Une dernière journée flamboyante

Que faire en attendant ma filleule quand il faut absolument fuir les escaliers? Il n'y a pas d'autre solution que de marcher vers notre lieu de rendez-vous, à mon rythme, sans forcer surtout. Je dois me rendre à Russel Square et sur le plan, c'est vraiment très près de l'hôtel (à 5 minutes d'ici me dit le réceptionniste. Me voilà donc partie sous un petit crachin, pas désagréable du tout pour une fois, cela m'a rafraîchi les idées. Effectivement le trajet ne m'a guère pris plus d'un quart d'heure vu mon état. Et ma filleule a une fois encore eu raison, c'est plus court que dans les méandres et les escaliers de la Piccadilly line! J'arrive rue Montague et je vais faire changer l'heure de notre arrivée. J'avais pris soin de réserver par mail pour 3 heures, je voulais simplement décaler d'une heure. Mais ô très mauvaise surprise, le concierge m'annonce que c'est full et qu'il n'est donc pas possible d'espérer. "It's absolutly impossible", et sur un ton qui m’a plus que déplu. Quelques secondes pour accuser le choc puis je prends mon air qui ne supporte aucune réplique et je lui demande très poliment mais très sèchement d'appeler LA responsable. Cela ne lui plait manifestement pas mais c'est un hôtel stylé et il s'exécute après m'avoir proposé de m'asseoir. J'obtempère évidemment surtout face à un tel spectacle. Même si cela dure un peu, j'ai de quoi occuper mon temps. Sur la table d'à côté, je vois ce que je risque de perdre, mais c'est mal me connaître, quand je veux quelque chose, c'est très rare que je ne l'obtienne pas. Surtout que je reconnais la théière, ici le thé sera correctement infusé... La responsable arrive et je lui explique mon problème avec force grands sourires. Elle m'explique alors que quand on ne répond pas à une demande par mail, c'est que c'est complet. Je lui explique avec mon anglais très approximatif suivi de la traduction en français qu'il y a une expression qui ne dit mot consent. Elle appelle alors une jeune fille qui parle ma langue, et là j'ai su qu'il y aurait une solution que je propose moi-même, prendre l'Afternoon tea dans cette petite pièce si cosy. Et l'affaire est bouclée. Je décide donc de prendre un lunch ici, ce sera mon petit-déjeuner-dîner.Petits pains et 3 sortes de sel: nature, fumé et ... à la vanille. J'ai hâte de gouter ce dernier, le sel fumé je connaissais déjà.En entrée, ce sera un velouté de chou-fleur, un vrai régal, onctueux et légèrement rehaussé de très petits copeaux de truffes. Je me suis dit qu'il était temps de gouter à la spécialité de Londres, le fameux fish and stick, en pensant qu'ici ça pourrait être bon. Ce fut une erreur, je croyais que c'était du poisson pané, c'est du poisson frit et les sticks ne sont pas du tout ce qu'une Belge attend des frites, j'ai pratiquement tout laissé au grand dam de la responsable, mais je lui ai dit que je n'avais pas vraiment faim (pour cela en tous cas). J'avais l'estomac lourd et j'ai pris ce qui est reconnu comme digestif: un assortiment de glaces.Je retourne alors dans le lobby, ce lieu où nous prendrons notre dernier afternoon tea. En attendant, je rédige le dernier billet consacré à cette belle escapade. Puis je découvre la gentille dédicace de Lucia, celle par qui tout fut rendu possible pour terminer en beauté ce fabuleux séjour. Véro est à peine arrivée que nous découvrons de quoi sera composé notre goûter-souper, l'Afternoon tea comme ils disent ici, et nous salivons déjà. Nous avons l’embarras du choix dans ce très joli coffret.C’est en chœur que nous optons pour le Goa Shan Cha. Je sais qu’il sera bien infusé dans cette astucieuse théière dont le filtre est assez grand pour contenir ces belles feuilles. Le temps d’infusion passé, il suffit de soulever la tige et de la rabaisser pour bloquer le filtre en dehors de l’eau. Et les folies commencent. Ce sera d’abord un riz au lait à la compote de fruits d’automne et les émotions gustatives commencent. D’autant que le thé est vraiment délicieux, "un peu comme celui préparé par ma marraine"… je ne lui donne pas tort. Le plateau arrive avec un rez-de-chaussée 4 petits sandwiches traditionnels, un vrai régal que nous savourons lentement, heureuses de nous retrouver en nous racontant notre journée. (24) Au premier étage des scones encore bien cachés. Ce que Puce a d’abord pris pour une boule de glace est la fameuse clotted cream. Nous les sortons encore tièdes de leur lit douillet. Voilà maintenant le dernier étage, le paradis. Le dessert des desserts. Mais avant cela, une petite pause digestive s’impose, Véro joue avec cet engin qui "mais non marraine, ce n’est pas un GSM" dont j’ai déjà oublié le nom et surtout à quoi il sert. Moi je me contente de siroter mon thé en la regardant se concentrer sur cette affaire. Je repense à ces 3 jours qui ont passé si vite et à la chance que j’ai d’avoir une filleule comme elle. Et la ronde des desserts commence. Non, ceci n’est pas une tasse et encore moins une tasse de thé. Et voici mon préféré : la Kir royal jeley. Le temps passe agréablement dans cet endroit si cosy, il est bientôt temps de retourner à l’hôtel pour prendre nos bagages et reprendre l’Eurostar. Ce sera la dernière image de ce séjour, un petit écureuil gris parmi une dizaine d’autres, on se croirait à Central Park sauf que nous traversons Russel Square… Nous voilà maintenant dans l’Eurostar, je me plonge dans la carte de Londres, un cadeau de ma Puce pour que je ne perde plus le nord, et aussi pour préparer mon (notre) futur séjour, j’ai à nouveau le virus et je pense que je l’ai contaminée… Merci ma Puce d’être ce que tu es pour ta vieille marraine, on remet cela quand tu veux! Quant à moi, je vais de ce pas retrouver mon salon bleu-thé pour d'autres émotions gustatives.