J’ai été réveillée tôt ce samedi matin, 2 des 3 faisans qui ont élu domicile dans la propriété cet hiver se disputaient, j’ai compris ainsi que le 3e était une poule faisane… Beau combat de coqs ! J’ai rendez- vous avec une copine pour prendre le petit-déjeuner à Waterloo. Mais pas avant un premier thé, le Long Jing de Taiwan de chez Zen Zoo thesaurus, un de mes incontournables parisiens, accompagné de quelques sentences chinoises, notamment celle-ci : "Le faisan de la lande becquète tous les 10 pas ; il boit tous les cent pas ; il ne veut pas sa nourriture au prix de sa mise en cage. Ainsi il n’envie point le bonheur d’un roi". (Tchaouang-Tseu). J’ai failli m’étrangler… je n’aurais pas parié un millième de yuan que je trouverais le mot faisan dans ce genre de livre…Après un petit-déjeuner à la Brioche, nos routes se séparent, je n’ai pas loin à aller pour poursuivre la mienne. Déjà ce que je vois à l’extérieur donne envie de rentrer… Jolis cadeaux en perspective. C’est la seule maison que je connaisse où, avant même d’y pénétrer, on a déjà les pieds dans le vif du sujet ! Après renseignement, cet objet est une pièce unique réalisée aux couleurs de la maison ! C’est Timothée, toujours aussi accueillant et passionné qui l’a fait faire, je dis bravo ! Et bien sûr d’autres tentationsjoyeuses et colorées pour fêter le printemps en musique. Je serais bien restée plus longtemps, mais Tim doit s’occuper de ses clients et moi j’ai hâte d’enfin découvrir quelques cadeaux reçus de Guillaume ce fameux 29 février http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2012_02_01_archive.html . Je commence par ce Green Corean tea. Je ne connais pas grand-chose des thés du Matin calme, mais ce que j’ai eu l’occasion de découvrir m’avait séduite ( http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2011/06/connaissez-vous-le-woon-sejak.html ) J’ai donc hâte. Conseil de préparation : à la japonaise ou comme un thé vert. Je commence par la japonaise. Avec ce set de pro, un autre cadeau, je ne peux que réussir ! Les feuilles sèches, assez foncées très finement roulées, ne dégagent que très peu d’odeur. La première infusion à 70° pendant 45 secondes, donne une belle couleur jaune pâle et une saveur très douce, légèrement sucrée. En humant les feuilles infusées, je suis transportée au bord de la mer du nord, cette odeur de marée que je n’ai pas retrouvé dans la tasse. Deuxième infusion à 1 minute. Le liquide est devenu jaune or et là, je retrouve ces notes marines, je savoure chaque gorgée avec émotion, celle que je ressens chaque fois quand je pense au travail de ces femmes et de ces hommes qui dans cette lointaine Asie nous offrent leur savoir-faire. Mais aussi celle qui est liée à ce beau geste d’amitié, merci à mon généreux donateur. Les feuilles infusées tout à fait déployées maintenant, ont toujours ces parfums marins que j’aime. Jolie façon de prendre l’apéritif, il est temps maintenant de passer au diner, vite préparé, il y a de très bons traiteurs à Waterloo… En guise de digestif, je teste maintenant la deuxième façon de faire, plus classique, 2 minutes à 75°. En théière transparente pour voir danser les feuilles. L’infusion a la même coloration que la précédente mais sa saveur est plus prononcée même si elle reste douce. Elle dégage un goût que je ne parviens pas à définir, comme une saveur de basmati avec autre chose encore mais quoi ? C’est dommage d’avoir aussi peu de mémoire olfactive, sauf qu’ici j’ai l’impression de ne jamais avoir goûté ce que je perçois, c’est vraiment bon, il faudra que je me renseigne, je veux savoir. Lors de la deuxième infusion à 2’30’’, les feuilles restent compactes, plus aucune ne fait mine de monter à la surface. La saveur inconnue de la liqueur est encore plus présente, j’ai l’impression aussi que le liquide est plus dense, nouvelle émotion gustative face à l’inconnu. Après un dernier regard sur ces belles qui ont tout donnée, elles rejoignent leurs sœurs et vont maintenant enrichir mes jardinières. Je me sens tout à fait bien, complètement détendue comme chaque fois que je prépare le thé de cette manière, entièrement concentrée sur des gestes précis, et en même temps en phase avec le monde et ma famille du thé en particulier. Il fait assez gris dehors ce qui ne m’empêche pas de faire un tour de jardin, j’ai hâte de m’y remettre mais il me faut un chouia de soleil quand même. Au retour, un coup d’œil sur FB et mon thé de 5 heures s’impose. Le lien entre les deux ? Un "Carnet d’Inspiration" qui parle des thés d’une façon si différente, pointilliste, avant tout comme une rencontre, des regards, qui donne envie d’aller à la découverte http://www.theodor.fr/carnets_inspiration/01/fr/ . Tout en préparant ce Singbulli, je pense à ce que j’y ai découvert, j’aime cette approche plus humaine, plus subtile, qui donne envie. Les infos techniques, on les trouve dans d’autres livres. En lisant ce qui est dit d’ "Assam, thé des identités", j’ai eu envie de 2 choses, gouter à nouveau ce thé que je n’ai pris qu’une seule fois et que je n’ai vraiment pas aimé, mais aussi relire ASSAM, de Gérard de Cortanze, ce "vieux" livre qui à l’époque m’avait transportée. En sirotant ce "vieux primeur", je pense aussi à Fanou, ma généreuse donatrice et aux merveilleux moments passés à Magie du Thé, ils me manquent, comme toi d’ailleurs, et Michelle itou (= message codé). http://la-theiere-nomade.blogspot.com/2011/06/voyage-dans-lhimalaya-entre-singbulli.html . Avant d’ouvrir cette brique (539 pages écrites en petits caractères serrés), je me remémore ce que j’ai ressenti lors de ma première lecture, il m’avait fait voyager entre l’Italie et l’Inde à travers une épopée familiale, celle de l’auteur qui revisite son arbre généalogique. Je me souviens très clairement d’un proverbe chinois cité par l’auteur : "On peut pardonner un meurtre, une incorrection pendant le thé, jamais !" (Je vais essayer de retomber dessus au cas où ma mémoire…)J’avais beaucoup aimé ce voyage à la fois dans le temps et dans l’espace, Aventino, le héros de l’histoire, de l’épopée même, va suivre Percy, un aventurier anglais qui déjà en Italie l’a initié aux mystères et aux sortilèges du thé. Livre très érudit aussi, je pense que c’est le seul depuis ma scolarité que j’ai lu avec un dictionnaire ! J’aime connaître le sens exact des mots même si le contexte m’en donne déjà une idée approximative. En voici quelques-uns : "sigisbée, saute-ruisseau, feudataire, chéneau, galandage, busc, basin, cantharide, yohimbine, mandragore", il y en a d’autres… Je ne relirai pas tout, je me concentrerai sur l’Assam. J’avoue que si l’histoire ne m’avait pas passionnée, j’aurais sans doute laissé tomber, mais ce ne fut pas le cas, j’ai été emballée par cette histoire, à la fois profondément ancrée ce qui est devenu l’Italie, empêtrée dans ses guerres d’indépendance, d’influence et en même temps cette attirance pour l’Asie, grâce à ce Percy, un aventurier un peu fou, quasi visionnaire qui est persuadé que l’Occident a besoin de ce breuvage inconnu qu’est le thé. J’avais aimé ce style flamboyant, qu’en sera-t-il aujourd’hui ? Après l’intermède du souper, mon mari veut regarder la télé, cela tombe bien moi pas, j’ai hâte de retrouver ma lecture. Je l’accompagnerai de ce trophée ramené de Cha- Hû-Thé. Herbe Tulsi, une explosion de parfums que j’ai hâte de découvrir. Je ne suis pas stressée mais elle me conviendra bien, je suis impatiente et légèrement énervée à l’idée de retrouver ces sensations fortes que j’avais vécues alors. Je ne suis pas immédiatement partie en Assam, j’ai retrouvé le passage où l’auteur parle pour la première fois du thé (page 94), je cite le début: "Rien n’est comparable connue en France depuis l’époque de Richelieu mais que l’Italie s’obstine toujours à ignorer et qui voisine, sur les étalages de nos droguistes, avec les pots de camphre et de rhubarbe ! Le thé est reçu chez nous comme un étranger dont on n’a pas très bien saisi le nom, dont l’état nous échappe, dont la profession surtout ne nous paraît pas claire. A Gènes, on le prendrait presque pour un Piémontais !" C’est à la page suivante que je retrouve le proverbe chinois. Je n’irai pas plus loin ce soir, je commence à fatiguer. A ceux qui aiment l’Histoire, à ceux qui aiment les Feuilles, je vous conseille de faire le voyage.
Ce matin, réveil un peu tardif, hier après avoir quitté l’Assam, j’ai rejoint mon mari qui regardait un reportage sur Fukushima, je n’aurais pas dû, j’ai eu du mal à m’endormir. Une phrase me reste en tête : plus de 300 mille personnes encore sans véritable maison et 2 générations avant que tout soit redevenu comme avant. J’ai alors commencé la rédaction de ce billet mais finalement Morphée m’a prise dans ses bras. Ma première pensée fut pour ce pays, je mesure le geste dérisoire de ce matin, une pensée pour eux en buvant ce Matcha. Un peu de mélancolie face à l’impuissance. Pour me changer les idées, rien de meilleur que le jardinage, il y a du soleil et 11°… Rien de meilleur que le travail physique pour ne plus penser, même s’il y aura des conséquences… comment mes vieux os vont-ils réagir ? Le soleil est toujours là, attirant, irrésistible… Je veux en profiter, je suis en manque. Pour continuer ma lecture, je me prépare cette fois un Ye Sheng Pu Er, curieux choix pour un jour si printanier, d’habitude, c’est vers le thé vert que je me serais tournée… Oui, mais pas si je le sirote sur ma terrasse, où le thermomètre affiche 13°! Eh oui, bien emmitouflée, une écharpe autour du cou, c’est là que je compte passer l’après-midi. J’ai tenu plus de 2 heures, à l’abri de ce petit vent… un vrai bonheur. Ce soir, j’infuse du Soba Cha pour terminer un week-end très riche, comme je les aime. Les suivants seront du même tonneau !
Faire connaissance
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Lorsque l’on observe la feuille sèche, on apprend quelque chose du thé : sa
teneur en bourgeons, la taille et la couleur de la feuille, son degré
d’oxydati...
Il y a 1 semaine
4 commentaires:
C'est en finissant ma journée sur une tasse de sarrasin grillé (moi aussi) que je me délecte de ton billet! Un long Jing de Taiwan, tu me donnes envie de tester! Merci pour ces carnets de voyages gustatifs et "théistiques"! A très vite Francine.
@ Claire: "les grands esprits se rencontrent" donc... Plus sérieusement, tu n'auras pas à aller à Taiwan pour ce Long Jing, nous fréquentons le même lieu à Paris... Pour "à très vite", laisse-moi déviner... au mois de mai à Bruxelles peut-être?
Bonsoir Francine, Je fais tout pour m'organiser comme tu as pu peut-être le lire dans mon billet! Je suis en train de voir comment venir en famille!!!
@ Claire: oui, j'avais vu ton billet où tu annonçais ta venue, ma question était donc un peu biaisée... Bonne soirée, bons thés!
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