Le lendemain de la veille

Ce devait être une journée de repos, mais cela a très mal commencé.

Réveil en sursaut par un bruit sourd et violent dont j'ai eu un peu de mal à me remettre.

Mais aujourd'hui, il m'en faudrait plus pour me déstabiliser. Je commence comme chaque matin pour mon rituel-santé : Essence de pollen de fleurs de thé et les 3 étranges thés contenus dans ce petit sachet quasi inépuisable. J'ai eu un fou rire en buvant le premier que je prends pour ses hautes vertus médicinales, c'est pour moi un véritable complément alimentaire naturel mais si je me souviens bien, il est aussi indiqué pour les citadins surmenés et stressés... C'est exactement cela que j'ai l'impression d'être, entourée de bruits incessants dès potron-minet.

Bouddha va m'aider à me recentrer.

D'habitude quand le support n'est pas musical, je vais méditer sur ma terrasse ou en me promenant dans le jardin, mais sans la quiétude de ce lieu c'est impossible.

Après le petit-déjeuner accompagné d'un English breakfast, retour dans mon cocon où j'imagine être à Londres... j'aurais dû y être jusqu'à dimanche mais on ne fait pas toujours ce que l'on veut malheureusement, alors je compense avec ce décor et ce thé so British. Chaque fois que je bois un Darjeeling ou un thé "anglais" comme ce Puttabong griffé Cha-Hû-Thé, je pense à Robert Fortune, "le voleur de thé", sans qui ces thés n'existeraient pas.

C'est un très bon thé de lecture. Nouvelle acquisition d'hier, il y a 2 lieux de perdition dans ce quartier d'Uccle, Source de Lumière et Filigranes qui se trouve à quelques mètres de chez Jing donc accessible pendant la pause...

Plusieurs atouts à ce livre, d'abord un glossaire, nécessaire pour les novices, recettes simples pour tous les jours, joliment illustrées et dont le poids pèse plus lourd que le prix... Liste des courses rédigée, théière vide, il est temps de revivre un passé très récent mais encore très présent.

Après les dégustations, les participants peuvent repartir avec les feuilles infusées qui sont loin d'avoir tout donné, ce sont celles du Bi Yun Tian 2014 (Ciel bleu, nuage blanc).

Elles vont baptiser ma nouvelle acquisition.

Tout est prêt, les ustensiles me parlent : un service que j'aime particulièrement, la théière posée sur ce bateau à thé griffé feu Zen Zoo thesaurus.

Plaisir des yeux d'abord avant celui des papilles, à voir la couleur de l'infusion c'est évident que les belles n'ont pas encore tout donné. Une pensée particulière pour Cha Hua qui va bientôt rejoindre une autre folle de thé, Sabine à Nice, je pense déjà à vous deux, les filles et j'ai hâte d'avoir le compte-rendu. 

Les passages se suivent, quand vont-elles s'arrêter... Ce qui est incroyable, c'est que la liqueur reste très douce, sans aucune amertume, impressionnant.

Je te baptise au nom du thé... le filtre est composé de coton, un tissu naturel qui ne dénature pas la saveur du thé.

Je ne sais à combien d'infusions j'en suis, si la couleur est toujours d'un beau jaune, la saveur commence à se faire plus timide. Cela tombe bien, mon mari vient de rentrer, cela sonne la fin de ma re-création, il est temps que j'aille préparer le repas.

Mais avant cela, un dernier regard sur le nouveau baptisé,

avec ce filtre incroyablement fin rien ne passe. Il me reste maintenant à le rincer. Après le tumulte de cet après-midi, j'ai passé près de 2 heures avec un ado essaie de se sortir de l'influence de 2 adultes manipulateurs, le chemin sera encore long mais je suis certaine qu'il s'en sortira... Ah si je pouvais le débarrasser définitivement de ces monstres, j'ai des envies de meurtre. Besoin très fort donc de retrouver ce lieu où plane l'Esprit du Thé et les souvenirs forts.

Dans la boîte, un thé de saison, le Ye Sheng Zia aux parfums de fleurs et de fruits d'automne,

qui explosent dans la théière préchauffée.

Dans la tasse une saveur douce et sucrée.

Les Belles aux couleurs de la saison se prélassent tandis que je me délasse.

En écoutant cette musique ancienne, j'ai une pensée pour ma chère Ling-Ling que j'espère revoir très bientôt, elle non plus n'a pas la vie facile pour le moment, ce qui l'empêche de trop s'éloigner de Taipei...

A la chaleur des notes répond la douceur de ce breuvage qui je partage en pensée avec Anne-Marie et Sabine, j’imagine facilement leurs retrouvailles et je me doute même de ce qu'elles font en ce moment...

La même attente toujours.

Les mêmes gestes aussi, jamais lassants.

La musique s'est tue à présent, ce seront aussi les dernières tasses pour aujourd'hui.

Il me reste à rincer cet objet, à la fois esthétique et performant avant de lui trouver une place de choix.