un beau soleil illumine une neige tombée en abondance la
veille et la nuit,
Jour faste,
je reçois ENFIN ma chère Fanou, nous devons préparer la conférence de dimanche,
mais avant le (petit) effort, le réconfort, un Yamato Kabuse Sencha griffé ThéÔdor et pour arriver dans le
salon bleu-thé, elle a dû enjamber les débris de moquette de l’escalier et l’hallucinante
poussière du dessous, j’ai cru que dans les temps anciens (elle a 50 ans), on
la fixait avec du sable très fin ! Moments de profonde réflexion bien sûr,
nous ne faisons pas les choses à moitié…
Mais aussi franche rigolade, ce
qui n’est pas difficile, il suffit qu’elle me raconte les exploits de ses Twins
qui n’en ratent pas une pour mon plus grand bonheur, j'ai hâte de les revoir.
Jeudi sera un autre
jour faste, le matin d’abord, même décor,
même thé pour peaufiner le
travail.
D’habitude, par ce temps je ne quitte pas la douce chaleur de la
maison, mais il y a une exception notable…
Tout est prêt
pour nous accueillir, c’est bien cela nous sommes dans ce lieu d’excellence. Une
grande absente cependant, Annik qui a glissé sur une plaque de verglas et a dû
se faire opérer du col du fémur. Elle a eu un geste qui m’a bouleversée, elle a
tenu à ce que nous allions chez Jing d’autant que c’est la dernière fois avant
longtemps, dimanche elle s’envole pour 3 mois à Taiwan…
Premier thé, un Mi Xiang Oolong, "grade spécial".
A voir la taille des boules, on peut déjà imaginer la taille des feuilles.
Et dans l’attente, toujours les mêmes gestes lents et harmonieux de Jing.
La liqueur est pâle et le parfum de miel déjà très présent dans les feuilles
sèches, se retrouve au goût.
Cette concentration sur l’instant est belle,
cela m’impressionne toujours autant.
Vincent, celui qui a aussi fait
partie du voyage au Caire, le veinard, ne me contredira pas.
Les infusions se suivent, Jing répond à nos
nombreuses questions avec toujours autant de sérénité contagieuse. Nous en
sommes maintenant à la douzième infusion, les saveurs, toujours aussi subtiles, me
font penser à un grand Alishan.
Les rires font aussi partie de ce cérémonial et reflètent cette atmosphère de
vraie détente et de joie profonde que l’on retrouve à chaque fois…
Et elles n’ont pas encore
tout donné !
La taille des feuilles est vraiment impressionnante.
Avant de passer à du très lourd, Jing nous montre cette beauté qui vient d’arriver,
j’en tremble !
C’est certain, quand je retournerai à Taiwan, (si Lu
Yu le veut en 2015 = message codé…), je ne choisirai pas, je prendrai les deux !
Et le très lourd, le Jin Jun Mei
Le voilà. C’est un tout grand thé issu de théiers sauvages qui se développent sur les
rochers de Wu Yi, entre 1500 et 1800 mètres d’altitude
C’est le thé préféré d’Hu Jin Tao et si j’ai
bien retenu le seul thé qu’il boit, ça, c’est pour l’anecdote.
En humant
ces magnifiques feuilles, le cri du cœur de Vincent : "Il sent très
fort le tabac de la Semois", ce que je confirme, dans ma folle jeunesse
je me suis essayée à la pipe et c’est ce tabac au paquet écossais que j’utilisais…
J’ai donc hâte de le découvrir, ce Beau Sourcil
d’Or !
Tandis que Jing remplit les sets de dégustation, je me
demande si je vais retrouver dans mon bol la saveur de ce fameux clan très
aromatique.
Une fois la liqueur transvasée, ce qui reste de parfum dans la
tasse à sentir dégage effectivement des odeurs de tabac assez aromatiques effectivement, mais pas vraiment de clan comme dans ma mémoire.
Vincent nous
révèle qu’on vend plus de ce tabac qu’on n’en produit, tiens, tiens, cela me
rappelle le Darjeeling qui subit la même escroquerie.
Les infusions
continuent, les informations sur ce thé sublime aussi.
Il est cueilli
uniquement par des jeunes filles
Jing
et Anne y perçoivent des saveurs de prune, et moi de … cacao. Les
dernières infusions donnent maintenant des notes plus boisées, de santal pour
Anne, de vétiver pour moi.
Et
tandis que j’admire ces belles sont loin d’avoir tout donné même après 12
passages, Jing nous apprend qu’il ne faut pas moins de dix mille bourgeons pour
manufacturer 500 g
de thé, ce que explique son prix exorbitant. Mais que fait donc cette petite
feuille verte perdue parmi les belles ? Elles sont maintenant chez moi, j’en
parlerai plus tard. Le bonheur continue.
Nous allons maintenant découvrir
ce vieux Yunnan de 26 ans. C’est un Chen Nian Ji Ping Tian Hong, traduit
littéralement : un Ancien qualité
extrême Yunnan rouge, cela promet.
Rien que les feuilles sèches,
constituées uniquement de bourgeons nous en donnent déjà une belle idée.
Je suis étonnée de la couleur de cette première infusion, très pâle pour un
vieux thé.
Moments précieux,
intenses encore et toujours
qui se passent
de commentaires.
Sauf pour présenter Vanella, qui
est aussi en partance pour Taiwan, la veinarde. Et comme elle dit si bien, ceux
qui y sont allés une fois n’ont qu’une hâte, y retourner, ce n’est pas comme le
thé (= message codé…)!
Elles n’ont pas encore tout donné, elles feront
bientôt des heureux… Je suis comme chaque fois sur un petit nuage, j’oublie de
noter, je ne pense quasi plus à faire des photos, c’est dire !
Quant au
thé suivant, un Pu Er, je n’en
reviens pas encore… Dès l’ouverture du sachet, je suis transportée dans le
grenier de ma si chère grand-mère.
Il s’appelle Océan, Da Hai (traduction
grande mer) C’est un vieux Pu Er de
1960, mais cela Jing nous y a habitués… Par contre, qu’il soit broyé c’est la
première fois que je vois cela et ma première réflexion a été qu’il ressemble à
ce qu’on trouve dans les petits sachets jaunes… J’ai gardé pour moi cette
réflexion saugrenue ! Elle ne l’était pas parce qu’effectivement à l’époque,
on voulait en faire du thé en … sachet, mais le projet n’a jamais abouti, les
frais de manufacture et d’emballage étaient trop élevés.
Ce qui est très
surprenant par contre, c’est la couleur très "café serré" de l’infusion.
L’air dubitatif de Vanella traduit peut-être ce qu’elle pense mais non, ce
n’est pas du café et surtout pas italien… = message à peine codé.
J’ai trouvé les premières
infusions assez « lourdes ».
J’ai par contre retrouvé les notes
que j’aime dans la dernière.
Les feuilles infusées n’ont changé que de
couleur.
Merci ma chère Jing pour cette improbable découverte, j’ai encore
appris !
Nous arrivons maintenant à l’apothéose, ce Ding Xing de … 1930. Je n’ai pas vu les
feuilles sèches, Jing l’a ramené du Caire où il avait déjà infusé 48 fois!
Que va-t-il encore nous offrir ?
Une indicible douceur et des saveurs
subtiles que j’ai du mal à identifier.
Jolie et énigmatique mimique de Vanella…
Concentration de Jing qui nous explique qu’il a un effet très bénéfique sur le
corps.
Moi, ce n’est pas uniquement
sur le corps qu’il agit,
c’est sur l’ensemble de mon être et en le
savourant, une seule phrase me vient, un très beau proverbe indien : "Faites
du bien à votre corps pour que votre âme ait envie d’y rester".
Les heures passées ici
sont de vrais moments d’éternité.
Nous en
sommes maintenant à la 60e infusion, ce sera la dernière, Jing va
les infuser à nouveau samedi pour les amener à Annik, cela lui rappellera des
souvenirs cairotes. Jing nous explique que ce lieu a été choisi parce que des
endroits comme les pyramides dégagent
des énergies exceptionnelles.
Le prochain rassemblement se fera sans doute
au Machu Picchu, cette "vieille montagne" en dégagera beaucoup
certainement … Jing semble y être déjà !
(Il est déjà temps de nous
quitter je jette un dernier regard particulièrement ému sur cette
exceptionnelle théothèque. Merci ma chère Jing pour cet après-midi hors du
temps pendant laquelle nos 5 sens ont frémi une fois encore. Je te souhaite
tout le bonheur du monde, ta rencontre a été un moment phare de 2012, je ne
sors jamais d’ici sans cet état de bien-être que tu induis et pas seulement
avec tes thés d’exception… Un merci ému également à toi Annik, grâce à ton beau
geste généreux, nous avons vécu des moments forts que tu connais bien. Juste
avant de partir, c’est incroyable Pierre t’a eue au téléphone, tu étais encore
en sale d’op quand nous sommes partis à Louvain-la-Neuve. Nous nous reverrons le 3 février. Non,
non, je n’ai pas disjoncté, je n’ai pas changé de sujet, ce sont bien des
croquettes pour chat… Par contre, dans le bol ce n’est ni de l’eau ni du lait
Martagon est le seul chat qui ne boit que du thé ! Dernière petite
remarque : j’aurais dû rédiger ce billet il y a 2 jours déjà mais vu la
poussière, j’avais bien emmitouflé et entreposé en lieu sûr mon PC, quand j’ai
voulu le reprendre, je n’avais plus de réseau, il a été restauré seulement hier
soir. Si je n’avais pas vécu ces moments qui ont un effet quasi indicible sur
moi, j’aurais "pété un câble", d’autant que je n’avais plus accès à
mon salon bleu-thé, on a dû y entreposer des petits meubles. Je l’ai retrouvé
seulement ce midi et pas pour très longtemps, dès lundi il sera à nouveau indisponible !
J’ai donc pu infuser à nouveau ces
feuilles au milieu desquelles trône une petite feuille différente.
Mais d’abord
un rinçage immédiat pour les réveiller, cela fait 2 jours qu’elles n’ont plus
connu l’eau.
Elles se prélassent maintenant au fond de leur baignoire, pas
une ne danse.
Quel nectar se cache-t-il sous ce champignon taïwanais ?
La couleur de l’infusion est très pâle et de la tasse à sentir n’émerge quasi
plus de parfum. La saveur est elle aussi très timide, je pense que je devrai
infuser plus longtemps.
Effectivement, la saveur, bien que très atténuée,
est un peu plus présente.
Ont-elles encore un peu à donner ces belles
lascives ?
Même infusion, couleur qui semble être différente.
(Ce
fut le dernier passage, elles ont tout donné… après 15 passages tout de même !
Je vais maintenant peaufiner la conférence de demain, au Musée de la Céramique
d’Andenne où a eu lieu une magnifique exposition de chawan : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2010/03/encore-des-moments-de-partage-tres.html
. Elle m’avait à ce point séduite que j’y suis retournée : http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2010/03/musee-de-la-ceramique-dandenne-le.html
. Je suis ravie d’y retourner et surtout de partager avec Fanou notre passion
du thé et sa transmission, ce sera encore une très belle journée...
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