Ce matin, je n’ai qu’une idée en tête, découvrir un de mes trésors, je n’ai bien sûr pas résisté, je ne suis pas sortie les mains vides de chez
Tchang de Chine. Je dégusterai le
Meng Ding demain après-midi avec ma filleule (encore de très bons moments en perspective), mais pour l’instant je suis impatiente de découvrir l’autre.
Et de me plonger dans la lecture de ces dépliants.
Ce bel inconnu,
E-Mei Mao Feng que Mr Tchang m’a chaleureusement recommandé. De mes lectures, j’ai appris qu’Emei, située dans le Sichuan, est une des 4 montagnes sacrées du bouddhisme, il n’est donc pas étonnant qu’un thé lui soit associé. Il faudrait que je retrouve le livre, mais je sais qu’en lisant cela j’ai un fou rire : si ma mémoire ne me trahit pas trop, sur cette montagne sacrée il y a un temple (ou plusieurs peut-être) et pour y accéder il faut monter des milliers de marches… 60 mille me viennent à l’esprit mais cela me paraît tellement énorme qu’il faudra que je vérifie.
Mais revenons au thé, et quel thé ! Les feuilles sèches me font penser un peu à du Bi Lo Chun, et leur parfum me semble végétal.
Devant une telle beauté, j’ai eu envie de les infuser dans un verre comme me l’a un jour montré Li-Ping : on en remplit d’abord le tiers avec une eau à 85°. Puis on verse 2.5 g de feuilles. Et une fois de plus, je pense à ces cueilleuses dont les doigts de fée permettent une si fine régularité. Là-bas, ce doit être l’effervescence maintenant. Alors, tout en observant le va-et-vient de ces jeunes belles, je hume le parfum, délicat et subtil.
Puis, quand les feuilles se sont presque toutes couchées au fond du verre, je le remplis en versant l’eau contre les parois pour ne pas brûler ces jeunes danseuses si délicates.
J’ai ensuite transvasé cette liqueur assez pâle, elle est légèrement trouble, comme si le brouillard de là-bas l’enveloppait encore. Tout en savourant ce nectar à petites gorgées gourmandes, des tas de visages viennent à moi: ceux d’une partie de ma famille du thé, ce grand thé est digne d’une cérémonie des lettrés… ce sera pour le mois de juin.
La première partie du ballet est terminée, les feuilles reposent maintenant au fond du verre.
Pour la deuxième infusion, je me sers de cette théière en verre, plus facile à manipuler que le verre.
L’infusion est légèrement plus pâle, toujours un peu dans la brume et une légère astringence apparaît.
Alors que la saveur reste pour moi assez végétale, les feuilles infusées dégagent maintenant un parfum de fleurs, mais lesquelles ?
De tels trésors n’ont pas encore tout donné, une troisième infusion s’impose. Ici le ballet est très peu aérien, seules quelques-unes viennent respirer à la surface.
Cette dernière infusion est surprenante, encore un peu d’astringence mais surtout une saveur douce et sucrée et cette émotion gustative, que je ressens depuis le début, s’intensifie, j’en ai les larmes aux yeux, je me sens transportée vers l’âme du thé, C’est peut-être cela l’état d’ébriété… Si oui, j’en redemande !
C’est dans cet état que j’observe ces belles qui en 3 représentations m’ont entrouvert les portes d’Horaisan… Eh oui,
Thé et Zen sont un… Maintenant toutes développées, elles sont d’un vert très clair et assez uniforme. Et elles sentent les fleurs de printemps.
Le détail nous en montre la délicatesse et la finesse de la cueillette.
C’est dans cet état de détente absolue que je vais maintenant me plonger dans un autre univers que je connais à peine. Mais cela sera une autre histoire. Et ce qui me prouve une fois encore que le hasard n’existe pas, c’est qu’entendant Josiane et Jean-Pierre parler pour la énième fois (et avec passion) des plantes, j’avais décidé de me pencher sur ce vaste monde. C’était il y a 15 jours à
l’Institut du Thé. Quelques jours plus tard, je découvre sur le blog de Vanessa (
http://iam-like-iam.blogspot.com/2011/04/arrivee-des-pres-identification.html) en date du 6 avril de quoi commencer à lire. Je retournerai bientôt chez Tchang de Chine, dont voici les jours et heures d'ouverture: du mardi au samedi, de 9h30 à 12h30 et de 14h à 18h30; le dimanche de 9h à 14h. Une dernière remarque : cela fait plus d’une heure que j’ai terminé cette dégustation et la saveur sucrée est toujours là, présente dans ma bouche, qui me colle au palais, impressionnante sensation, belle rétro olfaction...
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