Un week-end entièrement consacré au thé, quelle chance. Et quel bonheur !
Samedi d’abord, un dernier regard au jardin encore tout blanc malgré les températures redevenues positives et me voilà parties de l’autre côté de la frontière linguistique, direction Namur, capitale de Wallonie. De 10 à 20 heures à la Magie du Thé pour seconder la Magicienne du lieu un peu dans la boutique, beaucoup derrière à confectionner des petits sachets, beaucoup de petits sachets parce que les rayons étaient presque vides et que Fanou ne veut pas en préparer trop à l’avance pour que leur précieux contenu reste frais, bravo. Pendant les rares moments creux, nous goûtions des échantillons de nouveaux thés, moments bénis d’échanges chaleureux.
Puis nous avons préparé le matériel pour l’atelier du lendemain. Il était 20.30 quand nous avons quitté le magasin, fatiguées mais heureuses ! Un autre bonheur nous attendait : une table prête et un souper danois préparé par son mari, un vrai régal ! Le lendemain matin, Steen a remis le couvert, au propre et au figuré ! Un délicieux brunch avec entre autres du pain fait maison par lui et une tradition de son pays : un petit verre d’alcool dont j’ai bu un cm³, je peux vous dire que c’est tonique. Et aussi un événement, je ne bois jamais de boisson alcoolisée et j’en suis à mon deuxième, la veille j’ai bu un punch artisanal martiniquais ramené par la maman de Fanou, un vrai délice ! Repas très joyeux égayé par les Twins de ce couple ami, je n’ai malheureusement pas d’illustration cette fois mais sachez qu’ils boivent aussi du "thé rouge", et la relève est assurée, Emma, pas encore 3 ans a préparé son thé seule ! Je leur consacrerai un billet bientôt. Ensuite direction
La Magie du Thé pour le 3e atelier consacré aux
Wulongs et au Gong Fu Cha.
Un dernier regard à la table pour voir si tout est bien en place et j’accueille les premiers participants. Ce sont (presque) tous des habitués de ces ateliers, je les retrouve avec plaisir, et ce plaisir est partagé. Je commence par l’origine du nom : signifie Dragon noir. Son nom est associé à une légende racontant la création de ce thé particulier : un jour, il y a très longtemps, un planteur, amoureux des plantes, toujours à la recherche de nouvelles saveurs se promenait dans son jardin. Alors qu’il se reposait à l’ombre d’un de ses grands arbres, il aperçut un énorme serpent noir sortir d’un de ses théiers. Très excité et persuadé qu’il était qu’il s’agissait d’un signe du destin, il arracha quelques feuilles pour les infuser et il baptisa son breuvage Oolong, Dragon noir. Après quelques autres renseignements plus théoriques, nous passons à la pratique, l’infusion de cette famille de thé en Gong Fu. Description des différents ustensiles, les participants marquent leur admiration face à ce beau matériel et sont particulièrement intrigués par la tasse à sentir que certains découvrent pour la première fois, et qu’ils vont pouvoir utiliser bientôt. Certains complètent les notes du petit carnet posé devant eux, quelle application !
C’est avec un superbe
Tie Kwan Yin (Déesse en Fer de la Miséricorde) que je montrerai comment faire, mais je commence d’abord par l’origine de ce nom : c’est un thé mythique qui fait partie des dix thés les plus prestigieux de Chine. Plusieurs légendes font état de son origine mais toutes s’accordent sur un point : ce thé est d’essence divine... Je laisse à Olivier Scala le soin d’en raconter une :
"Wei, un laborieux paysan, passait régulièrement devant un petit temple en ruine dédié à la déesse Kwan Yin. Ce spectacle l’affligeait au plus haut point, mais les moyens lui manquaient pour le remettre en état. Néanmoins, chaque jour, il nettoyait avec piété la statue en fer (tie en chinois) de la déesse, balayait le temple et, avant de retourner à ses occupations, allumait quelques bâtons d’encens. Une nuit, Kwan Yin apparut à Wei et lui annonça qu’un trésor se trouvait dans une grotte se trouvant derrière le temple. Wei s’y précipita mais ne trouva là que quelques graines : un peu déçu, il revint chez lui et les planta dans son jardin. Il vit alors croître de magnifiques arbustes dont il infusa les plus belles feuilles pour un retirer une boisson merveilleuse et cristalline… le Tie Kwan Yin était né. Wei en apporta à ses voisins avant que la province entière ne lui en réclame. Fortune faite, il put enfin restaurer le temple, non sans avoir dédié ce nouveau cru à la déesse en fer". (In Thés, culture, senteurs, saveurs, p. 80). Tout en préparant les 3 premières infusions, je songe avec émotions à mon amie Ling-Ling qui m’a offert cette magnifique mer à thé, et aussi à Vivien chez qui j’ai acheté la théière et le "pot à lait", et qui m’a à l’époque fait découvrir le
Tie Kwan Yin ; c’était le début de ma passion pour les Oolongs, il y a longtemps déjà. Tout cela je le garde pour moi bien sûr, mais cela m’aide à me concentrer. Puis c’est au tour des futurs passionnés… leur souci de bien faire est évident et émouvant.
Je les observe et ce que je vois me touche : le sourire de Michèle, la concentration d’Alain, qui a travaillé pour deux, bravo!
Le sérieux avec lequel se font les échanges ...
n’empêche pas la gaieté de Chantal et Dominique, qui connaît déjà bien cette famille de thé, et qui en parle avec passion!
Tout cela n’empêche pas la concentration, les gestes sont précis : tandis qu’Alain réchauffe les ustensiles, Chantal transvase la première infusion.
Ca, c’est pour les habitués mais une invitée très particulière est également présente, c’est Tatienne, la maman de Fanou, et avec elle le soleil de Guadeloupe, dont nous manquons tant ici ! Elle a affronté l’hiver pour aider Fanou, depuis décembre elle est présente pour ses petits-enfants qui l’adorent, ce qui rassure la Magicienne qui peut rester plus tranquillement au magasin pendant ces mois un peu spéciaux.
Quelle application, et quelle précision dans les gestes, "bon sang ne peut mentir". Pendant ce temps, je continue à infuser le
Tie Kwan Yin que je partage avec Steen.
Douze infusions plus tard, voilà les feuilles, c’est avec étonnement que tous découvrent les proportions qu’elles ont prises… et la saveur de ces dernières infusions.
C’est sur ce beau geste de Michèle que se termine, à regret, cet atelier. Merci à vous tous pour ces échanges si riches, vos paroles vraies. Je souhaite que 2010 soit pour vous une année douce, infusée aux meilleurs thés, parce que partagés comme nous l’avons fait ce dimanche…
C’est le cœur gai que je retrouve mon mari et mon salon bleu-thé. Et ce matin, surprise : le jardin est redevenu tout vert.
1 commentaire:
Coucou et bonne année!
J'ai une petite question sur le tie kan yin : est-ce qu'il est beaucoup ou peu fermenté? Parce que l'autre jour j'en ai gouté un chez Zoo zen et il avait presque une odeur de thé grillé. J'ai demandé s'il était toujours comme ça et la vendeuse (ce terme parait inapproprié mais je n'en n'ai pas d'autre) et elle m'a dit qu'à Taiwain, oui. Mon expérience est similaire à la tienne puisque quand j'ai eu le sentiment d'avoir fait un peu le tour des thés parfumés, je suis allée chez Mariage (je ne connaissais pas à l'époque la richesse disponible en maisons de thé à Paris!) pour demander autre chose que du thé noir et pas aromatisé et c'est ce que m'a proposé le vendeur... Mais il était très peu fermenté (d'après moi). Bon il faudrait quand même que je t'envoie un mail depuis le temps que je dis que je vais le faire!! (parce que j'ai beaucoup de choses à dire!!)
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