Thé, lecture et une superbe découverte, merci Julien!

Hier fut une triste journée, un nez transformé en fontaine, pas tout à fait bouché cependant, mais le Collines d’Or du matin, pourtant infusé comme à mon habitude, avec amour et précision, n’était pas aussi corsé. Alors, je n’ai pas voulu prendre de risque avec les trésors de Julien. J’ai cependant goûté le Wu Dong Dan Cong de la veille, infusé à froid pendant toute la nuit. Encore impressionnant de saveurs, plus boisées, moins fruitées et avec seulement une légère astringence. Ce matin, je constate avec bonheur que mon nez s’est tari. Je commence donc ma journée avec un "vieux" Bi Lo Chun qui n’a sans doute plus la fraîcheur de sa jeunesse mais dont la saveur réjouit encore mes papilles. Chaque âge a ses caractéristiques propres… Contrairement à mon habitude, je l’infuse en silence. Toutes les cloches ne sont pas parties à Rome, quelques-unes se sont arrêtées dans mon crâne depuis hier, et si leur tintamarre d’alors s’est atténué, je les sens encore prête à m’offrir un concert que je ne souhaite pas. Tout en savourant chaque gorgée de ces jolies spirales de jade du printemps, je ne peux détacher les yeux de la merveille sur laquelle sont posées la théière et la tasse dragon. Œuvre de mon amie Michelle, quel savoir-faire ! Quelle sainte patience ! Il faut des doigts de fée pour réaliser cela, mille mercis chère Michelle, tu es la meilleure. Je me plonge maintenant dans l’histoire pour découvrir une nouvelle aventure du juge Ti, et de son épouse. L’émancipation de la femme sous les Tang, quel scoop ! Quel thé vais-je maintenant infuser ? J’ai l’embarras du choix parmi ses cadeaux mais après avoir lu le commentaire de Julien sur mon blog, je choisis ce bel inconnu, le Song Zhong de Thés de Chine. A voir les feuilles torsadées, c’est évidemment un Oolong, un Dan Cong probablement. Mais l’étiquette a peu d’importance, ce qui me frappe en premier, c’est le parfum qui s’en dégage, fleuri et sucré ! A ce seigneur, il faut un matériel adapté et qui me tient particulièrement à cœur : le bateau à thé de chez Zen Zoo, une belle théière en porcelaine acheté à Lionel, Le pot de réserve et le set qui viennent du Musée du thé de Mucha, merveilleux souvenir d’une belle rencontre, une de plus là-bas.L’attente, que va me réserver le contenu de ce mystérieux champignon ? La tasse à sentir est encore tout imprégnée d’arômes sucrés et fleuris. Le breuvage, très clair, est pareil, émotions gustatives garanties, et ce n’est que le début. J’attends avec impatience cette deuxième infusion. L’intérieur de la théière fait apparaître des feuilles qui ont déjà bien changé après seulement deux passages. La liqueur dégage maintenant comme une saveur de pêche et de … litchi, un peu acidulée me semble-t-il, mais dois-je me fier à ma mémoire olfactive ? Je suis littéralement transportée par ce que je bois, j’ai envie de compléter ce tableau par une musique de là-bas. Et une pensée à ma chère Ling-Ling qui m'a offert ce superbe CD.Les infusions se succèdent et j’imagine l’effervescence dans les plantations, les récoltes de printemps doivent avoir commencé à certains endroits. Les cueilleuses aux mains si habiles sont à la base de ce breuvage, savent-elles à quel point elles rendent heureux les occidentaux qui comme moi se délectent ? Que vont-elles encore offrir ces belles ? L’infusion est maintenant plus foncée, et me fait plus penser à un Shui Xian, mais une fois encore peu importent les étiquettes, ce qui compte est le plaisir d’avoir une fois encore découvert ce que de "simples" feuilles peuvent provoquer comme émotion en moi et le bien-être qui en résulte. Merci une fois encore cher Julien de m’avoir à ce point gâtée, je te revaudrai bientôt cela. J’ai à nouveau rempli la théière, ces grandes feuilles passeront la nuit dans la mer du thé, vivement demain pour découvrir le résultat d’un bain prolongé.