Après une matinée consacrée au quotidien d’une femme d’intérieur, pas toujours très passionnant, je retrouve mon salon bleu-thé.
Un coup d’œil par une des fenêtres, la couleur de la pelouse me convainc que je serai bien mieux à l’intérieur, même si un des 3 faisans ayant élu domicile dans la propriété me fait un clin d’œil !
J’ai des envies de chaleur et de Pu Er. Je sors une des briques ramenées de Taipei et j’installe le matériel quand mon mari fait une apparition tenant à la main une enveloppe légèrement boursoufflée.
Je ne reconnais pas l’écriture dessus mais à la vue du contenu, je sais que je vais devoir changer mes plans : outre une carte de vœux comme je les aime, un sachet dont le contenu ne fait aucun doute et dont l’intitulé m’intrigue :
The T of dreams… Je remercie déjà ma généreuse donatrice pour l’après-midi que je vais passer grâce à elle.
Dès l’ouverture du sachet, le parfum très caractéristique d’un
Milky Oolong Tea excite mes papilles.
Je garde le même matériel, ce qui me permettra de voir la danse des feuilles.
La première infusion est assez pâle mais le goût me surprend, je reconnais bien la saveur de ce thé mais cependant très atténuée, par rapport à celui que j’avais dégusté il y a quelques jours.
Après cette première baignade, les feuilles commencent à se développer.
Dès la deuxième infusion, elles occupent toute la théière et tandis qu’elles colorent et parfument la mère du thé, je repense à notre première rencontre un certain 14 novembre dans un lieu que je ne risque pas d’oublier, à plusieurs titres... Et pourtant, cela a failli ne pas se faire…
Tout occupée à me remémorer ce moment fort, je ne fais plus trop attention à l’infusion, mais j’ai la surprise de constater que la liqueur a à peine changé de couleur. La saveur par contre est surprenante, je ne retrouve plus les goûts typiques de cet Oolong particulier.
Les feuilles sont assez impressionnantes et toutes ne se sont pas encore ouvertes.
Troisième infusion, et là, autre surprise, si j’avais dû goûter le breuvage à l’aveugle, j’aurais dit que c’était un
Tie Kwan Yin d’automne avec un tout petit arrière-goût sucré !
Tout en admirant ces belles feuilles, je me demande pourquoi. La seule idée qui me vient est que d’habitude, j’infuse ce thé en théière en terre. C’est vrai que voir danser et évoluer les feuilles dans du verre procure un plaisir visuel mais ce n’est pas la première fois que je constate que ce matériau ne rend pas de la même manière que la terre.
La "petite" surprise de Claire, est suffisamment importante pour que j’emploie ma théière d’anniversaire. La première infusion est plus ronde, qu’en théière en verre, mais ici aussi la partie "milky" de cet Oolong est très atténuée. Tout en sirotant ce thé qui a en tous cas la saveur particulière de ce beau geste, c’est avec émotion et nostalgie que je me repasse le film de cette mémorable soirée, apothéose d’une merveilleuse journée printanière de novembre.
http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2011/11/je-nai-pas-de-mots-assez-forts.html. Je fais une deuxième infusion de ce thé énigmatique qui va cette fois me servir de thé de lecture : je reprends ce livre pour la 6e fois, suite au commentaire de Lune sur le billet précédent. Ce livre se lit comme un parcours de vie hors du commun dans la Chine communiste des années 80, c’est un des livres qui m’ont profondément marquée, et le propre de ceux-ci est que leur contenu est tellement dense, tellement fort, que chaque fois que je récidive, je découvre des éléments qui ne m’avaient pas frappée. Et comme je le disais justement à Claire suite à son commentaire, c’est un peu comme LE livre que les petits-enfants demandent à leur grand-mère de lire, relire, re-relire alors qu’ils le connaissent par cœur, juste pour revivre des moments forts. Leurs trémoussements sur nos genoux nous annoncent les passages qui les ont particulièrement marqués… Bien avant de l’ouvrir, ici je revois déjà certaines images, d’un musée de Taiwan, de la bibliothèque nationale pendant l’année de la Chine entre autres. Ce livre autobiographique commence fort : "Son enfance, on la subit ; sa jeunesse, on la décide. Je savais ce que je voulais : peindre ; et d’abord apprendre à peindre en maîtrisant une technique picturale. C’est ainsi que j’allais me retrouver en Chine. Chacun croit que sa vie est unique, et pourtant…"
http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2010/10/partage-et-lecture.html. C’est la toute première phrase et déjà le charme opère. Et d’avance je frémis à l’idée de relire certains passages (dont je ne parlerai pas ici pour ne pas déflorer l’histoire, si on peut dire… ceux qui l’ont lu comprendront à quoi je fais allusion) Et je souris en pensant à d’autres. Je lis deux pages et je m’arrête, trop bouleversée pour poursuivre, je le reprendrai un peu plus tard. Pour le moment, j’ai besoin de me retrouver, de mettre à distances ces trop fortes émotions.
J’allume une bougie, je mets ce disque de harpe et j’éteins la lumière. Moment de méditation, d’autres images me viennent en tête, des visages aussi, ceux de mes compagnons du thé et de Nadia à l’Institut du Thé… J’espère pouvoir assister à la session de mars. Je repense à un des enseignements de Nadia qui est très en phase avec ce que je vis pour le moment :
"L’Art du Thé introduit la Voie du Thé. L’Art du Thé consiste en un procédé artistique pour la mise en valeur d’un grand thé pour qu’il exprime au mieux toutes ses qualités. Mais toute l’application matérielle nécessaire à la préparation, ne constitue qu’une forme esthétique. S’en tenir à cela peut aboutir à une activité extravagante et vide de sens. Alors, intuitivement, l’esprit appelle la dimension manquante (mais toute proche) : la dimension spirituelle. Dès que l’on va ouvrir les portes de la Voie du Thé, le thé va contenir tout le sens de l’Univers". C’est à presque à cela que je suis arrivée aujourd’hui et que je partage aujourd’hui avec vous, avec passion et émotion.
7 commentaires:
Ahhh, le livre de Verdier est quelque part dans ma bibliothèque. Sans doute le prochain livre que je lirai.
Dans le "sens inverse", celui d'un Chinois découvrant l'esthétique européenne en France (entre autres, puisque ce livre est richissime), as tu lu "Le dit de Tian Yi" de François Cheng ?
Et je recommande chaudement "Cinq méditations sur la beauté" du même, dans l'édition audio lue par l'auteur.
Je viens de poster mon billet sur ce livre fabuleux, je m'en vais lire maintenant le tien.
Je vais me procurer le Cheng (merci Thé Tea Cha).
Bonnes dégustations Francine, sous une pluie battante et un ciellourd, le pu'er est de mise?
@ Thé Tea-Cha: eh oui, j'ai lu Le Dit de Tianyi et le vide et le plein mais si je buvais déjà du thé, je n'étais pas encore rentrée dedans (comme on entre en religion... message codé pour le fan de saint Augustin), mais tu me donne envie de les relire, merci. Par contre, je ne connais pas (encore)Cinq méditations sur la beauté ou beauthé?
@ Lune: wouaw, je vais aller voir de ce pas! Question thé, aujourd'hui, j'ai des envies de thé vert, il faut vider les boîtes pour la nouvelle récolte... Encore merci de m'avoir rappelé La Passagère du Silence...
Francine, ton billet m'a également donné des émotions. Tu décris ce "T of Dreams" si bien. J'ai l'impression de te regarder ouvrir un paquet cadeau en même temps que s'ouvrent les feuilles de ce thé magique. Je t'écris la suite du message dans un mail plus personnel. A très bientôt.Claire
@ Claire: mais moi aussi j'étais émue de recevoir cette "petite" surprise, mais garnde par son contenu! Je réponds tantôt à ton mail Je pense venir en février à Paris, malheureusement cela ne dépend pas que de moi... sinon j'y serais déjà!
C'est vraiment un magnifique livre que j'avais dévoré avec enthousiasme et comme tu le dis si bien, c'est un livre de transmission, de génération, de "petits" détails qui en fait sont une somme de prises de position de vie, de philosophie, de volonté, de patience et de ténacité... je l'avais mis dans les livres que je prendrais sur une île déserte... http://iam-like-iam.blogspot.com/2008/04/passagre-intiatique.html ou là http://iam-like-iam.blogspot.com/2008/03/natre-une-seconde-fois.html
...
@ Vanessa: je vais de ce pas aller lire ce que tu as dit de cette Passagère du Silence, je sens que j'en resterai baba...
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