vendredi 18 avril 2014

Un vendredi studieux, entre Japon et Chine

Aujourd'hui devait être chinois et studieux, mais Jean-Claude, un de mes anciens collègues, a parlé de moi comme "la grande prêtresse du thé" sur FB à propos du théisme. Titre légèrement usurpé, cher Jean-Claude mais tu m'a donné l'idée de modifier mon programme du jour, je commencerai donc par un voyage au Japon. Mais pour commencer, après mon rituel-santé,
ce fabuleux Matcha à la couleur de l'espérance
un moment de méditation en musique, toujours la même dont je ne me lasse pas, merci chère Lune. Et, je l'ai déjà dit, je ne suis jamais seule à savourer ce breuvage, d'autres passionnés sont autour de moi : ma chère Mich qui a réalisé ce magnifique set ; Olivier, grâce à qui j'ai acquis ce splendide chawan et qui m'a initiée à la préparation de ces Feuilles ; Guillaume, le généreux donateur de cette poudre d'exception ; Marie-Aline et son petit ange. Et j'ai une pensée particulière pour Nicolas, un ado que j'aide à se battre pour se reconstruire qui m'a offert hier un beau bouquet de tulipes dont une partie remplit ce tulipier. Je suis admirative et je suis certaine qu'il en sortira. Je n'aurais rien pu faire sans l'aide de quelqu'un qui se reconnaîtra, MERCI à lui aussi. Le CD s'est arrêté, ma méditation aussi, je reviens à Jean-Claude, l'inspirateur de ce billet.
C'est grâce à lui que je me replonge avec délice dans ce Livre du Thé d'Okakura Kakuso, un lettré de la fin du XIXe siècle. Et bien sûr, pour accompagner ma re-re-re-re-relecure,
un Yamato Kabuse Sencha griffé ThéÔdor, le thé préféré de ma filleule que jusqu'ici je me retenais de savourer sans sa présence. Je n'ai plus besoin d'être parcimonieuse, le nouveau a été annoncé pour le 16 avril, il faudra donc que je retourne à Paris, malheureusement, ce n'est pas programmé avant juin, mais sait-on jamais...
C'est la première fois que je l'infuse en "grande" théière mais c'est un cadeau fabuleux et elle est japonaise, cela ne peut donc que convenir. Et en effet, la saveur est moins concentrée et plus sucrée, variation sur un même thé d'exception. 
Dès le premier chapitre de cette "Bible", l'auteur nous parle du théisme comme une religion esthétique : "Le théisme est un culte basé sur l'adoration du beau parmi les vulgarités de l'existence quotidienne. Il inspire à ses fidèles la pureté et l'harmonie, le mystère de la charité mutuelle, le sens du romantisme de l'ordre social. Il est essentiellement le culte de l'Imparfait, puisqu'il est un effort pour accomplir quelque chose de possible dans cette chose impossible que nous savons être la vie." J'ai relu avec bonheur ce petit livre dont quasi chaque phrase est comme une méditation. Et je repense à ma première rencontre avec ce monde qui à l'époque avait provoqué en moi des sentiments si contradictoires: http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2008/05/mon-premier-cha-no-yu.html . Il m'a fallu le temps avant de mieux percevoir sans pourtant tout comprendre encore aujourd'hui la complexité de l'âme japonaise dont ce dernier poème est un bel exemple
Sen no Rikyu a dû se suicider à cause de la vanité d'un seigneur de guerre qui se disait pourtant son ami et après avoir réuni une dernière fois ses amis autour de cette cérémonie du cha no yu, il a écrit ce texte... C'est lui aussi qui a donné la définition du thé : "Faire chauffer de l'eau. Y battre de la poudre de thé et boire. Saisir l'essentiel." C'est sur cette simple phrase que se termine ce voyage au pays du chrysanthème. Cet après-midi, je vais peaufiner l'atelier sur les thés verts chinois du 27 prochain.
Mais avant un regard émerveillé sur cette azalée originaire d'Asie : Inde, Chine, Japon entre autres. Il ne fait pas assez chaud pour m'installer dehors, petit vent froid et ciel changeant.
Retour dans mon cocon, mon thé de lecture sera cette fois un des dix thés les plus prestigieux de ce pays qui en compte des milliers, le Long Jing 1er grade d'avril 2013 griffé Terre de Chine.
Ce livre est une vraie mine d'or pour tout qui veut s'initier au monde du thé. En effet, il ne décrit pas seulement quelque 110 parmi les "dix mille thés" (ce qui signifie une infinité en chinois), il parle aussi des ustensiles, de l'eau (je devrais dire des eaux), de Lu Yu bien sûr et il est parsemé de poèmes à la gloire de ce breuvage millénaire. Et à propos de la source Longjing de Hangzhou, voici ce qu'en dit l'Empereur Qianlong de la dynastie Qing au XVIIIe siècle : "La verdure entoure le grand Lac d'Ouest
Les touristes se succèdent jusqu'au-delà du ruisseau
Le puits ancien renferme de riches sources d'eau
Quel beau paysage
C'est le moment de cueillir les bourgeons de théiers."
Avril est LE mois de la cueillette des thés verts de printemps, vivement que je les découvre même si ce "vieux" Longjing de l'année dernière a gardé toute sa saveur.
Cette studieuse après-midi se termine, il me reste à rédiger le texte qui sera remis aux participants, ce sera pour ce soir.
Ce ciel illustre bien le temps d'aujourd'hui, entre soleil et grisaille. Demain, je passerai une grande partie de la journée en cuisine, dimanche nous serons 7 et lundi 5, un superbe week-end de Pâques en perspective, j'ai hâte d'y être !

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