samedi 24 mai 2008

Une journée peu banale

Couchée tôt hier soir (22h30) sans ces rituels que je croyais pourtant incontournables: boire un dernier thé en lisant quelques pages sur ce sujet inépuisable, je me suis réveillée à 6h48, très³ tôt pour moi, j’avais programmé une journée chargée. Ma première action est d’allumer mon PC pour lire mes courriels, un peu sceptique, je l’avais consulté la veille juste avant d’éteindre les bougies, mais, ô surprise, un mail de Carole Negiar, de Chajin, un de mes points de chute quand je vais à Paris, j’en reparlerai bientôt mais je peux déjà vous dire que les amoureux des thés japonais y trouveront leur bonheur… (Pour les curieux impatients : le site de Chajin ). Elle me conseille vivement de me rendre à un "Haïkus-concert", auquel elle a assisté à Paris et qui se produit aujourd’hui soir à Bruxelles. J’étais un peu réticente, les haïkus, pour ce que j’en connais, ce n’est pas mon genre de poésie. Et puis ce soir, c’est la finale du concours Reine Elisabeth (cette année le chant) que je ne rate (presque) jamais. Mais j’ouvre quand même la pièce jointe. Tout de suite l’affiche me plaît, elle m’évoque le calme, la sérénité et cette nature que j’aime tant; mais quand j’ai vu que cela avait lieu à la maison Autrique, plus d’hésitation, j’adore l’Art nouveau, cette maison, restaurée début 2000 (si mes souvenirs sont bons), est une des premières de Victor Horta, ce sera l’occasion de la revoir. Comme chaque fois qu’un événement improbable se présente, j’ai besoin d’anticiper le bonheur en créant une ambiance en lien avec celui-ci. Je décide donc de changer mes plans de cette journée, me rendre chez Nong Cha et Tea for two pour décrire deux de mes coups de cœur bruxellois, pour seulement aller chez Demeuldre, une superbissime et affreusement tentante "maison de décoration" pour y chercher un cadeau de mariage. Ensuite je rentrerais à la maison pour me mettre dans l’ambiance de ce soir en re-relisant Poèmes du Thé (de Bertrand Petit et Keiko Yokoyama paru en 2005 aux éditions Alternatives). Concernant le choix du cadeau, ce fut vite fait : une théière et les tasses assorties. Mais j’ai eu "le grand tort" de faire le tour de cette maison… j’ai failli à une résolution prise à mon retour de Taiwan, ne plus craquer "que" pour des théières Yixing (j’ai quand même tenu près de 6 mois … si j’excepte une théière en verre offerte par ma sœur le mois passé, j’en parlerai lundi, nous l’inaugurons ensemble ce jour-là). Je ne me suis pas posé de question, dès que je l’ai vue, j’ai été envoûtée, j’ai su qu’elle serait mienne. Tout d’abord parce qu’elle m’a rappelé un séjour à Vienne où, pour la première fois, j’ai vu ce style de porcelaine raffinée, j’ai toujours regretté de ne pas avoir ramené un extraordinaire service à thé décoré de magnifiques iris bleus en relief en porcelaine Franz (dont je n'avais jamais entendu parler et que je n'ai plus vu depuis jusqu'à ce moment béni) mais j’avais déjà fait pas mal de folies en thé et en théières (il n’y a pas que des Conditorei à Vienne !) et j’ai résisté cette fois-là. Mais cette fois, il en fut autrement, je parlerai un jour de mon rapport avec ces contenants si particuliers.
Voici donc ma beauté toute neuve, et Art déco s’il vous plait. Ce n’est évidemment pas une Kyushu et la tasse n’a rien à voir avec un Raku, pourtant elle sera consacrée à un grand thé japonais, un Gyokuro ou un Kabuse Shincha que j’ai sortis, le temps d’une photo, du fond du frigo en attendant une occasion spéciale (les Japonais considèrent les grands thés verts comme des légumes et les conservent donc au frais). J’ai bien sûr voulu en savoir plus sur cette porcelaine si raffinée et j’ai appris avec étonnement et émotion ("stupeur et tremblement", si vous préférez) que derrière Franz se cachait un Taïwanais de génie Francis Chen formé en Allemagne, ce qui explique son nom "germanisé". Mais les porcelaines, donc ma beauté, sont fabriquées en Chine, je veux savoir où pour, je l'espère, aller visiter cette fabrique).
Je décide cependant de ne pas l’inaugurer aujourd’hui, je suis trop excitée par tant de coïncidences heureuses, je me contente d’un Hojicha (thé grillé japonais) avant de mon plonger dans cette poésie particulière, je ne résiste pas à transcrire 3 des Poèmes du Thé qui me touchent et tout particulièrement le premier qui illustre si bien "cette harmonie entre la gauche et la droite, entre le Yin et le Yang":

" Lorsque tu utilises ta main droite
N’oublie pas que ton cœur se trouve à gauche"

" A l’homme qui le désire vraiment,
Avec une profonde sympathie
Enseignez, sans compter,
Les secrets du thé"
" Dans la voie du thé
On s’imprègne par le cœur
Et non en regardant ou en écoutant
Attentivement"


A demain pour vous parler Haïkus et Musique…, un peu le même registre sans doute.

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