jeudi 5 janvier 2012

Après le grand vent et le Pu Er, le retour en enfance avec des "mauvaises herbes", que du bonheur!

Je l’ai ratée ! Il paraît que cette nuit, le vent a soufflé en tempête comme jamais dixit mon mari, il a même été déplacer sa voiture à 2 heures ce matin de peur que le charme fendu à côté duquel elle se trouvait ne tombe dessus. Et pendant ce temps-là "d’Aboville ramait", et moi je dormais. Et quand je dors, je n’entends rien, c’est sans doute ça avoir la conscience tranquille… Seules les branches qui jonchent les pelouses en abondance attestent ce matin de la violence des éléments, et dire que je n'ai rien vu, rien entendu, snif. Pour me consoler, je suis allée me préparer un thé de circonstance, mais cette fois-ci le Pu Er choisi ne rendait pas bien en théière, j’ai continué les infusions en gong fu mais je n’ai pas retrouvé ce goût de cuir, d’écurie et l’odeur de vieux grenier que j’aime tant. Bizarre, est-il passé, "mort "? Pour me consoler, je suis allée réchauffer ma carte en écumant les librairies, j’ai peur qu’elle gèle en hiver… Je n’ai pas trouvé tout ce que je voulais mais je me suis consolée avec d’autres trouvailles. En revenant, le vent s’est à nouveau levé à tel point que ma voiture s’est déportée, heureusement, il n’y avait personne en face, c’est la première fois que ça m’arrive et c’est assez impressionnant, une expérience de plus… Il me fallait un thé pour me remettre de mes émotions! Quelque chose de fort et de doux en même temps. J’ai choisi cette théière petite mais élégante en me demandant comment les libellules du dehors s’en sortaient par un temps pareil… Ce Yamato Kabuse Sencha est décidément une pure merveille gustative qui, associé à la saveur de l’émotion ressentie en pensant au beau geste de mon généreux donateur, fait de ces moments bénis des parcelles d’éternithé. Retour dans mon cocon après le dîner, j’avais envie d’un thé de lecture pour entamer un de mes nouveaux livres (je fais toujours très attention à leur date de péremption…). Je me suis arrêtée à cette mystérieuse boîte, un autre cadeau d’une autre généreuse donatrice, elle, c'est Maria et sur la boîte, dont le couvercle est orné d’un curieux accordéon, il est écrit Je m’appelle Théodore, tout un programme… Je déplie donc cet intrigant accordéon, c’est la première fois que je vois cela, j’ai pourtant quelques autres boîtes ThéOdor, et ça me plait, cela fait très ludique. Mais dès le premier volet ouvert, surprise, on ne joue plus, ici c’est leçon de vocabulaire : « L’Impertinence N. Fém. : trait de caractère typiquement parisien, évoquant son penchant à choquer par son caractère déplacé à revendiquer ce qu’il préfère. Aux noms ou saveurs osés, les thés de l’impertinence offrent une certaine liberté d’être.» Ici, on est très loin de la signification académique de ce mot dont on m’a affublée très longtemps, je sais maintenant que c’était faux, je ne suis pas parisienne… Par contre, j’aime assez la définition de ces thés, et là, on est dans la philosophie… "une certaine liberté d’être", tout un programme. Suivent des noms de thés "impertinents": Scandale (je ne connais pas), 1842, 29 août (je le connais depuis longtemps mais qu’a-t-il d’impertinent ? Je lirai cela plus tard), Je m’appelle Théodore (je ne le connais pas encore, mais cela ne saurait tarder) et Parisian Breakfast (celui-là, je le connais et je ne l’aime pas du tout, les chiens ne font pas des chats, et vu l’intitulé, il faut être parisien pour aimer cela… Aïe, j’ai peur d’être … insolente, mais tant pis, je dis toujours ce que je pense). C’est bien tous ces bavardages mais je commence à être en manque. J’ouvre la boîte et tout de suite, je suis au pied des pyramides, ce parfum complexe m’évoque d’abord le Karkadé. Mais il est passé 4 heures, et je n’ai pas goûté encore, je prélève donc ces petits fruits secs. Puis je n’y tiens plus, je fais infuser ce thé, je reviendrai à la lecture de l’accordéon en savourant cette curiosité. Le parfum qui se dégage de la théière est celui de la réglisse et, plus envoutant aussi, celui de ma grand-mère, curieux le sien était à la violette. Et c’est ici qu’a commencé un très curieux phénomène : je me sens devenir toute petite, et me voilà devenue Alice ! Surprenant, petite fille, je détestais cette histoire, elle me faisait peur mais ici c’est à elle que cette infusion fait penser, on aura tout vu ! Je feuillette d’abord ce livre que je trouve magnifiquement illustré et relis le chapitre 7 : Un drôle de thé-goûter avec une pensée pour Elise, la généreuse donatrice de ce cadeau. Et dans la tasse, émotions intenses : gustative mais aussi souvenirs d’enfance avec cette grand-mère adorée à qui je pense encore très souvent, elle vit toujours en moi… Les tasses se succèdent, je vais découvrir maintenant ce qui se cache derrière Je m’appelle Théodore : « on ne choisit pas sa famille, c’est certain et par conséquent son prénom… Mais les prénoms traduisent généralement les grands traits de caractère… N’y voyez rien d’incongru, mais Théodore veut dire "Don de Dieu", je vous laisse imaginer le reste. Vous pourriez y voir également une petite infusion de fruits, groseille, réglisse, citronnelle, citron… enfin que du plaisir ! Et vous, comment vous appelez-vous ? » J’ai bien ri, ici j’ai immédiatement pensé au " prénom" que je me suis choisie, "théière nomade"… Sinon, pour répondre ce que l’auteur de la question attend, c’est vrai que je n’ai choisi ni ma famille, du moins celle de sang, ni mon prénom, et je ne l’aimais pas jusqu’au jour où un ami à qui je m’en plaignais, m’a dit son étonnement car il me correspondait bien, Francine signifie LIBRE… Je ne connais par contre pas le prénom de ma grand-mère chérie, elle s’appelait Juliette, mais je parierais que ce doux prénom signifie également Don de Dieu… pour moi en tous cas. C’est aussi mon deuxième prénom, elle était aussi ma marraine. La théière est vide maintenant, mais ce que son contenu m’a évoqué restera marqué en moi pour longtemps, merci à vous deux, à toit Maria d’abord de m’avoir offert ce beau cadeau que je n’aurais jamais choisi, je suis très Feuilles, du moins jusqu’à aujourd’hui, et à toi Guillaume d’avoir créé un tel mélange qui m’a emmenée au pays de mon enfance avec ma grand-mère, serais-tu magicien ? Il reste maintenant ces "mauvaises herbes", terme utilisé pour qualifier les mélanges de non-thés. Pour que cette appellation soit tout à fait correcte, j’y ai prélevé les fruits plus du tout secs… il y a donc à boire et à manger dans ces mauvaises herbes, c’est que du bonheur ! Mais tout à coup, une grande peur m’envahit : j’adore les Feuilles, mais depuis aujourd’hui je suis addict à ces mauvaises herbes, alors ne vais-je pas être victime du paradoxe de l’âne de Buridan ? Qui vivra verra, si on peut dire…

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Quel beau billet Francine ! Cette mauvaise herbe vous a complètement envoûtée... Ca me fait plaisir la surprise était au rendez-vous pour 2012 avec cette belle rencontre avec Je m'appelle Theodore.
Je goûterai cet après midi tranquillement un des Pu Er en pensant bien à vous. Merci beaucoup.
María

Francine a dit…

Merci chère Maria, avant d'éteindre les bougies, j'ai récidivé, je suis vraiment accroc, cela a clôturé une belle fête de l'Epiphanie. Et le Pu Er?

Ségolène a dit…

Que d'émotions et d'impertinence dans ce billet Francine !

A chaque fois que je déguste du Long Men Xiang (et ça m'arrive souvent, quasiment chaque jour ! -nous avons déjà dû le renouvelé), je pense à toi et à notre rencontre.

Bon Dimanche !
Ségolène

Francine a dit…

@ Ségolène et Patrick: eh oui, ce fut une journée particulière... Comme je te comprends, ce Long Men Xiang est fabulous et nous rappelle une belle rencontre chez Vivien, trop courte mais on remettra cela, après Bordeaux... je sens que cela ne saurait tarder! Bonne fin de soirée à vous deux