"En mai, fais ce qu'il te plaît"
dit le proverbe... La sagesse populaire n'est plus ce qu'elle était! J’ai pris
froid hier, alors aujourd'hui, ce sera cocooning. Et le thé, toujours.
Et ce matin, un thé qui
réchauffe, le Ming Orchidée, il a la force des thés du Yunnan et la douceur
fleurie des pointes blanches.
Et tout en savourant ce nectar, je me
rappelle avec émotion ma première rencontre avec ce thés d'excellence, chez
ThéOdor, il y a bien longtemps déjà. En même temps, j'écoute les Chants de la
Terre. Et cette voix exceptionnelle de Kathleen Ferrier, disparue trop vite,
vaincue elle aussi par la bête, j’en ai la chair de poule chaque fois que je l’entends.
Je suis envoûtée par la force de cette musique, belle harmonie avec celle de ce
thé rouge. Tous deux célèbrent la terre et parlent à mon âme. Et me réchauffent
enfin. Cet après-midi, une petite visite dans le grenier et une des
bibliothèques, sans envie particulière si ce n’est parcourir ces livres que j’ai
aimés.
J’en redescends deux : Femmes qui courent avec les loups,
une brique de près de 500 pages dont je relirai avec plaisir certains passages.
Et aussi un véritable chef-d’œuvre, Le Prophète de Khalil Gibran.
Avant de m’y plonger, je me prépare un thé de lecture, un Alishan de printemps, à la fois beurré et fleuri, et je me réchauffe en
écoutant ces Romances des Seychelles, autre source de chaleur de mes îles… merveilleux souvenirs et
douce nostalgie : « Les Romances expriment d’une façon
vivante bien que fort mélancolique, l’âme romantique de la Société créole.» Je viens de
refermer ce trésor écrit par un Sage libanais dans une langue chantante, entre
philosophie et poésie. Fulgurante lucidité et éblouissante intemporalité pour
cette mine d’or qui date de... 1923. Livre de méditation et de sagesse. A lire,
relire et lire encore. Il parle de l’aspect humain des relations humaines. J’avais
à l’époque commencé mon syllabus de Psychologie de l’Enfant par une de ses
pensées, je me souviens encore des discussions, parfois très animées, que ce
passage avaient suscitées : « Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont fils et filles du désir de Vie en lui-même. Ils viennent par vous mais
non de vous. Et, bien qu’ils soient avec vous, ce n’est pas à vous qu’ils
appartiennent. Vous pouvez leur donner votre amour mais non vos pensées, car
ils ont leurs propres pensées. Vous pouvez loger leurs corps mais non leurs âmes,
car leurs âmes habitent la demeure de demain, que vous ne pouvez visiter pas
même dans vos rêves. Vous pouvez vous efforcer de leur ressembler, mais n’essayez
pas qu’ils vous ressemblent. Car la vie ne retourne pas en arrière ni ne s’attardent
à hier. (…) »La dernière phrase de la quatrième de couverture
résume bien ce livre : « Hymne à la vie et à l’épanouissement
de soi, Le Prophète s’impose désormais comme l’un des textes cultes du 20e
siècle. » Du 21e également… Bonne soirée.
2 commentaires:
J'avais adoré ce texte. Mais c'est drôle ton paragraphe m'avait bercé quand le petit loup n’en était pas encore au stade du langage.
Il est bon de se le relire souvent parce que oui, la tentation d'offrir aussi ses pensées pendant qu'on lui parle est très rapide.
Merci de me remettre en mémoire cette belle réflexion
Khalil Gibran est vraiment un Sage, à relire sans modération. Et en même temps qu'un thé, c'est vraiment un grand plus...
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