelle vie...
Une fois séchées, elles vont participer à la
fin du remplissage de ce beau coussin griffé Lihua-Nancy,
son
jumeau le sera aussi bientôt... Et je ne quitte pas vraiment Taipei,
je viens de découvrir ces superbes photos, j'ai eu du mal à ne pas les afficher toutes !
Les
nouvelles aventures du petit Dragon,
(26) diverses et variées.
Un damier,
des jetons... Cela promet!
Avec un appareil photos... bon sang ne peut mentir !
Toujours aussi intéressé, ce n'est pas nouveau, déjà le jour
de ses 2 ans :
http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2014/09/suite-de-la-fete-de-la-lune-petit.html !
Petit Georges en cuisine, j'adore la manique!
après l'effort, le réconfort.
Last but not least, la dernière et la plus originale, et une
question : où est donc passé le marin de pierre ?... MERCI
Claude pour ces oeuvres qui nous ont enchantés, ton père et moi !
Ceci termine ce premier février, j'ai retrouvé mes marques,
il me reste à récupérer complètement mes forces mais c'est un bon début, vivement la suite !
3 commentaires:
Merci pour ces bonnes nouvelles, qui mettent fin à l'inquiétude. K
Et encore de belles pages sur le thé, la lecture, la nature qui se réveille... Une pulsion de vie forte et généreuse :)
Bonne journée
@ Kris: merci pour ta sollicitude! J'ai pensé à toi aujourd'hui me demandant si tu as vu sortir la marmotte...
@ Lune: "pulsion de vie forte et généreuse", j'aime cette formule qui me correspond bien
@ vous deux: bonnes fin de soirée, bons thés!
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