Je savais que cette journée serait flamboyante mais elle a dépassé tout ce que j’imaginais ! Pas un seul bémol, que des superlatifs !

Commençons par le début : rendez-vous avec Sylviane en principe à 9h30 chez
Angelina. Encore? eh oui, il est difficile de trouver de vrais salons de thé ouverts aux aurores. Quand Nantes et Bruxelles se rencontrent à Paris, on a des tas de choses à se dire, et on ne voit pas le temps passer, on a donc prévenu
Terre de Chine qu’on serait en retard, le quart d’heure académique… Là, nous attendait Vanessa. Accueil chaleureux par Li Juan que je retrouve avec plaisir, je la remercie d’avoir accepté de présenter cet atelier une première fois ce matin rien que pour nous 3.

Après nous avoir rappelé les critères précis indispensables pour définir un thé chinois (le nom, la date de la cueillette, le terroir)

elle nous présente d’abord le Yunnan avec les 3 critères : Pointes d’or Jin Ya Hong Cha, avril 2009, Yunnan, puis la manière dont il a été traité : cueillette à la main, repos quelques temps dans un grand panier pour un premier séchage, fermentation (entre 8 et 12 heures) puis quand la feuille devient sombre, un premier séchage à très haute température (120 – 150°) puis un 2e séchage à basse température (+/- 80°). Elle rappelle ici les critères de réussite d’un bon thé : la qualité du thé, les objets employés (ici une théière Yixing de 25 cl), le dosage (7g pendant 1 minute à 80°) et la personne qui le prépare (cette fois c’est Sébastien). La première infusion est surprenante, Sylviane a immédiatement parlé de feuille d’artichaut, ce que Vanessa et moi avons confirmé. J’étais personnellement très surprise, j’aurais été incapable de reconnaître un Yunnan dans ce breuvage.

La 2e infusion est plus subtile, donnant une saveur végétale et ici Vanessa a perçu un arrière-goût de noisette. Je ne vais pas rentrer ici dans tous les détails mais j’ai une fois encore fait part de ma difficulté à mettre des mots sur ce que je goûte, Li Juan nous dit que c’est typiquement une démarche occidentale, les Chinois s’expriment plus en termes poétiques, cette remarque m’a comblée.

Le 2e thé présenté est le Long Jing 1er grade, d’avril 2009, du Zhejiang. Infusion en zhong 4g, 10 cl, 70°, 1’30’’. La couleur de l’infusion est très pâle mais lumineuse. Vanessa explique qu’elle perçoit l’umami "comme une pellicule huileuse qui tapisse la langue", je dis bravo et je m’incline. La première infusion libère plutôt les parfums, la seconde le goût et la 3e l’équilibre entre les 2. Li Juan nous signale qu’il faut près de 3 heures pour récolter 400g de feuilles qui deviendront 30g une fois séchées….

Le 3e thé est le Dao Ren Mao Feng, mon thé fétiche du moment.

Je n’ai rien noté, je me suis seulement laissée imprégner de ces saveurs fraîches et si subtiles.

Nous quittons à regret ce lieu magique, non sans avoir succombé à quelques achats, pour nous diriger maintenant vers
la Maison de la Chine où nous avons réservé une table pour le lunch.

Et là, je vous le conseille vraiment : je pensais qu’il n’y avait "que" le buffet mais à volonté ; que nenni ! Il y a aussi un plat chaud (choix entre 3 suggestions). Le tout pour 20€, thé offert !

Finalement nous n’étions que deux ce qui nous a permis des échanges très fournis sur tout et sur rien, je trouve impressionnant ce sentiment de se connaitre de longue date alors qu’il y a un mois encore nous étions de parfaites inconnues, c’est cela aussi le monde du thé !

C’est ici qu’arrive l’apothéose de la journée, cela se passe au 12, rue Notre Dame des Champs. C’est l’inauguration officielle d’une nouvelle maison de thé :
L’essence du thé qui offre ENFIN à notre gourmandise
les thés Georges Cannon. Mais aussi et c’est une excellente nouvelle : les thés
Tamayura. 
Dans la première pièce se trouve la boutique dans lequelle on aperçoit un Olivier rayonnant (il y a de quoi!)

et dans le prolongement, un coin lecture

mais aussi un bar à thé et enfin un salon de thé dont je ne parlerai pas ce soir, j’y retourne demain, j’en dirai plus alors, il y a beaucoup de choses nouvelles qu’on ne trouve nulle part ailleurs ! Mais cet endroit est beaucoup plus qu’un salon, c’est aussi un espace bien-être. Le sous-sol est la partie japonaise du lieu, on y trouve déjà une maison de thé japonaise

et très bientôt une salle de soins dont certains d’entre nous ont déjà eu un avant-goût : un massage des mains et des avant-bras. C’est donc là que Sylviane, Vanessa et moi nous retrouvons. Deux sortes de champagne sont proposées : le premier au Oolong de Darjeeling, et le 2e au Pu Er aux fruits exotiques.

Je ne parle pas du buffet,

les photos sont assez parlantes.

Dommage que ces photos ne rendent pas ces délicieuses saveurs.

Pendant que certains dégustent, boivent, d'autres plus sérieux écrivent. Moi qui d’habitude n’aime pas ce genre de mondanité trop impersonnelle, j’ai été heureuse de revoir certaines personnes de ce monde qui ont marqué ma Voie du thé : Patrick Loustalot, bien sûr mais encore Lydia Gautier, Mourad Ounnaghi, Carole Négiar. Encore beaucoup d'émotion.

Je veux citer en dernier (last but not least) les 2 âmes de ce projet : les 2 Olivier, Scala et Leclerc à qui je souhaite un succès à la (dé)mesure de leur compétence, leur professionnalisme et leur sens de l’accueil. Merci à vous deux pour tout cela. Je sors de cette journée heureuse et comblée, mais je ne voudrais pas terminer sans remercier mes 2 complices du jour : Vanessa et Sylviane avec qui j’ai tant partagé aujourd’hui. Je recopie ici la superbe phrase de Monsieur R. Scala, le père d’Olivier qui traduit bien ce que nous avons vécu aujourd’hui :
"Quand je fais une dégustation et que je trouve des thés exceptionnels, je ne peux m’empêcher d’appeler quelqu’un pour partager ce plaisir avec moi comme si je voyais un très beau tableau". Et cette journée fut une très belle fresque illustrant la chaleur humaine, le plaisir des yeux et des sens, l’émotion des retrouvailles, bref encore une très jolie histoire de thé comme celle que nous ont "conthé" les dames Etonnée, Malicieuse, Sérieuse, Monsieur Enthousiasme et le Maître des lieux.