mardi 26 octobre 2010

Une expérience originale, et intéressante

C’est le billet publié par Sébastien le 24 octobre sur son blog (http://vacuithe.blogspot.com/) qui m’a inspiré celui-ci. Cela fait près de 2 ans que je conserve ce curieux sachet, j’attendais d’être inspirée pour m’en servir. Son contenu ?L’étiquette ne parlera qu’à ceux qui déchiffrent ces jolis "dessins".Pu Er orange-pomelo ou mandarine ? Je ne sais mais ce qui est impressionnant c’est le parfum qui traverse le Cellophane. Très friable, cette vieille peau, mais elle a gardé une bonne partie de son parfum. Je prélève 5g de feuilles qui ne dégagent que le parfum de leur contenant. Elles sont de couleur assez homogène et en morceaux semble-t-il. Après 2 rinçages instantanés, la couleur des feuilles est presque noire sauf ce petit morceau de mandarine qui lui a fort pâli. Deux infusions de +/- 30 secondes, et c’est bien un Pu Er qui s’offre à mes papilles étonnées, où a disparu le parfum de l’agrume ?Je n’ai senti aucune évolution entre les 2 infusions. Deux autres infusions d’une minutes, saveur de Pu Er plus présent mais je ne perçois aucune évolution dans les saveurs, si ce n’est une impression un peu sucrée. Ce qui est certain par contre, c’est que ce thé me donne soif... bizarre, il n'a pourtant aucune astringence.Les feuilles sont uniformément brunes, aucune n’est entière. En dégustant la dernière infusion, je me demandais si je n’allais pas refaire une infusion et la mettre dans un potage ou dans une tourte au potimarron ? Il ferait partie d’un prochain repas au Pu Er, la recette a été envoyée par Olivier Schneider (http://www.puerh.fr/), avec des photos qui donnent vraiment envie de s’y mettre, merci Olivier ! Et merci à toi Sébastien, démon tentateur... je me suis bien amusée.

19 commentaires:

vacuithe a dit…

C'est EXACTEMENT la même mandarine que celle que j'ai goûtée (Gold Horse Brand, n°8685) !
Décidément le monde du puerh mandarine est petit :)
Ce qui est étonnant c'est que les arômes de mandarine se soient perdus entre tes feuilles sèches et les liqueurs de tes infusions. Lors de mon test, la note d'agrume était quand même assez présente dans la tasse !
Qu'est-ce qui a pu faire que 2 mandarines à priori identiques aient réagi si différemment ??
Désolé de t'avoir entraînée dans le côté obscur du puerh, mais je suis dans ma période teatoys : minituos, mandarine...
Bonne journée !

Francine a dit…

Merci Sébastien, mais surtout ne sois pas désolé! Au contraire, j'en redemande... j'ai moi aussi mes périodes "teatoys". Pour les arômes de mandarine, je ne sais pas, la mienne avait au moins 2 ans, et peut-être que le dosage a joué aussi. Bonne journée à toi aussi!

Nicolas a dit…

"Teatoys", c'est un vocabulaire inattendu et amusant ^^

Olivier a dit…

@Sebastien + Francine

Très sympa ces dégustations de thé croisées entre blogs ;)

C'est en effet exactement le mme thé, je pense que la grande différence (qui se voit d'ailleurs sur les photos de Francine) est l'age du thé, et probablement le gout d'agrume tend à diminuer avec le temps...

Après je ne peux m'empécher de partager une lecture du jour, particulièrement à propos et écrite il y'a plusieurs centaines d'années:
"avec ce parfum inné, aromes et couleur naturelles, la liqueur de thé n'a pas besoin d'ingrédients comme fruits ou herbres, bien qu'il puissent être délicieux ou aromatiques. Ceux qui peuvent gâcher ce parfum inné sont les pommes de pin, noix, oranges, graines de lotus, pawpaw, pétales de jasmin, roses, "bois du démon"(?), etc. Ceux qui garderont sa couleur naturelle sont kaki séché, dates chinoises, pêches rouges, mandarine, etc. Un bon thé, une fois mélangé avec ce genre d'assaisonnement perdera sa caractéristique lucide et pure. Si quelques chose doit vraiment être ajouté, faites un choix parmi noix, noisette, graines de melon, amandes, noyau d'olive, marrons, graines de ginko."
(traduis comme je le peux de Sheng Ba Jian)

Francine a dit…

Merci Olivier pour ton commentaire et pour le texte; mais dis-moi, qui est Sheng Ba Jian? Et merci aussi pour tes recettes au Pu Er, j'ai hâte de les réaliser

Anonyme a dit…

petite confusion et erreur de translittération... confusion surtout.

il ne s'agit pas de "sheng ba jian" mais de "zun sheng ba jian"... qui n'est pas une personne mais une série de huit traités écrits fin 16e par un certain Gao Lian, écrivain dramaturge de son état.
zun sheng ba jian peut se traduire par "huit écrits sur l'art de vivre" (ou : sur la façon de prendre soin de sa vie / des choses à observer dans la vie ). Déjà traduit, heureusement car le chinois classique et littéraire, très ramassé dans l'écriture, est illisible pour un non chinois sauf s'il a des années d'études de haut niveau derrière lui.

francine, si vous cherchez Gao Lian vous trouverez l'article de wikipedia.

bien à vous, Armelle

Olivier a dit…

Merci Armelle,

Je savais bien que zun sheng ba jian était l'ouvrage d'où provient cette citation mais je n'en connaissait pas l'auteur...

Je l'ai en effet extraite d'un célèbre recueil de textes compilé par Lu Tingcan dans ce livre culte "suite du classique du thé", re-traduit récemment en chinois contemporain. Si cet ouvrage est une mine d'or, Lu Tingcan a la mauvaise habitude (sûrement culturelle) de régulièrement omette les auteurs qu'il cite pour ne se référer qu'aux nom des ouvrages, et ne jamais donner les dates de ces ouvrages...

Francine a dit…

Merci Armelle et Olivier pour ces précisions "savantes"

Anonyme a dit…

ce n'est pas un problème de culture et d'attribution des quelques citations qu'il faisait dans son livre (qui a été intitulé "suite au classique du thé"), c'est qu'il y a des insertions, ce qu'on appelle de l'intextualité. et comme Lu Tingcan écrivait au tout début de la dynastie Qing (pour vous situer : cet ouvrage est daté de 1730-35, les huit écrits de Gao Lian ont été édités pour la première fois vers 1690 puis une trentaine d'années plus tard) il est très réaliste de penser que pour lui et pour ses lecteurs les insertions, références et citations étaient évidentes et identifiables, sans qu'il soit même utile de donner des références. Chez nous, Montaigne dans ses Essais ne mentionne pas les sources et auteurs de toutes ses citations et insertions : il y a évidence pour son public d'alors. les textes tournaient plutôt en circuit fermé, au sein d'un public qui partageait une culture et des références similaires, donc c'était de l'ordre de l'évidence.

Mais dans une revisite du texte de Lu Tingcan en chinois "moderne" (et très probablement avec le système d'écriture simplifié) et a fortiori dans des traductions ce serait davantage indispensable de mettre des notes de l'éditeur (comme Gallimard le fait obligeamment avec les Essais par exemple) !

Armelle

Anonyme a dit…

lire intertextualité (!!) bien sûr

bonne fin de journée

Armelle

Olivier a dit…

Merci Armelle pour ces précisions, c'est très intéressant,

J'englobait bien par "culturel", les raison derriere le fait de ne pas préciser les auteurs, et jamais les dates de publication, sans que ce soit spécifiquement une volonté personelle de Lu Tingcan (ce que je ne pense pas)...

Que dans ce cas précis on puisse en effet imaginer comme évident que les lecteurs ait connaissance d'un texte écris 30 ans avant soit, mais c'est moins évident pour des textes plus anciens, et les autres extraits cités dans la "suite du classique du thé", qui s'étallent sur presque 1000 ans ont étés écris par plus d'une centaines d'auteurs différents.

Car ce qui me semble encore plus étonnant dans cette approche de Lu Tingcan, c'est qu'il ne s'agit pas de citations qui viendrait s'intecaller entre les propos de l'auteur mais que ce livre "receuil" est quasi intégralement composé de citation. Bref une tentative d'état des lieux sur le thé, qui reprendrait tout ce qui a été écris depuis la publication de Lu Yu... Et c'est vrai que avec cette approche de compiler (sans commenter) ce qui a été écris je trouve ça des plus étrange de la part de Lu Tingcan de ne pas donner les infos précises sur les ouvrages repris. Et c'est d'autant plus génant pour les dates, car les approches du thé sont radicalement différentes selon la période des auteurs repris, et dans certain cas le texte lui mme ne permet pas définir quand il a été rédigé.

(et les raisons de ce "flou" se trouvent très probablement dans la culture chinoise de l'époque, ce sur quoi je vais creuser dans les jours à venir merci de m'avoir motivé à chercher plus loin dans cette direction :) )

Anonyme a dit…

Il faudrait avoir accès à l'édition du début du 18e pour savoir s'il n'y a pas un paratexte quelconque qui aurait pu s'égarer. je ne sais pas, ce n'est pas sûr du tout. Et aux étapes du manuscrit.

ensuite il n'est pas évident que cet auteur ait compilé en vue d'une publication. son dessein a pu être personnel au départ, ou alors à destination d'un petit groupe de gens. Il a pu commencer ça comme on fait une prise de notes au fil de l'eau sur des choses qui nous intéressent, ou bien tout simplement comme nous faisons une photocopie pour garder un passage d'un livre... allez savoir...

Au stade de la publication : les structures d'éditions n'étaient pas les mêmes qu'aujourd'hui.
La gestion de la distance du lectorat est un phénomène éditorial récent : citer un auteur ou un texte à distance de 100 ans ou de 800 ans, dès lors que ce texte faisait partie du corpus partagé, la distance temporelle ne change pas grand chose.

j'aurais tendance à chercher midi plus près de midi que de quatorze heures : si les sources ne sont pas données en détail ni en gros, l'explication est sûrement toute bête, "il n'y a pas besoin", "mais pour quoi faire ?" sans spécificité chinoise, les empilements de type géologiques (à un ou plusieurs auteurs) en matière écrite ne sont pas une exception culturelle, regardez la Bible ou les chansons de geste par exemple. Et ce qui nous semble important ne l'était sans doute tout simplement pas dans une autre époque, il y a bien évidemment des choses qui sembleront importantes dans deux ou trois siècles, mais dont nous moquons éperdument aujourd'hui (imaginez par exemple que la publication numérique ou par réseau se généralise, la question de l'horodatage pourrait devenir un vrai fait éditorial, mais en attendant si vous expliquiez à Modiano ou à son éditeur qu'il devrait horodater ses textes vous le feriez peut-être bien rire)

Armelle

Francine a dit…

Merci à vous deux, mais là, je suis complètement larguée...

vacuithe a dit…

Voyons Francine, c'est pourtant simple : l'intertextualité de la translittération du paratexte a été englobé dans le contexte lexical du mandarin moderne. C'est pour ça !!

Comme quoi, une bête mandarine peut devenir le point de départ d'une discussion sérieuse (mais moi aussi je suis largué je te rassure Francine)

Francine a dit…

Mille mercis Sébastien! J'ai eu une bonne idée de jeter un oeil avant d'aller rejoindre les bras de Morphée... Mais moi je ne suis plus larguée grâce à ta phrase qui résume tout!!! Re-merci,bonne nuit et vive les mandarines!

Framboise a dit…

Mandarine et mandarin dans une tasse de thé se sont noyés.
Merci Sébastien pour ton petit clin d'oeil de fin (?).

En ce qui concerne la traduction, lire Pierre Assouline dans son billet du jour (blog la république des livres) :
"Il faut lever le nez quand on traduit" (Svletana Geier, traductrice de Dostoïevski en allemand).
De même qu'un bon coureur regarde la route, pas son vélo, un bon traducteur se reconnaît à sa capacité à lâcher le livre, à s'éloigner de sa table et à respirer un autre air... Toujours Assouline mais c'est aussi ce que j'ai appris.

Gao Lian attend peut-être une nouvelle traduction...
Les traductions d'un système d'écriture vers un autre système (transcription du russe en caractères latins par ex.) sont toujours "casse-gueule".

Francine : tu vois où le thé nous mène !

Francine a dit…

Ma chère Framboise, quel bonheur de te lire! Mais face à tant d'érudition dans un domaine où j'ai depuis longtemps dépassé le principe de Peter, je mesure le fossé abyssal qui me sépare d'Olivier, d'Armelle et de toi... Ai-je encore ma place dans ce monde?... mon inculture m'écrase

Framboise a dit…

C'est toi qui parle "d'inculture"... Alors que tu sais si bien partager toutes tes connaissances sur le thé et dispenser aux uns et autres ce qui n'a pas de prix : la générosité...
Si tu savais tout ce que la lecture de tes billets m'apporte...

Francine a dit…

Merci ma chère Framboise, même si je me sens moins "lettrée" que vous