L’hiver s’est invité, en même temps nous sommes en janvier et je suis bien au chaud dans mon salon bleu-thé. Et très impatiente.
Que me réservent ces vieilles feuilles ? La liqueur est toujours aussi douce, boisée avec des notes sucrées et d'autres saveurs subtiles que je ne parviens pas à reconnaître, qu'importe.
Rituel des caresses en musique de
méditation.
Et aussi un œil curieux à l’intérieur de la théière.
La
couleur de l’infusion est toujours aussi brillante, et très transparente.
Le parfum s’atténue un peu me semble-t-il.
Il tombe encore quelques flocons
mais je n’en ai cure, je continue les infusions. Et je pense à mes amis ont dû avoir un choc, une semaine au Caire même à une température de +/- 10°, l’atterrissage a dû être rude…
Et toujours les caresses, ce geste sensuel me permet de supporter l’attente…
L’infusion devient pâle maintenant, les subtiles saveurs se sont quasiment volatilisées. Ce sera la dernière. Je verse une dernière fois de l’eau sur les feuilles et je verrai ce soir ce qu’elles auront encore à offrir. Les pensées sont parfois étranges, je songe à l’instant à ces mots de Mallarmé : "La chair est triste, hélas et j’ai lu tous les livres. – Fuir! Là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres – D’être parmi l’écume inconnue et les cieux!". Je n’ai pas lu tous les livres, je ne suis pas saoule, je ne vais pas fuir, seulement aller à la cuisine et préparer le repas de midi, puis commencer à répondre à mes courriels, je suis très en retard, on ne peut pas tout faire !
On va se revoir n’a jamais été aussi à-propos, ce sera jeudi, pas au pied des pyramides mais à Louvain-la-Neuve… J’ai vraiment hâte. Mais en attendant, je savoure ce thé du désert, et d’autres images me reviennent, des moments fabuleux passés dans ce Sahara que je ne reverrai sans doute jamais, qui m’a bouleversée au-delà des mots. Il me fascinait déjà il y a très longtemps grâce à ma chère Grand-Mère et une phrase : "J’ai vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement jusqu’à une panne dans le désert du Sahara", elle m’avait offert le disque du Petit Prince raconté par Gérard Philippe, je n’avais pas 10 ans, je l’ai toujours… Et en achevant mon verre de thé de là-bas, je me rappelle aussi une citation de Lao Tseu : "Le courage de la goutte d’eau, c’est qu’elle ose tomber dans le désert".
Ce soir, je veux voir comment se sont comportées les feuilles baignées depuis ce midi.
L’infusion retrouve sa belle couleur acajou et des notes boisées plus marquées, émotions gustatives évidentes, je ne m’attendais pas à cela.
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