Aujourd’hui,
dernier jour du premier mois de l’année 2014 qui jusqu’ici fut solaire pour moi,
mais aussi premier jour de l’année lunaire,
celle du Cheval de Bois, le
Nouvel-An chinois...
Je le célèbre aussi en communion avec ma famille de là-bas
et mes amis chinois. J’ai choisi un Long
Jing griffé Terre de Chine. En le savourant à petites gorgées gourmandes,
je forme des vœux pour eux, que cette année du cheval soit telle qu’ils la
souhaitent, à l’image des saveurs subtiles qui se dégagent de ma tasse. Le
cheval n’est pas un animal qui m’attire, j’en ai eu peur et pour la vaincre
j’ai même pris des cours d’équitation. Sans plaisir, mais elle a disparu. Il
m’évoque peu de chose aussi, il y a bien, en vrac et par ordre d’apparition
dans ma pensée et sans trop chercher : Stewball, Pégase, le cheval Bayard, et ces énormes
chevaux de trait si placides dont les pêcheurs se servent à la mer du Nord pour pêcher les
crevettes grises, et c’est à peu près
tout.
Alors, je feuillette cette bible à la recherche de la représentation
de cet animal dans l’imaginaire, très fertile, des Chinois, en grignotant
quelques baies de Goji. Et le thé évidemment.
Et j’ai trouvé, mais ce n’est
pas vraiment une belle histoire. Le titre m’a fait penser à Peau d’Âne mais cela n’a
rien à voir : Il était une fois un père qui vivait seul avec sa fille et son cheval.
Il dut s’absenter et confia son animal à sa fille. Son absence se prolongea et
sa fille commença à s’inquiéter. Et se confia à ce cheval qui, comme dans tous
les contes, comprenait le langage des humains. Elle lui promit de l’épouser
s’il lui ramenait son père. Le cheval partit au galop, retrouva le père malade
et le ramena. Pour le remercier celui-ci lui donna son meilleur fourrage mais
il n’y toucha pas et restait prostré sauf quand sa fille apparaissait, il
hennissait en piaffant joyeusement.
A son père estomaqué qui ne comprenait rien, elle avoua la promesse
faite au cheval. Furieux, il enferma sa fille par peur du qu’en-dira-t-on et
tua le cheval et mit sa peau à sécher. Quelques temps plus tard, sa fille
jouait avec sa voisine quand elle aperçut la peau, dégoûtée elle donna un coup
de pied dedans en l’insultant, le traitant de vieille charogne. Elle n’avait
pas terminé que la peau du cheval l’enveloppa entièrement et elle disparut.
Affolée, la fille de la voisine prévint le père qui se mit à sa recherche sans
succès. Il finit par retrouver ce qui restait d’elle, en haut d’un arbre. Elle
était devenue un cocon monstrueux à tête de cheval, de sa bouche sortait un fil
sans fin. Dégoûté, son père l’abandonna, ce fut la voisine qui la recueillit. Ce
n’était pas innocent, elle la nourrit des feuilles de l’arbre, en tira
d’importantes quantités de fil, et les vendit. Cet arbre était un mûrier et les
chenilles qui s’en nourrissent encore aujourd’hui descendent de la demoiselle
transformée en cocon à tête de cheval, ce sont les vers à soie qui comme les
jeunes filles ont le corps blanc et le caractère doux. Cette jeune fille est
devenue leur déesse qu’on appelle encore parfois les vers à soie à tête de
cheval… pour fêter ce jour particulier je vais au Shangri-La du
Lac où je suis accueillie par ce lion typique.
Le ciel est bleu, le lac
très calme.
Normal, il est gelé.
Au menu, potage piquant,
vibrisses de dragon
riz et sauce piquante.
tout en savourant ces mets délicieux, j’observe le lac. De l’autre côté, des mouettes comme des
sentinelles posées sur cette étendue gelée.
Je pense à tous ceux
qui aujourd’hui sont à la fête, en particulier les dragons que j’aime mais
aussi ma chère Source de Lumière qui vient de faire parvenir ses vœux…
Ce
dessert, des beignets aux ananas en forme de soleil au cœur de glace, me fait
penser à un autre Grand Soleil qui me manque. J’ai envie de me promener un peu
autour de cette étendue d’eau, mais quelques minutes plus tard, je renonce,
malgré la belle lumière, il fait trop froid pour moi.
Un dernier regard à ce beau
lac et retour dans mon salon bleu-thé.
Départ immédiat pour Taiwan avec ce
Dong Ding d’autome si précieux pour
moi. Non seulement c’est un cadeau de ma chère belle-fille Hsiaolin, mais pas
n’importe lequel : les feuilles ont été cueillie par sa tante…
Toujours le même rituel, préchauffage des
ustensiles. Dès les feuilles posées dans le fond de la théière, elles dégagent
déjà leur parfum comme une promesse de bonheur plus grand encore.
Première infusion, attente un peu fébrile…
Au parfum
répond maintenant cette saveur à la fois fraîche et chaleureuse.
Après
quelques passages, les feuilles sont prêtes à déborder de la théière, quant à
moi, je déborde de reconnaissance envers ma chère belle-fille qui avec ses
parents et sa famille m’a tellement gâtée là-bas et ici encore…
Une
musique qui m’émeut toujours, une pensée pour Ling-Ling, ma généreuse
donatrice.
Les infusions se poursuivent,
émotions gustatives intenses
potentialisées par ces merveilleux souvenirs.
Je ne me lasse pas de ces
gestes qui m’apaisent intérieurement et qui me font voyager en même temps.
Le temps passe, c’est la dernière tasse maintenant.
En admirant ces
feuilles qui ont tout donné, encore une pensée émue pour les cueilleuses et en
particulier pour la tante de Hsiaolin que j’espère revoir un jour pour la
remercier de vive-voix. Une info toute "fraîche" reçue par téléphone: à Taipei
aujourd’hui il a fait … 26°, merci cher Claude de m’avoir réchauffée par la
parole, bisou à vous trois !
Et après avoir posté mon billet du jour,
pour terminer en beauté cette journée particulière, que de mieux qu’un de mes
deux fabuleux Pu Er 1980
infusé dans 29 février, cette théière qui sait si
bien le magnifier. Encore deux merveilleux cadeaux… Je souhaite à tous ces
passionnés qui, comme moi ne peuvent se passer des Feuilles, de vivre des
moments intenses de découvertes, d’émotions fortes et de complète sérénité
grâce au Qi du thé et de toutes les sensations qu’il génère.
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