J’ai regardé la grandiose cérémonie d’ouverture des J.O., très vite ternie par ces non-dits très chinois. Pourquoi avoir caché que tout n’était pas en direct ? Vu les conditions climatiques tout le monde aurait pu comprendre que pour en garantir l’excellence, certaines parties avaient été pré-filmées au cas où… Après avoir vu ce qui reste une extraordinaire prouesse technique, d’où le thé était curieusement absent (si ce n’est le caractère Cha, apparu juste derrière celui d'Harmonie), j’ai eu envie de lire (enfin)
Un thé d’hiver pour Pékin de Liu Xinglong (Editions Bleu de Chine). Il dormait dans ma bibliothèque depuis plus de 3 ans.

Comme chaque fois, j’ai voulu me créer une ambiance dans le cocon de mon salon bleu-thé. J'ai placé côte à côte 2 livres qui font très "Chine". Des dahlias un peu tordus qui pourraient évoquer les très symboliques pivoines, cueillis au jardin pour donner un peu de chaleur.

Pour évoquer l’hiver, j’ai choisi un thé vert fumé, du
Tong Hyen, ramené d’un adorable salon de thé de Strasbourg, le
Thé des Muses, 51, Rue du Fossé des Tanneurs. En observant les feuilles sèches on peut y voir et des pointes blanches et du thé vert à côté du thé rouge (noir), quelques morceaux de branches aussi. L’odeur forte me rappelle que dans ma jeunesse, j’ai été guide : les feux de camps faisaient partie du quotidien des camps d'été et clôturaient alors des journées passées en contact avec cette nature que je continue à aimer.

L’infusion est ambrée, je m’attends presque à y découvrir les traces d’un vénérable végétal voire même d’une fine mouchette. Il n’en est rien, rassurez-vous ; la saveur est moins forte que l’odeur mais c'est toujours très "feu de camp". La théière choisie, une Tea for one, vient de Vienne,
Haas und Haas, 4, Stephanplatz, un joli salon de thé bleu et jaune à l’époque attenant à une boutique où j’ai trouvé mon bonheur. Les caféinomanes, Vienne oblige, y trouveront aussi de quoi les combler.
C’est peu de dire que le contraste entre les images de LA cérémonie et ce que j’ai lu, fut abyssal. Opposition ville – province bien sûr mais aussi et surtout entre les nantis et les pauvres, des rapports faits de mesquineries, de tracasseries, de compromissions, de mensonges, d’exécution d’ordres absurdes pour se faire bien voir par (à peine) plus haut que soi ! L’absurdité ici est de cueillir des feuilles de thé dès la première neige tombée pour offrir à un chef de quoi espérer attirer ses faveurs (en principe). Mais l’auteur décrit aussi les rouages d’un fonctionnement aberrant qu’il critique avec un certain humour. J’ai trouvé ce livre assez terrifiant, parce qu'il ne s'agit malheureusement pas d'une fiction. Personne n’est dupe mais personne ne bouge ! Peut-être que quand la seule préoccupation d’un être est de survivre, le reste est de la littérature… J’ai aimé le thé, beaucoup moins le livre, le style m’a paru assez lourd à l’image de son contenu. Mais je ne regrette rien cependant, j’ai découvert un thé que je ne connaissais pas, le Tianzhu ou Pilier du Ciel. Voici ce que nous apprend une note en bas de la page 64 : "Tianzhu shan (Mont Pilier du ciel) : cette montagne existe vraiment, se situe dans l’extrême sud de la province de l’Anhui, laquelle est limitrophe de la province du Hunan. On y produit un thé rare, "tianzhu" ou (Pilier du Ciel)". Les livres que j’ai consultés n’en parlent pas, je vais donc me renseigner. Si vous le connaissez, pensez à moi, éclairez ma lanterne. Déjà merci.

Je me sentais assez oppressée après cette lecture et pour me décontracter, je me suis donc rabattue sur un classique : le
Lotus bleu,
bleu à l’image de la théière utilisée par le fameux petit reporter. Et de ce
salon, mon refuge.